Dans le cadre de cette étude et en raison des
différentes parties prenantes à la question de la
prévention de l'extrémisme violent, nous avons eu des entretiens
avec certains acteurs. Au total nous avons eu douze (12) entretiens. Nous
allons présenter dans cette partie une synthèse de trois (03)
entretiens dont nous avons jugé les contenues plus pertinents. Il s'agit
des entretiens réalisés avec : (i) la responsable du projet
savane motoag mis en oeuvre par Plan-Togo, (ii) le responsable des programmes
de l'ONG WANEP-Togo et (ii) un personnel d'appui d'un CPPLEV de la
région des savanes.
Les échanges ont essentiellement porté sur les
facteurs de vulnérabilité dans la région des savanes et le
lien entre ces facteurs et l'expansion de l'extrémisme violent dans la
région. Les actions réalisées par les CCPLEV dans le cadre
de la prévention de l'extrémisme violent ainsi que leurs limites
ont également été abordées.
Les entretiens ont relevé que la région des
savanes fait effectivement face à plusieurs types de
vulnérabilité. Les facteurs de vulnérabilités sont
à la fois internes et externes. Ils sont liés notamment au
chômage, à l'ignorance, la pauvreté, les conflits inter et
intracommunautaire,
Par ailleurs, les conflits communautaires créent
souvent des lignes de fracture entre groupes ethniques, religieux ou sociaux.
Les tensions et les violences au sein des communautés
57
foncier, l'accès limité aux ressources de
production. Il faut noter également l'absence de l'Etat qui se traduit
par l'insuffisance des infrastructures socio-économiques de base (route,
électricité, eau, hôpitaux...) ; mais aussi des conflits
politiques, le tribalisme, l'injustice, les frustrations des populations, la
corruption des juges, etc. Par ailleurs, les personnes ressources ont
relevé que l'augmentation du nombre des réfugiés venus du
Burkina-Faso, dispersés dans toute la région, constitue un
véritable danger, dans la mesure où ces déplacements
affectent les vécus quotidiens de la population des savanes sur le plan
socio-économique. Cette situation augmente le taux de chômage et
de vulnérabilité de la population face à
l'insécurité (banditisme, vol, braquage, incivisme), etc.
En ce qui concerne les CPPLEV plusieurs défis ont
été relevés en ce qui concerne leur fonctionnement. Un
diagnostic réalisé en 2021 a révélé que les
comités mis en place ne connaissaient pas leur rôle et leurs
responsabilités ainsi que leurs missions. Une formation a ensuite
été organisée à leur endroit à l'issue de
laquelle ils ont été appuyé dans l'élaboration des
plans d'action en fonction de leur mission. Ces plans d'actions ont
également été financé notamment les actions de
sensibilisations. Un guide de fonctionnement des CPPLEV a été
élaboré et validé récemment à Dapaong. Des
actions sont prévues pour renforcer les CPPLEV sur le plan
organisationnel mais aussi opérationnel en vue d'améliorer les
interventions dans le cadre de la prévention de l'extrémisme
violent.
Il ressort également des entretiens avec les personnes
ressources qu'effectivement, les facteurs de vulnérabilité
peuvent entraîner l'expansion de l'extrémisme violent. En effet,
les individus qui se sentent marginalisés sur le plan social ou
économique sont plus susceptibles de se tourner vers des groupes
extrémistes qui prétendent offrir un sentiment d'appartenance et
des solutions à leurs problèmes. Lorsque des groupes ou des
individus se sentent exclus du processus politique ou ne voient pas de voie
pour exprimer leurs opinions de manière constructive, ils peuvent
être enclins à se tourner vers des idéologies
extrémistes. Par ailleurs, les discriminations basées sur
l'ethnie, la religion, la race, le genre, etc., peuvent créer un
sentiment d'injustice et de ressentiment. Aussi, l'accès limité
à l'éducation et aux opportunités économiques peut
laisser des individus vulnérables aux discours extrémistes qui
offrent une alternative apparente à leur situation.
58
peuvent engendrer des sentiments de frustration, de
colère et de ressentiment. Les conflits communautaires peuvent aussi
affaiblir ou déstabiliser les structures de gouvernance locales. Ces
polarisations peuvent fournir un terrain fertile pour les idéologies
extrémistes qui exploitent ces divisions pour recruter et mobiliser des
partisans.
En termes de stratégies de prévention, les
personnes ressources ont donné plusieurs pistes qui rejoint notre
approche. En effet, selon elles, En favorisant l'inclusion de tous les membres
de la société, indépendamment de leur origine, religion ou
croyance, on réduit les sentiments de marginalisation et d'isolement qui
peuvent conduire à l'extrémisme. En créant des
opportunités économiques et en réduisant les
inégalités sociales, on diminue les facteurs de frustration et de
désespoir qui peuvent pousser certaines personnes vers
l'extrémisme violent. Par ailleurs, l'encouragement de la participation
civique, la coopération et la communication entre les individus et les
groupes de la société peut renforcer le tissu social et
prévenir l'isolement qui peut conduire à l'extrémisme.