CONCLUSION PARTIELLE
Ce chapitre s'est consacré à l'analyse des
alternances phrastiques, extraphrastiques, interphrastiques et interlexicales.
A l'issue des analyses, nous pouvons retenir les éléments
ci-après :
Les morphèmes grammaticaux du kiswahili se greffent par
adjonction sur les morphèmes lexicaux du français. L'existence du
double mise au pluriel attestée par la présence de deux
morphèmes du pluriel pour les deux langues dans un même mot
(maémotions, bapoliciers) et la double présence du
morphème marquant l'infinitif pour un même lexème
(Kwakuempêcher,
abakusaisir etc.) Le fait que le swahili
entraîne le français dans la logique de l'inclusion
distributionnelle via l'alternance, cela pourrait être à la base
des interférences et des fautes d'accord étant donné
l'intervenant combine deux systèmes linguistiques différents.
L'alternance interphrastique caractérisée par la
juxtaposition des phrases ou des fragments de phrases visant à provoquer
l'appétit des auditeurs francophones non-locuteurs du swahili. C'est le
cas de recours aux séquences très longues du français. Par
rapport à l'alternance interphrastique, certains éléments
ont attiré notre attention, il s'agit des calques syntaxiques dans la
formation de la voix passive où les mots de deux langues en
présence entretiennent une relation syntaxique réciproque.
En ce qui concerne les alternances extraphrastiques où
il a été question des expressions idiomatiques, des slogans ou
des dictons etc. disons que leur usage est de nature à éviter la
moindre transformation des idées nées en marge de l'imaginaire
collectif, d'où le souci de le reproduire dans leur forme originale.
36 P. CHARAUDEAU : langage et discours. Eléments de
sémiolingusitique, 1983, Paris, Hachette
84
CHAPITRE III. FONCTIONS COMMUNICATIVES ET PRAGMATIQUES
DES ALTERNANCES CODIQUES SWAHILI/ FRANÇAIS
Ce point nous permet d'analyser l'alternance comme
stratégies de communications. Il nous permettra donc de situer et
connaître les causes du bilinguisme dans les interventions
radiodiffusées à la Radio le Messager du Peuple dans toutes les
intentions de communication qui les accompagnent. Citons Jean CALVET qui montre
que à chaque fois, pour les besoins de communiquer les locuteurs
trouvent peu importe les moyens à combler ou à satisfaire ou
à répondre à ces besoins communicatifs. Nous partons du
principe selon lequel « l'alternance linguistique constitue une
stratégie communicative » (Zongo, 2001 :98, cité par John
Lushuli, op cit : 74).
C'est ainsi que même des choix de langues correspondent
aussi aux interventions à des stratégies communicatives. C'est
ainsi que la pragmatique reconnaît différentes fonctions sociales
reconnues à l'alternance linguistique. Il s'agit de la fonction de
manifester son appartenance ou son identité au groupe dont on fait usage
de la langue : la fonction identitaire et la fonction persuasive de montrer aux
auditeurs qu'on parle plusieurs langues.
Les interventions radiodiffusées attirent l'attention
des auditeurs et peuvent par leur structure les pousser à l'action. Ceci
pour montrer que ses formes condensées, les alternances codiques
swahili/français renferment suffisamment d'éléments
(stratégies) qui sont de nature à susciter l'acte de conviction
chez l'auditeur c'est-à-dire dans l'optique de la pragmatique de la
communication le passage du « faire croire » au « faire
adhérer celui-ci à ses pensées ».
L'analyse du discours radiodiffusés serait dans ce cas
un mécanisme complexe qui nécessite une pluralité de
compétence linguistique, logique et encyclopédique, mais aussi
des « savoirs » culturels ou sociaux partagés que nous pouvons
appeler à la suite de P. Charaudeau « La compétence
sémiolinguistique », elle intègre bien plus la
présence d'une norme acceptée et partagée.
En effet, le problème de confrontation des
langues36 dans une même communicative linguistique ou de
plurilinguistique donne naissance à des productions passionnantes
à étudier. En fait, dans une même communauté
linguistique nous pouvons parler de langues identitaires, de langues
étrangères et aussi de nouvelles langues du type « code
mixing » ou l'alternance codique.
Voilà pourquoi ce chapitre s'inscrit dans le cadre de
la sociolinguistique où la langue se définit comme un produit de
la vie en société.
Les situations de bilinguisme ou de plurilinguisme offrent la
possibilité d'étudier le passage d'une langue à une autre
en fonction de la situation de communication.
La sémiologie s'avère importante dans le cadre
où elle nous servira à déceler l'intention de
l'émetteur.
85
Jean CALVET : « L'alternance codique ou le mélange
de langues peuvent répondre à des stratégies
conversationnelles, faire du sens. »37 Selon lui, le
mélange de langues peuvent dire à des fonctions diverses.
De ce fait, nous nous intéresserons de la fonction
identitaire premièrement et de la fonction persuasive
dernièrement.
3.1. Fonction identitaire
Dans son article, Sylvie ROBERT38dit que les
individus s'identifient à une collectivité unique, grâce au
miroir d'une langue commune que chacun tendrait à l'autre et dans
laquelle tous se reconnaîtraient. C'est une idée qui remonte au
temps où les langues commencent à être codifiées
sous forme de dictionnaires et surtout de grammaires.
Selon elle, la langue est un ciment vers l'identité. La
langue entretient étroit avec le sentiment d'identité pour deux
raisons :: tout d'abord, parce que la faculté de parler est une
propriété essentielle (et donc non accidentelle) de l'homme,
puisqu'il est le seul être doué de langage ; ensuite, parce que
l'homme est un animal grégaire, politique, dépendant
affectivement, si bien qu'il a besoin de pouvoir parler la même langue
que ses congénères pour mener à bien ses actions et se
sentir membre d'une communauté. A cet égard la perspective
judéo-chrétienne sur les langues, telle qu'elle est
exposée dans l'épisode de la tour de Babel (Genèse, XI),
mérite qu'on s'y arrête. On y retrouve en effet l'idée que
les hommes, contrairement aux animaux, ont été dès la
création du monde dotés par Dieu de la propriété de
parler et que cette langue unique (« Toute la terre était une seule
langue et une seule parole »), transmise par Adam aux autres hommes, les a
conduits à forger un projet commun : celui d'ériger une tour qui
irait jusqu'aux cieux et qui leur permettrait, en regard de Dieu dont
l'identité est incontestable, de se « faire un nom » ,
c'est-à-dire d'établir - par le biais de cette nomination - les
prémices de leur propre identité. La punition qui s'en suivit est
également intéressante en ce qu'elle révèle que le
châtiment divin ne consista pas à priver les hommes de leurs
capacités linguistiques (Rosier-Catach 2016, p. 79 cité par
elle), mais à « brouiller leur langage de sorte qu'ils n'entendent
plus le langage les uns des autres » (Genèse, 7) et qu'ils se
« dispersent à la surface de toute la terre » (ibid, 9). La
perte de la langue adamique mit donc fin à la concorde humaine pour
donner lieu à une multiplicité de peuples ne se
différenciant identitairement les uns des autres que par la
spécificité de leur langue. Quelle que soit l'incidence que l'on
accorde au mythe bien connu de Babel sur nos mentalités occidentales, la
première réponse envisagée (lien intrinsèque au vu
du caractère inné du langage et de sa capacité à
satisfaire une fonction identitaire) n'est pas sans soulever deux questions qui
vont permettre d'appréhender la problématique de la relation
langue-identité sous un autre jour. On peut tout d'abord se demander, en
s'adossant sur les travaux en éthologie, si le langage est
véritablement une caractéristique purement humaine, puisque les
animaux ont aussi la capacité de communiquer. Sans revenir en
détails sur les travaux de Benveniste (1966, Chap. 2 et 5 cité
par elle) qui soulignent certaines différences linguistiques majeures
entre la communication animale et le langage humain, cette question conduit
toutefois à prendre conscience que ce qui différencie
fondamentalement pour notre propos l'homme de
37 Jean CALVET (2009), La sociolingusitique, Paris, PUF
P.19
38 Sylvie ROBERT (2009), Rôle des
langues dans la construction de l'identité des immigrés italiens
et de leurs descendants, Université Stendhal Grenoble 3 - Master 1
Français Langue Etrangère consulté en ligne jeudi 23
novembre 2023, 22:50:33
86
l'animal, ce n'est pas que la capacité de parler lui
soit innée, mais que son apprentissage du langage le conduise à
savoir adopter une attitude réflexive ou méta vis-à-vis de
sa propre langue. En effet, on ne peut dire « nous sommes Français
parce que la langue nous unit » que si l'on a acquis la capacité de
formuler des jugements à propos de sa propre pratique langagière
et de celle des autres. Ainsi deux paramètres doivent être mis en
jeu pour qu'il y ait sentiment d'identité : la prise de conscience d'une
altérité (la multiplicité des « je » à
laquelle réfère le « nous » s'inscrit en contre
d'autres ensembles de « nous » vécus de ce fait comme
étrangers) et l'aptitude à savoir émettre des propositions
qui statuent (à tort ou à raison) sur les implications de nos
usages linguistiques (usage réflexif ou méta). La seconde
question induite par la réponse immédiate consiste à
s'interroger sur l'identité de quoi (une ethnie, un peuple, une nation
?) une langue pourrait-elle être la dépositaire. C'est en quelque
sorte le principe loquor ergo sum, `je parle donc je suis', ou plutôt `je
dis qui je suis' » (Calvet 2013, p. 9). Bien évidemment, ce
modèle ne tient pas, puisque la Suisse, pour ne prendre qu'un exemple
proche, reconnaît quatre langues nationales dont aucune ne s'appelle le
suisse... Plus généralement, on dénombre actuellement au
moins 7.000 langues dans le monde pour 200 pays ; soit une moyenne de 35
langues par pays. De ce constat et des études qui ont été
menées sur la répartition des langues dans le monde, quatre
conséquences peuvent être tirées : - l'Europe n'est pas
représentative de la diversité des langues existantes (seul 4%
des langues y sont parlées ; cf. Calvet 2017, p. 120), si bien qu'elle
ne constitue - en regard de l'Asie (32% des langues) ou de l'Afrique (30%) -
