Memoire Online - Jeu et enjeux des acteurs autour du développement du tourisme à Grand-Popo.

La commune de Grand-Popo est située au sud Bénin, juste après Ouidah qui constitue un pôle touristique important. La détermination du flux touristique dans cette commune reste difficile du fait de la non maîtrise des arrivées et départs de touristes par les autorités locales. Les nuitées recensées sont celles déposées par les structures d'hébergement au niveau de la police. L'arrivée d'une Office de Tourisme n'a pas changé grand-chose à cet état de chose.

Cette inexistence des chiffres sur la fréquentation touristique de la commune empêche de définir de manière formelle la saison touristique. Néanmoins, les enquêtes de terrain auprès des habitants donnent un indicatif de cette saison (voir Figure 08).

Figure 08 : Les mois où on observe l'arrivée de touristes Source : Données de terrain, 2015

Comme le présente la figure 08, ce sont les mois d'août (58%), septembre (32%) et juillet (30%) qui sont les plus cités. Les mois les moins cités sont les mois de Janvier (7%), Février (7%), Mars (3%), Avril (3%) et Juin (3%). Les mois d'Octobre (13%), Novembre (16%) et Décembre (16%) sont moyennement touristique. Le mois de Mai n'a pas du tout été cité. On peut conclure à l'observation de cette figure que la saison touristique à Grand-Popo s'étale de juillet à décembre.

Les potentialités pouvant servir de base pour la promotion de la ville n'étant pas connue, elles ont été évaluées par la connaissance et l'appréciation que les populations en ont. La figure 09, présente les potentialités que les populations de Grand-Popo considèrent comme touristique.

Figure 09 : Potentialités pouvant être classés comme touristique Source : Données de terrain, 2015

La figure 09 présente les attraits les plus cités que sont la fête de Nonvitcha (90%), la Bouche du Roy (77%) et la fête de 10 Janvier (65%). Les moins cités sont les Maisons coloniales (10%) et le site de Tokpa-Aïzo (16%). Selon les guides touristiques, Tokpa-Aïzo est moins cité que Hèvè parce qu'il a été mis en tourisme il n'y a pas très longtemps pour montrer aux touristes la manière dont se prépare l'huile rouge. Cet attrait n'a été d'ailleurs mentionné que par les guides touristiques de la commune. On note aussi un pourcentage de non réponse qui s'élève à 10% des personnes enquêtés.

Afin de mieux analyser ces données, elles ont été catégorisées selon leur nature. Cette catégorisation est illustrée sur la figure suivante.

Figure 10 : Catégorisation des attraits cités comme touristiques Source : Données de terrain, 2015

Cette figure illustre les catégorisations effectuées à partir des attraits que les populations citent comme touristiques. La catégorie la plus citée est celle des attraits naturels (87,10%). Cette catégorie est constituée des sites naturels (Bouche du Roy, Plages, etc.), de la faune (Tortue, singes, etc.) et de la flore (Mangroves) citée. La catégorie des attraits culturels et historiques regroupe les festivités (Nonvitcha, 10 Janvier, Yêkê-Yêkê, etc.), les pratiques culturelles (manière de pêcher, de faire du sel, de l'huile rouge, le vodun, etc.) et les sites historiques (Kposu et Gahu).

La catégorie des attraits architecturaux où sont regroupés les monuments anciens (maisons coloniales) ne représente que 12,90% des attraits cités comme touristique.

La catégorie la moins citée est la catégorie "Autres" (9,68%). Les citations regroupées dans cette catégorie sont les structures hôtelières et des bâtiments de coopération (les hôtels, la villa karo, le centre Mont-Géron, etc.)

Tout ceci permet de dire que la base de la promotion touristique à Grand-Popo est naturelle et culturelle. Néanmoins, l'état de certains de ces sites naturels laisse à désirer par endroits.

L'aspect présenté par l'attrait le plus cité comme potentialité touristique est montré par la planche 01.

