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Facteurs de vulnérabilité et expansion de l'extrémisme violent au nord du Togo


par Yawo Dodji Mandela DJAHO
Institut Régional d'Enseignement Supérieure et de Recherche en Développement Culturel (IRES-RDEC) - Master Professionnel en Développement Culturel (Culture, Paix et Développement) 2023
  

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2.1.3 Les moyens de prévention de l'extrémisme violent

Plusieurs études, évaluations et ateliers ont traité de la prévention de l'extrémisme violent en Afrique à l'instar de l'étude du PNUD (2017) citée plus haut, intitulée « Sur les chemins de l'extrémisme en Afrique : moteurs, dynamiques et éléments déclencheurs ». Les auteurs indiquent que les gouvernements africains doivent réexaminer leurs réponses militaires à la lutte contre l'extrémisme religieux, et s'engager dans l'État de droit et en faveur des droits de l'homme.

En effet, réagir aux crises avec des réponses sécuritaires et répressives, plutôt que les prévenir, peut être contreproductif. La lutte contre le terrorisme a notamment pour effet de gonfler la part de budgets nationaux destinés aux forces de défense et de sécurité, souvent au détriment d'autres secteurs clefs de toute stratégie de prévention comme les secteurs éducatifs et sociaux, mais aussi de réduire l'espace des libertés publiques nécessaire aux dialogues.

L'étude suggère également l'intervention au niveau local, à travers l'appui aux initiatives communautaires axées sur la cohésion sociale, ainsi que l'amplification de la voix des leaders religieux locaux qui prônent la tolérance. Toutes ces initiatives doivent toutefois être pilotées par des acteurs locaux, dignes de confiance.

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2.1.4 Les facteurs de vulnérabilité à l'extrémisme violent dans la région des

savanes

Penn (2020) dans son article nous montre que les conditions socio-économiques, la pression démographique, les conséquences du dérèglement climatique constituent des déterminants majeurs favorisant l'insécurité dans la région des savanes au Togo. En effet, les GANE exploitent les vulnérabilités des populations pour gagner leur confiance et s'installer au sein des communautés.

Tiem (2020) dans son mémoire de master interpelle sur l'état d'insécurité dans la région des savanes. Partant de la fabrication par des forgerons, de la détention de 1865 armes par des civils entre 2005 et 2008, 735 crimes commis à partir d'une arme à feu, 324 vols à main armée ayant entrainé des morts d'homme et surtout de la prolifération des Armes légères et de petits calibres (ALPC), l'auteur montre comment les grands fleuves sont devenus des canaux de choix pour acheminer les armes et ceux provenant du Bénin et du Ghana pour le Togo, transitent par le fleuve Oti et Mono. Les villes comme Cinkassé et Mango sont devenues un grand carrefour d'armes à feu venant du Burkina Faso, du Bénin et du Ghana dans la région des savanes. L'auteur montre comment les jeunes constituant la main d'oeuvre valide empathisent et par ricochet le développement socioéconomique. L'utilisation de ces armes contribue à la dégénération des conflits locaux et surtout à la montée des tensions. Cependant, l'étude ne fait pas le lien entre la prolifération des ALPC et l'exploitation du phénomène par les GANE.

Paka (2023) dans son mémoire a dressé le lien entre la circulation des ALPC au Togo et son impact sur la sécurité locale pouvant déboucher sur des actes extrémistes. Selon l'auteur, la prolifération des armes légères et de petits calibres amplifie le terrorisme. Une étude publiée par le Small Arms Survey en 2018, estime en effet que « 58 000 armes à feu seraient en possession des civils au Togo, avec une estimation de 0,8 pour 100 personnes ».

Selon Small Arms Survey (2006),

La présence de groupes armés actifs ou latents est faible et le Togo est une route de transit essentielle pour les armes de contrebande en direction des pays comme le Bénin, le Ghana, la Côte d'Ivoire et le Nigéria.

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Selon les données de l'Analyse Commune de Pays (CCA 2021) du Système des Nations au Togo, le développement inégal actuel des régions au Togo creuse le fossé entre les zones littorales (Sud du Togo) captant l'essentiel des dividendes de la forte croissance économique et du succès de modernisation de la grande région de Lomé, sans retombées socio-économiques suffisantes pour le Nord du Togo. Ceci pourrait favoriser le développement des groupes violents faisant allégeance à des groupes terroristes qui pourraient avoir les objectifs d'établir des relais utiles pour des opérations cibles dans les zones côtières (exemple de la Côte d'Ivoire à deux reprises ces dernières années).

Selon le rapport, le pays connaît des épisodes de violence intercommunautaire de faible intensité. L'extrême pauvreté touche près de la moitié (49,1 %) de la population des savanes au Togo et près des deux tiers (65,1%) vivent sous le seuil de pauvreté. De plus, la concentration des chaînes d'approvisionnement pour le trafic en tout genre sont autant de facteurs pour attirer des entités criminelles associées à des groupes djihadistes. La persistance des inégalités (économiques, sociales et genre), les conflits fonciers récurrents, la faible présence des services de l'Etat, les conditions difficiles d'accès aux services sociaux de base, la méfiance relative entre la population et les forces de sécurité, l'importance du chômage des jeunes, le repli sur des valeurs obscurantistes dans l'interprétation des textes religieux, créent un terrain favorable pour que les populations surtout les jeunes soient tentées par des réseaux de trafics en tout genre (y compris les armes légères) et des groupes terroristes qui ont d'autres ambitions et agendas non dévoilés.

Selon le rapport, les facteurs de conflits sous-jacents dans la région des savanes (préfecture de Kpendjal, Tandjouaré, Tone et Oti) peuvent renforcer les facteurs de vulnérabilité de la population vers des formes diverses de radicalisation. Dans ces mêmes zones, les conflits fonciers créent des tensions entre les communautés (Tchokossi et Ganganm) qui ont déjà fait quatre morts le 26 juin 2019 et ce même conflit a refait surface en mai 2020 en attendant le jugement de la Cour d'appel de Kara.

Le rapport établi clairement le lien entre les différents facteurs de vulnérabilité et l'extrémisme violent mais a manqué d'aborder la proximité de la région des savanes du Burkina où les attaques terroristes sont beaucoup fréquentes et dont le débordement a des impacts sur la région des savanes.

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