qu'un cas particulier ne permettant aucune généralisation. - il
est illusoire de vouloir faire coïncider ne serait-ce qu'une ethnie ou un
peuple avec une langue unique, car cela reviendrait à ignorer que les
langues ne connaissent pas les frontières (d'un village, d'une
région ou d'un pays), puisque les hommes qui les utilisent se
déplacent soit pour réaliser des transactions (d'où les
langues dites « véhiculaires » - telles que le lingala, le
swahili ou le quichua - que l'on retrouve le long des fleuves, des routes
maritimes ou des pistes), soit pour migrer vers une contrée
économiquement plus favorable (nombreux sont les foyers pour
travailleurs africains en France où le Bambara est parlé, alors
que cette langue ne correspond pas à la langue première de ceux
qui l'utilisent). - contrairement à une idée reçue,
particulièrement bien ancrée en France, le monolinguisme fait
figure d'exception, car la grande majorité des habitants de la
planète sont plurilingues de par le fait que les langues remplissent
différentes fonctions (Aux Comores, on peut parler comorien dans le
cadre familial, français au travail et anglais pour les relations
commerciales). - Toutes les langues ne jouissent pas du même prestige,
comme en témoigne le fait que les 5% des langues les plus parlées
« trustent littéralement 95% des habitants du monde » (Calvet
2013 p. 122 et cf. également le chapitre 7 de Calvet 2017). L'anglais
fait ici figure d'emblème, même si, de par les déformations
qu'il subit, certains linguistes considèrent qu'il faudrait le
rebaptiser le globish. Ce tableau met donc à mal l'idée que la
langue serait un ciment vers l'identité... Et pourtant, nombre de pays
(récemment institués comme la Serbie et la Croatie ou les
excolonies) et de régions (la Corse, la Bretagne, ...) revendiquent par
le biais de leur langue leur identité. Mais ces revendications peuvent
émaner de deux sources très différentes : une
volonté de l'Etat qui impose une langue unique ou le désir des
locuteurs de s'exprimer dans leur langue pour conserver la culture qui y est
attachée. Une langue, un peuple, une nation L'examen de l'histoire des
langues conduit à souligner que les langues servent à asseoir le
pouvoir politique, si bien que ce dernier joue un rôle déterminant
dans leur constitution. Le cas du français en offre un exemple
remarquable dont nous allons à grands traits retracer l'histoire, car
celle-ci - en cumulant les principaux paramètres en jeu dans l'incidence
du pouvoir sur la langue - peut être pensée comme une sorte de
patron permettant d'effectuer en
87
négatif des diagnostics vis-à-vis du rapport que
les autres langues entretiennent avec leur pouvoir politique (cf. Sériot
1996 pour faire une telle comparaison avec les pays d'Europe centrale et
orientale). Pour les linguistes, la naissance du français coïncide
avec les Serments de Strasbourg prononcés en 842 par les deux
petits-fils de Charlemagne, Charles le Chauve et Louis le Germanique,
désireux de marquer leur victoire sur leur frère Lothaire en se
répartissant à leur avantage l'empire carolingien. Le principe
d'attribution des terres s'effectuera sur la base de la langue : les
contrées où la population parle la langue romane, qui par
modifications successives donnera le français, reviendront à
Charles, tandis que celles qui pratiquent le vieux haut allemand seront
attribuées à Louis. Bien que Charles et Louis soient de langue
germanique, chacun jurera devant leurs armées respectives dans la langue
de l'autre ; accomplissant ainsi un acte symbolique éminemment
politique, puisqu'il signifie une « nouvelle répartition des
pouvoirs et des terres » (Cerquiglini, 1991, p. 80 cité par Sylvie
ROBERT). Ainsi, se dégage le premier paramètre d'utilisation du
politique sur les langues : l'invention d'un pays, d'un Etat ou d'une nation
par le biais de la différenciation des langues. Les désordres
connus par la France aux XIVe et XVe siècles (peste noire, famine,
guerre de Cent Ans) ayant contribué à affaiblir l'autorité
royale, le pouvoir monarchique prendra la mesure - ainsi que l'explique Claude
Hagège (1996, p. 43cité toujours par Sylvie ROBERT) - du
rôle que peut jouer la langue en tant qu'« instrument de pouvoir
» susceptible non seulement d'imposer à la population
l'autorité du roi, mais également de renforcer ses
conquêtes militaires. Pour cela, la royauté apportera son soutien
aux écrivains de la Pléiade, favorisera les traductions en
français d'ouvrages grecs et latins et bénéficiera de
l'invention de l'imprimerie. Ce faisant, le pouvoir utilisera l'emploi de la
langue pour poser les prémices d'une culture où l'écrit
(et sa possibilité de diffusion rapide) joue un rôle
prépondérant (l'appui politique vis-à-vis des auteurs de
langue française sera récurrent au cours des siècles
suivants). Un second paramètre se dégage donc : la mainmise que
le politique s'octroie sur l'emploi de la langue pour façonner par le
biais de la littérature (ou de nos jours les médias) un ensemble
de représentations communes. Le rôle de l'écrit est ici
essentiel en ce qu'il permet aussi de fédérer un territoire en y
diffusant les décisions gouvernementales (le choix de Madagascar,
après la décolonisation française, d'inscrire comme langue
nationale dans sa constitution la seule langue à écriture (le
malagasy) que compte cette île sur les dix-huit langues qui y sont
parlées, n'est donc en soi guère surprenant).
Car c'est bien dans le domaine du droit que la langue comme
instrument de pouvoir s'exerce en premier, comme en témoigne de nouveau
le cas de la France où François 1 er édicte l'ordonnance
de Villers-Cotterêts (1539) cité également par ALUMA
K.J.Y39 qui stipule - afin de proscrire l'utilisation du latin et
des dialectes locaux largement dominant dans son royaume - que tous les
écrits de justice (y compris ceux portant sur la vie quotidienne)
devront être « prononcez, enregistrez et delivrez aux parties en
langage français et non autrement » (cf. Hagège, p. 52
cité par Sylvie Robert). A ce processus de codification des droits
régissant le pays, et qui a pour corollaire que l'administration parlera
en français, s'ajoute un troisième paramètre :
l'intervention du pouvoir dans la normalisation de la langue qui se traduira
concrètement par la création au XVIIe siècle d'instances
(l'Académie française en 1634) ayant pour fonction de fixer son
orthographe et d'établir sa première grammaire. Dans le cas du
français, cette pression est très forte et peut donner à
concevoir le français comme une langue artificielle, puisque celle-ci
fut établie à partir de l'usage « de la plus saine partie
39 Aluma Kabika Jean Yves, (2023) Notes de Cours
d'Histoire de la langue français, inédit, Isp-Uvira
88
de la cour et des écrivains du temps » (Vaugelas
1647/1981, p. 28 cité par Sylvie R.). La volonté politique
d'instaurer des institutions dédiées à la constitution ou
à la préservation d'une langue, telles que la France n'aura de
cesse d'en créer (la plus connue de nos jours étant
l'Organisation Mondiale de la Francophonie qui a, entre autres, pour fonction
de défendre la langue française vis-à-vis de
l'hégémonie de l'anglais), est également un bon indicateur
de l'exercice du pouvoir sur l'image que la langue doit véhiculer du
pays dont elle émane. La révolution française, avec la loi
du 2 Thermidor (1794) qui interdit les langues régionales,
témoigne du projet politique qui peut être conféré
à une langue (instituer un Etat-Nation où chaque citoyen
parlerait la langue de la liberté). Dans ce combat politique où
le patriotisme se fait synonyme de « parler français », le
rôle de l'école - qui sera entériné au XIXe
siècle par Jules Ferry - se dessine comme un vecteur de la propagation
et de l'apprentissage du français comme langue unique. L'école,
régie bien évidemment par l'Etat et par ses lois, et qui
n'assouplira sa politique linguistique qu'en 1951 avec la loi Deixonne. Au
terme de cette esquisse certes trop sommaire, le célèbre slogan
du XIXe siècle « une langue, un peuple, une nation » si bien
intégré à nos représentations perd de sa
naturalité en exhibant son caractère historiquement construit
sous-tendu par l'oppression des langues dites minoritaires. Ma langue, reflet
de ma culture et de mes valeurs. Le principal argument mis en avant par les
populations et les minorités qui soutiennent que leur langue fait partie
intégrante de leur identité consiste à faire valoir que
chaque langue découpe non seulement différemment notre
façon de voir le monde, mais qu'elle est également
dépositaire - de par son caractère historique - de la culture et
des valeurs de ceux qui la parlent. Si cette position, déjà
défendue en partie dans la Grammaire générale et
raisonnée de Port-Royal (1660 cité par Aluma K.J.Y.),
recevra une assise plus documentée empiriquement au XIXe siècle
grâce aux travaux de Humboldt (2000) qui soutiennent que la langue
exprime et façonne l'âme nationale dans ce qu'elle a de plus
spécifique, cette position prendra sa forme la plus achevée dans
l'hypothèse de Sapir-Whorf qui pose que la structure d'une langue
détermine la structure de la pensée et de la perception des
locuteurs tout en conditionnant leur culture. Ce principe de relativité
linguistique est justifié par Sapir en ces termes : « Il est
assez illusoire d'imaginer qu'on s'ajuste à la réalité
essentiellement en dehors de l'usage de la langue, et que la langue est juste
un moyen quelconque de résoudre des problèmes de communication ou
de réflexion spécifiques. Le fait est que le `monde réel'
est, dans une large mesure, construit inconsciemment sur les habitudes
linguistiques du groupe. Il n'existe pas deux langues qui soient suffisamment
similaires entre elles pour être considérées comme
représentant la même réalité sociale. Les mondes
dans lesquels vivent différentes sociétés sont des mondes
distincts, et non pas le même monde avec juste des étiquettes
différentes attachées aux choses... Nous voyons, entendons et
faisons autrement l'expérience des choses de la manière dont nous
le faisons car les habitudes langagières de notre communauté nous
prédisposent à certains choix d'interprétation
» (1958, p. 59).
