Hypothèse 1 : Les projets de
développement ou d'expansion d'exploitations minières ne
permettront pas de répondre aux prévisions de demande dans la
décennie à venir.
Résultat : En effet, après concentration des
données des entreprises leaders sur le marché de l'extraction de
lithium, l'augmentation totale de la production est estimée à
503.65 kt/an. En ajoutant le taux de production estimé par l'USGS en
2022 de 692 kt/an, nous n'atteignons que 1195.65 kt/ an contre une demande
prévisionnelle atteignant les 3.000 kt/ an. En se basant sur ces
chiffres, le constat est clair que les différents projets miniers,
dû à des processus de mise en activité longs et
coûteux, ne pourront permettre d'atteindre une extraction de lithium
assez satisfaisante pour répondre à la demande mondiale.
Limite : Il faut prendre ces données avec beaucoup de
précautions. En effet, bien que les taux de productions soient des
chiffres communiqués par les entreprises elles-mêmes, nous ne
sommes pas à l'abris d'une augmentation de la production globales
dûe à :
- L'ouverture de nouveaux projets miniers encore en phase
exploratoire et donc non comptabilisée car les taux de production n'ont
pas encore défini.
- L'expansion de projets existants dans les années
à venir.
- L'apparition de technologie d'extraction plus performante
pouvant optimiser les opérations et accroître les rendements.
Mais aussi à une diminution dûs aux facteurs de
risques que nous avons pu voir précédemment.
Ainsi, ces chiffres correspondent à un état des
lieux en date de 2023 et peuvent être amenés à changer dans
les années à venir, remettant alors en question l'analyse
faite.
Aussi, une attention toute particulière doit
être portée sur les conversions faites entre les
différentes typologies de lithium. En effet, les données
récoltées depuis les études de faisabilité, les
rapports annuels ou les rapports miniers peuvent indiquer des taux de
production en carbonate de lithium, en hydroxyde de lithium ou encore en
spodumène. Dans
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un souci de clarté, toutes les données ont
été converties en équivalent carbonate de lithium mais les
processus de transformation de l'état du lithium, et donc de la perte
potentielle de matière lors de la production, ne sont pas pris en
compte, ni les usages spécifiques que peuvent avoir chaque typologie de
lithium.
Hypothèse 2 : Le prix du
lithium est surévalué et comporte un risque important d'une
baisse soudaine, ce qui entraînerait une baisse de la production et la
mise à l'arrêt d'exploitations minières.
Résultat : Comme nous avons pu le constater dans la
partie IV.A, la définition des taux de production optimaux est
étroitement liée aux CAPEX qui sont prévus en prenant en
compte les prix de vente des matières premières. Le prix du
lithium a été multiplié par 6 en l'espace de 2 ans,
atteignant les 40 000 euros la tonne, permettant de mettre en exploitation des
gisements qui n'étaient pas économiquement rentables quand le
lithium était à 6 000 euros la tonne. Nous avons pu aussi voir
que l'augmentation du prix d'un bien est corrélé à
l'augmentation de la demande, cette dernière étant due aux
politiques de transition écologique et à l'explosion du
marché de la voiture électrique. Cette demande a ainsi
été créée artificiellement par des
législations portées par des Etats. La Banque mondiale avertit
d'un important risque de récession mondialisé, qui aurait un
impact directement sur le pouvoir d'achat et donc la demande. Nous avons pu
aussi constater à travers les réponses du questionnaire qu'une
partie des répondants ne souhaitent pas investir dans une voiture
électrique. Cela engendrerait une baisse des prix et obligerait les
exploitants à réévaluer la rentabilité de leurs
sites.
Limites : Bien qu'ayant étudié les
études de faisabilité et les indicateurs financiers
étudiés, j'ai pu constater l'utilisation comme base des rapports
d'un prix moyen du lithium de 20 000 euros la tonne. Cependant, ces
études ne prennent pas en compte toutes les réserves
potentiellement faites par les entreprises pour contrer ce risque financier.
Aussi, une évaluation plus abouti de l'impact d'une baisse du prix sur
les taux de production, il serait nécessaire d'établir une
recherche reprenant toutes les études de faisabilité et les prix
moyens du lithium utilisés devrait être faite pour évaluer
les seuils à partir desquels la baisse du prix aurait un réel
impact sur la production mondial en lithium.
Aussi, ce constat se base sur l'éventualité
d'une récession comme l'indique la Banque Mondiale mais il ne prend pas
en compte les potentiels aides des gouvernements pour soutenir le
développement des exploitations minières, aides qui pourraient
permettre
de maintenir la productivité malgré une chute
de la demande et éviter l'arrêt de certains sites.
Hypothèse 3 : L'opinion
publique est contre l'ouverture de nouvelles exploitations minières et
pourrait entraver la mise en activité des projets miniers.
Résultat : Comme nous avons pu le voir à
travers le résultat du questionnaire, 36.8 % des répondants
pensent qu'il faudrait changer de stratégie de transition
écologique et abandonner la voiture électrique. Plus de la
moitié ne souhaite pas voir de projets miniers s'ouvrir en France et 56
% se disent prêts à mener des actions pour bloquer ces
exploitations. L'impact environnemental des projets miniers est bien
conscientisé par la population et des cas de projets abandonnés
dûs à une opinion publique défavorable ont
été constatés comme en Serbie avec le projet Rio Tinto.
L'hypothèse peut ainsi être validée comme un risque
important d'entrave à l'expansion du secteur minier par les populations
locales qui se sensibilisent de plus en plus aux enjeux écologiques.
Limites : Ce questionnaire n'a touché que 57
personnes, issus de groupes de pairs communs avec potentiellement les
mêmes opinions, et ne peut constituer un échantillonnage assez
important pour être représentatif de la population
française. Aussi, se dire «prêt à mener des actions
pour empêcher l'ouverture de mine» et agir de la sorte sont deux
faits bien distincts et l'intention d'agir n'amène pas toujours
l'action. Une étude approfondie devrait être menée
auprès d'un échantillon plus représentatif mais aussi
auprès des associations écologiques pour identifier les risques
réels d'une opinion publique défavorable à l'encontre d'un
projet minier peuvent entraîner.