CONCLUSION PARTIELLE
Il a été question dans le présent
chapitre d'examiner les usages et la distribution des alternances codiques dans
ses aspects communicatifs et pragmatiques. En d'autres termes, nous nous sommes
interessé particulièrement aux fonctions identitaires et
persuasives et aux actes du langage dans les interventions au journal swahili
et aux débats politiques à la Radio le Messager du peuple. C'est
grâce à la méthode fonctionnelle que nous avons
expliqué ces deux fonctions mais qui peuvent varier selon des analyses
car les interventions à la Radio regorgent d'importantes fonctions.
C'est dans la fonction persuasive que nous avons relevé
l'ambiguité de s'identifier et de montrer aux auditeurs qu'ils
actualisent plusieurs langues.
Le choix des intervenants des alternances codiques comme nous
l'avons remarqué à l'issue de l'analyse est dicté par le
souci d'affirmer ou de manifester son appartenance, son intimité
à une communauté linguistique sociale ou par souci de prestige,
soit pour souligner sa capacité à parler plusieurs langues ou
soit par snobisme. Ils choisissent de parler dans une langue autre que celle du
discours ou alors ils convoquent plusieurs langues dans une même parole
pour imprimer aux auditeurs l'estime qu'ils jouissent non seulement d'un statut
social élévé mais aussi qu'ils sont lettrés et parc
conséquent qu'ils sont cultivés. La finalité de telles
alternances linguistiques étant de conquérir un large
marché des électeurs aux élections à
l'échelle territoriale ou provinciale.
105
CONCLUSION GENERALE
C'est ainsi que nous sommes au terme de notre travail
intitulé « L'alternance codique swahili/français dans
les interventions au journal swahili et aux débats politiques
radiodiffusés à la Radio le Messager du Peuple à Uvira.
(juillet 2023). Contribution à une étude sociolinguistique
appliquée aux médias. » Nous nous sommes appesanti aux
types d'alternance codique convoqués dans le journal swahili du 20,22,
24, 26 juillet 2023 et dans les débats politiques du 23 et 30 juillet
2023. C'est-à-dire dans quatre émissions journal swahili et 2
débats politiques. Comme « de rien ne vient de rien » selon
Epicure, notre sujet vient du constat de l'existence d'un
phénomène linguistique lié au bilinguisme dans les
interventions à la RMP. Notre reflexion sur le plurilinguisme dans les
interventions au journal swahili et aux débats politiques de
l'émission barza du peuple cherchait à examiner les pratiques
langagières liées à la distribution du français et
du swahili ainsi que les mobiles présidant aux différentes
fonctions cadrant à la performance linguistique des codébatteurs
où nous avons analyser le phénomène des langues en
contact.Nous sommes parti du postulat selon lequel les médias sont des
industries de langues dans la mesure où les auditeurs finissent par
imiter la façon de parler des intervenants étant donné
qu'ils se représentent dans l'imaginaire collectif des auditeurs
étant des élites. Ferdinand de SAUSSURE a reconnu que c'est la
parole qui fait évoluer la langue. Ce sont les impressions reçues
en entendant les autres qui modifient nos habitudes linguistiques. La parole
est la somme de ce que les gens disent. La Radio contribue efficacement
à l'évolution des langues.
Notre projet de recherche a été
énoncé sous forme d'une question de départ par laquele
nous avons exprimé ce que nous cherchons à savoir. La question
principale était de savoir comment le plurilinguisme se déploie
dans les interventions radiodiffusées et d'étudier les mobiles
qui président au choix du français. A cette question principale,
nous y avons joint des questions secondaires pour déterminer les types
d'alternance codique employés et leurs fonctions sociales.
Nous sommes arrivés aux résultats suivants
d'après l'analyse des 6 enregistrements :
- Les intervenants à la Radio le Messager du Peuple
recourent à l'alternance codique pour répondre au besoin lexical.
En choisissant le contexte radiodiffusique, nous voulons mettre l'accent sur
les systèmes linguistiques des médias étant donné
les médias, surtout les radios constituent des véritables
industries linguistiques.
- Le recours au code-switching par les intervenants est
conscient et voulu. Ils combinent le français et le swahili pour mieux
exprimer leurs idées et faire passer leurs messages. Le code-switching,
stratégie de bilingue, offre aux langues en présence la
possibiité de se mêler afin de circonscrire un espace de
discussion qui englobe tous les auditeurs bilingues ou supposés comme
tels.
- L'analyse formelle de l'alternance codique dans notre corpus
nous a amené à constater
d'abord que la forme intraphrastique est très
répandue, alors que l'alternance codique extra-phrastique est
très rare. Ensuite, à attester que lors du recours à
l'alternance codique par les parttcipants, le français se manisfeste
sous différentes formes dont les principales catégories sont les
groupes nominaux, les groupes verbaux et les adverbes.
- Le passage du swahili au français ou l'inverse par
les codébatteurs à l'émission est régi par des
facteurs linguistiques entre autres une insuffisance lexicale en swahili
obligeant les locuteurs de passer au français pour combler cette
déficience lexicale mais aussi par des facteurs
106
extralinguistiques tels que le recours aux proverbes,
citations, dictons ou la recherche de convergence.
Bref, les calques syntaxiques et morphologiques pour les
segments courts, la juxtaposition, lorsqu'il s'agit des propositions ou des
segments longs ont permis aux intervenant de verser dans un même moule le
discours appartenant aux deux langues différentes.
Sur le plan fonctionnel, il a été
démontré que certains usages d'alternance codique sont
motivés par des raisons d'ordre stylistique et de snobisme.
Le recours à l'alternance extraphrastique s'explique
par le souci des intervenants de donner fidèlement dans leur forme
originale la sagesse des anciens qui constituent pour eux l'argument
d'autortité par excellence. La variation de codes en swahili par les
intervenants à la radio intervient lorsqu'ils veulent élargir la
communication pour les auditeurs monolingues du kiswahili et la variation en
français intervient pour réduire cette même communication
à des intellectuels en considérant que l'émission serait
suivie par plus d'intellectuels que les analphabètes. Le recours
à la méthode sociolinguistique que nous avons utilisée a
permis de mettre en évidence les aspects implicites de l'aternance
codique dans les interventions médiatisées. Mises à part
les alternances reposant sur les discours alternatifs qui sont attestés
dans les six interventions auditionnées et analysées, le bilan de
la recherche confirme le reste des hypothèses de départ.
Ce sujet étant une ouverture vers d'autres perspectives
qui montrent que le poblème posé peut être
intégré à une réflexion plus
générale. Affirmons avec F. de Saussure que les problèmes
fondamentaux de la linguistique générale attendent une solution.
Notre sujet étant complexe, nous souhaiterons rappeler que les
résultats obtenus ne peuvent être exhaustifs et que nous n'avons
pas la prétention d'avoir épuisé tous les aspects de ce
travail. Nous encourageons d'autres chercheurs de poursuivre la recherche avec
l'usage alterné des codes des langues nationales avec le swahili.
C. ARTICLES
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REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
A. OUVRAGES
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