Il suffit, par exemple, de penser aux rituels langagiers (les
condoléances, les excuses, les remerciements, etc.), aux tabous verbaux
(relatifs au corps, au genre, etc.) ou encore aux implicites qui donnent sens
aux slogans politiques ou publicitaires pour mesurer les différences qui
séparent les langues dans leur façon de proposer une
appréhension du monde. Dans ce cadre, on comprend également que
le XVIIIe siècle ait pu parler du « génie des langues »
en tant qu'elles nous feraient dépositaires de l'héritage d'un
passé transmis naturellement ; comme en témoigne d'ailleurs le
fait que l'on puisse encore dénommer le français, l'allemand ou
l'anglais, par les termes de « langue de
89
Molière », de « Goethe » et de «
Shakespeare ». Par contre, comme l'objecte Charaudeau (1990), cette
perspective, qui subordonne la culture à la langue, pêche à
expliquer pourquoi les cultures française, québécoise,
belge, suisse, maghrébine, voire africaine, ne sont pas identiques ... ;
révélant également la situation paradoxale des locuteurs
vivant dans un pays d'immigration (par exemple, le Canada ou le Brésil)
et se retrouvant obligés « de vivre entre une langue, dont
l'identité renvoie à un là-bas-autrefois, et un usage, un
discours qui, lui, exprime l'identité du ici-maintenant » (ibid. p.
2). Les problèmes ici soulevés font ressortir deux points
importants : i) l'identité gagne à être pensée de
façon plurielle en distinguant notamment `l'identité de base' des
communautés linguistiques forgée à partir de leur histoire
et de leur culture (religion y comprise), de celle correspondant à leur
`identité courante' et qui est endossée par les locuteurs pour
gérer quotidiennement leur vie sociale, politique et
économique.
Le sentiment d'identité n'intervient pas seulement au
niveau de la langue (pensée comme un trésor abstrait que nous
possèderions tous), mais également dans l'usage que les locuteurs
font de celle-ci. Une conséquence attendue du relativisme linguistique
sera de soutenir ce que Quine (1960) appellera la thèse de
l'indétermination de la traduction, à savoir que tout processus
de traduction revient à projeter sur la langue que l'on traduit les
catégories de pensées héritées de sa propre langue.
De fait, la difficulté à traiter du lien que la langue (ou
l'usage de celle-ci) entretient avec la notion d'identité provient d'une
impossibilité d'opérer des généralisations, car
chaque situation linguistique correspond à un cas particulier. La raison
de cet état de fait provient de
l'hétérogénéité et du grand nombre de
facteurs qui influent sur ce lien et des possibilités combinatoires qui
en résultent. Ainsi, entrent en jeu le nombre de locuteurs qui parlent
la langue, le degré de transmission de celle-ci, la politique
étatique, la nature véhiculaire ou non de la langue, son statut
d'ex-langue coloniale, le taux d'urbanisation du pays, la fréquence
d'utilisation de la langue dans les nouvelles technologies, ... (Calvet 2017,
p. 187-203). Sans donc vouloir dresser un tableau objectif de tous les cas de
figure, certains paramètres semblent néanmoins être de
très bons déclencheurs pour une revendication identitaire de la
langue. Ainsi, la présence d'une diglossie entre langues constitue un
facteur assez déterminant.
Nous considérons que la fonction identitaire est la
fonction de manifester son appartenance ou son amitié au groupe. C'est
une fonction d'identification au groupe, aux différentes fonctions ou
statut dans la société.
Comme le témoigne Martin Riegel : « Les
langues contribuent à assurer l'identité et l'unité
à lintérieur des communautés humaines, mais aussi car ce
qui réunit peut aussi exclure la différence et la
ségrégation. Sensibles aux divers facteurs de
différenciation qui traversent et travaillent le tissu social, elles
reflètent les clivages internes qui tiennent à la localisation
géographique et l'appartenance à une classe sociale, à un
milieu culturel, à un groupe professionnel ou à une classe
d'âge. » (Martin Riegel et ali, op cit : 18,19).
La familiarité et le degré d'intimité
entre les acteurs de la communication déterminent aussi la nature de
conversation, et partant l'alternance codique. Le recours à l'alternance
codique peut s'opérer selon que les acteurs de la communication sont
intimes ou pas. Un étudiant par exemple, en s'adressant à son
professeur ne peut en aucun cas recourir à l'alternance codique. Il
n'est pas totalement exclu qu'une communication officielle ou formelle fasse
recours à l'usage alterné des codes.
90
Qu'il suffise de rappeler le cas du président Joseph
Kabila qui, dans sa communication en Kiswahili recourt à l'alternance
codique swahili/français pour se conformer à la pratique
langagière du pays, la RDC où les langues congolaises ne sont pas
parlées dans leur état pur.
En résumé, l'alternance codique peut permettre
au locuteur de combler une difficulté d'ordre lexical, affirmer son
propre statut ou exclure quelqu'un de la conversation.
Exemples : / Radio Le Messager du peuple imewatafuta
waliotunukiwa cheo cha walimu Mutafiti Abeli Mutunda Charly ni mmoja wao
anaeleza anavyopokeya tarifa hiyo : « Kwa kweli nimepokeya na
furaha kubwa sana kwakuona ya kwamba niko miongoni mwa wale watu watano. Ni
muda murefu sana nilikuwa nimedeposer iyi candidature yangu kwa ile poste
alakini wakuu viongozi wa ISP wa mwanzo walikuwa wameiacha pembeni sijuwi
nikwasababu ngani lakini kwa leo tunamushukuru mwenyezi mungu asa na bodi ya
ISP-Uvira ambayo iliona umuhimu kwa kazi tuliyo fanya na kuipeleka dossier yetu
kwenye conseil d'administration ya Isp na leo tuko wa chef de travaux
ijapokuwapo saivi arreté iliypo ajawa na nottification ya
secrétaire général mais najuwa kesho mwezi kutwa itakuwepo
ila kwa kweli tuna ambiya wengine waji usiche na utafiti kwa kuwa chuo kikuu
kinaomba watafiti tuu na muna kingine kya kufanya ila tunajuwa saa ivi tutakuwa
sisi ni xa mwuisho kwa kupeleka dossier zetu kinshasa nazipitiye njia hii kwa
saaivi kama haujakuwa na DEA na Master hauwezi ukawe tena chef de travaux
nawaomba waende shule ne sisi wenyewe tutakwenda shule ili tuwe watafiti
wakubwa kwa inchi yetu ya RD congo « f...]
Norbert Bashengezi, Katintima mwenye kit iwa
chamaa cha ANCE ametuma musaada wa dolla elfu moja na mia tano kwa raiya wa
Sange waliyo muomba mchango wa kujenga jukwa la heshima ndani ya uwanja wa
mupira wa miguu mujini humo f...]
Big Marthe Bashomberwa [...] ameleeza raiya wa sange kuwa
: « kwa watu wa sange tunawaomba ile franka inafika waitumikishe
sawa vile wazazi bajenge tribune tribune itabakiya hapa ni yao, na itabakiya na
bailinde vizuri na bakiihariribisha, wala kama habajenje, batakuwa nibopeke na
batakuwa bame shimamisha maendeleo ya stade yetu. Donc tunabaomba sagesse na
bonne gestion ya zile pesa. »/
Combler un vide dévrait penser à l'emprunt or
dans le cadre de l'alternance codique, l'emprunt n'a pas raison d'être
comme le signale Marie-Eva de Villers 40 « L'emprunt, s'il n'existe
pas de mot dans une langue pour désigner une réalité,
l'emprunt se justifie ; il est inutile s'il vient concurrencer un mot existant.
»L'alternance codique ne peut se justifier ici comme il n'est pas
question d'emprunt.
L'usage du français dans une période
donnée de l'histoire du Congo permettait à l'usager de faire
partie d'un groupe social considéré comme celui des «
évolués ».
40 Marie-Eva de Villers (2003), Multidictionnaire de la
langue française, Québec, Montréal, p538
91
Etant donné que ce sont les évolués qui
doivent être hissé à des hautes fonctions politques du
pays. Ceci se justifie également par les propos de MUDIMBE V.Y.
