1.3 De l'évaluation des facteurs de
vulnérabilité et lien avec l'extrémisme violent
Tableau n°13 : Répartition
des enquêtés selon l'existence de vulnérabilités
dans la région des savanes
Effectif
|
Pourcentage
|
Pourcentage valide
|
Pourcentage cumulé
|
Oui 121
|
100.00
|
100.00
|
100.00
|
Non 0
|
0.00
|
0.00
|
100.00
|
Total 121
|
100.00
|
100.00
|
|
|
Source : Mandela DJAHO, juillet 2023
L'analyse des données de ce tableau montre que 100%
des enquêtés affirment que la région des savanes fait face
à des vulnérabilités. Ces données montrent que les
populations ont conscience qu'ils vivent dans une situation de
vulnérabilité par rapport aux autres régions.
41
Tableau n°14 : Répartition
des enquêtés selon la connaissance des facteurs de
vulnérabilité auxquels fait face la population dans la
région des savanes
Facteurs de vulnérabilité Effectif
|
Pourcentage
|
Pourcentage valide
|
Pourcentage cumulé
|
Fort taux de pauvreté
|
26 21.49 21.49 40.49
|
Défis d'accès aux soins de santé
|
23
|
19.01
|
19.01
|
57.85
|
Défis d'accès à l'éducation
|
21 17.36 17.36 57.85
|
Chômage
|
21 17.36 17.36 75.21
|
Changement climatique
|
20 16.53 16.53 91.74
|
Autres (Insécurité
alimentaire, Toxicomanie et l'usage des drogues chez les jeunes,
manque d'activités économiques)
|
10
|
8.26
|
8.26
|
100.00
|
Total
|
121
|
100.00
|
100.00
|
|
Source : Mandela DJAHO, juillet
|
2023
|
|
Au regard des résultats de ce tableau, il ressort que
la région des savanes est confrontée à diverses types de
facteurs de vulnérabilité. En effet, 21,49% des
enquêtés estiment qu'il existe un fort taux de pauvreté
dans région. Par ailleurs, 19,01% des enquêtés ont
évoqués des défis d'accès aux soins de santé
alors que 17,36% ont fait cas des défis d'accès à
l'éducation. 17,36% des enquêtés ont également
évoqué le chômage des jeunes comme défis et 16,53%
ont parlé du changement climatique. Enfin, 8,26% des
enquêtés ont évoqué d'autres défis comme le
manque d'activités économiques, la toxicomanie et l'usage des
drogues chez les jeunes ou encore l'insécurité alimentaire).
Selon l'Analyse Commune de Pays des Nations Unies (CCA UN
2021), l'extrême pauvreté touche près de la moitié
(49,1 %, incidence de la pauvreté monétaire) de la population des
savanes au Togo et près des deux tiers (65,1%) vivent sous le seuil de
pauvreté. Une femme a confié : « Nous avons souvent une
insuffisance du personnel de santé et un manque de certains produits
pharmaceutiques ; souvent il faut aller à Dapaong »4.
Une autre femme a confié : « Pour nous les adultes, ont se
soigne comme on peut, souvent avec la médécine
4 Entretien anonyme : sanfatoute, le 23 juillet
2023
5 Idem
42
traditionnelle. Mais pour les enfants, c'est un souci
pour nous. On n'a pas de pédiatrie ici. Il faut aller à Korbonkou
ou à Dapaong pour ça »5.
La répartition géo spatiale des
sinistrés selon les aléas en 2018 (ANPC) a permis d'identifier
1322 sinistrés dans le Kpendjal dans la région de savanes.
L'évaluation des situations d'urgence 2021 de l'ANPC montre que 7 ha de
superficie cultivée dans la région des savanes ont
été ravagés par les inondations et 106,5 ha ont
été touchées par les pluie diluviennes.