Planche 01 : Aménagements sur la Bouche du Roy Source : Données de terrain, 2015

Comme le présente la planche 01, l'embouchure ne comporte que deux aménagements : un bâtiment de la base navale (photo a) et un apatam (photo b) sous lequel s'abrite les touristes et leur guide. La pluie empêche d'y rester. Aussi, l'espace est couvert par beaucoup d'herbes et sa bordure est par endroits couvert de déchets. (Planche 02)

Planche 02 : Etat de la bouche du Roy Source : Données de terrain, 2015

Comme le présente la planche 02, on observe par endroits des amoncellements d'ordures (photo a). La photo b est celle d'un cocotier victime des assauts des vagues.

Mais ce n'est pas le seul site en souffrance à Grand-Popo, la plage n'est pas mieux lotie (Voir planche ci-dessous).

Planche 03 : Pollution des plages à Grand-Popo Source : Données de terrain, 2015

Comme l'indique la planche 03, la plage de Grand-Popo ressemble par endroits à une savane, si ce n'est pas un dépotoir d'ordures. Ce ne sont pas les seules actions anthropiques modifiant la plage (voir Planche 04).

Planche 04 : Etat de la plage par endroits à Grand-Popo Source : Données de terrain, 2015

Comme l'indique la planche 04, les femmes y font leurs nattes ce qui a rendu la plage très insalubre. La photo c montre les ravages de l'érosion côtière qui a ramené la plage juste à côté de la route et juste derrière se trouve le fleuve. Cette photo ne l'illustre pas bien mais la proximité du fleuve Mono et de la mer est très réduite par endroits à peine 30 à 50 m. Les

plages les plus propres sont ceux des structures d'accueil des touristes, de coopération et celle de la base navale de Grand-Popo.

Aussi, le comblement du fleuve est très avancé par endroits. La planche 05, montre le fleuve juste quand on quitte l'auberge de Grand-Popo et qu'on s'en va en direction de la place du 10 Janvier.

Planche 05 : Comblement du fleuve Mono Source : Données de terrain, 2015

Comme le présente la planche 05, il est difficile de deviner que le lit du fleuve Mono est présent à cet endroit. Cet état de chose est le résultat de l'ensablement du fleuve. Quelques bâtiments coloniaux se situent non loin de cet endroit.

La vue de certains des bâtiments coloniaux indique pourquoi peu d'informateurs en font un attrait touristique. La planche 06 montre l'état de l'un de ces bâtiments.

Planche 06 : Etat de certains bâtiments coloniaux Source : Données de terrain, 2015

Comme le présente la planche 06, les bâtiments coloniaux sont en état de dégradation très avancée, pire que des éléphants blancs.

Au total, l'offre naturelle à Grand-Popo semble sujette à bon nombres d'insuffisances. Mais l'ingéniosité des guides touristiques permet toujours de le rendre attractif à travers la mise en tourisme. La planche 07 montre quelques éléments de mise en tourisme utilisée par les guides.

Planche 07 : Eléments naturels de mise en tourisme Source : Données de terrain, 2015

Comme l'indique la planche 07, la mise en tourisme à Grand-Popo, utilise aussi bien les animaux (photo a) que la flore (photo b). La mise en tourisme utilise aussi des résultats issus de l'action des hommes. (Planche 08)

Planche 08 : Eléments anthropiques de mise en tourisme à Grand-Popo Source : Données de terrain, 2015

Comme l'indique la planche 08, la photo a par exemple, est celle d'un épervier domestiqué et vieux de 25 ans et la photo b est celle d'un vieux pont métallique.

Au niveau des structures d'hébergement, la commune de Grand-Popo est celle qui possède le plus de réceptifs hôteliers dans le département du Mono. La figure 11, donne le nombre de réceptifs hôteliers existant dans le département du Mono.

Source : Données de terrain, 2015 ; figure réalisée à partir des données du RG2 (INSAE, 2010)

Comme le présente la figure 11, la répartition des réceptifs hôteliers est très inégale dans le département du Mono. La commune de Grand-Popo offre 33,33% des structures d'hébergements de ce département, suivi de la commune de Lokossa (30%). A eux deux, ces deux communes représentent 63,33% des réceptifs hôteliers.

