Les projets miniers sont très encadrés et
strictement surveillés dûs à leurs impacts importants sur
l'environnement et les communautés locales. Il est maintenant
obligatoire dans un grand nombre de pays pour les exploitants miniers de faire
des études d'impacts sur le déploiement des exploitations. Ils
sont ainsi contraints par une réglementation environnementale forte mais
aussi par l'approbation des communautés locales qui peuvent, dans des
manifestations parfois violentes, freiner voire arrêter les projets en
développement.
Les normes environnementales et leur impact sur l'extraction
et le traitement des minerais.
Les mines «propres» n'existent pas. C'est un fait
et ce que l'on peut entendre dans une mine «durable» est l'engagement
par les gestionnaires de sites de réduire au maximum leur impact, par le
management des déchets ou une gestion responsable des ressources, et
d'essayer de remettre le site d'exploitation dans des conditions optimales
après la fermeture. Cependant, ces démarches n'ont que trop
rarement été à l'initiative des exploitants miniers. Il
aura fallu attendre des régulations et des normes environnementales pour
encadrer cette activité et éviter les dérives. D'un point
de vue écologique, ces législations sont un atout
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majeur incontestable pour la préservation des lieux.
Cependant, l'adoption de régulations environnementales plus strictes
peut rendre l'extraction très coûteuse (gestion des eaux
usées, des déchets miniers, réhabilitation du site etc),
voire impossible dans certaines régions. Un exemple parlant au Chili
fût l'arrêt complet du projet de mine d'or de Pascua Lima, conduite
par l'entreprise canadienne Barrick Gold. Le tribunal de l'environnement
Chilien a légiféré pour la fermeture définitive du
site et 9 millions d'euros d'amende suite à la violation de 33 normes
environnementales dont le versement d'eaux toxiques114.
Il va s'en dire que les mines de lithium ne sont pas non plus
des mines «propres» et de nombreux constat alarmant sur la
dégradation de l'environnement peuvent être fait. Le bassin
d'Atacama au Chili est, par exemple, en proie à de fortes tensions.
Étant l'une des plus grandes réserves mondiales de lithium, le
désert d'Atacama abrite aussi une zone naturelle de plus de 6 000
hectares protégés riche d'une grande biodiversité et
animée de nombreuses espèces végétales et
animales115. Mais une consommation en eau excessive des mines de
lithium alentours a eu des répercussions sur l'écosystème
local ainsi que sur les communautés avoisinantes qui ont vu des
pénuries d'eau s'installer116. Les salars chiliens, comme
partout dans le monde, ne sont donc pas à l'abri de voir leurs
extractions être interrompues au vu des causalités
négatives qui peuvent découler de leurs activités.
De plus en plus de constructeurs, dans un souci de RSE (
responsabilité sociétale des entreprises ) et pour diminuer les
risques ESG (économique, sociale et gouvernance) dûes aux
études dont le bilan carbone, cherchent à sourcer la provenance
des matières premières. L'Union Européenne, dans cette
ligne directrice de recherche d'une chaîne d'approvisionnement plus
verte, a voté, à travers le Green Deal, une nouvelle
régulation visant cette industrie et qui impose alors des normes
environnementales plus strictes pour l'extraction des minerais utilisés
dans les batteries117. Ainsi, dès 2024 et progressivement,
l'empreinte carbone des batteries, et donc l'origine de leurs matières
premières, devra être renseignée, ce qui va obliger les
exploitants à fortement travailler sur les procédés
d'extractions. Sans changement, certaines exploitations pourraient voir leurs
demandes baissées et ainsi remettre en cause leur rentabilité.
114 Chili: abandon du plus grand projet de mine d'or au monde
- Geo.fr
115 Réserve de conservation Explora Puritama dans le
désert d'Atacama
116 Facing water stress: Chile's lithium industry under
scrutiny in Atacama Desert - EURACTIV - 2023
117 EU agrees new law on more sustainable and circular
batteries (
europa.eu)
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L'acceptation sociale de l'exploitation minière et des
projets d'extraction.
Comme mentionné précédemment, la phase
d'examen précédent l'ouverture d'une mine a pour but, d'une part,
d'obtenir les permis d'exploitation, mais aussi de rendre publique l'ouverture
potentielle de la mine aux collectivités et communautés locales.
Cela peut entraîner de fortes oppositions de la population, sensible aux
enjeux environnementaux. Pour comprendre au mieux si les revendications
environnementales constituent un réel facteur de risque ou s' il s'agit
simplement d'action isolée, j'ai mené mon étude
quantitative à ce sujet. Cette enquête, faite auprès de mon
entourage et de mes groupes de pairs, a principalement touché des
personnes de 18 à 35 ans, dont 31,6% d'étudiants, 31,6%
d'employés et 26 % de cadres.
