5.3.3. Les conséquences sociales
Les conséquences sociales de la cybercriminalité
peuvent être résumées à trois : l'atteinte à
l'image sociale des citoyens, la destruction de l'avenir de la jeunesse et le
risque des crises inter-ethniques.
En effet, la cybercriminalité porte gravement atteinte
à l'image sociale de certains citoyens africains. Des individus ont vu
leur vie privée diffusée sur les réseaux sociaux par des
personnes mal intentionnées les rendant ainsi comme des parias au sein
de la société. A cela s'ajoute le piratage des comptes Facebook
de certains citoyens par les cybercriminels et qui utilisent ces comptes
à l'insu des propriétaires légitimes pour exposer des
problèmes sociaux afin de se faire remettre des fonds. Beaucoup de
personnes ont vu leurs noms utilisés pour demander de l'argent à
leurs proches à leur insu. A l'absence d'informations préalables
concernant le piratage du
74 ALLEN (Nathaniel), 2021, op. cit.,
p. 64 .
75 J-J BOGUI ,2010, op. cit.,
p.62.
compte, elles sont considérées par leurs proches
comme des individus malhonnêtes qui jouent aux nécessiteux. Cette
situation est de nature à porter atteinte à leur image
sociale.
La destruction de l'avenir de la jeunesse africaine est aussi
à prendre en compte.
De nos jours, la majeure partie des cybercriminels est jeune.
Ce sont des jeunes élèves, des jeunes étudiants ou des
jeunes sans emploi qui ont vu en la cybercriminalité une aubaine de se
faire de l'argent sans fournir un grand effort. On se demande quel sera
l'avenir de la zone UEMOA, les années à venir lorsqu'on regarde
ce virage dangereux pris par cette jeunesse sur laquelle les nations sont
censées compter pour asseoir les fondements du développement.
Quant au risque de crise interethnique, la probabilité
est forte pour qu'on arrive à une telle situation, les années
à venir, si rien n'est fait. Aujourd'hui, les appels à la haine
ethnique, raciale, religieuse se font sur l'internet. Certains incitent
à l'extermination de certains groupes ethniques à travers
l'internet. Au Burkina Faso, ces cas sont récurrents. A titre d'exemple,
un homme a été appréhendé, le 25 juillet 2022, par
la BCLCC pour incitation à la révolte et à la
discrimination raciale via les réseaux sociaux. L'individu en question
avait publié, dans un groupe WhatsApp, un enregistrement audio contenant
des propos discriminatoires, outrageants et incitatifs à la haine et
à la violence ethnique. L'audio était adressée au Cheick
Doukouré et au chef peulh de Barkoundouba 76.
5.4. Les fondements juridiques de la coopération
policière de l'UEMOA contre la
cybercriminalité
76 Repéré sur la page Facebook de la
BCLCC.
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A l'instar de toutes les autres coopérations
interétatiques, la coopération policière de l'UEMOA contre
la cybercriminalité repose sur de nombreux actes juridiques
supranationaux. Les plus emblématiques sont : le statut de
l'Organisation Internationale de la Police Criminelle (OIPC-INTERPOL),
l'accord-cadre de coopération en matière de
sécurité et de renseignements entre les Etats membres de l'UEMOA,
l'acte additionnel instituant la politique commune de l'UEMOA dans le domaine
de la paix et de la sécurité, la directive de la CEDEAO portant
lutte contre la cybercriminalité dans l'espace de la CEDEAO et l'accord
de coopération en matière de police criminelle entre les Etats
membres de la CEDEAO.
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