Alternance codique swahili/français dans le journal swahil et débats politiques radiodiffusés à la radio le messager du peuple à Uvira (juillet 2023). Contribution à une étude sociolinguistique appliquée aux médias.par Antoine AKILI Kirongomera Institut Supérieur Pédagogique d'Uvira (ISP-UVIRA) - Licence 2023 |
CONCLUSION PARTIELLEAu terme de ce chapitre dont l'objectif consistait à circonscrire la théorie et la méthode de notre travail, nous avons présenté le corpus, la méthode d'analyses de données ainsi que les différentes approches pour mener à bon port notre recherche. Nous sommes arrivés à decouvrir que la ville d'Uvira aiinsi que les médias sont plurilingue et ou multilingue. Le choix des interventions au journal swahili et débats politiques auditionnés à travers les ondes 105.5 Mhz et enregistrés sous un support audio puis transcrits ou notés en respectant le système de notation standardisé pour les langues africaines en général et en particulier pour les lexèmes français. Pour examiner tout ce qui est usage, distribution des langues qui président aux différents choix linguistiques relevés de ces interventions radiodiffusées, nous avons opté pour la sociolinguistique dans ses approches structurales, fonctionnelles, lexicologiques, psycholinguistiques et pragmatiques. Au chapitre suivant nous analyserons les données du corpus. 59 CHAPITRE II. ALTERNANCE PHRASTIQUE ET INTERLEXICALE DANS LES INTERVENTIONS AU JOURNAL SWAHILI ET AUX DEBATS POLITIQUES RADIODIFFUSSES A LA RADIO LE MESSAGER DU PEUPLE A UVIRA Dans le chapitre précédent nous avons défini les concepts clés utilisés dans notre travail comme soubassement qui sous-tend le cadrage théorique et méthodologique. Le présent chapitre vise à décrire les analyses que nous avons effectuées afin de traiter les données recueillies à l'aide de notre corpus. Nous avons cherché à choisir des méthodes appropriées pour répondre à nos questions de la problématique. Force est de nous pencher sur l'analyse des alternaces phrastiques et des alternances interlexicales dans les paroles des interventions au journal swahili et aux débats politiques radiodiffusés. 2.1. Alternances interphrastiques ou phrastiques Cette alternance concerne les phrases, les propositions ou les segments longs dans un énoncé. L'alternance interphrastique-dite aussi phrastique est une alternance de langues au niveau d'unités plus longues, des phrases ou de fragments de discours, dans la production d'un même locuteur ou intervenants ou dans les prises de paroles entre interlocuteurs (Ndiassé THIAM, op.cit. :32). Nous examinons dans le présent point la syntaxe de la phrase, c'est-à-dire les rapports qui s'établissent au niveau des propositions de deux langues en présence. 2.1.1 Des alternances dans les différentes sortes des phrases Jean COUILLARD définit la phrase comme un assemblage de mots délimités par la ponctuaction et formé d'au moins un groupe nominal et un groupe verbale auxquels peuvent s'ajouter des groupes facultatifs, tous ces éléments étant disposés dans un certain ordre24. Nous sommes d'accord avec lui que la phrase forme un tout et communique une ou des idées. Nous optons la définition proposée par Martin Riegel : « Une phrase est d'abord une séquence de mots que tout sujet parlant non seulement est capable de produire et d'interpréter, mais dont il sent aussi intuitivement l'unité et les limites. Les définitions usuelles de la phrase s'appuient sur cette connaissance implicite qui n'est pas incompatible avec la rigueur d'une analyse méthodique »25. Pour la simple raison qu'elle intègre la production d'une séquence de mots par un sujet parlant. Considérés indépendamment du reste de texte, les séquences du français apparaissent dans des phrases simples, composées ou complexes. 24 Jean COUILLARD, (1999), Ma grammaire française, Jean Couillard, Québec, p51. 25 Martin Riegel et ali, (2009), Grammaire méthodique du français, 4e édition, Quadroge, Paris p.201 Nous avons trouvé beaucoup de cas illustratifs, des exemples ci-dessus sont éloquents ; pouvons-nous les compléter : 60 Nous appelons phrases simple, une phrase qui n'a qu'un seul verbe conjugué comme dans l'exemple suivant : /`' Ni muda murefu sana nilikuwa nimedéposer iyi candidature yangu kwa ile poste.» `Courage balikuwa nayo'/ `Tutawapatiya transport na bingine'/ /`Balivoter juu ya sac ya chumvi'/ Dans une phrase simple combiné français et swahili, l'intervenant à la Radio fait mixer en position initiale un syntagme nominal et dans l'autre, en position médiane un autre syntagme nominal. Les intervenants ne mélangent pas de codes uniquement quand ils construisent des phrases simples, on trouve le même phénomène dans des phrases composées. En effet, nous considérons dans notre étude comme phrase composée, une phrase qui réunit deux ou plusieurs propositions indépendantes coordonnées ou juxtaposées quand bien même il y a bien sûr des grammairiens pour qui deux verbes conjugués dans une phrase suffisent pour considérer une phrase comme étant complexe. Le recours aux phrases composées à propositions d'une grande étendue a une valeur émotive de vouloir exprimer avec trop de lourdeur ce que l'on ressent pour lui-même et pour les auditeurs surtout quand les intervenants mettent en exergue la mauvaise gouvernance et qu'ils cherchent à convaincre les auditeurs. /` Donc tunabamba sagesse na bonne gestion ya zile pesa'/ /`Kulikuwa remise-reprise na équipe yenye inatoka na njoo maana tunashukuru watu wote walioweza kutuchaguwa pendant maélections yetu le onze ya hiyi mwezi.'