Graphe n°5 : Répartition
des enquêtés selon la connaissance des facteurs de
vulnérabilité auxquels fait face la population dans la
région des savanes
Source : Mandela DJAHO, juillet 2023
Tableau n°15 : Répartition
des enquêtés par rapport à l'exploitation des
vulnérabilités par les
GANE
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Pourcentage valide
|
Pourcentage cumulé
|
Oui
|
121
|
100.00
|
100.00
|
100.00
|
Non
|
0
|
0.00
|
0.00
|
100.00
|
Total
|
121
|
100.00
|
100.00
|
|
Source : Mandela DJAHO, juillet 2023
|
|
|
|
Dans un contexte d'insécurité liée
à l'extrémisme violent, les femmes font face à des
défis spécifiques et souvent complexes. Elles sont
touchées de manière disproportionnée par les
43
Les données de ce tableau montrent que 100% des
enquêtés estiment que les GANE peuvent exploiter les
vulnérabilités. Ces données nous montrent qu'il existe un
lien entre les facteurs de vulnérabilité et l'expansion de
l'extrémisme violent.
Les facteurs de vulnérabilité
susmentionnés constituent ainsi des portes d'entrées et de
persistance des actes terroristes. Les facteurs de vulnérabilité
jouent en effet un rôle clé dans l'expansion de
l'extrémisme violent, car ils créent un terreau propice au
recrutement, à la radicalisation et à la propagation des
idéologies extrémistes. Les groupes extrémistes exploitent
ces facteurs pour attirer de nouveaux membres et consolider leur base de
soutien.
Tableau n°16 :
Répartition des enquêtés par rapport aux défis
spécifiques auxquels les femmes et les filles font face dans leur
localité
Défis spécifiques aux femmes
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Pourcentage valide
|
Pourcentage cumulé
|
Mariage précoce
|
31
|
25.62
|
25.62
|
25.62
|
Défis d'accès aux ressources
|
24
|
19.83
|
19.83
|
45.45
|
Défis d'accès à l'éducation
|
23
|
19.01
|
19.01
|
64.46
|
Violences basées sur le Genre
|
19
|
15.70
|
15.70
|
80.17
|
Grossesse précoce en milieu 13
scolaire
|
10.74
|
10.74
|
90.91
|
Décès pendant 11
l'accouchement
|
9.09
|
9.09
|
100.00
|
Total
|
121
|
100.00
|
100.00
|
|
|
|
|
|
|
|
Source : Mandela DJAHO, juillet 2023
L'analyse des données de ce tableau montre que les
femmes et les filles font face à plusieurs défis
spécifiques à elles dans la région des savanes. En effet,
25,62% des enquêtés ont identifié le mariage précoce
comme défi spécifique majeur aux filles dans la région des
savanes, 19,83% des enquêtés ont évoqués les
difficultés d'accès aux ressources et 19,01% d'entre eux ont fait
cas des défis d'accès à l'éducation. Par ailleurs,
15,70% des enquêtés ont abordé les violences basées
sur le genre, 10,74% ont fait cas de grossesse précoce en milieu
scolaire et 9,09% ont évoqué le décès pendant
l'accouchement.
44
conséquences de la violence extrémiste. Une
femme agricultrice interrogée a confié : « La terre que
j'exploite ne m'appartient pas. Nous avons du mal à avoir des terres
cultivables en tant que femme, alors qu'il y a plus de femmes qui cultivent la
terre dans notre localité. Ça a toujours été ainsi.
C'est notre culture qui est ainsi et nous le respectons. Parfois lorsque les
femmes deviennent veuves, elles perdent le droit de propriété des
parcelles cultivables après le décès de leurs maries
»6. Une autre femme interviewée nous a
confié : « Plusieurs cas de femmes battus existent
effectivement dans notre localité. Nous subissons des violences de la
part de nos maris. Il peut s'agir des insultes, de la privation d'argent ou
même des viols. »
Graphe n°6 : Répartition
des enquêtés par rapport aux défis spécifiques
auxquels les femmes et les filles font face dans leur localité
Mariage précoce Défis d'accès aux
ressources
Défis d'accès à l'éducation
Violences basées sur le Genre
Grossesse précoce en milieu scolaire Décès
pendant l'accouchement
Défis spécifiques aux femmes
Source : Mandela DJAHO, juillet 2023
Tableau n°17 : Répartition
des enquêtés par rapport à l'exploitation des
vulnérabilités
Exploitation des
vulnérabilités Effectif
|
Pourcentage
|
|
Pourcentage valide
|
Pourcentage cumulé
|
|
|
|
|
Oui
|
104
|
85.95
|
85.95
|
85.95
|
|
Non
|
17
|
14.05
|
14.05
|
100.00
|
|
|
Total
|
121
|
100.00
|
100.00
|
|
|
|
|
|
|
|
Source : Mandela DJAHO, juillet 2023
6 Entretien anonyme : cinkassé, le 19 juillet
2023
45
L'analyse des données de ce tableau nous montre que
85,95% des enquêtés estiment que les GANE peuvent exploités
les défis spécifiques aux femmes alors que 14,05% estiment que
ces défis ne peuvent pas être exploités. Les femmes sont
souvent exposées à des niveaux accrus de violences basées
sur le genre dans les zones touchées par l'extrémisme violent.