Cité par KADIMA-TSHIMANGA 41qui nous donne le
métalangage suivant du terme évolué :
« On appelle « évolué » au
Congo-Belge, des congolais détenteurs d'une carte spéciale,
pouvant qu'ils ont rompu avec les moeurs primitives et ont fait un certain
progrès vers la civilisation européenne.» (1983 :
13).
Ce sont ces intellectuels dits évolués qui
publient quelques réflexions dans le journal La voix du congolais.
Ils ne pouvaient le faire qu'en français selon la volonté du
Blanc.
L'usage alterné des codes (langues africaines/langues
occidentales) est un indice d'appartenance à l'élite
intellectuelle ou un témoignage qu'on est civilisé et que l'on
mérite d'être élu aux élections prochaines. A ce
sujet, F. de SAUSSURE affirme que :
« L'unité d'une langue peut-être
détruite quand un idiome naturelle suit l'influence d'une langue
littéraire. Cela se produit infailliblement toutes les fois qu'un peuple
arrive à un certain niveau de civilisation. » (SAUSSURE op.
Cit : 267)
Exemples :
/ Kiongozi wa tarisisi, Mauridi Mukerwa Jean Claude wakati
akitembeleya sehemu za Sange bondeni mwa mto Ruzizi pia mta wa kayaja kata la
Mulongwe, kwake Mauridi Mukerwa Jean-Claude, matembezi haya, ilikuwa na lengo
la kuamusha raiya kutokuzubaha tena wakati wa uchanguzi ujao, kwani umuhimu ni
kuchaguwa vizuri ili kupata maendeleo ya kudumu Uvira. Yuko hapa kwenye
microphone ya Radio le Messager du Peuple : « Kwanza
nilikuwa na kwenda kuwakumbusha kuwafunguwa akili kuhusu uchanguzi unakuya
wasifanye tena makosa zenye balitokeya kufanya na mpaka leo tukonaendeleya
kusouffrir n/a batu benye balivoter juu ya
polo, balibavoter juu ya sac ya chumvi, kuonekana kubaconscientiser cette
fois-ci baangaliye ngisi ya kuchaguwa ilituchanger maisha, ilitulete maendeleo
mu territoire yetu ya Uvira. » Kwa fursa hiyo Mauridi Mukerwa Jean- Claude
amefanya uzindusi wa bomba alilo wapa wakaaji wa Kayaja, itakayo wasaidiya kwa
maji safi. Tena hapa tumusikilize : « [...] Kitu limetufanya tupatiye watu
wakayaja maji, kwa sababu tumeenda tukitembeya tukaona kwamba kuko shida ya
maji, watu wako wanatembeya ma kilomettre za mingi juu washote maji na
wakonaenda naitafuta na wanailipiya pesa. Nikusema kama tunavyo uwezo yakufanya
hiyi tunaweza tukawafanyiye kitu kidogo tukawaleteye maji [...] tukaamuwa
ilitupunguze ile mateso ya kutembeya muda murefu, ama kuchunga ma saa, trois
heures, quatre heures du matin muda ya ya maji. Tuangaliye uwezo tunayo kwa
kuweka ile borne fontaine iliwatu wawe wanapata maji Tunashukuru mungu kwa
sababu tulifikiya kwa kupata ile uwezo kufungulia ile borne fontaine. Na haiko
pale njoo tutaishiya, tulikuwa tulishafaya kwa avenue du stade, Songo, na
maitaji ya maji kama haki ya binadamu, maji
41 KADIMA-TSHIMANGA (1983) : Le
sociale et le politique dans le vocabulaire de l'évolué
congolais. Une étude lexicographique de la Voix du Congolais (1955-1959)
Vrije Université Brussel (Thèse de doctorat).
92
iko mingi sana na pale kote tunaweza, tutaendeleya
kupatiya watu maji. Ntutaendeleya kufanya mengi zaidi. »/
/. Kwake Kelvin Bwija, vitendo vya raiya vinaruhusiwa na
sheria ya inchi ya DRCongo kuepukana nah ali hiyo ni kwa wajibu wa serikali
kuheshimu mapaswa yake kwa wana inchi. Tumusikilize hapa Kelvin Bwija
akijieleza hapa kuhusu jambo hilo : « Jambo ambalo tumefanya leo,
limefanyika leo mu ville ya Uvira et ses environs, ukisoma constitution article
26 (vingt -six) inaprevoir ma marches pacifiques na ma villes mortes, ma
revendications fulani fulani njoo maana tumeshirikiana na wenzetu wa UNSCC
kukuwa pamoja mu barabara ku observer kwa sababu kuna watu wenye wanaweza waka
haribisha bya batu, njoo maana tulikuwa tuko tunamaîtriser wakaaji. Non
aussi wa autorité wanapashwa kuwa na esprit patriotique na habitudes,
comportement ya mzuri kuwa na angaliye, wasikuwe wanachunga mashirika za
kirahiya tukuwe tunaorganiser maactions citoyennes, villes mortes, ma marche
pacifique pourque bapane solutions ku bitu fulani fulani. Banaâshakuwa na
réagir mbele ya ma shirika haziya organiser maactions citoyennes [...]
ziko tellement constitutionnelles parce que depuis longtemps tuko tunaomba
Route Mwami, Rn5 ijijengewe, Route Espoir, Route Mwami zinjengewe mupaka hivi
hatujaona ata kitu. Wa autorités wanapashwa kurudiya ku mu sitari kuwa
na tenda, kufanya kazi mbele ya wakati ma sociétés civiles haziya
organiser maactions citoyennes [...]/
/ Muungano wa vyama vya siasa FCC wasema
kamwe hutoshiriki uchanguzi wa mwaka elfu mbili ishirini na tatu ikiwa
hayajafanyika marekebisho ya daftari ya mupiga kura ameyosema hii, leo Bwana
Mukonge Wachambu Microbe, msemaji professa daktari Nehemie Mwilanya Wilondja
ambaye ni mratibu wa FCC inchini DRCongo (Diar Kongo) Microbe akiwa tena
msemaji wa FCC mashariki ya muhuri wa kidemocratiya ya congo ametowa sababu
inne zakutoshiriki kwao uchanguzi huo :
[...] Tuone ingine i irregularité yenye iko
liée na proposition avant projets de lois la répartition des
sièges, ile avant- projet iko en conflits na décret yenye
iliwezaka réagir Uvira kuwa ville, na Baraka kuwa ville [...] ».
/
Jean Calvet souligne : « mais dans tous les cas, le
contact de langues produit des situations dans lesquelles le passage d'une
langue à l'autre revêt une signification sociale
»42. Il précisa que le bilinguisme social n'est pas
toujours aussi harmonieux, il peut également être conflictuel :
« L'un des reproches que l'on peut faire aux définitions de la
langue qui la ramènent à un « instrument de communication
» et qu'elles risquent de laisser croire à un rapport neutre entre
le locuteur et sa langue. Un instrument, en effet est un outil que l'on prend
lorsqu'on en a besoin, que l'on remise ensuite. Or, les rapports que nous avons
à nos langues et celles des autres ne sont pas tout à fait de ce
type : nous ne sortons pas l'instrument langue de son étui lorsque nous
avons besoins de communiquer pour l'y ranger ensuite, comme nous prenons un
marteau lorsque nous avons besoin de planter un clou. Il existe en effet tout
un ensemble d'attitudes, de sentiments des locuteurs face aux langues, aux
variétés de langues et à ceux qui les utilisent, qui
rendent superficielle l'analyse de la langue comme un simple instrument. On
peut aimer ou ne pas aimer un marteau, mais cela ne
42 Jean Calvet, (2009), La
sociolinguistique, Paris, PUF p25
93
change rien à la façon dont on plante un
clou, alors que les attitudes linguistiques ont des retombées sur le
comportement linguistique. » (Jean CALVET Op.Cit :39).
Il reviendra sur les retombées sur le comportement
linguistique à la page41 en disant : «Si les usages varient
géographiquement, socialement et historiquement, la norme
spontanée varie de la même façon : on n'a pas les
mêmes attitudes linguistiques dans la bourgeoisie et dans la classe
ouvrière, à Londres ou en Ecosse, aujourd'hui et il y a un
siècle. Ce qui intéresse ici la sociolinguistique, c'est le
comportement social que cette norme peut entraîner. Elle peut en fait
avoir deux types de retombées sur les comportements linguistiques : les
unes concernent la façon dont les locuteurs considèrent leur
propre parler, les autres concernent les réactions des locuteurs au
parler d'autrui. Dans un cas on valorisera sa pratique linguistique ou on
tentera au contraire de la qualifier pour se conformer à un
modèle prestigieux, dans l'autre cas on jugera les gens sur leur
façon de parler. ». (Jean Calvet op. cit.41).
Identité politique
/Asante bwana Mutangazaji, kwanza nitaenda kupana pole kwa
wanamemba wote wa Ensemble pour la République kwa yote ilitokeya kwa
Moise Katumbi kwa upekee na Ladisi Djuma Matonda kwa sababu Cherubin alikuwa
mtu wake wakaribu zaidi nitapana pole pia kwa dada yangu Eulalie Kangeta na kwa
beaufré yangu Konga kwa mupoteza mtoto, pia na kwa Kisanola [...] ni
mungu anapana na ni mungu anabeba [...] kwas asa kunakuwa ingine ligala banaita
G7 pale Kabindula, kwa saizi wanakufata ikiongozewa na bwana Lolo Simitondo.