/ /`Tunashukuru André Byadunia, l'équipe sortant kumuda aliongoza structure na kana ni leçon parce que benye alitumika il y a de l'expérience tutaattirer kupitiya yeye, mais aussi tunalomba yaiya kututiliya confiance kwangisi ilitutiliya confiance kwakutuchaguwa'/ /`Kwenda kwa coordo André Byadunia par rapport na na problème, tunabalomba baendeleye kuwa gambo yetu kwa sababu nilitaka kubarassurer kwamba chaque problème itakuwa inafika Uvira, itakuwa inafika Fizi, itakuwa inafika Walungu, Mwenga'/ `Nous, comme l'équipe mainant entrant tutatumika non pas pour leurs propres intérêts na hatuta badecevoir.'/ Certains grammairiens du côté desquels nous nous sommes rangé, définissent la phrase complexe comme étant une phrase enchâssée, c'est-à-dire avec subordination. 61 /`Banapashakuwa na réagir mbele ya mashirika haziya organiser maactions citoyennes ziko tellement constitutionnelles parce que depuis longtemps tuko tunaomba Route Mwami, RN5 ijigengewe, Route Espoir, Route Mwami zijengewe mupaka hivi hatujaona ata kitu.'/ La coordination des propositions cadrent avec cet exemple : `Na hiyi sakoshi yangu ingepoteya mais, heureusement mama mumoya na baba mumoya walikuwa pale wakapita wanakamata ile sakoshi.' Nous observons que les propositions en Kiswahili-français sont mises en rapport avec les propositions en français par parataxe. Lorsqu'une ou plusieurs propositions en français sont entrecoupées par une ou plusieurs propositions en swahili, aucun connecteur explicite n'établit la relation entre elles. `Tutaendeleya kubasaidiya na transport kadi na ngisi tunaweza kuweza' `Juu badéputés niba mingi apa Uvira hatukuona hata mumoya mwenye alifika kututazama lakini yeye akasema voilà nasikiya kuko batu biko pale acha niende nibaone.' `Kwanza nilikuwa na kwenda kuwakumbusha kuwafunguwa akili kuhusu uchaguzi unakuya wasifanye tena makosa zenye balitokeya kufanya na mpaka leo tukonaendeleya kusouffrir na batu benye balivoter juu ya polo.' `Kuonekana kubaconscientiser cette fois-ci baangaliye ngisi ya kuchaguwa ilituchanger maisha ilitulete maendeleyo muterritoire yetu ya Uvira.' La parataxe explique donc la présence des phrases simples, des phrases minimales. Elle relève du registre oral et apparaît le plus souvent dans des paroles qui reproduisent le langage de la conversation comme dans les interventions au journal swahili et aux débats politiques : `Ni Maître Franck Malilo.' `Kuna maconcours zenye walikuwa wanaorganiser' `CPI ilikuwa naorganiser maconcours sur les droits de l'homme, droit humanitaire. Na alienda kufanya hizo maconcours na aliremporter mavictoires na aliremporter trophée.' `Félicitation kwa raiya ya Uvira.' `Waautorités wanapashwa kurudiya kumu sitari kuwa natenda, kufanya kazi mbele ya wakati ma sociétés civiles haziya organiser maactions citoyennes.' `Iyo ni maindices' Dans la phrase « Félicitation kwa raiya ya Uvira », il se fait remarquer l'absence du verbe et dans « mimi kama juriste' » 2.1. Les phrases interrogatives dans le contexte d'alternance codique Le système interrogatif du français s'emploie dans un discours swahili. /`Est-ce que vraiment tutakuwa na watu wanaweza shimama na waisaidiye iyi mugini ?/ 62 /`Est-ce que vraiment ni kwa alama ngani ambao munaweza kusema kwamba ni assassinat politique ama ilikuwa ni juu ya ile tu émotion ambayo alikuwa nayo baada ya kuona ule munenaji wale kufariki hivyo ? `/ /`Nini tunaita assassinat ?'/ Nous remarquons que les questions sont toujours posées selon les normes et les lexiques du français or, il existe en kiswahili de multiples façons de formuler des questions : - La plus simple se limite à l'utilisation d'un ton interrogatif : `umeona ? /Walombe audience baonane naye ?/ /Na kama aliigusiya unaweza kutupa mwangaza ?/ / Sasa ile sécurité ilikuwa tu ndani ikakosa kuwa inje ?/ - Avec la particule « je » placé en tout début de phrase « je » corresponds à l'expression « est- ce que » : je umekwenda sokoni ?, « je » peux aussi être suffixé au verbe. Dans ce cas il correspond plutôt à l'expression « qu'est-ce que » : utafanyaje ? /Est -ce que vraiment tutakuwa na watu wanaweza shimama na wasaisidiye iyi inchi ?/ /Est-ce que ni kwa alama gani ambao munaweza kusema kwamba ni assassinat politique ama ilikuwa ni juu ya ile tu émotions ambayo alikuwa nayo baada ya kuona ule munenaji wake kufariki hivyo ?/ /Est-ce que munaweza ku kubali kama inaweza kuwa assassinat politique, ama baaventurier bamoya ivi benye baliviser tu ule mtetezi wetu ?/ /Est- ce que vous comprenez ile aspect ?/ /Est-ce que aiwezi kuwa garde alikuwa un peu distrait na aliacha canon au sève ya bunduki iko ouvert ?/ /Mais il faut voir est-ce que palikuwa déclaration de la part du gouvernement ku honorer même bale batu benye balituacha ?/ /Est-ce que iliogopa kujiplaindre contre le gouvernement ou contre Moise Katumbi ?/ /Pourquoi siye tunasema gouvernement ?/ /Tunaweza kuwa na matumaini ya maenquêtes yenye iko crédible ?/ - Avec « nini » qui signifie « quoi » : unasema nini ? /Ajibiye nini ? Apana, aliiba ?/ /Wenzetu wa société civile nini imewapiquer ?/ /Saa unafika déjà Nyangezi, nini ingeempêcher kufika Uvira kwa juu ya kukuya sikiya matatizo réel ya batu ya Uvira ?/ - Avec « nani » qui signifie « qui » : umeita nani ? /Ninani njoo commandat ?/ - Avec « gani » qui signifie « quel » ou « lequel ». Le mot « gani » est toujours placé après le nom auquel il s'applique mais il ne s'accorde pas avec celui-ci : chakula gani ? mti gani ? /Ninyi kama wajuriste, ile plainte contre un inconnu inamaana ngani ?/ /Ni lengo gani limekupelekeya kuposer iyo première action kabisa ?/ /opportunité gani ?/ - Avec la forme interrogative en-pi, qui signifie « quel » ou « lequel » la forme en « pi » est précédée de la marque de classe. Elle se place après le nom de la personne ou de l'adjectif concerné. Mtu yupi ? Viazi vipi ? Mikate ipi ? Kitabu kipi ? 