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Alternance codique swahili/français dans le journal swahil et débats politiques radiodiffusés à  la radio le messager du peuple à  Uvira (juillet 2023). Contribution à  une étude sociolinguistique appliquée aux médias.


par Antoine AKILI Kirongomera
Institut Supérieur Pédagogique d'Uvira (ISP-UVIRA) - Licence 2023
  

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CONCLUSION PARTIELLE

Ce chapitre s'est consacré à l'analyse des alternances phrastiques, extraphrastiques, interphrastiques et interlexicales. A l'issue des analyses, nous pouvons retenir les éléments ci-après :

Les morphèmes grammaticaux du kiswahili se greffent par adjonction sur les morphèmes lexicaux du français. L'existence du double mise au pluriel attestée par la présence de deux morphèmes du pluriel pour les deux langues dans un même mot (maémotions, bapoliciers) et la double présence du morphème marquant l'infinitif pour un même lexème (Kwakuempêcher, abakusaisir etc.) Le fait que le swahili entraîne le français dans la logique de l'inclusion distributionnelle via l'alternance, cela pourrait être à la base des interférences et des fautes d'accord étant donné l'intervenant combine deux systèmes linguistiques différents.

L'alternance interphrastique caractérisée par la juxtaposition des phrases ou des fragments de phrases visant à provoquer l'appétit des auditeurs francophones non-locuteurs du swahili. C'est le cas de recours aux séquences très longues du français. Par rapport à l'alternance interphrastique, certains éléments ont attiré notre attention, il s'agit des calques syntaxiques dans la formation de la voix passive où les mots de deux langues en présence entretiennent une relation syntaxique réciproque.

En ce qui concerne les alternances extraphrastiques où il a été question des expressions idiomatiques, des slogans ou des dictons etc. disons que leur usage est de nature à éviter la moindre transformation des idées nées en marge de l'imaginaire collectif, d'où le souci de le reproduire dans leur forme originale.

36 P. CHARAUDEAU : langage et discours. Eléments de sémiolingusitique, 1983, Paris, Hachette

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CHAPITRE III. FONCTIONS COMMUNICATIVES ET PRAGMATIQUES DES
ALTERNANCES CODIQUES SWAHILI/ FRANÇAIS

Ce point nous permet d'analyser l'alternance comme stratégies de communications. Il nous permettra donc de situer et connaître les causes du bilinguisme dans les interventions radiodiffusées à la Radio le Messager du Peuple dans toutes les intentions de communication qui les accompagnent. Citons Jean CALVET qui montre que à chaque fois, pour les besoins de communiquer les locuteurs trouvent peu importe les moyens à combler ou à satisfaire ou à répondre à ces besoins communicatifs. Nous partons du principe selon lequel « l'alternance linguistique constitue une stratégie communicative » (Zongo, 2001 :98, cité par John Lushuli, op cit : 74).

C'est ainsi que même des choix de langues correspondent aussi aux interventions à des stratégies communicatives. C'est ainsi que la pragmatique reconnaît différentes fonctions sociales reconnues à l'alternance linguistique. Il s'agit de la fonction de manifester son appartenance ou son identité au groupe dont on fait usage de la langue : la fonction identitaire et la fonction persuasive de montrer aux auditeurs qu'on parle plusieurs langues.

Les interventions radiodiffusées attirent l'attention des auditeurs et peuvent par leur structure les pousser à l'action. Ceci pour montrer que ses formes condensées, les alternances codiques swahili/français renferment suffisamment d'éléments (stratégies) qui sont de nature à susciter l'acte de conviction chez l'auditeur c'est-à-dire dans l'optique de la pragmatique de la communication le passage du « faire croire » au « faire adhérer celui-ci à ses pensées ».

L'analyse du discours radiodiffusés serait dans ce cas un mécanisme complexe qui nécessite une pluralité de compétence linguistique, logique et encyclopédique, mais aussi des « savoirs » culturels ou sociaux partagés que nous pouvons appeler à la suite de P. Charaudeau « La compétence sémiolinguistique », elle intègre bien plus la présence d'une norme acceptée et partagée.

En effet, le problème de confrontation des langues36 dans une même communicative linguistique ou de plurilinguistique donne naissance à des productions passionnantes à étudier. En fait, dans une même communauté linguistique nous pouvons parler de langues identitaires, de langues étrangères et aussi de nouvelles langues du type « code mixing » ou l'alternance codique.

Voilà pourquoi ce chapitre s'inscrit dans le cadre de la sociolinguistique où la langue se définit comme un produit de la vie en société.

Les situations de bilinguisme ou de plurilinguisme offrent la possibilité d'étudier le passage d'une langue à une autre en fonction de la situation de communication.

La sémiologie s'avère importante dans le cadre où elle nous servira à déceler l'intention de l'émetteur.

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Jean CALVET : « L'alternance codique ou le mélange de langues peuvent répondre à des stratégies conversationnelles, faire du sens. »37 Selon lui, le mélange de langues peuvent dire à des fonctions diverses.

De ce fait, nous nous intéresserons de la fonction identitaire premièrement et de la fonction persuasive dernièrement.

3.1. Fonction identitaire

Dans son article, Sylvie ROBERT38dit que les individus s'identifient à une collectivité unique, grâce au miroir d'une langue commune que chacun tendrait à l'autre et dans laquelle tous se reconnaîtraient. C'est une idée qui remonte au temps où les langues commencent à être codifiées sous forme de dictionnaires et surtout de grammaires.

Selon elle, la langue est un ciment vers l'identité. La langue entretient étroit avec le sentiment d'identité pour deux raisons :: tout d'abord, parce que la faculté de parler est une propriété essentielle (et donc non accidentelle) de l'homme, puisqu'il est le seul être doué de langage ; ensuite, parce que l'homme est un animal grégaire, politique, dépendant affectivement, si bien qu'il a besoin de pouvoir parler la même langue que ses congénères pour mener à bien ses actions et se sentir membre d'une communauté. A cet égard la perspective judéo-chrétienne sur les langues, telle qu'elle est exposée dans l'épisode de la tour de Babel (Genèse, XI), mérite qu'on s'y arrête. On y retrouve en effet l'idée que les hommes, contrairement aux animaux, ont été dès la création du monde dotés par Dieu de la propriété de parler et que cette langue unique (« Toute la terre était une seule langue et une seule parole »), transmise par Adam aux autres hommes, les a conduits à forger un projet commun : celui d'ériger une tour qui irait jusqu'aux cieux et qui leur permettrait, en regard de Dieu dont l'identité est incontestable, de se « faire un nom » , c'est-à-dire d'établir - par le biais de cette nomination - les prémices de leur propre identité. La punition qui s'en suivit est également intéressante en ce qu'elle révèle que le châtiment divin ne consista pas à priver les hommes de leurs capacités linguistiques (Rosier-Catach 2016, p. 79 cité par elle), mais à « brouiller leur langage de sorte qu'ils n'entendent plus le langage les uns des autres » (Genèse, 7) et qu'ils se « dispersent à la surface de toute la terre » (ibid, 9). La perte de la langue adamique mit donc fin à la concorde humaine pour donner lieu à une multiplicité de peuples ne se différenciant identitairement les uns des autres que par la spécificité de leur langue. Quelle que soit l'incidence que l'on accorde au mythe bien connu de Babel sur nos mentalités occidentales, la première réponse envisagée (lien intrinsèque au vu du caractère inné du langage et de sa capacité à satisfaire une fonction identitaire) n'est pas sans soulever deux questions qui vont permettre d'appréhender la problématique de la relation langue-identité sous un autre jour. On peut tout d'abord se demander, en s'adossant sur les travaux en éthologie, si le langage est véritablement une caractéristique purement humaine, puisque les animaux ont aussi la capacité de communiquer. Sans revenir en détails sur les travaux de Benveniste (1966, Chap. 2 et 5 cité par elle) qui soulignent certaines différences linguistiques majeures entre la communication animale et le langage humain, cette question conduit toutefois à prendre conscience que ce qui différencie fondamentalement pour notre propos l'homme de

37 Jean CALVET (2009), La sociolingusitique, Paris, PUF P.19

38 Sylvie ROBERT (2009), Rôle des langues dans la construction de l'identité des immigrés italiens et de leurs descendants, Université Stendhal Grenoble 3 - Master 1 Français Langue Etrangère consulté en ligne jeudi 23 novembre 2023, 22:50:33

