Paragraphe 2 : Revue de littérature
Pour mieux orienter cette étude, la consultation d'un
certain nombre de documents a permis de faire une revue thématique qui
est à la fois empirique et théorique.
2.1 Les écrits empiriques
Les écrits empiriques concernent les mémoires et
thèses de recherche et les documents généraux qui ont
facilité la compréhension de cette étude. Notre recherche
documentaire nous a permis de faire le point des écrits sur le sujet que
nous traitons qui s'articule autour des réflexions suivantes : (i) les
moteurs de l'extrémisme violent en Afrique, (ii) les dynamiques de
l'extrémisme violent en Afrique de l'Ouest, (iii) les moyens de
prévention de l'extrémisme violent, (iv) les facteurs de
vulnérabilité à l'extrémisme violent dans la
région des savanes au Togo.
Un document d'analyse du Réseau de sensibilisation
à la radicalisation, créé par la Commission
européenne (2010) , a recensé les « facteurs
d'incitation » à l'extrémisme,
2.1.1 Les moteurs de l'extrémisme violent en
Afrique
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à savoir « les revendications sociales, politiques
et économiques, un sentiment d'injustice et de discrimination, les
crises et les drames personnels, la frustration, l'isolement, une fascination
pour la violence, la recherche de réponses au sens de la vie, une crise
d'identité, l'exclusion sociale, la marginalisation, une
déception à l'égard des processus démocratiques
[et] la polarisation ». Ce même document d'analyse a recensé
les « facteurs d'attraction » de l'extrémisme,
à savoir « une quête personnelle, le sentiment d'appartenir
à une cause, une idéologie ou un réseau social, le pouvoir
et le contrôle, un sentiment de loyauté et d'engagement, un
sentiment d'exaltation et d'aventure, une conception idéalisée de
l'idéologie et de la cause, [ainsi que] la possibilité
d'être un héros [et] de parvenir à une rédemption
personnelle ».
Dans le cadre de l'étude intitulé Sur les
chemins de l'extrémisme violent en Afrique : Moteurs, Dynamiques et
éléments déclencheurs, publié par le PNUD en
2017, des entretiens ont été réalisés avec 718
individus, dont 495 avaient été (ou, dans de rares cas,
étaient encore au moment de l'entretien) membres d'une organisation
extrémiste qu'ils avaient ralliée de leur plein gré. Les
auteurs ont analysé le point de vue des recrues des groupes relevant de
cette nébuleuse, notamment sur les bénéfices qu'ils
retirent de l'extrémisme violent et sur les facteurs qui le favorisent.
Ils ont notamment mis en lumière le fait que la vision du monde des
individus concernés et leur attrait pour l'extrémisme violent ont
été en partie façonnés par leur lieu de naissance -
souvent des zones frontalières ou des régions
marginalisées.
Par ailleurs, l'étude met clairement en évidence
l'importance des facteurs économiques en tant que moteurs du
recrutement. Du fait d'avoir grandi dans un environnement où l'incidence
de la pauvreté multidimensionnelle était supérieure
à la moyenne nationale et d'avoir connu le chômage et le
sous-emploi, les enquêtés qui se sont ralliés aux groupes
extrémistes violents ont identifié les « facteurs
économiques » comme l'une de leurs principales sources de
frustration et de récrimination. Il s'agit là d'une dimension
fondamentale de leur vulnérabilité aux discours qui les incitent
à canaliser leurs griefs et le désespoir qui en découle
dans la cause de l'extrémisme.
Malgré les moteurs de l'extrémisme violent
relevés dans les études et rapports cités plus haut, ils
ne présentent pas les dynamiques du phénomène par pays
dans la sous-région ouest-africaine.
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Les extrémistes cherchent en effet à s'implanter
là où le contrat social entre l'État et ses citoyens est
distendu ou rompu et où ils peuvent profiter d'une présence
étatique défaillante.
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