63 - Avec le locatif « wapi » qui signifie « où » : umekwenda wapi ? /Alors crime d'état inatokeya wapi ?/ /Mwenye atatutengenezeya RDC yuko wapi? / - Avec « lini » qui signifie « quand » utaruidi lini ? - Avec « vipi » et namna gani qui signifient « comment » : nitalipa vipi ?, namna gani ? /Comment expliquer une autorité pareille, simple déplacement yake et que le matin tunakuya kutana kama mtu anakufa ?/ /Gouvernement yetu inaonekana kutokulinda raiya comment tout un député anaweza kuuwawa ? / - Avec kwanini et mbona qui signifie « pourquoi » : mbona amekasirika ? Kwanini hajaja ? /Na kwanini ile famille ilifanya plainte contre un inconnu ? /Kama ministre amesema Kama hatakuya Uvira, kwanini wasige mufata Bukavu? / /Pourquoi yeye à son niveau-là anajuwa kama ataishiya Bukavu, pourquoi hakukamata courage yakusema non, anatumiya président wa comité ya jeunesse ya Uvira ?/ /Mais pourquoi habakuenda ona Ministre pale Bukavu ?/ - Avec « ngapi » qui signifie « combien ». « Ngapi » se place après l'objet et s'accorde avec celui-ci : una watoto wangapi ? Shilingi ngapi ? /Nani hajuwi combien de fois pako ma frappes mwa iyi barabara ?/ (C'est aussi une interrogation oratoire). - Avec les négations si, si ndiyo et siyo qui correspondent à l'expression « n'est-ce pas » et sont une façon détournée d'exprimer une affirmation, une certitude ou d'appeler une confirmation : Si utafanya kazi ? Si ndiyo nimemwuliza ? 2.2. Les phrases déclaratives /`Nitakuambiya kama Moise Katumbi n'a jamais eu d'émotions.' `Hayakuwaka na maémotions.'/ /`Donc il est toujours raisonable kubyote benye anasema na maneno yote anakuwaka anaitiya nafasi inastahili.'/ /`Katumbi anapata sollicitations comme une personnalité aingiye mu union sacrée juu ya kusaidiya inchi'/ `Moise Katumbi Chapwe na directoire national ya Ensemble pour la République ilidécider kusema tutoke mu union sacrée na pale tukapona opportunité mwenye anajisikiya kuendeleya kutumika na Félix mwa iyi gouvernement ya Sama Lukonde ataweza kurudiya na akiwa membre ya Ensemble pour la République. / /Ile loi de père et mère haikuongelewa ata/ 2.3. Les phrases négatives dans le contexte d'alternance codique /Na nous comme société civile hatuko société civile ya makabila/ /Usidéfendre gouvernement/ /Moise Katumbi n'a jamais eu d'émotions. Hayakuwaka na maémotions/ 64 / Nikurudiliya Valentin Hangi nimuambiye kama ha, ha, asijichanganye on ne demeure pas acteur wa société civile, / 2.4. Phrases impérative et exclamative /Allez y comprendre ile phénomène// /Usidéfendre gouvernement/ / Parce que à l'intérieur hautapita na ile arme/ / Non, il y a un coup monté. / 2.1.2. Les propositions subordonnées dans le contexte d'alternance codique 2.1. Propositions coordonnées / Sisi tuko muhali ya uzuni na kilio kubwa kwa sababu, ni mambo ya kuhuzunisha zaidi sijuwi kama kuna mtu yeyote ule ambaye ataeza akafurahiya kifo kya mwengine et surtout que aliyekufa aiko tuu porteparole wa ensemble pour la République mais plus tôt un député national na député national anareprésenter njoo nation. Donc ni uzuni kwetu sisi wote sauf kwa wale ambao wana roho za kutu ambao wanaona wanatakaa shidwa wanaanza maliza maliza wamoya. / / Siyo kusema tuu bwana Cherubin Okende alikuwa porte-parole wa Ensemble pour la République mais pia ni mwaakilishi wa raiya kwani yeye alikuwa député national. / / En tout cas l'on ne saurait pas comprendre ile situation et donc siye kwetu paka saaizi kama gouvernement inasema itupatiye ma preuves parce que eyo njoo iko na mainstrument zote mais aussi Moise alirassurer si il faudrait que FBI njoo ikuye enquêter juu ya mort ya Cherubin. / 2.2. Propositions subordonnées de but /Na Cherubin quand même hali yenye alikufa ndani ce n'est pas une affaire de bandits c'est quelque chose si vous analyser utacomprendre qu'il y a eu une organisation bien planifiée kwa juu ya kujuwa ngisi batamueliminer na sisi comme shirika la kirahiya nawaza kwamba à notre niveau tunaendeleya kulomba à ce que pakuwe ma enquêtes sérieuses bien sûr Katumbi analomba que pakuwe ma enquêtes na des experts internationaux na mener ma enquêtes que pakuwe des enquêteurs indépendants pour que bajuwe réellement nini comment ngisi alikufa/ / D'ailleurs je presume que ce jour-là Cherubin alikuwa yepeke mwenye alikuwa invite mwaile saa pourque basikutanane na mwengine. / 2.3. Subordonné de cause / Escorte wa député anaacha arme juu aende apeleke document à l'intérieur parce que à l'intérieur hautapita na ile arme/ / C'était très bien planifié de telle façon kusikuwe ata mtu mumoya mwenye atasoupçonner. / / En tout cas l'on ne saurait pas comprendre ile situation et donc siye kwetu paka saaizi kama gouvernement inasema itupatiye ma preuves parce que eyo njoo iko na mainstrument zote mais aussi Moise alirassurer si il faudrait que FBI njoo ikuye enquêter juu ya mort ya Cherubin./ 65 2.4. Subordonnée interrogative directe / Unajiimaginer kwenye escorte wa mtu kwenye ataacha arme ku cours constitutionnelle, cela veut dire surveillance iko ya nguvu. Est-ce que vous comprenez ile aspect ?