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La coopération policière pour la lutte contre la cybercriminalité au sein de l'UEMOA: bilan et perspectives (2010-2020)


par Kydenlu Justin BATIONO
Université Libre du Burkina  - Master II en Diplomatie et Relations Internationales  2023
  

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5.4.4. La directive de la CEDEAO portant lutte contre la cybercriminalité dans l'espace

de la CEDEAO

Adoptée par le conseil des ministres de la CEDEAO lors de sa soixante sixième (66è) session ordinaire tenue du 17 au 19 août 2011 à Abuja (Nigeria), la directive a pour objet d'adapter le

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droit pénal de fond et la procédure pénale des Etats membres de la CEDEAO au phénomène de la cybercriminalité (article 02). Elle s'applique à toutes les infractions relatives à la cybercriminalité dans l'espace CEDEAO ainsi qu'à toutes les infractions pénales dont la constatation requiert la collecte d'une preuve électronique (article 03). Selon l'article 33 de ladite directive : « Lorsqu'ils sont saisis par un autre Etat membre, les Etats membres doivent coopérer à la recherche et à la constatation de toutes les infractions pénales prévues ou définies par la présente Directive ainsi qu'à la collecte de preuves sous forme électronique se rapportant à une infraction pénale.

Cette coopération est mise en oeuvre dans le respect des instruments internationaux pertinents et des mécanismes sur la coopération internationale en matière pénale ».

La directive n'a pas mentionné expressément la coopération policière, mais son contenu semble prendre en compte ce volet.

La directive est incomplète car elle ne contient pas de dispositions qui visent à sanctionner les Etats qui ne respecteront pas les obligations qui pèsent sur eux.

5.4.5. L'accord de coopération en matière de police criminelle entre les Etats membres

de la CEDEAO

Cet accord a été signé, le 19 décembre 2003, à Accra (Ghana) par les Chefs d'Etat et de Gouvernement de la CEDEAO. Il comprend vingt (20) articles et définit les points sur lesquels les forces de sécurité de la CEDEAO doivent collaborer dans le cadre des investigations criminelles transnationales.

En dehors des instruments juridiques multilatéraux liant les Etats de l'UEMOA, il existe d'autres accords bilatéraux entre certains Etats sur la base desquels les forces de police coopèrent.

Malgré l'existence de nombreux textes juridiques supranationaux qui encadrent la coopération policière, le bilan reste insuffisant.

5.5. Le bilan décennal de la coopération policière de l'UEMOA contre la
cybercriminalité

5.5.1. Un bilan insuffisant

La coopération policière de l'UEMOA contre la cybercriminalité durant la période considérée n'a pas produit de résultats satisfaisants. Malgré la montée en puissance de la cybercriminalité

dans les huit (08) pays de l'UEMOA avec les multiples victimes enregistrées, chaque mois dans tous les Etats, nous n'avons pas pu, au cours de nos recherches, avoir un cas concret de coopération policière entre les forces de police de la zone UEMOA ayant permis de démanteler des groupes cybercriminels. Selon le chargé des questions de la cybercriminalité au sein de l'INTERPOL du Burkina Faso, les multiples demandes d'entraide policières adressées aux collègues policiers de la zone UEMOA sont toujours restées vaines si bien qu'il s'avère difficile de parler de franche collaboration en matière de cybercriminalité. Il affirme également que certains Etats de la zone UEMOA (Mali, par exemple) n'ont jamais envoyé de demandes d'entraide policière à leur niveau malgré l'évolution endémique du phénomène sur leurs territoires. Les multiples demandes que le service INTERPOL Burkina a adressées à certains pays, comme le Bénin, par exemple, ont, chaque fois, été classées sans suite favorable77.

L'INTERPOL Burkina a pu traiter favorablement un cas d'entraide policière au bénéfice du Ghana en début de l'année 2022. Il s'agissait de Ghanéens qui avaient commis des actes d'escroquerie en ligne au Ghana à partir du Burkina Faso78. Suite à la demande de la police ghanéenne, ces derniers ont été recherchés, appréhendés et mis à la disposition de la police ghanéenne. Mais cette prouesse reste à mettre à l'actif de la coopération policière dans la zone CEDEAO et non UEMOA car le Ghana ne relève pas de la zone UEMOA.

Selon le Commandant de la BCLCC du Burkina Faso, le service n'a pas encore reçu de demande d'entraide formelle due à l'absence de cadre formel. En ce qui concerne l'entraide non formelle, il a reçu des demandes émanant de quatre (04) pays (Benin, Côte d'Ivoire, Niger et Sénégal). Le service a aussi soumis des requêtes à cinq (05) pays (Benin, Côte d'Ivoire, Niger, Mali et Togo). Pour les requêtes reçues, le Commandant de la BCLCC affirme avoir fourni 90% de réponses aux Etats requérants. Par contre, pour les requêtes qu'il a soumises, il a reçu un taux de réponses de 30% 79.

Cette absence de résultats satisfaisants découlant de la collaboration policière entre des Etats vivant les mêmes réalités en matière de cybercriminalité démontre le caractère insuffisant de la coopération policière constituant ainsi une preuve palpable nous permettant de confirmer notre hypothèse. Malgré l'existence de quelques textes juridiques sur lesquels les forces de police de la zone UEMOA peuvent s'appuyer pour exiger une franche collaboration, le résultat reste toujours mitigé.

77 Entretien à l'INTERPOL le 16/6/2022 à 09h.

78 Ibid.

79 Entretien avec le Commandant BCLCC via WhatsApp le 18/10/2022 à 20h.

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