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Traitement de l'information politique dans un médias de service public. Cas du quotidien "la nation".


par SàƒÂªmàƒÂ¨vo O. Bonaventure AGBON
Université d'Abomey-Calavi (Bénin) - Licence professionnelle en sciences de l'information et de la communication,option Journalisme 2017
  

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SECTION 2 : ENVIRONNEMENT DE « LA NATION » ET SUGGESTIONS

Cette section présente les facteurs justifiant la rareté des analyses, critiques, enquêtes et d'investigations politiques dans « La Nation » (paragraphe 1) et les propositions de solutions aux problèmes identifiés (paragraphe 2)

PARAGRAPHE 1. FACTEURS INTERNES ET EXTERNES

Des investigations faites, plusieurs raisons sont notées et peuvent être classées en deux catégories : les facteurs internes et les facteurs externes.

1- Les facteurs internes

Il s'agit des causes imputables à l'organe ou aux journalistes eux-mêmes.

? Des contraintes liées au statut. Pour Guy C. Ehoumi, c'est au nom de son statut que « La Nation » ne peut traiter les informations comme le fait la presse privée. Selon lui, le

46GUEDENON, http://www.lanouvelletribune.info/benin/culture/1738-rapport-l-les-medias-a-lere-du-

changement-r , 10 mai1 2016, 18h 38

Mémoire soutenu par Sêmèvo O. Bonaventure AGBON / ENSTIC-UAC

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Traitement de l'information politique dans un média de service public : cas du quotidien La Nation

public est habitué au sensationnel, ce qu'il attend aussi de voir dans « La Nation ». Désiré Gbodougbé, Sg Syntra-Onip (Syndicat des travailleurs de l'Onip) partage presque cette idée car dit-il, les informations qui paraîssent dans « La Nation » « ont un caractère officiel ». Raison pour laquelle le quotidien doit faire preuve de beaucoup de retenue, de responsabilité. Ainsi, on trouve que « La Nation » fait un « traitement parcimonieux », estime Ehoumi. Il justifie que « La Nation », pendant que les autres médias se jettent sur tout et s'agittent, doit bien murir sa plume et rechercher ce qui est d'intérêt public en tout. Alors, si un sujet qui fait du bruit ne sert le citoyen en rien, « La Nation » n'y attachera point d'attention. « S'il y a des propos ou sujets qui vont entrainer des troubles/problèmes, nous laissons. Nous ne publions que les informations qui sauvegardent la paix, éduquent ou sensibilisent le public », confirme Bruno Sewadé, Red/Chef. Nonobstant ces avis, l'on est bien en droit de se demander si d'autres raisons ne justifient pas le fait. Car, on sait avec les archives, qu'il y eut abondamment d'articles « engagés » dans « La Nation » dès 1990, ce qui s'est élargie jusqu'en 2008. Le journal exerça effectivement le droit de surveiller le pouvoir à travers des éditoriaux, critiques, commentaires et analyses poignants. Mais au fil du temps, des rubriques que les lecteurs affectionnent tant ont presque disparu. C'est à juste titre que le conseiller Aguè souhaite qu'il y « ait des rubriques sur les questions sensibles, délicates et contradictoires ». Aussi, il faut souligner que la ligne éditoriale de « La Nation » ne lui interdit pas de pratiquer les genres journalistiques sus-détaillés, car elle a pour mission de refléter tous les courants de pensée et de rendre service à toutes les composantes du pays.

? Manque d'audace/d'initiatives. Tout en reconnaissant aussi la pertinence démocratique des analyses, investigations et critiques, les mêmes journalistes, avec sincérité, ont révélé à travers les questionnaires à eux distribués qu'il y a de plus en plus un manque d'initiative, d'audace à cause de la crainte de menaces, censure et d'affectations arbitraires. C'est ce que Nouwligbèto appelle « autocensure ». Célestine Zannou voit juste lorsqu'elle souhaitait : « Vivement donc que l'audace l'emporte sur la réserve calculée ... afin que les journalistes de qualité dont regorge l'organe... osent quelque peu ! Dénoncer par exemple les atteintes, ... à l'unité nationale d'où qu'elles viennent, fait partie de nos attentes légitimes. »