Les prestations touristiques de la commune demeure faible. Grand-Popo est réputé pour ses potentialités touristiques mais les seules prestations marchandes de la commune sont les visites guidées proposés par des structures d'accueils ou des guides indépendants. La commune ne dispose pas de Musée à l'exception du petit Musée de la villa Karo. La Photo 01 montre le musée.

La photo 01 présente le Musée de la villa qu'elle envisage d'agrandir. Mais au niveau de la commune même, il n'existe pas de Musée.

En plus des visites guidées qui constituent les seules prestations marchandes de la ville, on note des festivités et animations qui donnent un certain attrait à la ville. On a deux festivités : le Yêkê-Yêkê et le Nonvitcha qui est la plus connu de ces festivités. Le nombre de visiteurs attiré par ces fêtes demeure tout aussi inconnu. En plus de ces deux festivités, on a la fête du 10 janvier.

Aussi, note-t-on la présence de beaucoup de galeries d'arts dans la commune. Les réponses des populations illustrent ce fait. Le nombre de galeries connues par ces derniers varient de 05 à 40.

L'information touristique à Grand-Popo est encore très faible, les touristes ne peuvent connaître la commune sans avoir recours à un guide. Il n'existe pas de cartes de la commune, ni de signalétique piétonne pour mieux indiquer la localisation des sites, commerces, hôtels, etc. Seuls certains guides affirment produire des brochures pour leurs touristes.

Pour résumer, le tourisme a Grand-Popo est encore en général un « tourisme informel » du fait de la non maîtrise des arrivées et départs de touristes par les autorités communales. Les offres touristiques disponibles à Grand-Popo sont résumées dans le tableau ci-dessous :

Attraits touristiques
Naturels	-une importante et splendide façade littorale (30 à 45 km de Docloboé à Hilla-Condji) ; -pollution réduite de l'air (du fait du caractère rural de la ville qui limite les sources de pollutions) ; -les paysages et landes de palmeraies, de baobabs et kapokiers de Dévikanmè, Tokpa-honhoué, Djanglanmè, Adjaha et Sazué, refuges des gros oiseaux d'Europe et des hippopotames. -la cité lacustre AVLO, royaume de mangrove et de joncs -faune très diversifiée constitués de rongeurs, de grandes tortues marines venant déposer leurs oeufs sur la plage de Grand-popo, de serpents et d'oiseaux caractéristiques des zones humides
Culturels	-les fêtes populaires de Nonvitcha, Yêkê-Yêkê, la fête du vodoun du 10 Janvier, -les couvents et manifestations de Zangbéto de Hêvê, de Hakoè ou de Houndjohoundji -la mystique cité Hêviosso Zogbédji -la cité des divinités : Hounsoukoé
Historiques	-les vestiges, les pierres rouges et les mystères enfouis dans le sable des allées témoins de Gbécon la vieille -l'espace historique de Kposu et de Gahou

Somme toute, l'état de l'offre touristique originelle à Grand-Popo laisse encore à désirer. Les attraits pouvant mieux être exploités dans cette commune sont les attraits naturels, culturels et historiques. L'état de tous les attraits touristiques de la commune laisse encore à désirer (surtout les attraits architecturaux) à l'exception des attraits culturels, principalement les festivités et animations.

On peut donc conclure que l'état de l'offre originelle de Grand-Popo est encore à améliorer surtout au niveau des attractions naturelles. Néanmoins, les guides pallient à ces insuffisances par l'ingéniosité dont ils font montre dans la mise en tourisme. Aussi, nos entretiens avec le maire, montrent-ils l'arrivée de la GIZ (depuis 2 ans) comme partenaire ce qui permettra selon lui le financement du tourisme et la réflexion pour la mise en place d'un circuit touristique entre les communes de Grand-Popo, Abomey et Ouidah qui permettra d'augmenter le flux de touristes.

Jeu et enjeux des acteurs autour du développement du tourisme à Grand-Popo.

2.2.2. Le tourisme à Grand-Popo