Donc kwa saizi wanakufata kwa makini. [...] Sisi tuko muhali ya uzuni na kilio
kubwa kwa sababu, ni mambo ya kuhuzunisha zaidi sijuwi kama kuna mtu yeyote ule
ambaye ataeza akafurahiya kifo kya mwengine et surtout que aliyekufa aiko tuu
porte parole wa ensemble pour la République mais plus tôt un
député national na député national
anareprésenter njoo nation. Donc ni uzuni kwetu sisi wote sauf kwa wale
ambao wana roho za kutu ambao wanaona wanatakaa shidwa wanaanza maliza maliza
wamoya. /
Henri Boyer a reconnu que l'identité tient compte des
circonstances de l'acte de communication : « Un autre facteur, tout
aussi important que les précédents, à prendre en compte
dans l'analyse de la diversité des usages, au sein d'une
communauté linguistique, est la situation de parole/écriture, les
circonstances de l'acte de communication (écrite/orale) : lieu, moments,
objectifs communicatifs, statuts/positions des interlocuteurs...
»43
/ Asante Bwana mutangazaji nitakuambiya kama Moise Katumbi
n'a jamais eu d'émotion. Hayakuwaka na maémotions. Donc il est
toujours raisonable ku byote benye anasema na maneno yote anakuwaka anaitiya
nafasi inastahili. Et donc Moise Katumbi comme [...] wakati walisikiya ule
utata, kifo ya honorable Cherubin ili zusha ma swali mengi na kuleta sisi kwa
Ensemble pour la République tulikamata décision fulani na njoo
kwa maana tulisema kama iko crime d'état. Et donc ile yenye walifanya ni
assassinat kwanza kwa sababu tutakuya kuirudiliya. Nini tunaita assassinat ?
[...] mimi kama juriste. Tunaanza wakati Moise Katumbi anapata sollicitation
comme une personnalité aingiye mu union sacrée juu ya kusaidiya
inchi[...] wezetu ambao tulizani kama wataelewa, ku mwisho hawakuelewa[...]
Moise Katumbi Chapwe na directoire national ya Ensemble pour la
République ilidéicider kusema tutoke mu union sacrée na
pale tukapana
43 Henri Boyer, (2017), introduction à la
sociolinguistique, Dunod, Paris, P45
94
opportunité mwenye anajisikiya kuendeleya kutumika
na Feliz mwa iyi gouvernement ya Sama Lukonde ataweza kurudiya na akiwa membre
ya Ensemble pour la République [...]Donc anaifanya individuel [...]
Christian Mwando alitoka na wengine walitoka na souci ya kusaidiya raiya, siku
kidogo tukasikiya de père et de mère, loi de père et de
mère ikaanguka kwa sababu walitafuta wa mudestabiliser Moise
Katumbi[...] na kwa leo ile tulikuwaka tukiimba. Tukingaliki watoto ebo na ile
na ma campagne yao [...] ile loi de père et de mère haikuongelewa
ata [...] Tuliona apa [...] mu mwezi wa tano Moise Katumbi ana prévoir
kuenda kuikala mu Kinshasa pendant trois mois comme tout congolais, blocage
zikaanza paka saa anatafuta a voyager Kikwit banamukataliya asifike Kikwit
comme [...] ni congolais mwenye asitahili kuzunguruka mu inchi aende Congo
Central bana mukataliya et puis le 20 mai baka proclamer vraiment etat
dictatorial sanguinaire kwa ku empêcher Salomon arbitrairement na
kusambalisha watu wasifanye manifestation pacifique. Iyo ni maindice, wakati
waliona kama Salomon anakamatika mbele ya watu akuna gisi wamutendeye kinyama
ikabidi waende utiliser wa Demiap, na ma service zingine mais ile tukasema
tutaifatiliya kama kawaida alakini neno iliyotoka mule wanasema bwana Salomon
alikuwa anataka ba remplacer Président mwenye iko watiye mtu wa Katanga.
Et que walikutana mumatéléphones zake ma numéro za M23,
anaongeyaka na Rwanda tout ça. [...] pendant que ma enquête ziko
en cours, le Président de la République akajidéplacer
alifika faismoya akasema ya kwamba yeyote ule atapatikana mwa ile mambo wala
atasikilika mwa ile mambo ya M23 wasimuulize de droit de l'homme[...] sijuwi
kama munanielewa kwa hiyo niveau unasentir kama banatafuta kuvalisha Ensemble
pour la République dowa ya M23 et pourtant benye banaongeyaka na M23
biko, benye bali baloger mu 2019 à Kinshasa biko na kula ku Fleuve Congo
ku Mmeling ku hotel za nguvu, kuma frais zabo[...] mais pardon nifikiye pale,
alors Cherubin, ministre ana démissionner, alors crime d'etat inatokeya
wapi, alikuwa naitwa na Parquet Près Cour Constitutionnelle[...]
inamwuita aende afike a répondre ajibiye nini apana aliuwa apana,
aliiba, ama nini, akuye a déclarer bavérifier mali yenye alikuwa
nayo yenye aliwezaka déclarer avant akuwe ministre, alors mwa ile
circonstance tutakumbuka kama mu Congo akingali ministre wa kwanza depuis Congo
inakuwa mwenye anakuwa interpeller après ku déclarer avant mandat
mali yake [...] ama mandat fulani yenye ilikuwa lancer kusema waitishe mtu
fulani na mwa ile circonstance njoo alikamatika escorte wake anaingiya ku
déposer lettre juu ya kulomba repos, banakuya banaingiya, banatiya arme,
bana forcer mupaka kwenye balienda muuwa... wapi ?Devant la cours
constitutionnelle na haute instance za République zenye ziko
hypersécurisé et donc mtu kuko ma caméras mais zile
caméras zote azikufonctionner ile siku, kuko bapoliciers benye
banachugaka pale, kwa ile moment abakukuwa donc est-ce que vous pouvez
comprendre ça ? Leo ukifika ku parquet utakutana watu banayala pale mais
ile siku sa Cherubin anafika on a évacué tout le monde. C'est un
crime d'état. Assassinat parce que baliiplanifier très bien
bamuite afike bamuenlever kisha baende bamuachever. /
/ Tumemupokeya munenaji wa chama cha UDPS, Maître
jambo kwanza [...] est -ce que ilikuwa moment opportun yakuweza ku
décréter journée ville morte ?
[...] Nasalimu wa co-débatteurs, codébatteur
mmoja tuu na ni Bwana Mafikiri Président wa mpya wa Nouvellle
société civile [...] sisi kuhusu iyo swali ya ville morte
ilifanyika tariki ya siku ya pili yaiyi i,ga inamalizika [...] siye kama chama
tawala hatuoni umuhimu wa iyo ville morte par ce que wanasema walifanya ile
ville morte kuhusu mambo ya barabara [...] tunafanya na sisi plaidoyer [...]
tunaenda mwaiyo délégation pale Bukavu kuenda kuona Excellence
Alexis Gisaro, ministre wa
95
infrastructures f...] tulizungumza parce que amepokeya tuu
chama, na tukazungumuza kuhusu tena mambo ya barabara na haiko tuu iyi yetu apa
Route Nationale numero 5. Amefanya lancement Nyatende mupaka Kamanyola f...]
atakuya apa Uvira kuja ku lancer ya frontière mupaka Kivovo f...]
Wenzetu wa société civile nini ime wa piquer f...] mais wanafanya
ville morte f...] /
Les interventions ici mis en exergue relèvent des
idiolectes étant donné qu'elles resortent des constances
individuelles. Martin Riegel en dit autant : « L'idiolecte d'un
locuteur appartenant à une communauté linguistique est l'ensemble
des constances de son parler tel qu'il s'actualise dans les usages langagiers
qui lui sont propres. Il se présente généralement comme la
conjoction de plusieurs variétés p.ex., d'une
variété régionale et d'une variété sociale,
toutes deux fixes, et de plusieurs variétes situationnelles
adaptées à deux types d'échanges verbaux .»
(Martin Riegel et ali, op cit : 19).
Identité société civile
/Sisi shirika la kirahiya hatuya sema kama aliuwawa
kisiasa kwa sababu tuko na ngoya enquête i prouver f...] il faut
comprendre politiquement batu ya Ensemble banaweza tenir discours kufatana
f...] sis kama shirika la kirahiya tunajuwa d'abord action ya kuuwa Cherubin
ilikuwa bien planifier et que les enquêtes itatuambiya mengi zaidi. Mais
aussi nilikuwa nataka watu wote wa Uvira mwenye iko natafuta acomprendre kwa
sababu niko nawaza Uvira ama mu Congo bako nataka bavalishe batu bazoweye
maisha ya matatizo or c'est ce qui est inconcevable. Raiya inapashwa kuelewa
kwamba kila kifo kwanza na heureusement Maître alishaisema même si
ulimukata, kila kifo ikifika mu Congo kyakuuwa mtu, il faut kujuwa que le
gouvernement iko responsable kwa sababu iko na mandat ya kuprotéger
maisha ya kila mtu et que miye niko na sema kwamba est-ce que sisi raiya tuko
na ile capacité ya kuelewa kwamba serikali mambo iko nafanya iko aussi
inacontribuer ku kifo kyetu. Comment expliquer f...] une autorité
pareille, simple déplacement yake et que le matin tunakuya kutana kama
mtu anakufa. Donc c'est inconcevable. Il faut que batu baelewe kwamba haiko
njoo benye mtu angelimeriter bile. f...] Au contraire serikali iko pale kwa juu
ya ku protéger maisha yetu à tous les moyens. Parce que je prends
un exemple f...] niko naangaliya que mara mingi mambo iko nafikiya batu mu
Congo même kufikiliya kufa, iko na kamatiwa avec legereté f...]