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l'animal, ce n'est pas que la capacité de parler lui soit innée, mais que son apprentissage du langage le conduise à savoir adopter une attitude réflexive ou méta vis-à-vis de sa propre langue. En effet, on ne peut dire « nous sommes Français parce que la langue nous unit » que si l'on a acquis la capacité de formuler des jugements à propos de sa propre pratique langagière et de celle des autres. Ainsi deux paramètres doivent être mis en jeu pour qu'il y ait sentiment d'identité : la prise de conscience d'une altérité (la multiplicité des « je » à laquelle réfère le « nous » s'inscrit en contre d'autres ensembles de « nous » vécus de ce fait comme étrangers) et l'aptitude à savoir émettre des propositions qui statuent (à tort ou à raison) sur les implications de nos usages linguistiques (usage réflexif ou méta). La seconde question induite par la réponse immédiate consiste à s'interroger sur l'identité de quoi (une ethnie, un peuple, une nation ?) une langue pourrait-elle être la dépositaire. C'est en quelque sorte le principe loquor ergo sum, `je parle donc je suis', ou plutôt `je dis qui je suis' » (Calvet 2013, p. 9). Bien évidemment, ce modèle ne tient pas, puisque la Suisse, pour ne prendre qu'un exemple proche, reconnaît quatre langues nationales dont aucune ne s'appelle le suisse... Plus généralement, on dénombre actuellement au moins 7.000 langues dans le monde pour 200 pays ; soit une moyenne de 35 langues par pays. De ce constat et des études qui ont été menées sur la répartition des langues dans le monde, quatre conséquences peuvent être tirées : - l'Europe n'est pas représentative de la diversité des langues existantes (seul 4% des langues y sont parlées ; cf. Calvet 2017, p. 120), si bien qu'elle ne constitue - en regard de l'Asie (32% des langues) ou de l'Afrique (30%) - qu'un cas particulier ne permettant aucune généralisation. - il est illusoire de vouloir faire coïncider ne serait-ce qu'une ethnie ou un peuple avec une langue unique, car cela reviendrait à ignorer que les langues ne connaissent pas les frontières (d'un village, d'une région ou d'un pays), puisque les hommes qui les utilisent se déplacent soit pour réaliser des transactions (d'où les langues dites « véhiculaires » - telles que le lingala, le swahili ou le quichua - que l'on retrouve le long des fleuves, des routes maritimes ou des pistes), soit pour migrer vers une contrée économiquement plus favorable (nombreux sont les foyers pour travailleurs africains en France où le Bambara est parlé, alors que cette langue ne correspond pas à la langue première de ceux qui l'utilisent). - contrairement à une idée reçue, particulièrement bien ancrée en France, le monolinguisme fait figure d'exception, car la grande majorité des habitants de la planète sont plurilingues de par le fait que les langues remplissent différentes fonctions (Aux Comores, on peut parler comorien dans le cadre familial, français au travail et anglais pour les relations commerciales). - Toutes les langues ne jouissent pas du même prestige, comme en témoigne le fait que les 5% des langues les plus parlées « trustent littéralement 95% des habitants du monde » (Calvet 2013 p. 122 et cf. également le chapitre 7 de Calvet 2017). L'anglais fait ici figure d'emblème, même si, de par les déformations qu'il subit, certains linguistes considèrent qu'il faudrait le rebaptiser le globish. Ce tableau met donc à mal l'idée que la langue serait un ciment vers l'identité... Et pourtant, nombre de pays (récemment institués comme la Serbie et la Croatie ou les excolonies) et de régions (la Corse, la Bretagne, ...) revendiquent par le biais de leur langue leur identité. Mais ces revendications peuvent émaner de deux sources très différentes : une volonté de l'Etat qui impose une langue unique ou le désir des locuteurs de s'exprimer dans leur langue pour conserver la culture qui y est attachée. Une langue, un peuple, une nation L'examen de l'histoire des langues conduit à souligner que les langues servent à asseoir le pouvoir politique, si bien que ce dernier joue un rôle déterminant dans leur constitution. Le cas du français en offre un exemple remarquable dont nous allons à grands traits retracer l'histoire, car celle-ci - en cumulant les principaux paramètres en jeu dans l'incidence du pouvoir sur la langue - peut être pensée comme une sorte de patron permettant d'effectuer en

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négatif des diagnostics vis-à-vis du rapport que les autres langues entretiennent avec leur pouvoir politique (cf. Sériot 1996 pour faire une telle comparaison avec les pays d'Europe centrale et orientale). Pour les linguistes, la naissance du français coïncide avec les Serments de Strasbourg prononcés en 842 par les deux petits-fils de Charlemagne, Charles le Chauve et Louis le Germanique, désireux de marquer leur victoire sur leur frère Lothaire en se répartissant à leur avantage l'empire carolingien. Le principe d'attribution des terres s'effectuera sur la base de la langue : les contrées où la population parle la langue romane, qui par modifications successives donnera le français, reviendront à Charles, tandis que celles qui pratiquent le vieux haut allemand seront attribuées à Louis. Bien que Charles et Louis soient de langue germanique, chacun jurera devant leurs armées respectives dans la langue de l'autre ; accomplissant ainsi un acte symbolique éminemment politique, puisqu'il signifie une « nouvelle répartition des pouvoirs et des terres » (Cerquiglini, 1991, p. 80 cité par Sylvie ROBERT). Ainsi, se dégage le premier paramètre d'utilisation du politique sur les langues : l'invention d'un pays, d'un Etat ou d'une nation par le biais de la différenciation des langues. Les désordres connus par la France aux XIVe et XVe siècles (peste noire, famine, guerre de Cent Ans) ayant contribué à affaiblir l'autorité royale, le pouvoir monarchique prendra la mesure - ainsi que l'explique Claude Hagège (1996, p. 43cité toujours par Sylvie ROBERT) - du rôle que peut jouer la langue en tant qu'« instrument de pouvoir » susceptible non seulement d'imposer à la population l'autorité du roi, mais également de renforcer ses conquêtes militaires. Pour cela, la royauté apportera son soutien aux écrivains de la Pléiade, favorisera les traductions en français d'ouvrages grecs et latins et bénéficiera de l'invention de l'imprimerie. Ce faisant, le pouvoir utilisera l'emploi de la langue pour poser les prémices d'une culture où l'écrit (et sa possibilité de diffusion rapide) joue un rôle prépondérant (l'appui politique vis-à-vis des auteurs de langue française sera récurrent au cours des siècles suivants). Un second paramètre se dégage donc : la mainmise que le politique s'octroie sur l'emploi de la langue pour façonner par le biais de la littérature (ou de nos jours les médias) un ensemble de représentations communes. Le rôle de l'écrit est ici essentiel en ce qu'il permet aussi de fédérer un territoire en y diffusant les décisions gouvernementales (le choix de Madagascar, après la décolonisation française, d'inscrire comme langue nationale dans sa constitution la seule langue à écriture (le malagasy) que compte cette île sur les dix-huit langues qui y sont parlées, n'est donc en soi guère surprenant).

Car c'est bien dans le domaine du droit que la langue comme instrument de pouvoir s'exerce en premier, comme en témoigne de nouveau le cas de la France où François 1 er édicte l'ordonnance de Villers-Cotterêts (1539) cité également par ALUMA K.J.Y39 qui stipule - afin de proscrire l'utilisation du latin et des dialectes locaux largement dominant dans son royaume - que tous les écrits de justice (y compris ceux portant sur la vie quotidienne) devront être « prononcez, enregistrez et delivrez aux parties en langage français et non autrement » (cf. Hagège, p. 52 cité par Sylvie Robert). A ce processus de codification des droits régissant le pays, et qui a pour corollaire que l'administration parlera en français, s'ajoute un troisième paramètre : l'intervention du pouvoir dans la normalisation de la langue qui se traduira concrètement par la création au XVIIe siècle d'instances (l'Académie française en 1634) ayant pour fonction de fixer son orthographe et d'établir sa première grammaire. Dans le cas du français, cette pression est très forte et peut donner à concevoir le français comme une langue artificielle, puisque celle-ci fut établie à partir de l'usage « de la plus saine partie

39 Aluma Kabika Jean Yves, (2023) Notes de Cours d'Histoire de la langue français, inédit, Isp-Uvira

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de la cour et des écrivains du temps » (Vaugelas 1647/1981, p. 28 cité par Sylvie R.). La volonté politique d'instaurer des institutions dédiées à la constitution ou à la préservation d'une langue, telles que la France n'aura de cesse d'en créer (la plus connue de nos jours étant l'Organisation Mondiale de la Francophonie qui a, entre autres, pour fonction de défendre la langue française vis-à-vis de l'hégémonie de l'anglais), est également un bon indicateur de l'exercice du pouvoir sur l'image que la langue doit véhiculer du pays dont elle émane. La révolution française, avec la loi du 2 Thermidor (1794) qui interdit les langues régionales, témoigne du projet politique qui peut être conféré à une langue (instituer un Etat-Nation où chaque citoyen parlerait la langue de la liberté). Dans ce combat politique où le patriotisme se fait synonyme de « parler français », le rôle de l'école - qui sera entériné au XIXe siècle par Jules Ferry - se dessine comme un vecteur de la propagation et de l'apprentissage du français comme langue unique. L'école, régie bien évidemment par l'Etat et par ses lois, et qui n'assouplira sa politique linguistique qu'en 1951 avec la loi Deixonne. Au terme de cette esquisse certes trop sommaire, le célèbre slogan du XIXe siècle « une langue, un peuple, une nation » si bien intégré à nos représentations perd de sa naturalité en exhibant son caractère historiquement construit sous-tendu par l'oppression des langues dites minoritaires. Ma langue, reflet de ma culture et de mes valeurs. Le principal argument mis en avant par les populations et les minorités qui soutiennent que leur langue fait partie intégrante de leur identité consiste à faire valoir que chaque langue découpe non seulement différemment notre façon de voir le monde, mais qu'elle est également dépositaire - de par son caractère historique - de la culture et des valeurs de ceux qui la parlent. Si cette position, déjà défendue en partie dans la Grammaire générale et raisonnée de Port-Royal (1660 cité par Aluma K.J.Y.), recevra une assise plus documentée empiriquement au XIXe siècle grâce aux travaux de Humboldt (2000) qui soutiennent que la langue exprime et façonne l'âme nationale dans ce qu'elle a de plus spécifique, cette position prendra sa forme la plus achevée dans l'hypothèse de Sapir-Whorf qui pose que la structure d'une langue détermine la structure de la pensée et de la perception des locuteurs tout en conditionnant leur culture. Ce principe de relativité linguistique est justifié par Sapir en ces termes : « Il est assez illusoire d'imaginer qu'on s'ajuste à la réalité essentiellement en dehors de l'usage de la langue, et que la langue est juste un moyen quelconque de résoudre des problèmes de communication ou de réflexion spécifiques. Le fait est que le `monde réel' est, dans une large mesure, construit inconsciemment sur les habitudes linguistiques du groupe. Il n'existe pas deux langues qui soient suffisamment similaires entre elles pour être considérées comme représentant la même réalité sociale. Les mondes dans lesquels vivent différentes sociétés sont des mondes distincts, et non pas le même monde avec juste des étiquettes différentes attachées aux choses... Nous voyons, entendons et faisons autrement l'expérience des choses de la manière dont nous le faisons car les habitudes langagières de notre communauté nous prédisposent à certains choix d'interprétation » (1958, p. 59).