Les groupes extrémistes peuvent imposer des normes et des lois
discriminatoires à l'encontre des femmes, entraînant des abus
physiques, sexuels et psychologiques. Les femmes peuvent être victimes de
mariages forcés, de violences domestiques, d'esclavage sexuel et
d'autres formes de violence. Pour éviter de subir ces pressions et avoir
une vie meilleure, les femmes peuvent décider de ralier les GANE. Un
chauffeur a confié ceci : « Nous prenons plusieurs femmes de
Dapaong vers le Burkina Faso. Ces femmes sont des commerçantes et elles
passent plusieurs jours de l'autre côté de la frontière.
Moi je suis sûr que des propositions sont faites à ces femmes. Les
extrémistes leur promettent des mariages, de l'argent bref une vie
meilleure. Les femmes sont facilement manipulables »7.
Tableau n°18 :
Répartition des enquêtés par rapport aux
répercussions des défis sur les populations
Répercussions des défis Effectif
|
Pourcentage
|
Pourcentage valide
|
Pourcentage cumulé
|
Frustrations des populations
|
42 34.71 34.71 34.71
|
Impression d'être laisser pour compte par rapport aux
autres régions
|
31
|
25.62
|
25.62
|
60.33
|
Problèmes
sécuritaire/banditisme
|
28
|
23.14
|
23.14
|
83.47
|
Déplacement des populations
|
20
|
16.53
|
16.53
|
100.00
|
Total
|
121
|
100.00
|
100.00
|
|
Source : Mandela DJAHO, juillet
|
2023
|
|
Les défis d'une population dans un contexte
d'insécurité liée à l'extrémisme violent
peuvent entraîner une série de répercussions complexes sur
une population. En effet, sur la question des répercussions des
défis sur les populations, l'analyse de ce tableau nous montre que
34,71% des enquêtés estiment que les défis entraînent
la frustration des populations, 25,62% pensent que la population à
l'impression d'être laissée pour compte par rapport aux autres
régions. Par ailleurs, 23,14% des enquêtés ont
évoqués des problèmes sécuritaires dans la
région, 16,53% ont fait cas des déplacements des populations.
7 Entretien anonyme : dapaong, le 20 juillet 2023
8 Entretien anonyme : namaré, le 17 juillet
2023
46
L'insécurité grandissante dans certaines zones
entraine effectivement des déplacements de populations vers des zones
plus paisibles. Cette situation entraine la fragilisation de la cohésion
sociale liées aux rivalités pour l'exploitation des ressources
naturelles entre populations autochtones et les déplacés.
Un jeune agriculteur nous a confié : « On
dirait que nous ne sommes pas des Togolais. Le Gouvernement nous a
oublié ici par rapport aux autres régions. Franchement les autres
régions sont mieux que nous. Nous notre préoccupation est
à deux niveaux. La recherche de la sécurité et la paix ;
et de quoi vivre ou se nourrir. Les autres régions sont en paix. Les
gens au sud par exemple sont mieux que nous. Ils vivent dans la paix et la
sécurité. On a parfois envie de rejoindre le Bénin pour
voir si c'est mieux là-bas. Plusieurs de nos amis ont déjà
quitté pour la Côte d'Ivoire. Quand ils reviennent on sent que
leur vie a changé et ça nous énerve. Même quand les
gens vont à Lomé, ils nous disent que c'est mieux là-bas
et nous avons envie d'aller aussi »8. On note clairement
un sentiment d'abandon ou de laisser pour compte dans les propos de certains
enquêtés. Même s'ils reconnaissent que des alternatives
existent, ils auraient souhaité bénéficier directement des
solutions. La population se retrouve dans une situation de résilience
alliant pauvreté et insécurité.