/ / Et quand le véhicule iliwaka, personne hakukuwa ku mulango, ata garde ata nani wakusema miye niko apa wakuangaliya, est-ce que ile ma véhicule za bakubwa zenye zinakuyaka ku parquet pale, hakuna mtu wakuzichunga juu ya kujuwa uyu banabeba ama apana ? / Le vrai commenditeur ya bale batueur à gages baonekane, il est prêt pour donner de l'argent kupana franga juu bale bakuye. / 3.1.2. Distribution des éléments alternés sur la chaîne parlée La distribution d'un élément linguistique est l'ensemble de contextes dans lesquels cette unité linguistique est susceptible d'apparaître. Dans le premier tiers du XXe siècle, le descriptivisme prend la forme de ce que l'on a appelé ultérieurement le distributionnalisme, dont les figures principales sont Bloomfield, puis Harris et Pike, auxquels il faut ajouter le Français Gross, introducteur des méthodes harrissiennes en France. Leonard Bloomfield (1887-1949) publie en 1933 Language (le langage), qui constitue une théorie générale du langage qui sera développé et approfondie par ses élèves sous l'étiquette de distributionnalisme, courant qui dominera la linguistique américaine jusqu'en 1950. Selon Marie-Anneau Paveau et ali, dans son ouvrage26, Bloomfield qui, son distributionnalisme qui est une conception mécanique ; pour lui, esprit, volonté, conscience ne sont que des « configurations de successions du monde matériel », des mouvements corporels. Son approche tire son origine dans la psychologie behavioriste (sous l'influence du psychologue Wundt). Pour le behaviorisme, le comportement humain est explicable à partir de données externes, sans recours à des données internes qui ne seraient que des illusions. Pour Bloomfield, le langage est un comportement et peut être étudié de manière externe ; il ne s'agit pas pour lui d'une doctrine psychologique mais d'une méthodologie. Marie-Anneau Paveau évoque le primat de la description en ce terme : « A partir de ce schéma, Bloomfield a un programme descriptif : il considère en effet que l'explication des phénomènes du langage n'est pas encore possible. Son descrpitivisme est donc un choix méthodologique, qui a pu être considéré comme étroit par ses détracteurs. Ce choix l'amène à refuser tout historicisme et tout fonctionnalisme (ce qui le distingue de Sapir par exemple qui articule ensemble forme et fonction) : les formes du langage seront observées de l'extérieur, sans prise en compte de leur évolution linguistique ni de la fonction qu'elles remplissent dans le système. Le descriptivisme de Bloomfield implique également une mise à l'écart de la signification : il refuse la conception mentaliste du signifié (la solution saussurienne du signifié comme concept). Pour lui, le signifié est l'ensemble des événements pratiques auxquels est lié un énoncé ; sa description est donc considérée comme impossible car la saisie de cet ensemble est impossible : 26 Marie-Anneau Paveau et ali, (2003), Les grandes théories de la linguistique. De la grammaire comparée à la pragmatique, Armand Colin, France, p142 27 ALUMA K.J.Yves, (2022), Cours de Grands courants de la linguistique, inédit, ISP-Uvira p56 66 « Pour donner une définition scientifiquement exacte de la signification de chaque forme d'une langue, il nous faudrait posséder un savoir scientifiquement exact de tout ce qui forme l'univers du locuteur » (Leonard Bloomfield, Language : 1933 :132, cité par Marie-Anne Paveau, op cit) p144. Selon Marie-Anne Paveau, étudier une langue, ce sera donc réunir un corpus, (c'est-à-dire un ensemble d'énoncés effectivement émis, dans le but de faire apparaître des régularités formelles), sans prise en compte de l'aspect sémantique. Le seul concept qui sera considéré comme valide dans l'analyse sera celui du contexte linéaire ou d'environnement. Si nous prenons Jacques Leclerc, dans Qu'est-ce que la langue ?, nous ne serons pas contredit : « Aux Etats unis, Leonard Bloomfield (1887-1949) lance la linguistique américaine en 1926, en publiant language, qui présente aussi le structuralisme américain. Cette description linguistique s'en tient au recensement des unités formelles de la langue et à l'étude de leur distribution, c'est-à-dire au relevé de leurs différents environnements dans la chaîne parlée. » (Op cit p.7). Intéressons-nous également à ALUMA K.J.Yves qui affirme que l'analyse distributionnelle consiste à étudier les unités de la langue dans une perspective combinatoire en fonction de l'environnement.27 Pour ce qui nous concerne, nous serons en train d'expliquer les faits de langage des interventions au journal swahili et aux débats politiques à partir de la fréquence d'apparition des mots. Dans ce point, les unités linguistiques dont il est question ici, sont les phrases, les fragments de phrase ou les propositions. Dans la logique distributionnaliste, il y a trois positions possibles qui peuvent être occupées par les unités linguistiques dans une description : la position initiale, la position initiale, la position médiane et la position finale. a) Alternance interphrastique en position initiale Rappelons que l'alternance interphrastique c'est lorsque dans le discours d'un locuteur à une phrase française succède une phrase en kiswahili. Nous avons trouvé dans les interventions à la Radio des cas où la (les) proposition (s) du français sont en début de l'énoncé swahili. /`Assassinat parce que baliiplanifier tres bien bamuite afike bamuenlever kisha baende bamuachever. `/ `Voilà iyo ni maoni ya bwana Assumani'/ `Pour éclairer ce dossier, vraiment des enquêtes serieuses inaweza tusaidiya kwa hiyo'/ (problème de syntaxe, il devrait accorder au plurier). / `Ça ne peut pas passer' habisikiliki/ /`Donc pour nous, le gouvernement tulishukuru kwakutupatiya ile pole.' /`Cela veut dire surveillance iko ya nguvu'/ /`C'était très bien planifier de telle façon kusikuwe ata mtu mumoya mwenye atasoupçonner'/ 67 /`D'ailleurs je présume que ce jour-là Cherubin alikuwa yepeke mwenye alikuwa invité mwa ile saa pourque hasikutanane na mwengine' /`En tout cas, l'on ne saurait pas comprendre ile situation et donc siye kwetu paka saaizi kama gouvernement inasema itupatiye ma preuves parce que eyo njoo iko na mainstrument zote mais aussi Moise alirassurer s'il il faudrait que FBI njoo ikuye enquêter juu ya mort ya Cherubin ; il est prêt pour donner de l'argent kupana franga ju bale bakuye/ (proposition juxtaposées).