Il suffit, par exemple, de penser aux rituels langagiers (les condoléances, les excuses, les remerciements, etc.), aux tabous verbaux (relatifs au corps, au genre, etc.) ou encore aux implicites qui donnent sens aux slogans politiques ou publicitaires pour mesurer les différences qui séparent les langues dans leur façon de proposer une appréhension du monde. Dans ce cadre, on comprend également que le XVIIIe siècle ait pu parler du « génie des langues » en tant qu'elles nous feraient dépositaires de l'héritage d'un passé transmis naturellement ; comme en témoigne d'ailleurs le fait que l'on puisse encore dénommer le français, l'allemand ou l'anglais, par les termes de « langue de

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Molière », de « Goethe » et de « Shakespeare ». Par contre, comme l'objecte Charaudeau (1990), cette perspective, qui subordonne la culture à la langue, pêche à expliquer pourquoi les cultures française, québécoise, belge, suisse, maghrébine, voire africaine, ne sont pas identiques ... ; révélant également la situation paradoxale des locuteurs vivant dans un pays d'immigration (par exemple, le Canada ou le Brésil) et se retrouvant obligés « de vivre entre une langue, dont l'identité renvoie à un là-bas-autrefois, et un usage, un discours qui, lui, exprime l'identité du ici-maintenant » (ibid. p. 2). Les problèmes ici soulevés font ressortir deux points importants : i) l'identité gagne à être pensée de façon plurielle en distinguant notamment `l'identité de base' des communautés linguistiques forgée à partir de leur histoire et de leur culture (religion y comprise), de celle correspondant à leur `identité courante' et qui est endossée par les locuteurs pour gérer quotidiennement leur vie sociale, politique et économique.

Le sentiment d'identité n'intervient pas seulement au niveau de la langue (pensée comme un trésor abstrait que nous possèderions tous), mais également dans l'usage que les locuteurs font de celle-ci. Une conséquence attendue du relativisme linguistique sera de soutenir ce que Quine (1960) appellera la thèse de l'indétermination de la traduction, à savoir que tout processus de traduction revient à projeter sur la langue que l'on traduit les catégories de pensées héritées de sa propre langue. De fait, la difficulté à traiter du lien que la langue (ou l'usage de celle-ci) entretient avec la notion d'identité provient d'une impossibilité d'opérer des généralisations, car chaque situation linguistique correspond à un cas particulier. La raison de cet état de fait provient de l'hétérogénéité et du grand nombre de facteurs qui influent sur ce lien et des possibilités combinatoires qui en résultent. Ainsi, entrent en jeu le nombre de locuteurs qui parlent la langue, le degré de transmission de celle-ci, la politique étatique, la nature véhiculaire ou non de la langue, son statut d'ex-langue coloniale, le taux d'urbanisation du pays, la fréquence d'utilisation de la langue dans les nouvelles technologies, ... (Calvet 2017, p. 187-203). Sans donc vouloir dresser un tableau objectif de tous les cas de figure, certains paramètres semblent néanmoins être de très bons déclencheurs pour une revendication identitaire de la langue. Ainsi, la présence d'une diglossie entre langues constitue un facteur assez déterminant.

Nous considérons que la fonction identitaire est la fonction de manifester son appartenance ou son amitié au groupe. C'est une fonction d'identification au groupe, aux différentes fonctions ou statut dans la société.

Comme le témoigne Martin Riegel : « Les langues contribuent à assurer l'identité et l'unité à lintérieur des communautés humaines, mais aussi car ce qui réunit peut aussi exclure la différence et la ségrégation. Sensibles aux divers facteurs de différenciation qui traversent et travaillent le tissu social, elles reflètent les clivages internes qui tiennent à la localisation géographique et l'appartenance à une classe sociale, à un milieu culturel, à un groupe professionnel ou à une classe d'âge. » (Martin Riegel et ali, op cit : 18,19).

La familiarité et le degré d'intimité entre les acteurs de la communication déterminent aussi la nature de conversation, et partant l'alternance codique. Le recours à l'alternance codique peut s'opérer selon que les acteurs de la communication sont intimes ou pas. Un étudiant par exemple, en s'adressant à son professeur ne peut en aucun cas recourir à l'alternance codique. Il n'est pas totalement exclu qu'une communication officielle ou formelle fasse recours à l'usage alterné des codes.

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Qu'il suffise de rappeler le cas du président Joseph Kabila qui, dans sa communication en Kiswahili recourt à l'alternance codique swahili/français pour se conformer à la pratique langagière du pays, la RDC où les langues congolaises ne sont pas parlées dans leur état pur.

En résumé, l'alternance codique peut permettre au locuteur de combler une difficulté d'ordre lexical, affirmer son propre statut ou exclure quelqu'un de la conversation.

Exemples : / Radio Le Messager du peuple imewatafuta waliotunukiwa cheo cha walimu Mutafiti Abeli Mutunda Charly ni mmoja wao anaeleza anavyopokeya tarifa hiyo : « Kwa kweli nimepokeya na furaha kubwa sana kwakuona ya kwamba niko miongoni mwa wale watu watano. Ni muda murefu sana nilikuwa nimedeposer iyi candidature yangu kwa ile poste alakini wakuu viongozi wa ISP wa mwanzo walikuwa wameiacha pembeni sijuwi nikwasababu ngani lakini kwa leo tunamushukuru mwenyezi mungu asa na bodi ya ISP-Uvira ambayo iliona umuhimu kwa kazi tuliyo fanya na kuipeleka dossier yetu kwenye conseil d'administration ya Isp na leo tuko wa chef de travaux ijapokuwapo saivi arreté iliypo ajawa na nottification ya secrétaire général mais najuwa kesho mwezi kutwa itakuwepo ila kwa kweli tuna ambiya wengine waji usiche na utafiti kwa kuwa chuo kikuu kinaomba watafiti tuu na muna kingine kya kufanya ila tunajuwa saa ivi tutakuwa sisi ni xa mwuisho kwa kupeleka dossier zetu kinshasa nazipitiye njia hii kwa saaivi kama haujakuwa na DEA na Master hauwezi ukawe tena chef de travaux nawaomba waende shule ne sisi wenyewe tutakwenda shule ili tuwe watafiti wakubwa kwa inchi yetu ya RD congo « f...]

Norbert Bashengezi, Katintima mwenye kit iwa chamaa cha ANCE ametuma musaada wa dolla elfu moja na mia tano kwa raiya wa Sange waliyo muomba mchango wa kujenga jukwa la heshima ndani ya uwanja wa mupira wa miguu mujini humo f...]

Big Marthe Bashomberwa [...] ameleeza raiya wa sange kuwa : « kwa watu wa sange tunawaomba ile franka inafika waitumikishe sawa vile wazazi bajenge tribune tribune itabakiya hapa ni yao, na itabakiya na bailinde vizuri na bakiihariribisha, wala kama habajenje, batakuwa nibopeke na batakuwa bame shimamisha maendeleo ya stade yetu. Donc tunabaomba sagesse na bonne gestion ya zile pesa. »/

Combler un vide dévrait penser à l'emprunt or dans le cadre de l'alternance codique, l'emprunt n'a pas raison d'être comme le signale Marie-Eva de Villers 40 « L'emprunt, s'il n'existe pas de mot dans une langue pour désigner une réalité, l'emprunt se justifie ; il est inutile s'il vient concurrencer un mot existant. »L'alternance codique ne peut se justifier ici comme il n'est pas question d'emprunt.

L'usage du français dans une période donnée de l'histoire du Congo permettait à l'usager de faire partie d'un groupe social considéré comme celui des « évolués ».