Recemment juzi f...] mais il faut voire est -ce palikuwa déclaration de
la part du gouvernement ku honorer même bale batu benye balituacha ?
Unacomprendre que la vie politique, politique yenye iko mu inchi aipermettre
aimupe mtu utu avec valeur parce que c'est normal, na njoo benye biko na tokeya
f...] ile kusema kwamba non, ilifika, Cherubin aljiiuwa ye peke peut-être
izi exemple ulipana, apana. Ukiangaliya ngisi Cherubin alikufa Allez-y
comprendre ata mtoto wa chini wakimuonesha maimages avec ce qui s'est
passé basi atakuambiya kwamba Ça étéit une
organisation ya kabambi pourque ba éliminer ile maisha ya ule mtu. Pour
terminer sis Shirika la Kirahiya, la situation yenye ilifika pour Cherubin
c'est déplorable f...] et que moi je crois, nawaza kwamba même
watu wako mumajorité mu Union Sacrée aiko ba prendre zamiri, aiko
ile hali yenye tunawezaendeleya emo, aiko kwa juu ya poste fulani njoo unaweza
sema non, il n'y a rien mais il faut comprendre aiko maisha, aiko hali yenye
batu banaweza kufwa emo mu vintgième siècle. /
Les intervenants à la Radio, en alternant les codes,
dans un discours swahili, recourent au français par snobisme
étant donné qu'ils cherchent à se distinguer du commun des
mortels ; ils désirent à appartenir à une élite.
Voilà pourquoi ils tendent à réproduire le comportement
d'une classe sociale ou intellectuelle qu'ils éstiment
supérieure.
96
Henri Boyer a reconnu que l'appartenance à un milieu
socioculturel est en cause et également l'origine géographique et
sûrement parmi les mieux répérés, souvent
matière à stéréotypage44. A Uvira, le
locuteur du français est implicitement considéré
élevé, lettré, ayant étudié et par
conséquet cultivé.
2. Fonction persuasive
Au-delà du schéma de la communication
saussurienne ou Jakobsonienne, la communication médiatisée
s'établit non plus entre un émetteur et un récepteur, mais
entre le locuteur et l'auditeur, la chose dont on parle (le message), et le
récepteur (l'auditeur) visé.
Elle est baissée sur une stratégie de
persuasion/ séduction. L'approche pragmatique est essentiellement
orientée vers le pôle destinataire (l'auditeur/lecteur).
Le contact de deux langues en rapport avec la pratique
langagière du sujet sera caractérisée donc par un emploie
en alternance de divers codes linguistiques basée sur une
stratégie liée essentiellement à ses intentions, aux buts
qu'il assigne à travers l'échange. Il faudrait laisser la parole
aux spécialistes pour définir ce qu'on entend par le
bilinguisme.
Pour A. Martinet « Il est nécessaire de
redéfinir le terme de bilinguisme : (emploie concurrent de deux idiomes
par un même individu ou à l'intérieur d'une même
communauté) ne serait-ce que pour exclure l'implication très
répandue qu'il n'y a bilinguisme que dans le cas d'une maîtrise
parfaite et identique des deux langues en cause45 ».
La société uviroise de médias est
bilingue puisque deux langues différentes le swahili et le
français sont en contact permanent. Le swahili étant toujours une
langue agglutinante or le français est à la fois une langue
isolante et agglutinante.
Pour Uriel Weinreich, le bilinguisme étant un
phénomène individuel : « Les bilingues ont tendance
à spécialiser l'emploi de chaque langue selon un sujet
déterminé ou selon l'interlocuteur »46
André Tabouret Keller explique ce qu'il faut entendre
par la notion de bilinguisme ou plurilinguisme : « Le fait
général de toutes les situations qui entrainent un usage
généralement parlé et dans certains cas écrit de
deux ou plusieurs langues par un même individu ou groupe
».47
Exemples :
/ Hekima Ngosheni William ni mkubwa ya Shirikisho la Soka
mujini Sange, wewe umeokeyaje msaada huo : « Eeh
tunashukuru sana na vraiment ni furaha tuu kwa sababu tunakosa bya kusema juu
ya furaha Excellence eeh Kantintima wakati alipita hapa tulimupatiya ile ombi
na wakati
44 Henri Boyer, (2017), Introduction à la
sociolinguistique, Dunod, Paris P33
45 A. Martinet. Eléments de linguistique
générale (Langue maternelle, bilingue et unilingue. Ed. A
Collin Paris 70. P167
46 U. Weinreich « Unilinguisme et
multilinguisme » in langage sous la direction d'André Martinet,
Encyclopie de la Pléiade, ed. Gallimard p671
47 André Tabouret Keller : Plurilinguisme et
interférence in linguistique, guide alphabétique, sous la
direction d'André Martinet ed. Denoel p305
97
tulimupa ile ombi kabisa leo amefikiliya kujibu kwa maombi
yetu na ile ni furaha tuu, ni sentiment ya kufurahiya byote byenye bilipitika.
Ombi zingaliki mingi eeh tuliwayi mupatiya ingine documente ya kwamba
atusaidiye kwa ujenzi ataikuwe mur moya ya iyi stade, kwa sababu wepeke unaona
ngisi inachakaa ingaliki inatusumbuwa sana eeh kwa kwa nguvu yake na ile upendo
amabayo anakuwa nao tunayuwa ya kwamba atatusaidiya ».
f...]/
Ici, le locuteur est en train de convaincre les gens à
voter implicitement pour Kantintima sans le signifier.
/ Mafikiri Mashimango, alipoojiwa wa mwandishi wetu
Heritier Bindo kuhusu swala hilo naye kujibu : « Nikusema kwamba leo
tumekutanana hapo ni kwa sababu, kulikuwa remise-reprise na équipe yenye
inatoka, na njoo maana tunashukuru watu wote walioweza kituchaguwa pendant
maelections yetu le onze (11) ya hiyi mwezi, tunashukuru André Byadunia,
l'équipe sortant, kumuuda aliangoza structure na kana ni leçon,
parce que benye alitumika il y a de l'expérience tutaattirer kupitiya
yeye, mais aussi tunalomba raia kututiliya confiance, kwangisi ilitutiliya
confiance kwakutuchaguwa courage balikuwa nayo, na kulomba, kwenda kwa coordo
André Byadunia, par rapport na ma problème, tunabalomba
baendeleye kuwa kubyangambo yetu kwa sababu tuko pale kwajuu ya kutumika ma
intérêts yote inatoucher ville ne territoire ya Uvira comme Fizi,
na basikuwe na boga kwa sababu nilitaka kubarassurer kwamba chaque
problème itakuwa inafika Uvira, itakuwa inafika Fizi, itakuwa inafika
Walungu, Mwenga, nous comme l'équipe mainant entrant tutatumika,non pas
pour leurs propres intérêts na hatuta badecevoir. Vraiment bakuwe
sûr na bakuwe soudés na batutiliye confiance »/
Dans cet énoncé ci-haut, le nouveau
président de la Nouvelle société civile est en train
d'alterner les codes en vue de convaincre les auditeurs de lui faire confiance
et de l'emboiter le pas dans ses différentes décisions. Cette
fonction identitaire se caractérise par un emploi des pronoms qui
marquent la subjectivité soit « nous », « on » et
« eux » ou des pronoms possessifs.
/ Wanafunzi wa shule za secondari kutoka Luvungi na
bondeni mwa mto Ruzizi wapokeya msaada wa chakula ya alamisi julayi
ishirini,msaada huo watoka kwa tarisisi Mauridi Mukerwa Jean Claude, msaada huo
ni wa mifuko miwili ya mchele, mifuko miwili ya maraharangwe, mufuko mmoja wa
mkaa pia mafuta, kwake kiongozi wa tarisisi hiyo tendo hilo linakuja kujibu
maombi ya wanafunzi hao wakati olipokuwa katika ziyara ya kikazi maheneyo hayo,
Mauridi Mukerwa, anatowa wito kwa raiya wa Uvira kuishi kwa kusaidiyana bila
kujali rangi haiza (either) kabila, hayo anayataja kwenye maike (micro) yake
mwandishi wetu Celestin Kassigwa Hondwa.
« Kwanza nilivyokuwa napita nikitokeya huku upande wa
Munanira ni kaona, ni kasema acha niwasemeshe ili niwaulize wako nafanya
kitendo ngani. Mkaona niba banafunzi benye balitokeya Luvungi banakuya kufanya
stage bamoya ku Mairie na bengine Croix-Rouge na sehemu mbali mbali, alakini
sasa ya kuongeongeya wakasema wako na shida, bengine abayaanza kufanya hata
stage na kwanza habana chakula ya kukula. Basi nikajisikiya siwezi tuu
kuendeleya lazima nisaidiye, msaada tuliyowapitiya kitu kidogo kidogo na katika
ibyo vitu ni mchele, marahangi, mkaa na tukabapatiya vile vile na mafuta,
tumendeleya kuzungumuza hata awana usafiri wa kutoka kwa ile nafasi wako juu
waende kwenye batafanyiya stage. Tutaendeleya kubasaidiya na transport, kadi na
ngisi tunaweza kuweza. Tutawapatiya transport na bingine. Tupendane na
tusaidiyane [...] hiyi mugini iko muhali mubaya watu hawapendani unapo ona mtu
iko katika hali ambayo, we unaweza
98
kusaidiya, umusaidiye bila kuangaliya yeye niwa kabila
ngani usihangaliye yeye ametoka wapi. Njoo maana miye na Fondation yangu, miye
Jean Claude Mukerwa Mauridi [...]