A la question : «Êtes vous prêt à
changer votre voiture thermique pour une voiture électrique ?» ,
près de la moitié indique ne pas avoir de voiture et 33% ne
souhaite pas passer à la voiture électrique. Les raisons
indiquées de ce non consentement sont en majorité dû au
coût de la voiture électrique mais aussi à la pollution
issue du processus de fabrication. A la question : «Quelle serait, selon
vous, la stratégie la plus adéquate pour
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éviter des risques de pénuries ?», plus de
36 % indiquent qu'il faudrait changer de stratégie de transition
écologique et abandonner la voiture électrique.
Cette réponse est extrêmement intéressante
car elle démontre que les politiques de transition écologique ne
pourront pas justifier l'ouverture de nouveaux projets miniers car elles sont,
pour ces répondants, dans leurs essences de mauvaises stratégies.
A la question : «Seriez-vous d'accord à l'ouverture de plusieurs
projets miniers en France, potentiellement proche de chez vous ? ( En prenant
en compte les normes environnementales strictes qui sont appliquées en
France )», plus de la moitié ne souhaite pas voir des projets
miniers se développer en France. Cependant, 36,8 % concèdent que,
si le projet minier n'impacte pas directement l'environnement, comme une
réserve naturelle, il pourrait être concevable de voir une
exploitation se créer. La question la plus intéressante est la
suivante : «Si non, seriez-vous prêt à manifester et à
intenter des actions pour empêcher l'ouverture de ces mines ? « A
cette question, 56,1% des répondants répondent oui.
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On constate donc qu'un pan de la population n'est pas du tout
en faveur de l'ouverture de nouvelles mines. Plus encore, certains sont
prêts à empêcher le projet d'aboutir. Il existe donc de
réels risques que, suite à des manifestations et la pression de
l'opinion publique, des exploitations ferment, à l'image du projet Rio
Tinto. Projet géant de mine de lithium en Serbie, la compagnie
minière s'est vu confrontée au parti écologiste ainsi
qu'à un soulèvement de la population. Le premier ministre serbe
décida alors d'officialiser l'abandon du projet Rio Tinto118,
renforçant ainsi l'idée qu'une acceptation sociale du
développement minier est obligatoire car le risque de blocage de la part
des communautés locales est fort et présent en ces temps
où la population est très sensible aux enjeux
écologiques.
Risques environnementaux pouvant impacter la production:
Le changement climatique entraîne l'apparition de plus
en plus fréquente de phénomènes
météorologiques extrêmes. Sécheresse, inondation,
tempêtes, élévation du niveau de la mer, érosion des
sols119 ... tous ces phénomènes peuvent avoir des
conséquences catastrophiques sur l'extraction minière. Les
sécheresses qui s'installent dans le désert d'Atacama ont certes
des impacts sur les communautés locales et la biodiversité, mais
elles réduisent aussi la disponibilité en eau pour les
exploitations minières. Les opérations d'extractions du lithium
dans les salars nécessitent d'importantes quantités d'eau pour
séparer le lithium des sels résiduels. Couper l'arrivée
d'eau et c'est tout le processus qui, en partie, entraîne une
interruption des opérations.
Comme le démontrent les prévisions du World
Resources Institute, le Chili, le Pérou, les Etats-Unis, l'Australie et
la Chine sont particulièrement impactés par ces potentielles
pénuries. Or, c'est aux Etats-Unis, au Chili et en Australie que l'on
retrouve les plus grands salars. Une véritable guerre de l'eau pourrait
se jouer dans ces régions et remettre en cause le bien fondé de
ces exploitations qui prélèvent au détriment du bien
être des populations. Bien que l'extraction du lithium depuis des roches
dures nécessitent aussi de l'eau, les quantités sont moindres.
Cependant, les mines sont enclines à d'autres risques, notamment les
inondations. Des précipitations accrues et intenses sur des courtes
durées peuvent en effet endommager les infrastructures et perturber les
opérations jusqu'à aller, dans certains cas, à provoquer
la libération de produits chimiques dangereux ou la rupture de digue
de
118La Serbie renonce à
l'exploitation d'une mine de lithium par le géant australien Rio Tinto |
Euronews 119 Conséquences du changement climatique - Europa.eu
60
rétention, qui sont des barrages de résidus
miniers120 issu de la valorisation et le nettoyage des extractions.
Bien que les mines de lithium, comme mentionné dans le rapport de WWF
«Water Risk Filter Research Series AN ANALYSIS OF WATER RISK IN THE MINING
SECTOR», ne sont pas les plus à risque face aux inondations,
certaines régions, tels que le Pérou ou l'Asie du Sud-Est,
restent cependant susceptibles d'être l'objet d'interruptions
d'opérations liées à des pluies accrues ou des fleuves en
sortie de lit121.
120 Ruptures de barrages de résidus miniers: retour
d'expérience et évaluation du phénomène |
Ineris
121 Water Risk Filter Research Series AN ANALYSIS OF WATER RISK
IN THE MINING SECTOR -
WWF - 2020