40 Marie-Eva de Villers (2003), Multidictionnaire de la langue française, Québec, Montréal, p538

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Etant donné que ce sont les évolués qui doivent être hissé à des hautes fonctions politques du pays. Ceci se justifie également par les propos de MUDIMBE V.Y. Cité par KADIMA-TSHIMANGA 41qui nous donne le métalangage suivant du terme évolué :

« On appelle « évolué » au Congo-Belge, des congolais détenteurs d'une carte spéciale, pouvant qu'ils ont rompu avec les moeurs primitives et ont fait un certain progrès vers la civilisation européenne.» (1983 : 13).

Ce sont ces intellectuels dits évolués qui publient quelques réflexions dans le journal La voix du congolais. Ils ne pouvaient le faire qu'en français selon la volonté du Blanc.

L'usage alterné des codes (langues africaines/langues occidentales) est un indice d'appartenance à l'élite intellectuelle ou un témoignage qu'on est civilisé et que l'on mérite d'être élu aux élections prochaines. A ce sujet, F. de SAUSSURE affirme que :

« L'unité d'une langue peut-être détruite quand un idiome naturelle suit l'influence d'une langue littéraire. Cela se produit infailliblement toutes les fois qu'un peuple arrive à un certain niveau de civilisation. » (SAUSSURE op. Cit : 267)

Exemples :

/ Kiongozi wa tarisisi, Mauridi Mukerwa Jean Claude wakati akitembeleya sehemu za Sange bondeni mwa mto Ruzizi pia mta wa kayaja kata la Mulongwe, kwake Mauridi Mukerwa Jean-Claude, matembezi haya, ilikuwa na lengo la kuamusha raiya kutokuzubaha tena wakati wa uchanguzi ujao, kwani umuhimu ni kuchaguwa vizuri ili kupata maendeleo ya kudumu Uvira. Yuko hapa kwenye microphone ya Radio le Messager du Peuple : « Kwanza nilikuwa na kwenda kuwakumbusha kuwafunguwa akili kuhusu uchanguzi unakuya wasifanye tena makosa zenye balitokeya kufanya na mpaka leo tukonaendeleya kusouffrir n/a batu benye balivoter juu ya polo, balibavoter juu ya sac ya chumvi, kuonekana kubaconscientiser cette fois-ci baangaliye ngisi ya kuchaguwa ilituchanger maisha, ilitulete maendeleo mu territoire yetu ya Uvira. » Kwa fursa hiyo Mauridi Mukerwa Jean- Claude amefanya uzindusi wa bomba alilo wapa wakaaji wa Kayaja, itakayo wasaidiya kwa maji safi. Tena hapa tumusikilize : « [...] Kitu limetufanya tupatiye watu wakayaja maji, kwa sababu tumeenda tukitembeya tukaona kwamba kuko shida ya maji, watu wako wanatembeya ma kilomettre za mingi juu washote maji na wakonaenda naitafuta na wanailipiya pesa. Nikusema kama tunavyo uwezo yakufanya hiyi tunaweza tukawafanyiye kitu kidogo tukawaleteye maji [...] tukaamuwa ilitupunguze ile mateso ya kutembeya muda murefu, ama kuchunga ma saa, trois heures, quatre heures du matin muda ya ya maji. Tuangaliye uwezo tunayo kwa kuweka ile borne fontaine iliwatu wawe wanapata maji Tunashukuru mungu kwa sababu tulifikiya kwa kupata ile uwezo kufungulia ile borne fontaine. Na haiko pale njoo tutaishiya, tulikuwa tulishafaya kwa avenue du stade, Songo, na maitaji ya maji kama haki ya binadamu, maji

41 KADIMA-TSHIMANGA (1983) : Le sociale et le politique dans le vocabulaire de l'évolué congolais. Une étude lexicographique de la Voix du Congolais (1955-1959) Vrije Université Brussel (Thèse de doctorat).

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iko mingi sana na pale kote tunaweza, tutaendeleya kupatiya watu maji. Ntutaendeleya kufanya mengi zaidi. »/

/. Kwake Kelvin Bwija, vitendo vya raiya vinaruhusiwa na sheria ya inchi ya DRCongo kuepukana nah ali hiyo ni kwa wajibu wa serikali kuheshimu mapaswa yake kwa wana inchi. Tumusikilize hapa Kelvin Bwija akijieleza hapa kuhusu jambo hilo : « Jambo ambalo tumefanya leo, limefanyika leo mu ville ya Uvira et ses environs, ukisoma constitution article 26 (vingt -six) inaprevoir ma marches pacifiques na ma villes mortes, ma revendications fulani fulani njoo maana tumeshirikiana na wenzetu wa UNSCC kukuwa pamoja mu barabara ku observer kwa sababu kuna watu wenye wanaweza waka haribisha bya batu, njoo maana tulikuwa tuko tunamaîtriser wakaaji. Non aussi wa autorité wanapashwa kuwa na esprit patriotique na habitudes, comportement ya mzuri kuwa na angaliye, wasikuwe wanachunga mashirika za kirahiya tukuwe tunaorganiser maactions citoyennes, villes mortes, ma marche pacifique pourque bapane solutions ku bitu fulani fulani. Banaâshakuwa na réagir mbele ya ma shirika haziya organiser maactions citoyennes [...] ziko tellement constitutionnelles parce que depuis longtemps tuko tunaomba Route Mwami, Rn5 ijijengewe, Route Espoir, Route Mwami zinjengewe mupaka hivi hatujaona ata kitu. Wa autorités wanapashwa kurudiya ku mu sitari kuwa na tenda, kufanya kazi mbele ya wakati ma sociétés civiles haziya organiser maactions citoyennes [...]/

/ Muungano wa vyama vya siasa FCC wasema kamwe hutoshiriki uchanguzi wa mwaka elfu mbili ishirini na tatu ikiwa hayajafanyika marekebisho ya daftari ya mupiga kura ameyosema hii, leo Bwana Mukonge Wachambu Microbe, msemaji professa daktari Nehemie Mwilanya Wilondja ambaye ni mratibu wa FCC inchini DRCongo (Diar Kongo) Microbe akiwa tena msemaji wa FCC mashariki ya muhuri wa kidemocratiya ya congo ametowa sababu inne zakutoshiriki kwao uchanguzi huo :

[...] Tuone ingine i irregularité yenye iko liée na proposition avant projets de lois la répartition des sièges, ile avant- projet iko en conflits na décret yenye iliwezaka réagir Uvira kuwa ville, na Baraka kuwa ville [...] ». /

Jean Calvet souligne : « mais dans tous les cas, le contact de langues produit des situations dans lesquelles le passage d'une langue à l'autre revêt une signification sociale »42. Il précisa que le bilinguisme social n'est pas toujours aussi harmonieux, il peut également être conflictuel : « L'un des reproches que l'on peut faire aux définitions de la langue qui la ramènent à un « instrument de communication » et qu'elles risquent de laisser croire à un rapport neutre entre le locuteur et sa langue. Un instrument, en effet est un outil que l'on prend lorsqu'on en a besoin, que l'on remise ensuite. Or, les rapports que nous avons à nos langues et celles des autres ne sont pas tout à fait de ce type : nous ne sortons pas l'instrument langue de son étui lorsque nous avons besoins de communiquer pour l'y ranger ensuite, comme nous prenons un marteau lorsque nous avons besoin de planter un clou. Il existe en effet tout un ensemble d'attitudes, de sentiments des locuteurs face aux langues, aux variétés de langues et à ceux qui les utilisent, qui rendent superficielle l'analyse de la langue comme un simple instrument. On peut aimer ou ne pas aimer un marteau, mais cela ne

42 Jean Calvet, (2009), La sociolinguistique, Paris, PUF p25

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change rien à la façon dont on plante un clou, alors que les attitudes linguistiques ont des retombées sur le comportement linguistique. » (Jean CALVET Op.Cit :39).

Il reviendra sur les retombées sur le comportement linguistique à la page41 en disant : «Si les usages varient géographiquement, socialement et historiquement, la norme spontanée varie de la même façon : on n'a pas les mêmes attitudes linguistiques dans la bourgeoisie et dans la classe ouvrière, à Londres ou en Ecosse, aujourd'hui et il y a un siècle. Ce qui intéresse ici la sociolinguistique, c'est le comportement social que cette norme peut entraîner. Elle peut en fait avoir deux types de retombées sur les comportements linguistiques : les unes concernent la façon dont les locuteurs considèrent leur propre parler, les autres concernent les réactions des locuteurs au parler d'autrui. Dans un cas on valorisera sa pratique linguistique ou on tentera au contraire de la qualifier pour se conformer à un modèle prestigieux, dans l'autre cas on jugera les gens sur leur façon de parler. ». (Jean Calvet op. cit.41).