Graphe n°7 : Répartition
des enquêtés par rapport aux répercussions des défis
sur les populations
Source : Mandela DJAHO, juillet 2023
47
Tableau n°19 : Répartition
des enquêtés selon le fait que des individus au sein de la
population ont rejoint les GANE
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Pourcentage valide
|
Pourcentage cumulé
|
Oui
|
108 89.26
|
89.26 89.26
|
Non
|
13 10.74
|
10.74 100.00
|
Total
|
121 100.00
|
100.00
|
Source : Mandela DJAHO, juillet 2023
|
|
|
|
Les données de ce tableau nous montrent que 89,26% des
enquêtés estiment que des individus au sein de la population ont
rejoint les GANE et 10,74% pensent le contraire.
Un commerçant nous a confié : « Nous
avons eu des échos comme quoi des gens ont déjà
été arrêté par les militaires par ce qu'ils sont
soupçonnés de contribuer aux activités terroristes.
Vous-même quand vous voyez les attaques, vous pouvez comprendre qu'il y a
des gens parmi nous qui donnent des informations à ces gens là.
Comment ils savent quand poser les mines pour qu'ils ne soient pas
attrapés ou bien comment ils savent que les militaires passent par ici
ou par-là ? C'est clair qu'il y a des gens qui les aident et en retour
on leur donne de l'argent, on leur promet des choses
»9.
Tableau n°20 :
Répartition des enquêtés selon les types de conflits dans
la région des savanes
Types de conflits
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Pourcentage valide
|
Pourcentage cumulé
|
Conflits de transhumance
|
42
|
34.71
|
34.71
|
34.71
|
Conflits de chefferie
|
29
|
23.97
|
23.97
|
58.68
|
Conflits fonciers
|
17
|
14.05
|
14.05
|
72.73
|
Conflits culturels
|
19
|
15.70
|
15.70
|
88.43
|
Conflits politiques
|
14
|
11.57
|
11.57
|
100.00
|
Total
|
121
|
100.00
|
100.00
|
|
Source : Mandela DJAHO, juillet 2023
|
|
|
|
|
|
L'analyse de ce graphe montre que 34,71% des
enquêtés ont fait cas des conflits de transhumance, 23,97% ont
évoqué des conflits de chefferie, 14,05% ont parlé de
conflits
9 Entretien anonyme : sam-naba, le 20 juillet 2023
48
fonciers. Par ailleurs, 15,70% des enquêtés ont
évoqué des conflits culturels et 11,57% ont parlé des
conflits politiques.
La région des savanes est effectivement sujette
à des conflits intercommunautaires. Selon le Plan national d'urgence
(2021), de 2013 à 2019, 30.107 personnes ont été
déplacées par ces conflits. Ces conflits communautaires ont
été particulièrement aigus en 2019 avec 17.596
déplacés.
À partir du moment où deux ou plusieurs
entités cohabitent, elles peuvent avoir des points de vue divergents, ce
qui est déjà un premier pas vers le conflit qui peut avoir
plusieurs dimensions variant de simples échanges verbaux à la
violence physique (KAMISSOKO S., 2008). C'est justement le cas de figure qu'on
observe entre les paysans (autochtones) et les éleveurs peulhs dans la
région des savanes. La liste des causes des déchirures qui
surviennent entre agriculteurs et éléveurs dans la région
est longue : pistes de bétail occupées par les champs, berges de
cours d'eau inaccessibles aux animaux pour cause d'exploitation à but de
production maraichères, animaux abattus, etc.
