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La coopération policière pour la lutte contre la cybercriminalité au sein de l'UEMOA: bilan et perspectives (2010-2020)


par Kydenlu Justin BATIONO
Université Libre du Burkina  - Master II en Diplomatie et Relations Internationales  2023
  

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5.4.1. Le statut de l'OIPC-INTERPOL

L'émergence des bureaucraties policières, la professionnalisation des services d'enquête et l'intensification des échanges internationaux au début du XXe siècle donnent progressivement naissance à des structures administratives de coopération qui se substituent aux mécanismes informels d'échange de renseignements, en Europe d'abord, puis en Amérique du Nord. Dans l'historiographie officielle d'Interpol, c'est certainement le premier Congrès de police judiciaire international, tenu à Monaco en 1914, qui marqua le basculement vers l'idée d'une structure supranationale permettant de systématiser les pratiques de coopération. Cette idée aboutira à la naissance d'INTERPOL. Le statut a été adopté par l'Assemblée Générale de l'Organisation Internationale de la Police Criminelle, en 1956, à Vienne en sa 25ème session.

Depuis sa conception jusqu'à nos jours, l'INTERPOL s'impose comme la forme de coopération policière la plus réussie dans le monde. Il demeure l'outil efficace de recherche des auteurs des crimes supranationaux.

5.4.2. L'accord-cadre de coopération en matière de sécurité et de renseignements entre

les Etats membres de l'UEMOA

Cet accord a été adopté, le 26 avril 2018, par les ministres de la sécurité des Etats membres de l'UEMOA à Ouagadougou et est entré en vigueur, le 11 mai 2018. Il se veut être un cadre juridique sur la base duquel les Etats devraient collaborer afin de lutter contre les actes criminels au sein de l'UEMOA.

L'accord vise à instituer entre les Etats membres de l'UEMOA un cadre de collaboration en vue de promouvoir la coopération et la coordination en matière de sécurité et de renseignements. Plus spécifiquement, ledit accord vise à :

-permettre l'échange d'informations et de renseignements concernant la sécurité entre les Etats membres de l'Union ;

-créer une base de données commune sur les questions de sécurité et de renseignements ;

-fournir une assistance technique et technologique en cas de besoin ; -conduire conjointement des opérations ou des exercices de sécurité ; -faciliter et encourager les remises de police à police à la frontière (article 01).

Parmi les domaines réservés à la collaboration, figure la cybercriminalité qui est l'objet de la présente recherche (article 03). L'accord va plus loin en définissant les modalités de la coopération. Ce sont la multiplication des actions de coopération et l'échange des informations

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et des renseignements par des canaux sécurisés sur tous les faits et toutes les situations pouvant constituer une menace à la sécurité des Etats membres de l'UEMOA. Mais une question se pose sur l'efficacité de cet accord. A l'analyse, nous remarquons que ledit accord n'a pas de caractère contraignant et s'apparente à de simples recommandations. Il est dépourvu d'obligations absolues de coopérer. L'article 06 de l'accord dispose que « Tout litige né de l'interprétation et/ou l'application du présent accord sera réglé à l'amiable ». Cela montre l'inexistence de mesures drastiques sanctionnant un Etat réfractaire. De plus, l'accord est insuffisant parce qu'il n'existe aucune mesure régissant le droit de poursuite. Les ministres de la sécurité des Etats membres de l'UEMOA et le président de la commission de l'UEMOA encouragent seulement les Etats à conclure des accords bilatéraux relatifs au droit de poursuite.

5.4.3. L'acte additionnel N° 04/2013/CCEG/UEMOA instituant la politique commune de l'UEMOA dans le domaine de la paix et de la sécurité

Il a été adopté, le 24 octobre 2013, à Dakar par la conférence des chefs d'Etat et de gouvernement de l'UEMOA. Selon l'article 03 de cet acte, la politique commune vise les objectifs suivants :

-la contribution à la prévention des conflits et crises ;

-le renforcement de la gouvernance politique ;

-l'intensification de la lutte contre le terrorisme en l'inscrivant dans la dynamique de la coopération internationale ;

-la prévention de la criminalité transfrontalière et la lutte contre les réseaux mafieux tels que le trafic de drogue, la prolifération des armes légères et de petit calibre, la traite des êtres humains, la cybercriminalité et le blanchiment de capitaux ;

-le renforcement de la sécurité des citoyens et des activités économiques au sein de l'union.

L'un des principes directeurs de cette politique est la coopération entre les services de défense et du maintien de la paix et de la sécurité. Ainsi, sur la base de ce principe, les forces de police de la zone UEMOA devraient pouvoir collaborer étroitement dans le cadre de la lutte contre la cybercriminalité.

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