Identité politique

/Asante bwana Mutangazaji, kwanza nitaenda kupana pole kwa wanamemba wote wa Ensemble pour la République kwa yote ilitokeya kwa Moise Katumbi kwa upekee na Ladisi Djuma Matonda kwa sababu Cherubin alikuwa mtu wake wakaribu zaidi nitapana pole pia kwa dada yangu Eulalie Kangeta na kwa beaufré yangu Konga kwa mupoteza mtoto, pia na kwa Kisanola [...] ni mungu anapana na ni mungu anabeba [...] kwas asa kunakuwa ingine ligala banaita G7 pale Kabindula, kwa saizi wanakufata ikiongozewa na bwana Lolo Simitondo. Donc kwa saizi wanakufata kwa makini. [...] Sisi tuko muhali ya uzuni na kilio kubwa kwa sababu, ni mambo ya kuhuzunisha zaidi sijuwi kama kuna mtu yeyote ule ambaye ataeza akafurahiya kifo kya mwengine et surtout que aliyekufa aiko tuu porte parole wa ensemble pour la République mais plus tôt un député national na député national anareprésenter njoo nation. Donc ni uzuni kwetu sisi wote sauf kwa wale ambao wana roho za kutu ambao wanaona wanatakaa shidwa wanaanza maliza maliza wamoya. /

Henri Boyer a reconnu que l'identité tient compte des circonstances de l'acte de communication : « Un autre facteur, tout aussi important que les précédents, à prendre en compte dans l'analyse de la diversité des usages, au sein d'une communauté linguistique, est la situation de parole/écriture, les circonstances de l'acte de communication (écrite/orale) : lieu, moments, objectifs communicatifs, statuts/positions des interlocuteurs... »43

/ Asante Bwana mutangazaji nitakuambiya kama Moise Katumbi n'a jamais eu d'émotion. Hayakuwaka na maémotions. Donc il est toujours raisonable ku byote benye anasema na maneno yote anakuwaka anaitiya nafasi inastahili. Et donc Moise Katumbi comme [...] wakati walisikiya ule utata, kifo ya honorable Cherubin ili zusha ma swali mengi na kuleta sisi kwa Ensemble pour la République tulikamata décision fulani na njoo kwa maana tulisema kama iko crime d'état. Et donc ile yenye walifanya ni assassinat kwanza kwa sababu tutakuya kuirudiliya. Nini tunaita assassinat ? [...] mimi kama juriste. Tunaanza wakati Moise Katumbi anapata sollicitation comme une personnalité aingiye mu union sacrée juu ya kusaidiya inchi[...] wezetu ambao tulizani kama wataelewa, ku mwisho hawakuelewa[...] Moise Katumbi Chapwe na directoire national ya Ensemble pour la République ilidéicider kusema tutoke mu union sacrée na pale tukapana

43 Henri Boyer, (2017), introduction à la sociolinguistique, Dunod, Paris, P45

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opportunité mwenye anajisikiya kuendeleya kutumika na Feliz mwa iyi gouvernement ya Sama Lukonde ataweza kurudiya na akiwa membre ya Ensemble pour la République [...]Donc anaifanya individuel [...] Christian Mwando alitoka na wengine walitoka na souci ya kusaidiya raiya, siku kidogo tukasikiya de père et de mère, loi de père et de mère ikaanguka kwa sababu walitafuta wa mudestabiliser Moise Katumbi[...] na kwa leo ile tulikuwaka tukiimba. Tukingaliki watoto ebo na ile na ma campagne yao [...] ile loi de père et de mère haikuongelewa ata [...] Tuliona apa [...] mu mwezi wa tano Moise Katumbi ana prévoir kuenda kuikala mu Kinshasa pendant trois mois comme tout congolais, blocage zikaanza paka saa anatafuta a voyager Kikwit banamukataliya asifike Kikwit comme [...] ni congolais mwenye asitahili kuzunguruka mu inchi aende Congo Central bana mukataliya et puis le 20 mai baka proclamer vraiment etat dictatorial sanguinaire kwa ku empêcher Salomon arbitrairement na kusambalisha watu wasifanye manifestation pacifique. Iyo ni maindice, wakati waliona kama Salomon anakamatika mbele ya watu akuna gisi wamutendeye kinyama ikabidi waende utiliser wa Demiap, na ma service zingine mais ile tukasema tutaifatiliya kama kawaida alakini neno iliyotoka mule wanasema bwana Salomon alikuwa anataka ba remplacer Président mwenye iko watiye mtu wa Katanga. Et que walikutana mumatéléphones zake ma numéro za M23, anaongeyaka na Rwanda tout ça. [...] pendant que ma enquête ziko en cours, le Président de la République akajidéplacer alifika faismoya akasema ya kwamba yeyote ule atapatikana mwa ile mambo wala atasikilika mwa ile mambo ya M23 wasimuulize de droit de l'homme[...] sijuwi kama munanielewa kwa hiyo niveau unasentir kama banatafuta kuvalisha Ensemble pour la République dowa ya M23 et pourtant benye banaongeyaka na M23 biko, benye bali baloger mu 2019 à Kinshasa biko na kula ku Fleuve Congo ku Mmeling ku hotel za nguvu, kuma frais zabo[...] mais pardon nifikiye pale, alors Cherubin, ministre ana démissionner, alors crime d'etat inatokeya wapi, alikuwa naitwa na Parquet Près Cour Constitutionnelle[...] inamwuita aende afike a répondre ajibiye nini apana aliuwa apana, aliiba, ama nini, akuye a déclarer bavérifier mali yenye alikuwa nayo yenye aliwezaka déclarer avant akuwe ministre, alors mwa ile circonstance tutakumbuka kama mu Congo akingali ministre wa kwanza depuis Congo inakuwa mwenye anakuwa interpeller après ku déclarer avant mandat mali yake [...] ama mandat fulani yenye ilikuwa lancer kusema waitishe mtu fulani na mwa ile circonstance njoo alikamatika escorte wake anaingiya ku déposer lettre juu ya kulomba repos, banakuya banaingiya, banatiya arme, bana forcer mupaka kwenye balienda muuwa... wapi ?Devant la cours constitutionnelle na haute instance za République zenye ziko hypersécurisé et donc mtu kuko ma caméras mais zile caméras zote azikufonctionner ile siku, kuko bapoliciers benye banachugaka pale, kwa ile moment abakukuwa donc est-ce que vous pouvez comprendre ça ? Leo ukifika ku parquet utakutana watu banayala pale mais ile siku sa Cherubin anafika on a évacué tout le monde. C'est un crime d'état. Assassinat parce que baliiplanifier très bien bamuite afike bamuenlever kisha baende bamuachever. /

/ Tumemupokeya munenaji wa chama cha UDPS, Maître jambo kwanza [...] est -ce que ilikuwa moment opportun yakuweza ku décréter journée ville morte ?

[...] Nasalimu wa co-débatteurs, codébatteur mmoja tuu na ni Bwana Mafikiri Président wa mpya wa Nouvellle société civile [...] sisi kuhusu iyo swali ya ville morte ilifanyika tariki ya siku ya pili yaiyi i,ga inamalizika [...] siye kama chama tawala hatuoni umuhimu wa iyo ville morte par ce que wanasema walifanya ile ville morte kuhusu mambo ya barabara [...] tunafanya na sisi plaidoyer [...] tunaenda mwaiyo délégation pale Bukavu kuenda kuona Excellence Alexis Gisaro, ministre wa

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infrastructures f...] tulizungumza parce que amepokeya tuu chama, na tukazungumuza kuhusu tena mambo ya barabara na haiko tuu iyi yetu apa Route Nationale numero 5. Amefanya lancement Nyatende mupaka Kamanyola f...] atakuya apa Uvira kuja ku lancer ya frontière mupaka Kivovo f...] Wenzetu wa société civile nini ime wa piquer f...] mais wanafanya ville morte f...] /

Les interventions ici mis en exergue relèvent des idiolectes étant donné qu'elles resortent des constances individuelles. Martin Riegel en dit autant : « L'idiolecte d'un locuteur appartenant à une communauté linguistique est l'ensemble des constances de son parler tel qu'il s'actualise dans les usages langagiers qui lui sont propres. Il se présente généralement comme la conjoction de plusieurs variétés p.ex., d'une variété régionale et d'une variété sociale, toutes deux fixes, et de plusieurs variétes situationnelles adaptées à deux types d'échanges verbaux .» (Martin Riegel et ali, op cit : 19).

