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Le lithium à  l'horizon 2030: une chaàŽne d'approvisionnement sous haute tension


par Quentin Russo
Neoma Business School - Supply Chain et transformation digitale 2023
  

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VI. Traitement des hypothèses, conclusion et ouverture:

A. Traitement des hypothèses.

Hypothèse 1 : Les projets de développement ou d'expansion d'exploitations minières ne permettront pas de répondre aux prévisions de demande dans la décennie à venir.

Résultat : En effet, après concentration des données des entreprises leaders sur le marché de l'extraction de lithium, l'augmentation totale de la production est estimée à 503.65 kt/an. En ajoutant le taux de production estimé par l'USGS en 2022 de 692 kt/an, nous n'atteignons que 1195.65 kt/ an contre une demande prévisionnelle atteignant les 3.000 kt/ an. En se basant sur ces chiffres, le constat est clair que les différents projets miniers, dû à des processus de mise en activité longs et coûteux, ne pourront permettre d'atteindre une extraction de lithium assez satisfaisante pour répondre à la demande mondiale.

Limite : Il faut prendre ces données avec beaucoup de précautions. En effet, bien que les taux de productions soient des chiffres communiqués par les entreprises elles-mêmes, nous ne sommes pas à l'abris d'une augmentation de la production globales dûe à :

- L'ouverture de nouveaux projets miniers encore en phase exploratoire et donc non comptabilisée car les taux de production n'ont pas encore défini.

- L'expansion de projets existants dans les années à venir.

- L'apparition de technologie d'extraction plus performante pouvant optimiser les opérations et accroître les rendements.

Mais aussi à une diminution dûs aux facteurs de risques que nous avons pu voir précédemment.

Ainsi, ces chiffres correspondent à un état des lieux en date de 2023 et peuvent être amenés à changer dans les années à venir, remettant alors en question l'analyse faite.

Aussi, une attention toute particulière doit être portée sur les conversions faites entre les différentes typologies de lithium. En effet, les données récoltées depuis les études de faisabilité, les rapports annuels ou les rapports miniers peuvent indiquer des taux de production en carbonate de lithium, en hydroxyde de lithium ou encore en spodumène. Dans

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un souci de clarté, toutes les données ont été converties en équivalent carbonate de lithium mais les processus de transformation de l'état du lithium, et donc de la perte potentielle de matière lors de la production, ne sont pas pris en compte, ni les usages spécifiques que peuvent avoir chaque typologie de lithium.

Hypothèse 2 : Le prix du lithium est surévalué et comporte un risque important d'une baisse soudaine, ce qui entraînerait une baisse de la production et la mise à l'arrêt d'exploitations minières.

Résultat : Comme nous avons pu le constater dans la partie IV.A, la définition des taux de production optimaux est étroitement liée aux CAPEX qui sont prévus en prenant en compte les prix de vente des matières premières. Le prix du lithium a été multiplié par 6 en l'espace de 2 ans, atteignant les 40 000 euros la tonne, permettant de mettre en exploitation des gisements qui n'étaient pas économiquement rentables quand le lithium était à 6 000 euros la tonne. Nous avons pu aussi voir que l'augmentation du prix d'un bien est corrélé à l'augmentation de la demande, cette dernière étant due aux politiques de transition écologique et à l'explosion du marché de la voiture électrique. Cette demande a ainsi été créée artificiellement par des législations portées par des Etats. La Banque mondiale avertit d'un important risque de récession mondialisé, qui aurait un impact directement sur le pouvoir d'achat et donc la demande. Nous avons pu aussi constater à travers les réponses du questionnaire qu'une partie des répondants ne souhaitent pas investir dans une voiture électrique. Cela engendrerait une baisse des prix et obligerait les exploitants à réévaluer la rentabilité de leurs sites.

Limites : Bien qu'ayant étudié les études de faisabilité et les indicateurs financiers étudiés, j'ai pu constater l'utilisation comme base des rapports d'un prix moyen du lithium de 20 000 euros la tonne. Cependant, ces études ne prennent pas en compte toutes les réserves potentiellement faites par les entreprises pour contrer ce risque financier. Aussi, une évaluation plus abouti de l'impact d'une baisse du prix sur les taux de production, il serait nécessaire d'établir une recherche reprenant toutes les études de faisabilité et les prix moyens du lithium utilisés devrait être faite pour évaluer les seuils à partir desquels la baisse du prix aurait un réel impact sur la production mondial en lithium.

Aussi, ce constat se base sur l'éventualité d'une récession comme l'indique la Banque Mondiale mais il ne prend pas en compte les potentiels aides des gouvernements pour soutenir le développement des exploitations minières, aides qui pourraient permettre

de maintenir la productivité malgré une chute de la demande et éviter l'arrêt de certains sites.

Hypothèse 3 : L'opinion publique est contre l'ouverture de nouvelles exploitations minières et pourrait entraver la mise en activité des projets miniers.

Résultat : Comme nous avons pu le voir à travers le résultat du questionnaire, 36.8 % des répondants pensent qu'il faudrait changer de stratégie de transition écologique et abandonner la voiture électrique. Plus de la moitié ne souhaite pas voir de projets miniers s'ouvrir en France et 56 % se disent prêts à mener des actions pour bloquer ces exploitations. L'impact environnemental des projets miniers est bien conscientisé par la population et des cas de projets abandonnés dûs à une opinion publique défavorable ont été constatés comme en Serbie avec le projet Rio Tinto. L'hypothèse peut ainsi être validée comme un risque important d'entrave à l'expansion du secteur minier par les populations locales qui se sensibilisent de plus en plus aux enjeux écologiques.

Limites : Ce questionnaire n'a touché que 57 personnes, issus de groupes de pairs communs avec potentiellement les mêmes opinions, et ne peut constituer un échantillonnage assez important pour être représentatif de la population française. Aussi, se dire «prêt à mener des actions pour empêcher l'ouverture de mine» et agir de la sorte sont deux faits bien distincts et l'intention d'agir n'amène pas toujours l'action. Une étude approfondie devrait être menée auprès d'un échantillon plus représentatif mais aussi auprès des associations écologiques pour identifier les risques réels d'une opinion publique défavorable à l'encontre d'un projet minier peuvent entraîner.

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