Selon Koudzo sokemawu (2014),
Chez les paysans Moba, Gourma ou Tchokossi (groupes ethniques
autochtones du milieu), le rapport à la terre est fortement
marqué par la force mystique qui lui est attribuée. Selon les
propos du chef de la localité de Nagbéni, « chez le Moba,
prendre un morceau de terre dans la main constitue une protection contre les
esprits maléfiques. Ainsi, le non-respect de certaines pratiques
propitiatoires se solde par les mauvaises récoltes. De plus, certains
interdits tels que les rapports sexuels qui ont lieu en brousse et à
même le sol sont des pratiques qui rendent les sols infertiles et
conduisent à de mauvaises récoltes ». Les discussions
menées avec les bouviers (locaux et étrangers rencontrés)
ont permis de recueillir leurs points de vue sur la question. Pour eux, le
troupeau est au centre de leurs préoccupations quotidiennes. La terre
est vue comme un simple support des ressources naturelles indispensables
à la survie des animaux élevés.
Un représentant d'une organisation de la
société civile nous a confié : « C'est en saison
sèche surtout que nous faisons le plus face à ce type de conflit
parce que c'est la période de la grande transhumance pendant laquelle on
note une véritable surcharge de l'espace régional par les
troupeaux transhumants, nomades et sédentaires à la recherche des
points d'eau et des pâturages. Alors que durant la saison agricole, les
conflits sont plus liés à la mauvaise gestion des animaux qui,
lors de leur déplacement, détruisent les cultures et les
récoltes »10.
10 Entretien anonyme : dapaong, le 22 juillet 2023
49
Le non respect des couloirs de passage des animaux aussi bien
par les éleveurs que par les agriculteurs reste l'une des causes de ces
conflits. L'obstruction des couloirs de passage par les champs des agriculteurs
oblige les éleveurs à faire entrer les troupeaux dans les
exploitations détruisant les cultures sur leur passage, ainsi que les
mouvements précoces ou irréguliers des troupeaux hors des
couloirs de transhumance posent des risques pour la récolte des
agriculteurs.
Ces conflits communautaires trouvent une explication dans le
fait, qu'à cause de l'insécurité dû aux actions des
GANE, certains couloirs de transhumance riches en ressources naturelles (herbes
et eau notamment), ne sont plus accessibles. Ce qui force, aussi bien les
éleveurs et les agriculteurs à migrer vers des zones difficiles
d'accès et moins riches en ressources naturelles, provoquant une
compétition plus élevée et des conflits
récurrents.
Un jeune agriculteur nous a confié : «
Aujourd'hui l'augmentation des populations fait que nous n'avons plus beaucoup
d'espace pour les champs. Les gens veulent également agrandir leur champ
pour pouvoir nourrir et subvenir aux besoins de leur famille. Ce qui
amène certaines personnes à aller jusqu'à faire le champ
sur les couloirs de transhumance »11.
Tableau n°21 :
Répartition des enquêtés selon le fait que les conflits
peuvent favoriser l'expansion de l'extrémisme violent
Effectif
|
Pourcentage
|
|
Pourcentage valide
|
Pourcentage cumulé
|
|
|
|
|
|
Oui
|
116
|
95.87
|
95.87
|
95.87
|
|
|
|
|
|
Non
|
5
|
4.13
|
4.13
|
100.00
|
|
|
|
|
|
|
Source : Mandela DJAHO, juillet 2023
D'après les données de ce tableau, 95,87% des
enquêtés pensent que les conflits peuvent favoriser l'expansion de
l'extrémisme violent et 4,13% pensent le contraire.
Les GANE peuvent exploitent les tensions intercommunautaires
existantes ou créent de nouvelles divisions pour favoriser leurs
intérêts. Boko Haram a par exemple exploité les
11 Entretien anonyme : sanfatoute, le 23 juillet
2023
50
tensions ethniques, religieuses et socio-économiques
existantes entre les musulmans du nord et les chrétiens du sud du
Nigeria pour recruter des membres et mener des attaques.
Un jeune nous a confié : « Ceux qui nous
attaquent peuvent prendre parti entre les groupes en conflits et s'infiltrer
dans la population. Ça fait que nous nous posons des questions sur
certaines attaques passées. On accuse les étrangers mais on se
demande si les gens ne profitent pas des conflits pour opérer
»12.