M. Gnassounou, Secrétaire de Rédaction, même s'il reconnaît que les journalistes de « La Nation » « ne veulent pas se jeter à l'eau » (parlant de papiers d'analyses, d'investigations, etc.), mentionne tout de même que s'ils le font, on va leur reprocher de « n'avoir pas mis des gants ». Pour B. Sewadé, le manque d'initiatives est plus fondamental. Il annonce que « les réformes évoluent et bientôt, il sera fait obligation aux journalistes de publier des analyses et surtout des enquêtes dans une intervalle temporelle donnée ». Car, « il y a des moyens pour

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financer les enqêtes. Il suffit que les journalistes proposent des sujets pertinents et l'Office va mettre les ressources à leur disposition. Mais, ils ne prennent pas des initiatives ». Selon lui, contrairement aux médias privés, « La Nation » devrait initier des enquêtes qui aboutissent. Et il regrette que tel ne soit pas le cas. « Les enquêtes demandent patience et persévérance. Malheureusement, dès que quelqu'un bute sur un obstacle, il abandonne ».

Viellissement. L'autre cause, c'est aussi le vieillisement qui génère le manque d'initiatives. C'est ce qu'on peut déduire des propos d'un journaliste dont nous taisons le nom (qui fait déjà plus de 20 ans de service) :

Nous faisions ces genres dans le passé. Maintenant nous n'en faisons plus. Rien ne nous empêche d'ailleurs de faire des critiques, commentaires de l'action politique, de mener des investigations. Je me souviens avoir dénoncé un ministre grâce à mes enquêtes. C'est nous-même qui n'en faisons plus. Sinon c'est le même Code de déontologie appliqué aux médias privés que nous observons aussi.

La majorité des journalistes des années 1990 est déjà admise à la retraite. Ceux-là qui ont subi les affres du PRPB et qui ont trouvé leur épanouissement dès le Renouveau Démocratique. A juste titre, Nouwligbèto identifie deux périodes de traitement. La dernière remonterait autour des années 2000 avec « l'arrivée de jeunes journalistes venus des écoles avec fougue, qui ont rompu avec la manière traditionnelle de traiter pour plaire. C'est vrai que cette rupture a susicté des réactions certes mais le journaliste analyste, enquêteur est plus craint et plus respecté». Il faut signaler que sur les 06 journalistes enquêtés, la moitié a plus de 20 ans de service, donc proche de la retraite. Certains sont encore en activité grâce à la Convention collective.

? « La Nation Magazine » C'est un magazine trimestriel initié depuis 2014 dont le 10è numéro (septembre-octobre- novembre 2016) traite notamment des réformes en perspectives pour réhabiliter l'Education Nationale en décrépitude. Il a le privilège de receler quelques réflexions mieux nourries sur des sujets politiques. On peut retenir les titres : « En attendant la bataille du 28 février 2016 : Grandes manoeuvres en coulisses » (n°07) ; « Après les législatives du 26 avril : Vers une cohabitation pacifique ou agitée ? » (n°05) ; et « Emploi des jeunes : Un serpent de mer en dépit des efforts » (n°02). C'est à cette dernière parution qu'on doit l'analyse intitulée : « L'hypothèse d'un 3è mandat présidentiel : Tentations, tractations et...désilusions ? » de Houngbédji. L'article donne à lire les risques liés au 3è mandat présidentiel qui a agité l'actualité en 2014, parce qu'on redoutait qu'il soit une ruse pour le régime du Changement de se maintenir au pouvoir. On peut également retenir la critique titrée « La 7è législature : entre allégeance et hypocrisie » du n°010 (par G. Afangbédji). Elle

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dénonce les députés surtout FCBE qui refusent d'assumer le rôle d'Opposition pour servir de contre-pouvoir au président Patrice Talon.

Cet exposé montre que quelques analyses, critiques ou commentaires sur les sujets politiques sont détournées vers ce magazine. Le journal « La Nation » semble se consacrer désormais aux comptes rendus des meetings, audiences, ateliers, sessions parlementaires, etc. qui assaillent la rédaction quotidiennement. C'est peut-être pourquoi « La Nation Magazine » est offert gratuitement aux abonnés du quotidien « La Nation ». Que retenir des facteurs exogènes ?

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