Identité société civile

/Sisi shirika la kirahiya hatuya sema kama aliuwawa kisiasa kwa sababu tuko na ngoya enquête i prouver f...] il faut comprendre politiquement batu ya Ensemble banaweza tenir discours kufatana f...] sis kama shirika la kirahiya tunajuwa d'abord action ya kuuwa Cherubin ilikuwa bien planifier et que les enquêtes itatuambiya mengi zaidi. Mais aussi nilikuwa nataka watu wote wa Uvira mwenye iko natafuta acomprendre kwa sababu niko nawaza Uvira ama mu Congo bako nataka bavalishe batu bazoweye maisha ya matatizo or c'est ce qui est inconcevable. Raiya inapashwa kuelewa kwamba kila kifo kwanza na heureusement Maître alishaisema même si ulimukata, kila kifo ikifika mu Congo kyakuuwa mtu, il faut kujuwa que le gouvernement iko responsable kwa sababu iko na mandat ya kuprotéger maisha ya kila mtu et que miye niko na sema kwamba est-ce que sisi raiya tuko na ile capacité ya kuelewa kwamba serikali mambo iko nafanya iko aussi inacontribuer ku kifo kyetu. Comment expliquer f...] une autorité pareille, simple déplacement yake et que le matin tunakuya kutana kama mtu anakufa. Donc c'est inconcevable. Il faut que batu baelewe kwamba haiko njoo benye mtu angelimeriter bile. f...] Au contraire serikali iko pale kwa juu ya ku protéger maisha yetu à tous les moyens. Parce que je prends un exemple f...] niko naangaliya que mara mingi mambo iko nafikiya batu mu Congo même kufikiliya kufa, iko na kamatiwa avec legereté f...] Recemment juzi f...] mais il faut voire est -ce palikuwa déclaration de la part du gouvernement ku honorer même bale batu benye balituacha ? Unacomprendre que la vie politique, politique yenye iko mu inchi aipermettre aimupe mtu utu avec valeur parce que c'est normal, na njoo benye biko na tokeya f...] ile kusema kwamba non, ilifika, Cherubin aljiiuwa ye peke peut-être izi exemple ulipana, apana. Ukiangaliya ngisi Cherubin alikufa Allez-y comprendre ata mtoto wa chini wakimuonesha maimages avec ce qui s'est passé basi atakuambiya kwamba Ça étéit une organisation ya kabambi pourque ba éliminer ile maisha ya ule mtu. Pour terminer sis Shirika la Kirahiya, la situation yenye ilifika pour Cherubin c'est déplorable f...] et que moi je crois, nawaza kwamba même watu wako mumajorité mu Union Sacrée aiko ba prendre zamiri, aiko ile hali yenye tunawezaendeleya emo, aiko kwa juu ya poste fulani njoo unaweza sema non, il n'y a rien mais il faut comprendre aiko maisha, aiko hali yenye batu banaweza kufwa emo mu vintgième siècle. /

Les intervenants à la Radio, en alternant les codes, dans un discours swahili, recourent au français par snobisme étant donné qu'ils cherchent à se distinguer du commun des mortels ; ils désirent à appartenir à une élite. Voilà pourquoi ils tendent à réproduire le comportement d'une classe sociale ou intellectuelle qu'ils éstiment supérieure.

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Henri Boyer a reconnu que l'appartenance à un milieu socioculturel est en cause et également l'origine géographique et sûrement parmi les mieux répérés, souvent matière à stéréotypage44. A Uvira, le locuteur du français est implicitement considéré élevé, lettré, ayant étudié et par conséquet cultivé.

2. Fonction persuasive

Au-delà du schéma de la communication saussurienne ou Jakobsonienne, la communication médiatisée s'établit non plus entre un émetteur et un récepteur, mais entre le locuteur et l'auditeur, la chose dont on parle (le message), et le récepteur (l'auditeur) visé.

Elle est baissée sur une stratégie de persuasion/ séduction. L'approche pragmatique est essentiellement orientée vers le pôle destinataire (l'auditeur/lecteur).

Le contact de deux langues en rapport avec la pratique langagière du sujet sera caractérisée donc par un emploie en alternance de divers codes linguistiques basée sur une stratégie liée essentiellement à ses intentions, aux buts qu'il assigne à travers l'échange. Il faudrait laisser la parole aux spécialistes pour définir ce qu'on entend par le bilinguisme.

Pour A. Martinet « Il est nécessaire de redéfinir le terme de bilinguisme : (emploie concurrent de deux idiomes par un même individu ou à l'intérieur d'une même communauté) ne serait-ce que pour exclure l'implication très répandue qu'il n'y a bilinguisme que dans le cas d'une maîtrise parfaite et identique des deux langues en cause45 ».

La société uviroise de médias est bilingue puisque deux langues différentes le swahili et le français sont en contact permanent. Le swahili étant toujours une langue agglutinante or le français est à la fois une langue isolante et agglutinante.

Pour Uriel Weinreich, le bilinguisme étant un phénomène individuel : « Les bilingues ont tendance à spécialiser l'emploi de chaque langue selon un sujet déterminé ou selon l'interlocuteur »46

André Tabouret Keller explique ce qu'il faut entendre par la notion de bilinguisme ou plurilinguisme : « Le fait général de toutes les situations qui entrainent un usage généralement parlé et dans certains cas écrit de deux ou plusieurs langues par un même individu ou groupe ».47

Exemples :

/ Hekima Ngosheni William ni mkubwa ya Shirikisho la Soka mujini Sange, wewe umeokeyaje msaada huo : « Eeh tunashukuru sana na vraiment ni furaha tuu kwa sababu tunakosa bya kusema juu ya furaha Excellence eeh Kantintima wakati alipita hapa tulimupatiya ile ombi na wakati

44 Henri Boyer, (2017), Introduction à la sociolinguistique, Dunod, Paris P33

45 A. Martinet. Eléments de linguistique générale (Langue maternelle, bilingue et unilingue. Ed. A Collin Paris 70. P167

46 U. Weinreich « Unilinguisme et multilinguisme » in langage sous la direction d'André Martinet, Encyclopie de la Pléiade, ed. Gallimard p671

47 André Tabouret Keller : Plurilinguisme et interférence in linguistique, guide alphabétique, sous la direction d'André Martinet ed. Denoel p305

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tulimupa ile ombi kabisa leo amefikiliya kujibu kwa maombi yetu na ile ni furaha tuu, ni sentiment ya kufurahiya byote byenye bilipitika. Ombi zingaliki mingi eeh tuliwayi mupatiya ingine documente ya kwamba atusaidiye kwa ujenzi ataikuwe mur moya ya iyi stade, kwa sababu wepeke unaona ngisi inachakaa ingaliki inatusumbuwa sana eeh kwa kwa nguvu yake na ile upendo amabayo anakuwa nao tunayuwa ya kwamba atatusaidiya ». f...]/

Ici, le locuteur est en train de convaincre les gens à voter implicitement pour Kantintima sans le signifier.

/ Mafikiri Mashimango, alipoojiwa wa mwandishi wetu Heritier Bindo kuhusu swala hilo naye kujibu : « Nikusema kwamba leo tumekutanana hapo ni kwa sababu, kulikuwa remise-reprise na équipe yenye inatoka, na njoo maana tunashukuru watu wote walioweza kituchaguwa pendant maelections yetu le onze (11) ya hiyi mwezi, tunashukuru André Byadunia, l'équipe sortant, kumuuda aliangoza structure na kana ni leçon, parce que benye alitumika il y a de l'expérience tutaattirer kupitiya yeye, mais aussi tunalomba raia kututiliya confiance, kwangisi ilitutiliya confiance kwakutuchaguwa courage balikuwa nayo, na kulomba, kwenda kwa coordo André Byadunia, par rapport na ma problème, tunabalomba baendeleye kuwa kubyangambo yetu kwa sababu tuko pale kwajuu ya kutumika ma intérêts yote inatoucher ville ne territoire ya Uvira comme Fizi, na basikuwe na boga kwa sababu nilitaka kubarassurer kwamba chaque problème itakuwa inafika Uvira, itakuwa inafika Fizi, itakuwa inafika Walungu, Mwenga, nous comme l'équipe mainant entrant tutatumika,non pas pour leurs propres intérêts na hatuta badecevoir. Vraiment bakuwe sûr na bakuwe soudés na batutiliye confiance »/

Dans cet énoncé ci-haut, le nouveau président de la Nouvelle société civile est en train d'alterner les codes en vue de convaincre les auditeurs de lui faire confiance et de l'emboiter le pas dans ses différentes décisions. Cette fonction identitaire se caractérise par un emploi des pronoms qui marquent la subjectivité soit « nous », « on » et « eux » ou des pronoms possessifs.

/ Wanafunzi wa shule za secondari kutoka Luvungi na bondeni mwa mto Ruzizi wapokeya msaada wa chakula ya alamisi julayi ishirini,msaada huo watoka kwa tarisisi Mauridi Mukerwa Jean Claude, msaada huo ni wa mifuko miwili ya mchele, mifuko miwili ya maraharangwe, mufuko mmoja wa mkaa pia mafuta, kwake kiongozi wa tarisisi hiyo tendo hilo linakuja kujibu maombi ya wanafunzi hao wakati olipokuwa katika ziyara ya kikazi maheneyo hayo, Mauridi Mukerwa, anatowa wito kwa raiya wa Uvira kuishi kwa kusaidiyana bila kujali rangi haiza (either) kabila, hayo anayataja kwenye maike (micro) yake mwandishi wetu Celestin Kassigwa Hondwa.

« Kwanza nilivyokuwa napita nikitokeya huku upande wa Munanira ni kaona, ni kasema acha niwasemeshe ili niwaulize wako nafanya kitendo ngani. Mkaona niba banafunzi benye balitokeya Luvungi banakuya kufanya stage bamoya ku Mairie na bengine Croix-Rouge na sehemu mbali mbali, alakini sasa ya kuongeongeya wakasema wako na shida, bengine abayaanza kufanya hata stage na kwanza habana chakula ya kukula. Basi nikajisikiya siwezi tuu kuendeleya lazima nisaidiye, msaada tuliyowapitiya kitu kidogo kidogo na katika ibyo vitu ni mchele, marahangi, mkaa na tukabapatiya vile vile na mafuta, tumendeleya kuzungumuza hata awana usafiri wa kutoka kwa ile nafasi wako juu waende kwenye batafanyiya stage. Tutaendeleya kubasaidiya na transport, kadi na ngisi tunaweza kuweza. Tutawapatiya transport na bingine. Tupendane na tusaidiyane [...] hiyi mugini iko muhali mubaya watu hawapendani unapo ona mtu iko katika hali ambayo, we unaweza

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kusaidiya, umusaidiye bila kuangaliya yeye niwa kabila ngani usihangaliye yeye ametoka wapi. Njoo maana miye na Fondation yangu, miye Jean Claude Mukerwa Mauridi [...]