Il s'agit ici des cas où la phrase française est placée à la fin du discours mixte. /`Famille ya Cherubin ili déposer plainte contre un inconnu'/ `Kwa nini ile famille ilifanya plainte contre un inconnu ?/ (phrase interrogative)/ /`Kulikuwa majeshi walikuwa wanauzi ilinibidi paka ni kamata téléphone ; j'ai appelé le ministre de l'intérieur'/ `Nilimuita ministre wa intérieur nikamuambiya ça ne va pas./ /`Yaani inaacha indépendance kwa gouvernement conglais/ /`Miye nawaza kwamba ce sont des oppositions politiques'./ / `Na mimi comme shirika jipya la kirahiya nawaza kwamba si le gouvernement anaweza kusikiya d'une part ya Ensembe par rapport na présence ya ba experts internationaux par rapport ya ces enquêtes ; je ne vois pas un inconvénients'./ 68
/Mais aussi nilikuwa nataka watu wote wa Uvira mwenye iko natafuta acomprendre kwa sababu niko nawaza Uvira ama mu Congo bako nataka bawalishe batu bazoweye maisha ya matatizo or c'est ce qui est inconcevable. / /Il faut kujuwa que le gouvernement iko responsable/ /Comment expliquer une autorité pareille, simple déplacement yake et que le matin tunakuya kutana mtu anakufa ; donc c'est inconcevable. / /Au contraire serikali iku pale kwa juu ya kuprotéger Maisha yetu à tous les moyens. / 69 /Pour terminer sisi shirika la kirahiya la situation yenye ilifika pour Cherubin c'est déplorable. / /Est-ce que iliogopa kujiplaindre contre le gouvernement ou contre Moise Katumbi ?/ Tous ces mélanges participent à créer des transformations et parfois de confusions. L'alternance joue dans la phrase le rôle de la valorisation de la langue française ou ça implique le fait de prestige. Les intervenants au journal et les codébatteurs veulent se passer pour des personnes illustres qui savent actualiser à la fois le français et le kiswahili. Que les auditeurs ne puissent sous-entendre qu'ils n'ont pas étudiés. Dans notre corpus, il n'y a pas que des alternances phrastiques ou interphrastiques, on trouve dans les débats politiques et dans le journal swahili d'autres types d'alternance que nous qualifions d'intraphrastique. 2.2. L'alternance intraphrastique On parle de métissage linguistique intraphrastique lorsque les syntagmes constitutifs présentent une partie de la langue française et l'autre une langue congolaise. L'alternance codique « est dite intraphrastique lorsque des structures syntaxiques des segments alternés coexistent à l'intérieur d'une même phrase, c'est-à-dire lorsque les éléments caractéristiques des langues en cause sont utilisés dans un rapport étroit [...] » (Ndiasse THIAM, 1997 :32). Concrètement, la phrase commence en français et se termine en langue swahili ou vice-versa ». 1. Syntagme nominal sujet, épithète, attribut et complément 1. 1. Syntagme nominal sujet,
/Ni kweli mutangazaji utaelewa kwamba bajeunes bako muchomage. /Bajeunes bote biko tayari tutaenda tunakamata mabêches. 70 2.2. Syntagme nominal epithète
/Tulienda mwaiyo délégation pale Bukavu kuenda kuona Excellence Alexis Gisaro, ministre wa infrastructures 2. 3. Syntagme nominal attribut a) Attribut en français Na iko sûr /Kwa sababu constitutionnellement maisha ya mtu iko sacrée/ /Musidanganyike na mambo ase kutakuwa nomination/ /Kesho tunakuta bwana Mafikiri politician kama mimi hapa/ /Nani chômage ambayo iko déguisé/ /Ni kweli kwamba est-ce que ville morte ilikuwa opportune ?/ /La lettre tuliandika kuinformer Maire de la ville kama tutafanya ville morte ilikuwa claire/ /Kwetu itakuwa tu es le bienvenu/ /Kwa juu malengo la raiya iko bien reconnu/ 28 MAURICE GREVISSE, (1961), Cours d'analyse grammaticale, Duculot, Paris p39 71 /Kama Ensemble ikonalomba kukuwe ingineexpertise ya wengine kwa sababu Ensemble nayo iko victime. /
/Kuko imprudence kama ataonekana atakuwa sanctionné/
4. Syntagme nominal complément 1. Syntagme nominal complément d'objet
Wenzetu waache kuwa na boquer watu vile haiko muzuri sisi wote tuko na souci /Njoo maana sisi kama shirika la kirahiya tuko nalomba bajimettre ensemble bapate consensus/ 72 c) Syntagme Verbal Compélement / Njoo maana sisi kama shirika la kirahiya tuko nalomba bajimettre ensemble bapate consensus/ /Nafikiri Utawala unaanza kuintimider opposition / / Yeye uyo garde wake haligonja siku chef wake ataenda samba njoo akaacha canon ya arme yake iwe wazi ?/ 2. Syntagme nominal complément déterminantif /Musisahahu ya kwamba Cherubin Okende alikuwa portevoix wa Ensemble pour la République/ /Tunaenda mwaiyo délégation pale Bukavu Kuenda kuona Excellence Alexis Gisaro ministre wa infrastructures / Nous avons constaté que le prédicat ou le sujet, l'épithète, l'attribut et le complément s'adaptent à l'environnement où ils se trouvent placés dans les segments mixtes sans déroger à la règle grammaticale française régissant le rapport entre l'attribut et l'épithète dans leur environnement. 2.2.1. Les calques syntaxiques Certaines structures syntaxiques évoquées ci-haut présentant l'alternance codique est une sorte d'adaptation du swahili aux règles syntaxiques du français. Rappelons avec Jacques Leclerc (Op. Cit : 43) que la langue est un système parce qu'elle est constituée d'éléments qui sont en relation les uns avec les autres. Il est possible d'isoler les éléments constitutifs de la langue. Selon Jacques Leclerc, les langues du monde sont classées selon deux méthodes : la méthode génétique de classification de langues qui considèrent les langues les langues comme des êtres humains dont on peut suivre la naissance, la vie et la mort et la méthode typologique de classification de langues comprenant trois critères : les critères phonétiques ou phonologiques, les critères morphologiques ainsi que les critères syntaxiques ; dans le deuxième critère, on distingue ainsi trois types de langues principaux : langues isolantes lorsque les mots sont ou tendent à être invariables (le chinois, le cantonais, le vietnamien, le laotien et le cambodgien), langues agglutinante, au contraire, on juxtapose au radical une série de morphèmes distincts servant à exprimer les rapports grammaticaux. Dans ce type de langue, chacun des affixes (préfixes, infixes ou suffixes) est clairement analysable et identifie précisément une fonction grammaticale ou syntaxique. Dans ce classement, citons le turc, le quechua, le swahili et le créole haïtien. En fin, dans une langue flexionnelle comme le latin, les radicaux sont pourvus d'affixes grammaticaux variables et exprimant plus ou moins à la fois, par exemple, le genre, le nombre et le cas, ou la personne, le temps, le mode, la voix, etc. (Jacques Leclerc, Op. Cit : 239-249). Le français et le swahili présentent des différences sur ce plan car les distinctions émanant de ces critères nous poussent à découvrir que le français est parfois de type flexionnel (cheval/chevaux), parfois de type isolant (je suis/ tu es), parfois de type agglutinant (épais/épaisse). Un syntagme comme portemanteau est isolant alors qu'une opposition du genre pomme/pommier est flexionnelle. Si nous prenons les critères syntaxiques qui consiste à recourir à l'ordre des mots dans la phrase. Autrement dit, il s'agit du critère syntaxique. On compare alors l'ordre dans lequel se présentent le sujet, le verbe et le complément dans la phrase. Nous comprendrons que seulement à 73 ce stade, le swahili est différent du français étant donné que l'ordre syntaxique le plus courant en français est l'ordre sujet+verbe+complément (SVC). Or en kiswahili tantôt le sujet et le verbe et complément s'agglutinent (se collent) dans un même mot tantôt ils sont séparés. Disons que ces calques constituent un cas de transfert étant donné qu'ils n'entravent pas l'apprentissage du français.
