1.3. Football business : l'Afrique vidée de ses
meilleurs éléments.
Les plus doués se retrouvent très tôt
dans les équipes nationales cadets, celles où l'Afrique brille le
plus et s'impose dans les coupes mondiales et les tournois internationaux
réservés aux moins de dix-sept ans.
Les chasseurs de têtes des riches clubs européens
viennent y faire leur marché, se livrant de plus en plus ouvertement
à un pillage des jeunes talents africains, pour le plus grand profit de
leurs acquéreurs.
A eux, s'ajoute une autre espèce, locale, mais plus
dangereuse, car elle est imprévisible dans les transactions sur les
transferts des jeunes africains, y compris les mineurs d'âge.
Témoin, le Nigérian Nwankwo Kanu, actuel sociétaire du
club anglais d'Arsenal, champion d'Europe des clubs en 1995 avec l'Ajax
d'Amsterdam, qui l'a recruté à seize ans relate: « Au
cours de la Coupe du monde cadets au Japon, en 1993, j'ai littéralement
été assailli par des imprésarios venus de toute l'Europe.
J'ai compris que je devais saisir ma chance, et j'ai opté pour
l'Ajax. » (Afrique Football, 1995, p. 40).
« Aujourd'hui, 342 joueurs professionnels
africains, davantage qu'il n'y en a rassemblés en Afrique du Sud pour la
phase finale de la CAN, jouent dans des clubs européens (dont 90 en
France) : 54 Nigérians, 36 Ghanéens, 31 Zaïrois, 24
Algériens, 19 Camerounais, 13 Libériens et autant d'Angolais (La
Gazetta dello Sport, 1997). Sans compter ceux qui vont finir leur
carrière près des pétrodollars du Proche-Orient. Dans de
nombreux pays, c'est une bonne partie de l'élite qui a
émigré ; au Zaïre et au Cameroun, c'est la moitié de
l'équipe nationale ; davantage encore dans ceux ravagés par les
conflits internes : les deux tiers des équipes nationales du Liberia, de
la Sierra Leone, d'Angola, mais aussi de celle du Ghana. Car, pendant la guerre
civile, le spectacle continue : championnat national et rencontres
internationales.
En 1994-1995, l'équipe d'Algérie en a
disputé vingt, celle du Liberia, douze, celle de la Sierra Leone, seize,
celles d'Angola, du Mozambique et de la République Démocratique
du Congo (ex- Zaïre), respectivement, dix, douze et quatorze.
L'équipe de la Jeunesse sportive de Kabylie a gagné à
Alger, en décembre 1995, la finale de la Coupe d'Afrique des clubs
vainqueurs de coupe. Ce décor peint, d'une manière à peine
voilée, la dure bataille que se livrent des personnes informées
à l'annonce des élections à la tête des
fédérations nationales, continentales et internationale de
football.
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