Paragraphe 2. Imitation du
modèle de financement des clubs de football européens.
2.1. Expérience du
Merchandising par les trois grands clubs congolais de Kinshasa :AS Vita
Club, DC Motema Pembe et AS Dragons.
Engagées dans l'une des trois coupes d'Afrique des
clubs en 1997, les trois équipes de la capitale remportèrent
beaucoup de victoires sur leurs adversaires respectés sur le continent
et devinrent la cibles des entreprises commerciales de Kinshasa. A chaque
étape de la compétition, les comités de soutien
demandaient aux supporters de chacune des équipes de porter des habits
aux couleurs du club. L'affluence des emblèmes des équipes
kinoises à chaque rencontre africaine sanctionna la recherche du public
sportif et fanatique desdits clubs. Voilà qui ouvrit la porte aux
entreprises des secteurs textiles, brassicoles et plastique de fabriquer les
premières des T-shirts et autres étoffes, les secondes des
bouchons de leurs boissons et les troisièmes les sachets, les bracelets
de montres et des babouches aux couleurs desdites équipes. D'abord, les
équipes ne comprirent pas l'exploitation de leur notoriété
et succès par les opérateurs économiques. Finalement, la
guerre publicitaire que se livrèrent les entreprises concurrentes en vue
de la promotion de leurs articles, habits et gadgets aux couleurs des clubs dut
pousser les staffs dirigeants des équipes à mener une
véritable série d'accords avec ces entreprises pour
l'exploitation des emblèmes des équipes locales. Mais, à
ce jour, aucune boutique club shop n'est encore perceptible à Kinshasa.
L'internationalisation économique permet ainsi de raffiner les
méthodes de gestion des clubs, notamment en rationalisant le
merchandising. En Afrique du sud, dans la ville de Cap Town, les couleurs
d'Ajax Cap Town sont les mêmes que celles d'Ajax d'Amsterdam et des
entreprises s'en servent de plus en plus pour couler leurs productions, dans ce
sens qu'elles fabriquent toute une variété d'articles, d'habits
qui, utilisés ou portés par leurs clients, mais les supporters du
club créent un motif de fierté et d'appartenance au club. Ce qui
ne rapporte pas moins à Ajax Cap Town et à Ajax d'Amsterdam.
2.2. L'entrée des magnats et investisseurs
dans le monde du football africain.
Depuis de longues années, les équipes de
football africain appartenaient soit aux religieux (cas de Vita club et Motema
Pembe (RD Congo), Mouloudia (Algérie), soit aux colons fortunés,
soit enfin aux sociétés commerciales au capital majoritairement
étranger (Tout Puissant Mazembe (RDCongo), BBC Lions, Eagle Cement
(Nigeria), Nkana Red Devils (Zambie) et tombées en faillite, pour la
plupart.
Avec l'internationalisation économique du football, la
tendance va vers le rachat des clubs par les investisseurs locaux agissant
seuls ou conjointement avec des associés étrangers minoritaires.
Tel est le cas de Sodigraf, une équipe congolaise créée
à la suite de l'achat par un entrepreneur local, M. MADILU, de deux
équipes de quartier. Encourageante, l'expérience est entrain
d'être largement suivie par les opérateurs privés
européens qui ne cessent de prédire le succès au football
continental.
2.3. De l'amateurisme au professionnalisme.
Le football africain est rarement sorti de sa coquille
d'amateur. Il a fallu attendre la fin de la première moitié de la
décennie 1990 pour voir les clubs africains se lancer sur l'aventure du
professionnalisme non sans difficultés financières. Cela va de
soi. L'expérience part de la Tunisie.
Ce pays est actuellement l'unique du continent à
vouloir montrer et donner une image nouvelle et remarquable au football
africain. Son football attire non seulement de milliers de jeunes africains
mais aussi des brésiliens (dont certains se sont déjà
naturalisés tunisiens) et européens. Et là, jouer au
football comme professionnel reste une activité prestigieuse et
susceptible de faire naître de l'espoir aux jeunes, pour qui l'Europe
demeurait la plus importante de toutes les préoccupations. L'Afrique du
sud, l'Egypte, le Maroc et la Côte d'Ivoire oeuvrent
régulièrement à faire du football des clubs une
véritable entreprise économique.
Mais, il faut reconnaître que le chemin à
parcourir reste long. Puisque l'expérience tentée par la Tunisie
lui réussit déjà bien, l'on peut dès lors
prédire que lors que ce mouvement va se généraliser, les
clubs de football africains, comme ceux du reste du monde en
développement pourront constituer un autre pôle de
développement économique d'où partiraient des efforts en
vue de la résorption du chômage.
Lorsqu'on analyse l'impact des entreprises privées sur
la vie économique d'un pays, l'un des aspects positifs demeure
indiscutablement la création d'emplois et le niveau élevé
des salaires. Il en est de même pour les entreprises multinationales.
C'est vrai qu'au début des années 60, tendance qui s'est
poursuivie encore jusque récemment, le Etats en général et
ceux en développement en particulier ne percevaient dans celles-ci que
des effets négatifs : pillages de leurs matières
premières, immixtion dans leur politique interne, délocalisations
faciles, assainissements réguliers des effectifs ou encore le fait
qu'elles confiaient souvent la direction nationale aux ressortissants du pays
de la société mère.
Malgré cette description, parfois réelle, il a
été aussi démontré que les entreprises
multinationales contribuaient positivement au développement
économique des Etats où elles étaient
opérationnelles. (World Investment Report, 1998,1999 et 2000). Si les
clubs de football des pays en développement peuvent arriver à
mieux se gérer, puis à devenir partenaires locaux des clubs
riches d'Europe, aussi bien comme filiales que comme entreprises conjointes,
avec un peu d'optimiste, cela améliorerait la qualité du sport et
de son management ; créerait des emplois et rentabiliserait le
coût des transferts des joueurs.
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