Jean Claude Mauridi candidant aux elections est en train
d'alterner les codes en vue de persuader ses probables électeurs.
Jean Calvet note : « Les langues, faut-il le
rappeler, ont entre autres fonctions celle d'assurer la communication. Et cette
évidence est lourde de conséquences. En effet, plus la
communication est problématique (lorsque l'on parle avec un
étranger par exemple) et plus le locuteur aura tendance à
rechercher des formes simples, courantes. »48
/ Kwa upande wake aliyepewa madaraka anahahidi kutimika
kwa umoja kwa kutangaza injili. Muchungaji Yamonewa Machimu amenenewa hayo :
« Na jaribu kuangaliya namna ya kuangaliya watu, na kufundisha watu [...]
Mungu akisaidiya tufanye équipe ya wa missionnaire pamoya na kuformer
wainjilisti wenye wako na nguvu kwa ajili ya kufunguwa makanisa balimbali
mueneyo ambazo hakujafika injili. Kwa waamini wa CEACO ninakuwa na tegemeyo la
kusema ya kwamba ya watakapo ni unga mkono mzuri, wanisukume ili nipate
kuwatumikiya kwa moyo moja. /
Le Révérend Yamonewa Machimu, nouvellement
élu au sein de la communauté ecclésiastique, recours
à l'intervention divine pour atteindre ses propres intentions et en
montrant que il se mettra pleinement au ministère aussi longtemps que
ses fidèles seront avec lui.
Si nous analysons l'implicite ici, nous pensons qu'il estime
que l'echec de son ministère ne dépendra pas de lui.
/ Nashukuru mzee par rapport na swali [...] acha
nisalimiye Assumani Kangeta que je respecte en passant [...] najuwa que ni watu
wengi Uvira ville kama territoire. Na par rapport na swali bwana muhariri
nikusema kwamba mambo ilifika [...] ni maisha ya mtu yenye ilipoteya même
si leo ukiangaliya leo watu wako nakamata avec legereté mais nikukuwa na
comprendre que ni maisha ya mtu njoo tuko nasema. Na wakati Cherubin alikufa
quand même nawaza kama sisi shirika la kirahiya, iliuma sana, même,
kama mtu wa vile avec personnalité yenye alikuwa nayo, na le matin vous
vous reveiller le matin eti fulani alikufa [...] et que nous comme shirika la
kirahiya tulidéplorer sana ile situation natuwezi pendeleya biendeleye
vile parce que pako watu wana shimama juu ya kuteteya iyi inchi na le matin
kuwa na shimama eti mtu fulani alikufa, inauma zaidi sana [...] ile hali ileta
boga même mu République Démocratique du Congo kusema est-ce
que vraiment tutakuwa na watu wanaweza shimama na wa saidiye iyi mugini, kwangu
donc, bref nikusema kwamba ile habari saa ilifika ya kifo cha ancien ministre
wa transport Okende kukufa sisi comme Shirika la Kirahiya tulicondamner sana
tena sana parce que quand même alikuwa parmi les grandes
personnalités wa iyi congo[...] Donc voilà de manière bref
par rapport na regret tuliona kifo cha ancien ministre wa transport./
Le nouveau président dela NSCC, Mafikiri Mashimango,
par un ton pathétique, en alternant les codes, passe par la pitié
pour afficher qu'il est un président de la société civile
très sympathisant.
Dans les exemples tirés de notre corpus, nous montrons
que la fonction persuasive passe par le crédit, l'autorité et le
rang du sujet parlant, ou même, enfin, sans l'aide de la voix, par le
seul
48 Jean-Louis Calvet, (2007), L'argot, PUF, Paris p5
99
aspect, lorsque par exemple, le rappel des mérites de
quelqu'un, ou un visage qui inspire la pitié, ou la beauté
physique, dicte le verdict ou le comportement de l'auditeur.
a) Fonction de considérer implicitement que le
français est une langue de prestige
Comme nous venons de le constater dans les différents
exemples tirés de notre corpus, avec une longue séquence du
français au début ou à la fin de l'énoncé,
les codébatteurs ou les intervenants visent à provoquer
l'appétit des auditeurs ou locuteurs du français en vue de les
pousser à s'intéresser à tout le message.
Dans cette condition, les alternances codiques participent
à la conviction des auditeurs.
En République Démocratique du Congo, le plus
souvent, l'expression de chiffre (mesure de longueur, de capacité, la
monnaie, le numéro de téléphone) constitue les segments en
français est la langue d'intercompréhension entre congolais.
Dans les énoncés suivants, les numéros, les
nombres sont toujours en français. Exemples : /Tarifa ya habari
kupitiya vipimo vya 105.Mghz (Cent et cinq),
/ Nikusema kwamba leo tumekutanaa hapo ni kwa sababu
kulikuwa remise-reprise na équipe yenye inatoka, na njoo maana
tunashukuru watu wote walioweza kutuchaguwa pendant maélections yetu le
onze (11) ya hiyi mwezi.../
/ Asante acha tupane namba f...] ni 099711322065 (Zero
neuf neuf septante et u trois-cent vingt soixante cinq). /
/Banamukataliya et puis le 20 mai (vingt) bakaproclamer
vraiment état dictatorial f...]/
/Et pourtant benye banaongeya na M23 biko benye balibaloger
mu 2019 (deux mille dix-neuf). Route Nationale numéro 5 (cinq)
/ [...] Nikuambiye kama mu barabara muko à peine
trois mille bajajes kama ni moto ziko plus ya deux mille, bahati mubaya ni juu
hatuna statistique. /
/ Na bale bajeunes banalamuka quatre heures f...] /
Saa ilifika mardi tulifanya ville morte, arriver à
13h, 14h tulifanya marche tukaenda déposer notre mémo.
Mafikiri ni collègue yangu alikuwa président
wa jeunesse ya Kamvimvira, tulifanya mandat ya 5 ans, ya 6 ans, 2013-2019,
tulipokelewa na bapoliticiens bamingi
Port Kalundu ingeisha depuis mu 2022 mwazi wa inne Tukutanane
mu décembre 2023.
Tous les intervenants à la Radio disposent (dans le
contexte de ce présent) disposent des casquettes politiques qui les
poussent à bien parler pour convaincre les auditeurs à les
choisir ou choisir leurs parrains aux échéances
électorales. Voilà pourquoi, le recours à des pratiques
100
langagières, communicatives liées à
l'alternance codique constitue une façon de prouver aux auditeurs qu'ils
sont des hommes cultivés et qu'ils peuvent contribuer au
développement du pays.
Nous pensons que le choix du français se justifie dans
la mesure où ils impriment chez le lecteur le sentiment ou la conviction
qu'ils maîtrisent et le swahili et le français et qu'ils ne seront
pas muets pendant les plénières. Ils savent qu'ils sont suivis et
par les analphabètes et par les lettrés par conséquent ils
doivent alterner le code pour satisfaire les deux camps.
Exemples :
/Recemment juzi/
/hiyo ni banditisme politique/
/ca ne peut pas passer. Habisikiliki/
/ [...] Mais aussi Moise alirassurer si'il faudrait que
FBI njoo ikuye enquêter juu ya mort ya Cherubin. Le vrai commenditeur ya
bale batuers à gages baonekane, il est prêt pour donner de
l'argent. Kupana franga juu bale bakuye/.
Les séquences du français sont utilisées
pour résumer l'essentiel du message aux locuteurs du français.
Exemples :
/Recemment juzi/
/hiyo ni banditisme politique/
/ca ne peut pas passer. Habisikiliki/
/Nitakuambiya kama Moise Katumbi n'a jamais eu
d'émotions. Hayakuwaka na maémotions/
/ [...] Mais aussi Moise alirassurer si'il faudrait que
FBI njoo ikuye enquêter juu ya mort ya Cherubin. Le vrai commenditeur ya
bale batuers à gages baonekane, il est prêt pour donner de
l'argent. Kupana franga juu bale bakuye/.
b) Fonction de montrer aux auditeurs qu'ils actualisent plusieurs
langues
Le souci d'adhérer les auditeurs à ses
convictions passent par la fonction de leur montrer qu'ils actualisent
plusieurs langues.
Le plurilinguisme serait considérer comme l'une de
causes principales de l'alternance codique, puisqu'il ne peut jamais y avoir
alternance des codes sans contact des langues. Nous estimons que cet aspect de
multilinguisme se considère comme cause principale de l'alternance
codique revient explicitement ou implicitement sous plusieurs formes dans les
différentes définitions proposées par les auteurs que nous
avons déjà évoqués dans le cadre de ce travail.
Disons que l'utilisation de plusieurs langues par un locuteur
peut être considérée comme un signe
d'élévation sociale (prestige) pour se démarquer des
autres membres de la société.
101
Dans l'emploi de l'anglicisme [maike] aulieu de [micro] par le
journaliste pour imprimer chez les auditeurs qu'il est capable d'actualiser
plusieurs langues et cela a comme intention de les maintenir à
l'écoute.
b) Ignorance du terme approprié à utiliser
L'ambiguité de la fonction persuasive peut renvoyer
à l'ignorance du terme approprié à utiliser. Tout en
montrant qu'ils savent manier plusieurs langues, ils affichent également
leur ignorance de L1.