Les cas liés à ce point sont susceptibles de créer des interférences syntaxiques si on s'en inspire pour la formation des phrases françaises dans le processus d'enseignement apprentissage. La plupart d'énoncés évoqués représentent le prototype d'interférences linguistiques fréquentes chez les apprenants du français ayant le kiswahili comme L1. On constate que les pronoms personnels compléments d'objets se mettent en swahili après et avant le verbe en formant un même mot, ce qui est contraire à la relation syntagmatique en français où les pronoms personnels compléments d'objets se placent souvent avant le verbe sans former un seul mot. Citons Ariel Crozon et ali : « En swahili, le complément d'objet suit le verbe. Dans certains cas, il est aussi inséré dans le verbe.il apparaît ainsi sous forme d'un infixe placé entre la marque de temps et le radical. Les pronoms personnels objets sont insérés dans le verbe » (Op.Cit :69). Je te le donne / Ninaikupatiya, unaona : je vois, unaniona : tu me vois. Dans la phrase « je te le donne » Nous observons que deux compléments précedent le verbe « donner » or en kiswahili il est rarement ou impossible de trouver deux compléments précédent le verbe. Ceci est un cas d'interférences. 74 c) Problèmes relatifs à la distribution des éléments linguistiques alternés Dans ce cas, la transposition de la structure SVC du français sur le swahili aboutirait à des phrases agrammaticales suite au problème d'accord lié à la complexité d'alternance codique car le locuteur veut combiner les deux syntaxes à la fois dans un même énoncé. Ceci amène pour lui à commettre des fautes d'accord en rapport avec le swahili ou le français. /Wenzetu waache kuwa nabloquer watu vile haiko muzuri. Sisi wote tuko na souci. / Dans cet énoncé « sisi » impliquerait l'accord de l'adjectif « wote » en « sote ». /Pour éclairer ce dossier [...] vraiment des enquêtes sérieuses inaweza tusaidiya kwa hiyo. / / Napenda raiya wa sikiye, wa moya wako na confusion / / na kuelewa kwamba tulikuwa tumeshaépuiser maétapes yote/ b) Expression des temps dans l'alternance codique
/Afike arépondre/ /anakuwainterpeller/ 75 !Bavérifier/ /Banaforcer!
!Ninasalimiya président wa bajeunes Maître Chako Changu na Valentin Hangi vraiment que nafélicitaka wakati tuna kuwa tuna kutanana naye. / 29 Denis Barhishi Luhiriri et Mavudiko Bashomberwa (2017), Notes d'Analyse contrastive du français et du kiswahili inédit p73 30 Frederick Iragi Kang' Ethe, Lecture pragmatique des morphèmes temporels du kiswahili, Université de Genève 2002. Français. NNT : tel -01261463 p58 76 /Et ça ku raiya ya Uvira inaobservaka iyi mafrappes ya kukuya pima ma barabara kusema mapromesses batajenga barabara wakati tuko mumapériodes électorales/ /Wenzetu waache kuwa nabloquer watu vile haiko muzuri/ 8) Expression du futur La marque du futur est -ta-. Elle est placée entre la marque du sujet et la racine du verbe. / [...] au contraire un acteur de la société civile, besoin principal yake ya action yake nikuangaliya kama itatoucher ku intérêt ya raiya/ / Non, il y a un coup monté. C'était très bien planifié de telle façon kusikuwe ata mtu mumoya mwenye atasoupçonner. / c)Expression des modes dans l'alternance codique
Remarquons que le swahili influe sur la conjugaison du français et pèse de tout son poids pour entraîner le français dans la logique d'inclusion distributionnelle, phénomène propre au swahili où la distribution d'une unité linguistique inclut celles des autres sans qu'il y ait équivalence. On peut alors observer dans les énoncés ci-haut que seuls le PV en swahili varient et le verbe en français reste à l'infinitif ou au participe passé pour toutes les personnes. 2.3. L'alternance extraphrastique On a une alternance extraphrastique lorsque les segments alternés sont des expressions idiomatiques, des proverbes (on parle d'étiquettes) (Ndiassé THIAM, op. cit. 1997 :33-35). /Siye kwetu mu droit banasema kama mucours ya criminologie, les criminels reviennent toujours sur le lieu de crime, / /Munazoweya kusema kama mulozi njoo anakuwaka wa kwanza kukuya kuliya mu nyumba ku kilio, anakuya juu ajiassurer est-ce que kabisa Sumialo alikufa ? Na yeye njoo anakuwaka na machozi ya mingi/ / Donc pour nous, le gouvernement tulishukuru kwakupatiya ile pole / Ces condoléances de la part du gouvernement relève selon le porte-parole de l'Ensemble pour la République de la pire hypocrisie. Ici c'est le calque de l'expression « Les larmes de crocodile »31 /Uko nalomba kitu na contraire yake// Donc pour moi kama ni bya kweli, c'est défendre c'est demander une chose et son contraire/ 31 Isabelle CHOLLET et Jean-Michel Robert, Précis. Les expressions idiomatiques, CLE international, 2008, p171 77 En français, demander une chose et son contraire est une expression ironique et contradictoire où on ne saurait pas comprendre que cherche quelqu'un. !Na zéro cinq anapiganisha na gouvernement yake ya warriors! !Constitution ambayo raïsi wetu anaitembeleya, ama viongozi yote, inasema wazi, le pouvoir appartient au peuple. Le peuple est souverain. ! !yeye anasema iko aibu sana kuona député anauwawa [...] yeye kwa upande wake anasema avant Kabila égale pire, après Kabila, raiya iangaliye nani anastahili kuchanguliwa. Serikali inatenda ivyo kwa kuogopesha opposition! Calque du célèbre citation de Janssens : « Avant l'indépendance est égale après l'indépendance » L'intervenant à la radio, en disant « avant Kabila égale pire après Kabila » critique de manière satirique le gouvernement en place. !Tuko muétat de droit, fanya angalisho! Valentin Hangi actuel Président de l'UDPS à Uvira avertit son interlocuteur que nous sommes dans l'état de droit. Principe directeur du Président Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo lors qu'il venait à peine de prêter serment en voulant que tout citoyen congolais en conflit avec la justice devra être poursuivi juridiquement importe peu son rang ou statut social voire politique. ! Na mimi comme Shirika jipya la kirahiya nawaza kwamba si le gouvernement anaweza fikiliya kusikiya d'une partie ya Ensemble par rapport na présence ya ba experts internationaux par rapport ya ces enquêtes [...] je ne vois pas un inconvénient. ! Ne pas voir un inconvénient signifie ne pas y voir une conséquence fâcheuse, ne pas être dérangé de la situation qui en découlerait. ! Moise alirassurer si il faudrait que FBI njoo ikuye enquêter juu ya mort ya Cherubin. Le vrai commanditaire ya bale ba tueur à gages baonekane, il est prêt pour donner de l'argent kupana franga juu bale bakuye. / Un tueur à gages ou sicaire est une personne qui se fait rémunérer pour assassiner d'autres personnes. Comme il n'a ou non aucun lien avec ses victimes, un tueur à gages est beaucoup plus difficile à identifier ainsi que de remonter à son commanditaire.32Il demande généralement une grosse somme d'argent en contrepartie de son crime. ! Abakusaisir opportunité ! Cette expression française signifie « ne pas laisser passer l'occasion ». 