Conclusion
Il ressort de ce chapitre que les habitants de la ville de
Garoua font appel à de nombreuses sources d'approvisionnement pour
satisfaire leurs différents besoins en eau. La majorité des
ménages s'adresse aux « maïroua » pour leur alimentation
en eau de boisson. Ces derniers, non reconnus par la municipalité
vendent l'eau à des prix exorbitants aux ménages pauvres. Dans
cette condition, les populations à faible revenu achètent l'eau
plus chère que les nantis. Le fait pour les plus pauvres
d'accéder à l'eau potable à des prix très
onéreux constitue déjà l'une des difficultés
d'approvisionnement en eau potable observées dans la ville de Garoua. On
peut ainsi s'interroger sur la nature des autres difficultés
d'approvisionnement en eau potable dans la ville de Garoua.
CHAPITRE III : DIFFICULTES
D'APPROVISIONNEMENT EN EAU
POTABLE DANS LA VILLE DE
GAROUA
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Introduction
Dans les pays subsahariens, l'accès à l'eau
potable est l'un des problèmes les plus fréquents. Leocardie
(2009) affirmait que l'approvisionnement en eau potable fait partie des
difficultés quotidiennes de la plupart des ménages de Cotonou.
Ils utilisent malgré eux des eaux dont la qualité est
dégradée par diverses pollutions. Le Cameroun n'échappe
pas à cette situation. Dans la ville de Garoua, même si 23,2 % des
ménages enquêtés déclarent ne pas avoir des
difficultés d'approvisionnement en eau potable, il reste tout de
même 76,7 % qui ont
d'énormes difficultés. Ces dernières sont
dues à trois facteurs majeurs. D'abord, l'insuffisance des points
d'eau potable ; ensuite, les facteurs sociaux, enfin le facteur climatique.
Tous réunis, ces facteurs entravent considérablement
l'accès à l'eau potable dans la ville.
III.1 - DIFFICULTES LIEES A L'INSUFFISANCE EN NOMBRE
DES POINTS D'EAU POTABLE
III.1.1: cas de Yelwa et ses environs
L'insuffisance des points d'eau potable dans des espaces
fortement peuplés, amène les populations à parcourir de
grandes distances pour s'approvisionner en eau. D'après le PNDP (s.d) la
population de Yelwa, Foulbéré et Souari s'élèverait
à plus de 17 723 habitants pour un total de trois forages, soit environ
un forage pour 5 908 personnes. Or selon les recommandations faites lors de la
Décennie Internationale de l'Eau Potable et de l'Assainissement, toute
agglomération de moins de 2000 habitants doit être
équipée d'une mini adduction d'eau potable. Celle-ci
constituée d'un forage équipé d'un groupe motopompe
thermique ou solaire, un château d'eau et quatre bornes fontaines. Mais
Souari qui compte à lui seul 8 000 habitants, n'est pas
équipé de tels ouvrages. Dans de telles conditions, le rythme
d'utilisation des ouvrages existants va augmenter et entraîner une
série de problèmes surtout durant les périodes
sèches : tarissement des forages et pannes dues à la
sur-utilisation de l'ouvrage, disputes et bagarres à l'issue de longues
attentes. Les trois points d'eau potable de cette zone sont insuffisants pour
assurer l'accès facile des populations à la ressource. Les deux
ouvrages de Yelwa ne sont distants que de 200 mètres. Cette situation
contraint les ménages situés autour du point « A »,
à parcourir jusqu'à 871 mètres (distance à vol
d'oiseau) pour atteindre le forage de Souari et plus d'un kilomètre pour
rejoindre ceux de Yelwa. Un trajet pénible que les femmes et les enfants
doivent parcourir chaque jour et souvent plusieurs fois par jour pour avoir
accès à l'eau de qualité.
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Figure 12: Nombre de forages
à Yelwa et ses environs
Pourtant, l'OMS affirme qu'un individu a accès à
l'eau potable s'il se trouve à moins de 200 mètres du point d'eau
potable le plus proche. Il va s'en suivre une multiplication du nombre de puits
privés (comme l'illustre la figure 10) mal construits et mal entretenus,
produisant des eaux de qualité médiocre. De plus, l'absence des
puits communautaires va accroître l'usage de telles eaux, qui affecte
gravement la santé des populations. La situation s'aggrave dans un
quartier comme Poumpouré qui ne possède aucun forage.
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