Jean Claude Mauridi candidant aux elections est en train d'alterner les codes en vue de persuader ses probables électeurs.

Jean Calvet note : « Les langues, faut-il le rappeler, ont entre autres fonctions celle d'assurer la communication. Et cette évidence est lourde de conséquences. En effet, plus la communication est problématique (lorsque l'on parle avec un étranger par exemple) et plus le locuteur aura tendance à rechercher des formes simples, courantes. »48

/ Kwa upande wake aliyepewa madaraka anahahidi kutimika kwa umoja kwa kutangaza injili. Muchungaji Yamonewa Machimu amenenewa hayo : « Na jaribu kuangaliya namna ya kuangaliya watu, na kufundisha watu [...] Mungu akisaidiya tufanye équipe ya wa missionnaire pamoya na kuformer wainjilisti wenye wako na nguvu kwa ajili ya kufunguwa makanisa balimbali mueneyo ambazo hakujafika injili. Kwa waamini wa CEACO ninakuwa na tegemeyo la kusema ya kwamba ya watakapo ni unga mkono mzuri, wanisukume ili nipate kuwatumikiya kwa moyo moja. /

Le Révérend Yamonewa Machimu, nouvellement élu au sein de la communauté ecclésiastique, recours à l'intervention divine pour atteindre ses propres intentions et en montrant que il se mettra pleinement au ministère aussi longtemps que ses fidèles seront avec lui.

Si nous analysons l'implicite ici, nous pensons qu'il estime que l'echec de son ministère ne dépendra pas de lui.

/ Nashukuru mzee par rapport na swali [...] acha nisalimiye Assumani Kangeta que je respecte en passant [...] najuwa que ni watu wengi Uvira ville kama territoire. Na par rapport na swali bwana muhariri nikusema kwamba mambo ilifika [...] ni maisha ya mtu yenye ilipoteya même si leo ukiangaliya leo watu wako nakamata avec legereté mais nikukuwa na comprendre que ni maisha ya mtu njoo tuko nasema. Na wakati Cherubin alikufa quand même nawaza kama sisi shirika la kirahiya, iliuma sana, même, kama mtu wa vile avec personnalité yenye alikuwa nayo, na le matin vous vous reveiller le matin eti fulani alikufa [...] et que nous comme shirika la kirahiya tulidéplorer sana ile situation natuwezi pendeleya biendeleye vile parce que pako watu wana shimama juu ya kuteteya iyi inchi na le matin kuwa na shimama eti mtu fulani alikufa, inauma zaidi sana [...] ile hali ileta boga même mu République Démocratique du Congo kusema est-ce que vraiment tutakuwa na watu wanaweza shimama na wa saidiye iyi mugini, kwangu donc, bref nikusema kwamba ile habari saa ilifika ya kifo cha ancien ministre wa transport Okende kukufa sisi comme Shirika la Kirahiya tulicondamner sana tena sana parce que quand même alikuwa parmi les grandes personnalités wa iyi congo[...] Donc voilà de manière bref par rapport na regret tuliona kifo cha ancien ministre wa transport./

Le nouveau président dela NSCC, Mafikiri Mashimango, par un ton pathétique, en alternant les codes, passe par la pitié pour afficher qu'il est un président de la société civile très sympathisant.

Dans les exemples tirés de notre corpus, nous montrons que la fonction persuasive passe par le crédit, l'autorité et le rang du sujet parlant, ou même, enfin, sans l'aide de la voix, par le seul

48 Jean-Louis Calvet, (2007), L'argot, PUF, Paris p5

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aspect, lorsque par exemple, le rappel des mérites de quelqu'un, ou un visage qui inspire la pitié, ou la beauté physique, dicte le verdict ou le comportement de l'auditeur.

a) Fonction de considérer implicitement que le français est une langue de prestige

Comme nous venons de le constater dans les différents exemples tirés de notre corpus, avec une longue séquence du français au début ou à la fin de l'énoncé, les codébatteurs ou les intervenants visent à provoquer l'appétit des auditeurs ou locuteurs du français en vue de les pousser à s'intéresser à tout le message.

Dans cette condition, les alternances codiques participent à la conviction des auditeurs.

En République Démocratique du Congo, le plus souvent, l'expression de chiffre (mesure de longueur, de capacité, la monnaie, le numéro de téléphone) constitue les segments en français est la langue d'intercompréhension entre congolais.

Dans les énoncés suivants, les numéros, les nombres sont toujours en français. Exemples : /Tarifa ya habari kupitiya vipimo vya 105.Mghz (Cent et cinq),

/ Nikusema kwamba leo tumekutanaa hapo ni kwa sababu kulikuwa remise-reprise na équipe yenye inatoka, na njoo maana tunashukuru watu wote walioweza kutuchaguwa pendant maélections yetu le onze (11) ya hiyi mwezi.../

/ Asante acha tupane namba f...] ni 099711322065 (Zero neuf neuf septante et u trois-cent vingt soixante cinq). /

/Banamukataliya et puis le 20 mai (vingt) bakaproclamer vraiment état dictatorial f...]/

/Et pourtant benye banaongeya na M23 biko benye balibaloger mu 2019 (deux mille dix-neuf). Route Nationale numéro 5 (cinq)

/ [...] Nikuambiye kama mu barabara muko à peine trois mille bajajes kama ni moto ziko plus ya deux mille, bahati mubaya ni juu hatuna statistique. /

/ Na bale bajeunes banalamuka quatre heures f...] /

Saa ilifika mardi tulifanya ville morte, arriver à 13h, 14h tulifanya marche tukaenda déposer notre mémo.

Mafikiri ni collègue yangu alikuwa président wa jeunesse ya Kamvimvira, tulifanya mandat ya 5 ans, ya 6 ans, 2013-2019, tulipokelewa na bapoliticiens bamingi

Port Kalundu ingeisha depuis mu 2022 mwazi wa inne Tukutanane mu décembre 2023.

Tous les intervenants à la Radio disposent (dans le contexte de ce présent) disposent des casquettes politiques qui les poussent à bien parler pour convaincre les auditeurs à les choisir ou choisir leurs parrains aux échéances électorales. Voilà pourquoi, le recours à des pratiques

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langagières, communicatives liées à l'alternance codique constitue une façon de prouver aux auditeurs qu'ils sont des hommes cultivés et qu'ils peuvent contribuer au développement du pays.

Nous pensons que le choix du français se justifie dans la mesure où ils impriment chez le lecteur le sentiment ou la conviction qu'ils maîtrisent et le swahili et le français et qu'ils ne seront pas muets pendant les plénières. Ils savent qu'ils sont suivis et par les analphabètes et par les lettrés par conséquent ils doivent alterner le code pour satisfaire les deux camps.

Exemples :

/Recemment juzi/

/hiyo ni banditisme politique/

/ca ne peut pas passer. Habisikiliki/

/ [...] Mais aussi Moise alirassurer si'il faudrait que FBI njoo ikuye enquêter juu ya mort ya Cherubin. Le vrai commenditeur ya bale batuers à gages baonekane, il est prêt pour donner de l'argent. Kupana franga juu bale bakuye/.

Les séquences du français sont utilisées pour résumer l'essentiel du message aux locuteurs du français.

Exemples :

/Recemment juzi/

/hiyo ni banditisme politique/

/ca ne peut pas passer. Habisikiliki/

/Nitakuambiya kama Moise Katumbi n'a jamais eu d'émotions. Hayakuwaka na maémotions/

/ [...] Mais aussi Moise alirassurer si'il faudrait que FBI njoo ikuye enquêter juu ya mort ya Cherubin. Le vrai commenditeur ya bale batuers à gages baonekane, il est prêt pour donner de l'argent. Kupana franga juu bale bakuye/.

b) Fonction de montrer aux auditeurs qu'ils actualisent plusieurs langues

Le souci d'adhérer les auditeurs à ses convictions passent par la fonction de leur montrer qu'ils actualisent plusieurs langues.

Le plurilinguisme serait considérer comme l'une de causes principales de l'alternance codique, puisqu'il ne peut jamais y avoir alternance des codes sans contact des langues. Nous estimons que cet aspect de multilinguisme se considère comme cause principale de l'alternance codique revient explicitement ou implicitement sous plusieurs formes dans les différentes définitions proposées par les auteurs que nous avons déjà évoqués dans le cadre de ce travail.

Disons que l'utilisation de plusieurs langues par un locuteur peut être considérée comme un signe d'élévation sociale (prestige) pour se démarquer des autres membres de la société.

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Dans l'emploi de l'anglicisme [maike] aulieu de [micro] par le journaliste pour imprimer chez les auditeurs qu'il est capable d'actualiser plusieurs langues et cela a comme intention de les maintenir à l'écoute.

b) Ignorance du terme approprié à utiliser

L'ambiguité de la fonction persuasive peut renvoyer à l'ignorance du terme approprié à utiliser. Tout en montrant qu'ils savent manier plusieurs langues, ils affichent également leur ignorance de L1.