Tableau n°22 :
Répartition des enquêtés selon le fait que la menace
extrémiste dans les zones frontalières constitue un risque pour
la région des savanes.
Effectif
|
Pourcentage
|
Pourcentage valide
|
Pourcentage cumulé
|
Oui 121
|
100.00
|
100.00
|
100.00
|
Non 0
|
0.00
|
0.00
|
100.00
|
Total 121
|
100.00
|
100.00
|
|
|
Source : Mandela DJAHO, juillet 2023
L'analyse des données nous révèle que
100% des enquêtés estiment que la menace extrémiste dans
les zones frontalières constitue un risque pour la région des
savanes.
En effet, le Burkina Faso, le Bénin, le Ghana et le
Togo partagent de longues frontières, respectivement le sud pour l'un et
le nord pour les autres. La zone de jonction entre les quatre pays est sujette
à de nombreuses préoccupations tant sociales que
sécuritaires. La porosité des frontières facilite la
circulation des criminels, les trafics de toutes sortes ainsi que les
mouvements des GANE.
Un chauffeur nous a confié : « Ici nous
conduisons les femmes revendeuses de tomates au Burkina-Faso pour l'achat de
tomates auprès des cultivateurs. En 2022, certains de nos
collègues chauffeurs étaient kidnappés par les groupes
extrémistes pas très loin de la frontière. Certains ont
été libérés après, d'autres on ne sait pas
où sont-ils jusqu'à ce jour. Les groupes extrémistes ont
emportés six (6) véhicules de nos collègues
»13.
12 Entretien anonyme : korbongou, le 27 juillet
2023
13 Entretien anonyme : dapaong, le 28 juillet 2023
51
Tableau n°23 : Répartition
des enquêtés selon leurs appréciations des relations entre
les civils et les militaires
Relations entre civils
et militaires Effectif
|
Pourcentage
|
|
Pourcentage valide
|
Pourcentage cumulé
|
|
|
|
|
|
Bonne
|
78
|
64.46
|
64.46
|
64.46
|
|
Mauvaise
|
43
|
35.54
|
35.54
|
100.00
|
|
|
|
|
|
Total
|
121
|
100.00
|
100.00
|
|
|
|
|
|
|
|
Source : Mandela DJAHO, juillet 2023
D'après les données de ce tableau, 64,46% des
enquêtés estiment que les relations entre les civiles et les
militaires sont bonnes alors que 35,54% pensent que ces relations sont
mauvaises.
L'analyse des retours des enquêtés, les avis
sont partagés sur les relations civilo-militaires. Pour certains, depuis
l'accentuation des attaques, les relations se sont considérablement
améliorées parce que de plus en plus la population a confiance
aux forces de sécurité.
Un Chef canton d'une localité a confié :
« Nous sommes tous concernés par cette situation. Les
militaires aussi sont attaqués. Depuis un moment il y a des morts parmi
militaires, donc il n'est plus question de ne pas aimer les militaires. Ils
sont là pour notre défense et donc la population collabore avec
eux. Le travail qu'ils sont en train de faire est risqué. Ils se
sacrifient pour nous protéger »14. Une autre dame
nous a confié : « Ici les militaires font un bon travail. Ils
arrêtent les individus appartenant aux groupes terroristes en fuite vers
le Togo. Les patrouilles des FDS nous rassurent »15.
Néanmoins, une partie des enquêtés pense
que les FDS ont du mépris envers la population parce qu'ils sont
méfiants et considèrent qu'il y a des complices au sein de la
population. En réalité les relations entre les civils et les
militaires dans la région ont connu des fragilités depuis
quelques années déjà.
Un commerçant nous a confié : « Les
problèmes avec les militaires ne datent pas d'aujourd'hui. Mais avec les
attaques, la situation s'est aggravée. Ils nous
soupçonnent
14 Entretien anonyme : dapaong, le 28 juillet 2023
15 Entretien anonyme : sam-naba, le 27 juillet
2023
52
d'être avec les méchants. Même si on a
tendance à penser qu'ils sont plus proches de nous, c'est juste
l'apparence. Au fonds il y a du mépris »16.
