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Problématique d'approvisionnement en eau potable dans la ville de Garoua (nord-Cameroun).


par Romain ALEX TEJIOBOU
Université de Yaoundé I ( Cameroun) - Master II en géographie 2019
  

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I.4 : LES USAGES DE L'EAU

Les usages domestiques de l'eau sont les plus vitaux pour l'Homme. On estime qu'ils représentent 10 % de la consommation mondiale de l'eau. Outre de la boire, les Hommes l'utilisent dans leur vie quotidienne pour leur hygiène et leur tâche ménagère : cuisson, nettoyage, rinçage, ou arrosage. En zone semi-aride à l'instar de Garoua, la consommation domestique de l'eau est réduite pour des raisons de disponibilité. Elle n'est pas facilement accessible ; il faut parcourir de grandes distances pour la chercher au forage, à la borne fontaine ou au puits (communautaire). De plus, les conditions climatiques obligent les populations à se désaltérer de façon régulière. Ce serait dans le but d'éviter les risques de déshydratation que les domiciles et les rues sont pourvus de canaris contenant de l'eau de boisson.

Au plan agricole, l'agriculture sans apport d'eau autre que celui des précipitations est très contraignante surtout dans les zones où le régime de précipitation est très contrasté. L'irrigation y est utilisée pour éviter des limites au niveau du choix des cultures. Cette pratique représente 70% de la consommation mondiale de l'eau. A Garoua, la culture d'oignon de saison sèche très répandue nécessite de grands apports d'eau par irrigation.

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Source: Enquête de terrain, Janvier 2017

Photo 17 : Culture d'oignon en saison sèche

D'après le journal Le Monde (2017), il faut environ 1500 litres d'eau pour produire 1kg de boeuf. L'élevage est ainsi un grand consommateur d'eau. Garoua étant une importante zone d'élevage bovin, d'énormes quantités d'eau sont utilisées à cette fin. L'alimentation du bétail nécessitant un approvisionnement abondant en eau. Avec cette pression supplémentaire, l'accès à l'eau devient concurrent.

L'usage de l'eau à des fins industrielles représente 20 % de la consommation mondiale en eau. Dans la ville de Garoua on note la présence des brasseries, des boulangeries, des hôtels qui y sont de grands consommateurs d'eau. Dans les quartiers enquêtés, les eaux sont principalement utilisées à des fins domestiques et d'élevage.

60

Tableau 15 : Les usages de l'eau à Garoua

Origine de l'eau

Usages

Eau de surface : Bénoué, mayo...

- Baignade, consommation

- Nettoyage d'aliment : viande, poisson

- Abreuvoir : boeufs, moutons

- Irrigation des cultures

- Fabrique des parpaings et brique de terre

Eau souterraine : forages, puits

- Consommation domestique : toilette

corporelle, boisson, linge, vaisselle,

- Consommation industrielle : brasserie,
boulangerie, restauration, hôtels.

Source : Enquête de terrain, Novembre 2016

Il faut noter que les eaux des mayos sont bues par les populations au cours de la saison sèche, suite à l'assèchement des puits et certains forages

Tableau 16 : Diversification des sources d'approvisionnement dans les quartiers enquêtés

Quartier

Poumpouré

Laindé

Liddiré

Yelwa

Effec- tif

Pour-
centage

Effec-
tif

Pour-
centage

Effec-
tif

Pour-
centage

Effec
tif

Pour-
centage

CDE

1

6,25 %

6

15 %

8

24,2 %

3

9,4 %

BF

6

37,5 %

3

7,5 %

2

6,1 %

9

28,1 %

Maïroua

9

56,25%

21

52,5 %

15

45,5 %

11

34,3 %

Forage

0

0 %

9

22,5 %

8

24,2 %

9

28,2 %

Puits

0

0 %

1

2,5 %

0

0 %

0

0 %

Total

16

100 %

40

100 %

33

100 %

32

100 %

Source: enquête de terrain, 2016

Le tableau 16 présente la diversité des sources d'approvisionnement en eau et par là même vérifie l'hypothèse 1 formulée à l'introduction générale. En fin de compte, on constate que dans tous les quartiers enquêtés, la majorité des ménages, pour la plupart constitués de pauvres, s'approvisionnent en eau potable principalement chez les vendeurs d'eau. Or, en

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s'intéressant aux calculs, on constate que ces derniers payent l'eau potable jusqu'à six (06) fois plus chère que ceux ayant un abonnement à la CAMWATER ou s'approvisionnant aux forages, ou aux puits. Les enquêtes de terrain révèlent que ceux disposant d'un compteur CAMWATER dépensent en moyenne 3000 FCFA par mois pour l'eau potable en raison de 293 FCFA le m3. Ce qui correspond pour ce coût à 10 239 litres. Cette quantité est l'équivalent de 409 bidons de 25 litres qui coutent 20 450 FCFA aux populations pauvres s'approvisionnant chez les vendeurs d'eau (un coût qui n'inclut pas les périodes de surenchère). On aboutit ainsi à une situation où l'absence et/ou l'insuffisance des forages, contraint les ménages pauvres à payer l'eau de boisson plus chère que les plus nantis. De plus, cela oblige les plus pauvres à consommer l'eau insalubre issue des sources douteuses.

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