La pénétration européenne en Afrique avait crée un besoin linguistique pour résoudre le problème de communication entre le colonisateur et le colonisé. Plus tard le colonisateur imposera sa langue, c'est ainsi qu'il aura en Afrique des zones dites françaises, anglaises, lusophones voire espagnoles.

Un bel exemple pour illustrer cette affirmation est donné par F.de SAUSSURE dans son oeuvre intitulée Cours de linguistique générale :

« Il peut arriver d'abord que la langue d'une nouvelle population vienne se superposer à celle de la population indigène. Ainsi dans l'Afrique du sud à coté de plusieurs dialectes nègres, on constate la présence du hollandais et de l'anglais, résultat de deux colonisateurs successives ,
· c'est de la même façon que l'espagnol s'est implanté au Mexique
[...] De tout temps on a vu des nations se mélanger sans confondre leurs idiomes. Il suffit, pour s'en rendre compte, de jeter les yeux sur la carte de l'Europe actuelle : en Irlande, on parle le celtique et l'anglais ,
· beaucoup d'irlandais possèdent les deux langues. En Brétagne, on pratique le breton et le français ; dans la région basque, on se sert du français ou de l'espagnol en même temps que le basque » (1978 : 265-266).

De ce qui précède, l'utilisation des langues étrangères en Afrique est inhérente à certains faits historiques du XIXème siècle.

La situation ci-haut décrite est celle des pays africains en général et de la RDC en particulier. Ainsi donc, les Africains ont dû recourir aux langues européennes en usage dans leurs milieux respectifs pour désigner des outils, des objets ou des appareils introduits par la colonisation.

Qu'il suffise de s'appuyer encore sur la réflexion de F. de SAUSSURE pour trouver un soubassement à notre affirmation :

« Un mot peut passer après coup dans une langue en même temps qu'une chose introduite chez le peuple qui la parle, ainsi le chanvre n'a été connu que très tard dans le bassin de la Méditerranée, plus tard encore dans les pays du Nord ; à chaque fois le nom du chanvre passait avec la plante » (Op. Cit. : 308).

De ce fait, l'ignorance du terme approprié pour désigner une réalité peut justifier la plupart des alternances codiques. Comme dans plusieurs exemples ci-dessous où les intervenants ou co-débatteurs ont connu des difficultés de termes équivalents pour exprimer certaines réalités.

Exemples :

/ [...] Katika asili yetu juu niko hybride kama vile unajuwa. Munazoweya kusema kama mulozi njoo anakuwaka wa kwanza kukuya kuliya mu nyumba. [...] anakuja juu aji assurer est-ce que Kabisa

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Sumialo alikufa [...] na yeye njoo anakuwaka na machozi ya mingi [...] benye banakamatika, chauffeur wake uko aux arrêts, policiers mwenye anamuchungaka iko aux arrêts na arme yake vile. Unaona déjà kama ni ba proche. Mtu wa kwanza mwenye alifanya sortie médiatique kusema kwamba Moise Katumbi njoo alimuuwa haiko inquiéter et pourtant ule mwenye ashapata indice kama ni fulani njoo aliuwa angepashwa kwanza kuwa pour raison d'enquête [...] de deux mule mu Kinshasa quand un député passe wa taille ya Cherubin ni foule mais unajiimaginer comment batu yote balidisparaître comme dans un film yenye iko informatisé bakaeffacer batu yote kulimoya pourque Cherubin ajikutane iko yepeke. Ça ne peut pas passer. Habisikiliki. Donc pour nous, le gouvernement tulishukuru kwakupatiya ile pole mais tuko na déclarer kukuwe maenquêtes yenye itakuwa approfondies [...] unakutana déjà procureur général yepeke anaanza sema non non c'est prouver que balle yenye ilimupata Cherubin ilitoka mu arme ya escorte wake. Unajiimaginer kwenye escorte wa mtu kwenye ataacha arme ku cours constitutionnelle, cela veux dire surveillance iko ya nguvu. Est-ce que vous comprenez ile aspect ? Escorte wa député anaacha arme juu aende apeleke document à l'intérieur parce que à l'intérieur hautapit na ile arme. Sasa ile sécurité ilikuwa tu ndani ikakosa kuwa inje ? Et quand le véhicule iliwaka, personne hakukuwa ku mulango, ata garde ata nani wakusema miye niko apa wakuangaliya, est-ce que ile ma véhicule za ba kubwa zenye zinakuyaka ku parquet pale, hakuna mtu wakuzichunga juu ya kujuwa uyu banabeba ama apana. Non, il y a un coup monté. C'était très bien planifié de telle façon kusikuwe ata mtu mumoya mwenye atasoupçonner. D'ailleurs je presume que ce jour-là Cherubin alikuwa yepeke mwenye alikuwa invite mwaile saa pourque basikutanane na mwengine. En tout cas l'on ne saurait pas comprendre ile situation et donc siye kwetu paka saaizi kama gouvernement inasema itupatiye ma preuves parce que eyo njoo iko na mainstrument zote mais aussi Moise alirassurer si il faudrait que FBI njoo ikuye enquêter juu ya mort ya Cherubin. Le vrai commenditeur ya bale ba tueur à gages baonekane, il est prêt pour donner de l'argent kupana franga ju bale bakuye.

[...] D'ailleurs inatupatiya nguvu [...] haiko Gumino tout comme haiko ba Bishambuke [...] Mwaakilishi wa udps hawezi kufika kwa sababu kwa iyi sujet abana la kusema [...]/

Clôturons ce point par la fonction économique du langage.

d) Fonction économique de langage

Cette fonction passe par le procédé stylistique de troncation dans :

/ Tumekuwa na coordo wa nouvelle société civile/ et /Nitapana pole pia kwa dada yangu Eulalie Kangeta na kwa beaufré yangu Konga kwaku mupoteza mtoto/

La troncation étant un procédé consistant à abrèger les mots polysyllabiques pour les raccourcir nous a amener à consulter Pierre Bourdieu qui utilise dans son ouvrage pour démontrer son hypothèse deux approches croisées. D'une part, il emprunte à la théorie économique les définitions du marché pour l'appliquer à la langue et aux échanges linguistiques. Il étaye sa démonstration de nombreux exemples historiques de production de la langue ou institutionnels de reproduction ou d'utilisation de la langue. D'autre part, il mobilise l'ensemble des concepts fondateurs de sa théorie sociologique, fortement marquée par le culturalisme, pour montrer les jeux et les enjeux du marché linguistique. Ainsi, ce marché fonctionne-t-il comme un champ, c'est-à-dire

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comme un monde social doté de ses propres lois et règles qui sont appropriées par les individus et deviennent des habitus assurant par là-même aux agents les moyens de jouer au sein du champ.49 Pour nous, les intervenants à la Radio recourent à ce procédé dans le but d'économiser les mots en suivant la loi de moindre effort de la même façon que Pierre Bourdieu le démontre dans son ouvrage.

/ Dans cet exemple, /...Président Fatshi.../ Fatshi, un racourcissement nominal du nom de notre président Felix Antoine Tshisekedi Tshilombo prend en compte l'économie de mot.

Jean Calvet l'explique : « La troncation, principe économie (raccourcir les mots) propre au langage populaire (prof, ciné, métro...) et qui, parce qu'il n'aboutit pas à des formes assez opaques, se prête le plus souvent ensuite à une ressufixation »50

Bref, les alternances fonctionnent aussi comme des actes de parole. Lorsque les intervenant à la Radio le Messager du Peuple les exploitent dans leurs discours, celles-ci couvrent plusieurs fonctions sociales liées soit à l'appartenance du milieu soit au fait qu'on veut convaincre un public auquel on est ou pas forcément habitué et auquel on veut aussi s'identifier. On peut également parler d'une rhétorique de l'énonciation, introvertie, centrée sur le locuteur et son for intérieur, orientée vers la justesse de la pensée et de l'expression. La rhétorique de l'interaction, extrovertie, est focalisée sur l'interlocuteur, elle est communicationnelle et parfois éloquente. Le but de toute argumentation, avons-nous dit, est de provoquer ou d'accroître l'adhésion des esprits aux thèses qu'on présente à leur assentiment : une argumentation efficace est celle qui réussit à accroître cette intensité d'adhésion de façon à déclencher chez les auditeurs l'action envisagée (action positive ou abstention), ou du moins à créer, chez eux, une disposition à l'action, qui se manifeste au moment opportun.

Nous sommes d'accord avec Alain Pagès51 qui montre que nous sommes tous, dans la vie quotidienne, amenés à argumenter presque spontanément. Selon lui, une argumentation efficace, c'est-à-dire réellement convaincante, implique une véritable démarche intellectuelle, une organisation réfléchie du discours.

49 Pierre BOURDIEU, (1982), Ce que parler veut dire. L'économie des échanges linguistiques Fayard p3

50 Jean-Louis CALVET, (2007), L'argot, PUF, Paris p10

51 Alain PAGES et ali, (1995), Lettres. Textes.Méthodes. Histoire littéraire, Nathan, Paris P.441

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