3.3. L'alternance interlexicale Cette alternance concerne la fusion d'un morphème à un lexème ; ce qui produit alors un mot hybride résultant de la combinaison de deux langues en usage alterné. Le morphème de la langue X peut donc s'ajouter à la langue Y par préfixation ou par suffixation. Ce type d'alternance affecte non seulement les verbes mais aussi d'autres catégories grammaticales telles que les noms et les 32 WWW. fr.m.wikipedia.org, consulté dimanche 3 décembre 2023 à 12h01 33 Louis-Jean CALVET (1987), La Guerre des langues et les politiques linguistiques, Payot, Paris pp146-147 78 adjectifs. Par ce procédé, les intervenants et les codébatteurs versent dans un même moule les unités linguistiques de deux langues. Jean-Calvet nous avertit en ce sens : « Car une langue comporte trois composantes, une syntaxe, une phonologie et un lexique. Or le lexique a toujours beaucoup plus soumis au changement que les deux autres composantes : variations sémantiques et, surtout, emprunts. [...] Par contre, lorsqu'une langue voit son système de sons se fondre dans le système d'une autre langue, elle est alors en danger d'absortion. La phonologie et la syntaxe sont la charpente même de la langue, le lexique n'en est que la peinture. » 33 Nous remarquerons que le swahiil a tendance à être remplacé par des termes français au sein même de ce que Jean-Calvet appelle le « noyau dur « de la langue. Dans ce cas, le français offre la structure lexicale et le swahili fournit les items grammaticaux. Un cas sera signalé où un préfixe du swahili est plaqué sur le lexème français. Dans le cadre de ce travail, nous remarquerons que l'alternance lexicale touche plus particulièrement la partie finale des mots. Nous limiterons à deux systèmes morphologiques : les morphèmes verbaux du swahili alternés aux morphèmes lexicaux du français, les morphèmes affixaux du swahili alternés aux morphèmes nominaux du français. 3.1. Les morphèmes verbaux du swahili alternés aux morphèmes lexicaux du français Les morphèmes verbaux du swahili se combinant aux verbes français formant un mot hybride sont :
/Vraiment nafélicitaka, Et ça raiya ya Uvira inaobservaka/ 79
2. les morphèmes nominaux de classes ma-, ba- du swahili se collant aux noms du français /macaméras, maenquêtes sérieuses, maémotions, maétapes, mafaits, bapoliciers, baaventurier bamoya ivi/ Nous remarquons ici le cas de double pluriel. En français, le nombre s'exprime par des suffixes, néanmoins en kiswahili, il s'exprime par des préfixes nominaux de classes. De manière génère, le pluriel s'exprime en français par le morphème s avec ses allomorphes (ø, e, x, i, a...) Exemples : chances nez cieux gentlemen graffiti maxima ?° chance- s ?° nez -ø ?° ciel -s ?° gentlem-e-n ?° graffit-i ?° maxim-a En Swahili, le pluriel se forme par appariement de classe de PN qui atteste aussi d'allomorphes, c'est le cas de ma, mi dans jiwe/mawe et muto/mito. Bapoliciers ?° ba-policier-s (les policiers) Le ba- prothétique plaqué sur le radical du nom français dans une sorte de flexion synthétique par agglutination externe est un morphème du pluriel en swahili d'Uvira. Il y a donc, ici une double mise au pluriel d'autant plus que la marque du pluriel en français ne s'est pas effacée au profit de celle du swahili. Pour un locuteur dont le français constitue la L1, il pourrait avoir une perception globale de ce mot et se croirait en face d'un nouveau mo bapoliciers dont le sens lui est 80 encore inconnu. Par contre, un Muswahili non locuteur actif ou passif du français pourrait distinguer le PN du TN, mais avec l'altération de la phonation du mot à la palatalisation. Il se croirait, lui aussi face d'un nouveau vocable du swahili dont le sens lui est inconnu. - Ma- précédé du Préfixe locatif mu- dans l'exemple : /mumatéléphones / - Ba- suivi d'un TN du kiswahili+ le suffixe -iste formateur d'un nom correspondant à un métier ou à un adepte d'une activité. Les éléments tirés du corpus le témoignent: bajajes, wengi ni wa bajajistes, ligala, wa ligalistes La double mise à l'infinitif en français Abakusaisir opportunité, kujicontredire, kujiplaindre, azikufonctionner, Kwakuempêcher Kujicontredire ?° ku-(ji) contredi-re Le PN de cl. 15 qui exprime l'infinitif en linguistique bantu soude avec le RV du français -° contredi- (Dire des choses contradictoires successivement), ce qui entraine une double mise à l'infinitif de la forme verbale pronominale. Le RV est entouré de deux morphèmes marquant tous que la forme verbale est non infléchie. En français, le morphème de l'infinitif se place en positiion finale, une caractéristique dont les langues romane ont hérité du latin. Ex : français latin Contredire contradicere Aimer amare La situation du swahili est analogue à celle de l'anglais, langue germanique. En swahili ku signifie infinitif et en anglais to marque l'infinitif, mais la différence entre le swahili et l'anglais réside à deux niveaux : « to -» ne forme pas un groupe monolithique avec le RV en anglais, certains verbes en anglais dits « modals » n'attestent pas ce morphème de l'infinitif, tandis qu'en swahili ku- soude avec le RV et il n'existe aucun verbe non infléchi en swahili n'attestant pas le morphème ku-pour marquer l'infinitif ou Kw-lorsque la première lettre est une voyelle : kuenda devient kwenda, kuisha devient kwisha. Français anglais Ex : Kuenda ?