La pénétration européenne en Afrique
avait crée un besoin linguistique pour résoudre le
problème de communication entre le colonisateur et le colonisé.
Plus tard le colonisateur imposera sa langue, c'est ainsi qu'il aura en Afrique
des zones dites françaises, anglaises, lusophones voire espagnoles.
Un bel exemple pour illustrer cette affirmation est
donné par F.de SAUSSURE dans son oeuvre intitulée Cours de
linguistique générale :
« Il peut arriver d'abord que la langue d'une
nouvelle population vienne se superposer à celle de la population
indigène. Ainsi dans l'Afrique du sud à coté de plusieurs
dialectes nègres, on constate la présence du hollandais et de
l'anglais, résultat de deux colonisateurs successives , · c'est
de la même façon que l'espagnol s'est implanté au Mexique
[...] De tout temps on a vu des nations se mélanger sans
confondre leurs idiomes. Il suffit, pour s'en rendre compte, de jeter les yeux
sur la carte de l'Europe actuelle : en Irlande, on parle le celtique et
l'anglais , · beaucoup d'irlandais possèdent les deux langues.
En Brétagne, on pratique le breton et le français ; dans la
région basque, on se sert du français ou de l'espagnol en
même temps que le basque » (1978 : 265-266).
De ce qui précède, l'utilisation des langues
étrangères en Afrique est inhérente à certains
faits historiques du XIXème siècle.
La situation ci-haut décrite est celle des pays
africains en général et de la RDC en particulier. Ainsi donc, les
Africains ont dû recourir aux langues européennes en usage dans
leurs milieux respectifs pour désigner des outils, des objets ou des
appareils introduits par la colonisation.
Qu'il suffise de s'appuyer encore sur la réflexion de
F. de SAUSSURE pour trouver un soubassement à notre affirmation :
« Un mot peut passer après coup dans une
langue en même temps qu'une chose introduite chez le peuple qui la parle,
ainsi le chanvre n'a été connu que très tard dans le
bassin de la Méditerranée, plus tard encore dans les pays du Nord
; à chaque fois le nom du chanvre passait avec la plante » (Op.
Cit. : 308).
De ce fait, l'ignorance du terme approprié pour
désigner une réalité peut justifier la plupart des
alternances codiques. Comme dans plusieurs exemples ci-dessous où les
intervenants ou co-débatteurs ont connu des difficultés de termes
équivalents pour exprimer certaines réalités.
Exemples :
/ [...] Katika asili yetu juu niko hybride kama vile
unajuwa. Munazoweya kusema kama mulozi njoo anakuwaka wa kwanza kukuya kuliya
mu nyumba. [...] anakuja juu aji assurer est-ce que Kabisa
102
Sumialo alikufa [...] na yeye njoo anakuwaka na machozi ya
mingi [...] benye banakamatika, chauffeur wake uko aux arrêts, policiers
mwenye anamuchungaka iko aux arrêts na arme yake vile. Unaona
déjà kama ni ba proche. Mtu wa kwanza mwenye alifanya sortie
médiatique kusema kwamba Moise Katumbi njoo alimuuwa haiko
inquiéter et pourtant ule mwenye ashapata indice kama ni fulani njoo
aliuwa angepashwa kwanza kuwa pour raison d'enquête [...] de deux mule mu
Kinshasa quand un député passe wa taille ya Cherubin ni foule
mais unajiimaginer comment batu yote balidisparaître comme dans un film
yenye iko informatisé bakaeffacer batu yote kulimoya pourque Cherubin
ajikutane iko yepeke. Ça ne peut pas passer. Habisikiliki. Donc pour
nous, le gouvernement tulishukuru kwakupatiya ile pole mais tuko na
déclarer kukuwe maenquêtes yenye itakuwa approfondies [...]
unakutana déjà procureur général yepeke anaanza
sema non non c'est prouver que balle yenye ilimupata Cherubin ilitoka mu arme
ya escorte wake. Unajiimaginer kwenye escorte wa mtu kwenye ataacha arme ku
cours constitutionnelle, cela veux dire surveillance iko ya nguvu. Est-ce que
vous comprenez ile aspect ? Escorte wa député anaacha arme juu
aende apeleke document à l'intérieur parce que à
l'intérieur hautapit na ile arme. Sasa ile sécurité
ilikuwa tu ndani ikakosa kuwa inje ? Et quand le véhicule iliwaka,
personne hakukuwa ku mulango, ata garde ata nani wakusema miye niko apa
wakuangaliya, est-ce que ile ma véhicule za ba kubwa zenye zinakuyaka ku
parquet pale, hakuna mtu wakuzichunga juu ya kujuwa uyu banabeba ama apana.
Non, il y a un coup monté. C'était très bien
planifié de telle façon kusikuwe ata mtu mumoya mwenye
atasoupçonner. D'ailleurs je presume que ce jour-là Cherubin
alikuwa yepeke mwenye alikuwa invite mwaile saa pourque basikutanane na
mwengine. En tout cas l'on ne saurait pas comprendre ile situation et donc siye
kwetu paka saaizi kama gouvernement inasema itupatiye ma preuves parce que eyo
njoo iko na mainstrument zote mais aussi Moise alirassurer si il faudrait que
FBI njoo ikuye enquêter juu ya mort ya Cherubin. Le vrai commenditeur ya
bale ba tueur à gages baonekane, il est prêt pour donner de
l'argent kupana franga ju bale bakuye.
[...] D'ailleurs inatupatiya nguvu [...] haiko Gumino tout
comme haiko ba Bishambuke [...] Mwaakilishi wa udps hawezi kufika kwa sababu
kwa iyi sujet abana la kusema [...]/
Clôturons ce point par la fonction économique du
langage.
d) Fonction économique de langage
Cette fonction passe par le procédé stylistique de
troncation dans :
/ Tumekuwa na coordo wa nouvelle
société civile/ et /Nitapana pole pia kwa dada yangu Eulalie
Kangeta na kwa beaufré yangu Konga kwaku mupoteza
mtoto/
La troncation étant un procédé consistant
à abrèger les mots polysyllabiques pour les raccourcir nous a
amener à consulter Pierre Bourdieu qui utilise dans son ouvrage pour
démontrer son hypothèse deux approches croisées. D'une
part, il emprunte à la théorie économique les
définitions du marché pour l'appliquer à la langue et aux
échanges linguistiques. Il étaye sa démonstration de
nombreux exemples historiques de production de la langue ou institutionnels de
reproduction ou d'utilisation de la langue. D'autre part, il mobilise
l'ensemble des concepts fondateurs de sa théorie sociologique, fortement
marquée par le culturalisme, pour montrer les jeux et les enjeux du
marché linguistique. Ainsi, ce marché fonctionne-t-il comme un
champ, c'est-à-dire
103
comme un monde social doté de ses propres lois et
règles qui sont appropriées par les individus et deviennent des
habitus assurant par là-même aux agents les moyens de jouer au
sein du champ.49 Pour nous, les intervenants à la Radio
recourent à ce procédé dans le but d'économiser les
mots en suivant la loi de moindre effort de la même façon que
Pierre Bourdieu le démontre dans son ouvrage.
/ Dans cet exemple, /...Président
Fatshi.../ Fatshi, un racourcissement nominal du nom de notre
président Felix Antoine Tshisekedi Tshilombo prend en compte
l'économie de mot.
Jean Calvet l'explique : « La troncation, principe
économie (raccourcir les mots) propre au langage populaire (prof,
ciné, métro...) et qui, parce qu'il n'aboutit pas à des
formes assez opaques, se prête le plus souvent ensuite à une
ressufixation »50
Bref, les alternances fonctionnent aussi comme des actes de
parole. Lorsque les intervenant à la Radio le Messager du Peuple les
exploitent dans leurs discours, celles-ci couvrent plusieurs fonctions sociales
liées soit à l'appartenance du milieu soit au fait qu'on veut
convaincre un public auquel on est ou pas forcément habitué et
auquel on veut aussi s'identifier. On peut également parler d'une
rhétorique de l'énonciation, introvertie, centrée sur
le locuteur et son for intérieur, orientée vers la justesse de la
pensée et de l'expression. La rhétorique de l'interaction,
extrovertie, est focalisée sur l'interlocuteur, elle est
communicationnelle et parfois éloquente. Le but de toute argumentation,
avons-nous dit, est de provoquer ou d'accroître l'adhésion des
esprits aux thèses qu'on présente à leur assentiment : une
argumentation efficace est celle qui réussit à accroître
cette intensité d'adhésion de façon à
déclencher chez les auditeurs l'action envisagée (action positive
ou abstention), ou du moins à créer, chez eux, une disposition
à l'action, qui se manifeste au moment opportun.
Nous sommes d'accord avec Alain Pagès51 qui
montre que nous sommes tous, dans la vie quotidienne, amenés à
argumenter presque spontanément. Selon lui, une argumentation efficace,
c'est-à-dire réellement convaincante, implique une
véritable démarche intellectuelle, une organisation
réfléchie du discours.
49 Pierre BOURDIEU, (1982), Ce que parler veut dire.
L'économie des échanges linguistiques Fayard p3
50 Jean-Louis CALVET, (2007), L'argot, PUF, Paris p10
51 Alain PAGES et ali, (1995), Lettres.
Textes.Méthodes. Histoire littéraire, Nathan, Paris P.441
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