1.4 De la stratégie de prévention de
l'extrémisme violent
Tableau n°24 : Répartition
des enquêtés selon la connaissance des mesures ou actions en cours
pour prévenir l'extrémisme violent
Actions en cours pour prévenir
l'EV Effectif
|
Pourcentage
|
Pourcentage valide
|
Pourcentage cumulé
|
Renforcement de la sécurité 49
|
40.50
|
40.50
|
40.50
|
Subvention des groupements 41
|
33.88
|
33.88
|
74.38
|
Mise en place des 21
CPPLEV&CCPLEV
|
17.36
|
17.36
|
91.74
|
Sensibilisation 10
|
8.26
|
8.26
|
100.00
|
Total 121
|
100.00
|
100.00
|
|
|
Source : Mandela DJAHO, juillet 2023
L'analyse des données de ce tableau nous montre que
40,50% des enquêtés ont évoqué le renforcement de la
sécurité comme mesures de prévention de
l'extrémisme violent en cours. Pour 33,88% des enquêtés, il
y a eu la subvention des groupements. Par ailleurs 17,36% des
enquêtés ont évoqué les CPPPLEV & CCPLEV et
8,26% ont fait cas des sensibilisations.
Pour prévenir l'extrémisme violent le Togo a
pris une série de mesures juridiques, institutionnelles et
programmatiques. Au rang des mesures institutionnelles, un Comité
interministériel de prévention et de lutte contre
l'extrémisme violent (CIPLEV) par décret du Président de
la République (décret PR n°2019-076/PR du 15 mai 2019), avec
des démembrements aux niveaux préfectoral et cantonal est mis en
place.
16 Entretien anonyme : mango, le 25 juillet 2023
53
Par arrêté interministériel n° 0245
/ MSPC / MATDCL portant mise en place, organisation et fonctionnement des
comités locaux de prévention et de lutte contre
l'extrémisme violent (CLPLEV), chaque préfecture et chaque
canton, sur l'étendue du territoire national, disposent respectivement
d'un comité préfectoral de prévention et de lutte contre
l'extrémisme violent et d'un comité cantonal de prévention
et de lutte contre l'extrémisme violent. Ces deux comités
constituent des démembrements du comité interministériel
de prévention et de lutte contre la prévention et la lutte contre
l'extrémisme violent.
Graphe n°8 : Répartition
des enquêtés selon la connaissance des mesures ou actions en cours
pour prévenir l'extrémisme violent
45
40
35
30
25
20
15
10
5
0
Renforcement de la sécurité
Actions en cours pour prevenir l'EV
Subvention des groupements
Mise en place des CPPLEV&CCPLEV
Sensibilisation
Source : Mandela DJAHO, juillet 2023
Tableau n°25 : Répartition
des enquêtés selon l'appréciation des mesures de
prévention
Appréciation des
mesures de prévention Effectif
|
Pourcentage
|
Pourcentage valide
|
Pourcentage cumulé
|
Non 121
|
100.00
|
100.00
|
100.00
|
Oui 0
|
0.00
|
0.00
|
100.00
|
Total 121
|
100.00
|
100.00
|
|
|
Source : Mandela DJAHO, juillet 2023
54
L'analyse des données de ce tableau montre que 100%
des enquêtés estiment que les mesures de prévention
développées actuellement ne sont pas suffisantes. Au regard de
l'appréciation mitigée des enquêtés sur les
relations civilo-militaires, il s'avère important de renforcer ces
relations pour améliorer la confiance entre les acteurs.
Au Togo il y a de toute évidence, une volonté
d'ouverture et donc un terreau fertile pour prévenir efficacement
l'extrémisme violent en promouvant la collaboration entre les forces de
défense et de sécurité et les populations. Le défi
majeur reste à briser durablement le mur de la méfiance, voire de
la défiance pour construire une relation de proximité et de
confiance entre les forces de défense et de sécurité et
les populations, car il y a une méconnaissance mutuelle.