° Kwenda ?° ku-end-a : aller, partir to go ?° to-go : aller, partir Kuweza ?° Ku-wez-a : pouvoir can ?° Ø -can : pouvoir Si le cas de l'anglais était celui du français, il n'y aurait pas la double mise à l'infinitif où le swahili marque l'infinitif par le PN ku- et le français par le suffixe (-er ; ir ; er, oir), la cacophonie que produirait la succession de deux occlusives sourdes suivies de deux voyelles similaires sur tous les plans exigerait l'amuïssement de to de la L2. Pour to laugh en cas d'usage alterné avec le swahili, on aurait kolaugh [kola : f] au lieu de kotolaugh [kotula : f]. En ce qui concerne le français, l'environnement a favorisé l'emploi du préfixe de la langue A et d'un suffixe de la langue B pour exprimer l'infinitif. 81 Ce phénomène qui a consisté à fondre dans un même moule les éléments d'un mot (radicaux et affixes) n'affecte que la morphologie, mais chaque langue garde ses traits phonologiques, c'est-à-dire que chaque partie du mot selon qu'elle est du swahili ou du français, obéit à la phonologie de la langue à laquelle elle appartient. 2.4. Alternance interlexicale marquée par le morphème zéro Nous appelons « alternance interlexicale marquée par le morphème zéro », un cas découvert à l'issue des analyses où le français fournit le verbe, et le swahili donne le morphème qui n'est ni marqué à l'oral, ni à l'écrit pour exprimer le mode, l'aspect et le temps. /Usidéfendre gouvernement/ En swahili la désinence -V' non précédée d'un PV exprime l'impératif à la deuxième personne du singulier. Cette alternance interlexicale constitué par un une forme associé à un signifiant vide trouve son fondement dans l'inclusion distributionnelle imposée par le swahili. En d'autres termes, l'impératif en swahili correspond à la racine du verbe (kufanya, fanya !, kutafuta, tafuta !, etc.,) mais au pluriel, on ajoute -ni à la fin du verbe, tandisque la finale « a » de la racine verbale est remplacée par la voyelle « e » (fanyeni !, tafuteni ! etc.). Les verbes monosyllabiques gardent le Ku-à l'impératif au singulier comme au pluriel (la : manger, kula ! mange, kuleni ! mangez, nywa : boire (-nywa est en effet monosyllabique et se prononce d'un seul tenant kunywa ! bois, kunyweni !). A la forme négative, le préfixe sujet reste identique. La négation est exprimée par « si » placé entre le préfixe sujet et la racine verbale comme dans l'exemple tiré de notre corpus : /Usidéfendre gouvernement/ U : préfixe sujet de cl1 Si : suffixe formatif de l'impératif Défend : radical verbal Re : désinence verbale du troisième groupe. En dépit de cette différence « défendre », verbe français à l'infinitif exprime l'impératif en swahili. Cette inclusion distributionnelle est à la base de certaines interférences constatées chez les locuteurs du swahili apprenant le français. Après analyse des données, nous avons trouvé que certains segments mixtes sont touojours en accord avec les règles syntaxiques, morphologiques de la langue de provenance, c'est le cas par exemple de l'accord participe passé commandé par un élément (...ni kweli kwamba est-ce que ville morte ilikuwa opportune ? ...), en rapport avec les règles morphologique, c'est le fait que le radical garde sa phonologie et son caractère indivisible dans une alternance interlexicale (ina-observ-ak-a) et que d'autres subiraient l'influence de l'une des langues en présence,nous avons relevé de cas distributionnelle ayant affecté le français (munivoter sasa, baliiplanifier, abakusaisir opportunité, mafaits). Cette approche a également permis d'identifier : les calques syntaxiques que nous avons considérés comme cas de transfert (Nini imewapiqué), plusieurs possibilités de combinaisons sujet-attribut-épithète dont un élément ou deux sont en swahili ou en français, (Musisahu ya kwamba Cherubin Okende alikuwa porte-voix ya Ensemble pour la République/ /Ni kweli kwamba est-ce que ville morte ilikuwa opportune ?/) qui constituent des cas de transfert. Structurellement, il a été 82 aussie prouvé que les intervenants à la RMP recourent à l'alternance interlexicale, intraphrastique voire extraphrastique. Il est tout à fait normal en sociolinguistique de corréler les manières de parler avec les catégories sociales comme l'âge, le sexe, la profession, le lieu de résidence, etc. La situation sociolinguistique de la ville d'Uvira en particulier et de la RDC en général justifie de manière générale l'alternance interlexicale chez les intervenants à la Radio. Ces intervenants étant convaincus que le fait de plaquer les items grammaticaux du swahili sur les lexèmes du français ne générait pas le sens du message, ils partent du postulat selon lequel les mots de la langue française sont souvent utilisés en combinaisons avec les langues congolaises dans ls villes de la RDC. Quand on veut par exemple s'enquérir du prix d'un article dans des marchés des villes congolaises, à la question « combien coûte ceci ou cela » posée en swahili, en kikongo, en ciluba ou en lingala, la réponse sera donnée en français associée à l'une des langues nationales selon la zone où l'on se trouve. Paraphrasons Louis Jean Calvet34 qui affirme que les langues changent tous les jours, elles évoluent. Toutefois, la politique linguistique ou l'aménagement doit redéfinir le statut des langues africaines menacées par les langues occidentales sinon le swahili se transformera en une autre langue. Selon Louis-Jean Calvet35 dans son ouvrage, il existe trois façons pour une langue de « disparaître » : - La disparition par transformation, - La disparition par extinction, - La disparition par remplacement. Dans nos échanges de tous les jours, le français remplace les lexiques du kiswahili. Pourquoi et quelle conséquence pour notre Kiswahili de demain ? 34 Louis Jean Calvet (1993), La sociolinguistique, PUF, Paris, P.59 35 Louis-Jean Calvet, (), La Guerre des langues et les politiques linguistiques p141 83 |
|