Des insuffisances ont également été
relevé au niveau des CCPLEV et CPPLEV. En effet, dans le cadre de la
mise en oeuvre du Projet : « Engagement des Jeunes et des Femmes pour la
Participation Citoyenne et la Cohésion Sociale dans les savanes
(ENJEF-PACS), un diagnostic organisationnel et fonctionnel des CCPLEV et CPPLEV
de la région des savanes a été réalisé en
2021. Les résultats de cette étude ont relevé les forces,
faiblesses, opportunités et menaces des CCPLEV et CPPLEV (Confère
annexe 4).
Tableau n°26 :
Répartition des enquêtés par rapport à
l'atténuation des facteurs de vulnérabilité pour
prévenir l'extrémisme violent
Effectif
|
Pourcentage
|
Pourcentage valide
|
Pourcentage cumulé
|
Oui 121
|
100.00
|
100.00
|
100.00
|
Non 0
|
0.00
|
0.00
|
100.00
|
Total 121
|
100.00
|
100.00
|
|
|
Source : Mandela DJAHO, juillet 2023
L'analyse des données de ce tableau nous montre que
100% des enquêtés pensent que l'atténuation des facteurs de
vulnérabilité permettra de prévenir l'extrémisme
violent. Ces données montrent que la population est consciente qu'en
adressant les questions de vulnérabilité, l'expansion de
l'extrémisme violent dans la région des savanes sera
réduite.
55
Tableau n°27 : Répartition
des enquêtés par rapport à ce qu'il faut faire d'autre pour
éviter la propagation de l'extrémisme violent
Actions en cours pour prévenir
l'EV Effectif
|
Pourcentage
|
Pourcentage valide
|
Pourcentage cumulé
|
Développer des AGR 29
|
23.97
|
23.97
|
23.97
|
Renforcer les groupements 26
|
21.49
|
21.49
|
45.45
|
Renforcer la confiance entre la 23
population et les FDS
|
19.01
|
19.01
|
64.46
|
Renforcer la cohésion sociale et 22
le vivre ensemble
|
18.18
|
18.18
|
82.64
|
Sensibiliser les populations 21
|
17.36
|
17.36
|
100.00
|
Total 121
|
100.00
|
100.00
|
|
|
Source : Mandela DJAHO, juillet 2023
L'analyse des données du tableau montre que 23,97% des
enquêtés estiment qu'il faut développer des AGR, 21,49% ont
évoqué le renforcement des groupements, 19,01% ont proposé
le renforcement de la confiance entre la population et les FDS. Par ailleurs,
18,18% des enquêtés ont proposé de renforcer la
cohésion sociale et le vivre ensemble et 17,36% ont évoqué
la sensibilisation des populations.
Graphe n°9 : Répartition
des enquêtés par rapport à ce qu'il faut faire d'autre pour
éviter la propagation de l'extrémisme violent
23.97
Stratégie pour éviter la
propagation de
l'extrémisme violent
Sensibiliser les populations
Développer des AGR
Renforcer les groupements
Renforcer la confiance entre la population et les FDS
Renforcer la cohésion sociale et le vivre ensemble
21.49
19.01
18.18
17.36
Source : Mandela DJAHO, juillet 2023
56
La prévention de l'expansion de l'extrémisme
violent implique une approche intégrée et multidimensionnelle qui
aborde les facteurs sous-jacents qui contribuent à sa montée. En
renforçant la résilience communautaire, comme l'examine
l'étude "Countering Violent Extremism : Developing an Evidence-Base
for Policy and Practice" dirigée par Eric Rosand (2010), on engage
les communautés locales dans la prévention de l'extrémisme
violent.
L'éducation et la sensibilisation, comme le met en
évidence l'ouvrage "Preventing Violent Extremism through Value-Based
Education : A Peaceful Path to Human Flourishing" de M. Ershadul Karim
(2019), jouent un rôle crucial pour promouvoir la compréhension
interculturelle et la tolérance. Par ailleurs, la promotion de
l'inclusion et de la cohésion sociale, ainsi que la gestion efficace des
conflits et de la gouvernance, telles que discutées dans les
études "Cohesion and Coercion : International and Local Dimensions
of Conflict and Community" (2013) édité par Timothy Allen et
Jean-Louis Triaud, s'avèrent des piliers cruciaux pour contrer les
divisions exploitées par les extrémistes et pour créer des
sociétés plus résilientes et harmonieuses.
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