I.4 : LES USAGES DE L'EAU
Les usages domestiques de l'eau sont les plus vitaux pour
l'Homme. On estime qu'ils représentent 10 % de la consommation mondiale
de l'eau. Outre de la boire, les Hommes l'utilisent dans leur vie quotidienne
pour leur hygiène et leur tâche ménagère : cuisson,
nettoyage, rinçage, ou arrosage. En zone semi-aride à l'instar de
Garoua, la consommation domestique de l'eau est réduite pour des raisons
de disponibilité. Elle n'est pas facilement accessible ; il faut
parcourir de grandes distances pour la chercher au forage, à la borne
fontaine ou au puits (communautaire). De plus, les conditions climatiques
obligent les populations à se désaltérer de façon
régulière. Ce serait dans le but d'éviter les risques de
déshydratation que les domiciles et les rues sont pourvus de canaris
contenant de l'eau de boisson.
Au plan agricole, l'agriculture sans apport d'eau autre que
celui des précipitations est très contraignante surtout dans les
zones où le régime de précipitation est très
contrasté. L'irrigation y est utilisée pour éviter des
limites au niveau du choix des cultures. Cette pratique représente 70%
de la consommation mondiale de l'eau. A Garoua, la culture d'oignon de saison
sèche très répandue nécessite de grands apports
d'eau par irrigation.
59
Source: Enquête de terrain, Janvier 2017
Photo 17 : Culture d'oignon en saison
sèche
D'après le journal Le Monde (2017), il faut environ
1500 litres d'eau pour produire 1kg de boeuf. L'élevage est ainsi un
grand consommateur d'eau. Garoua étant une importante zone
d'élevage bovin, d'énormes quantités d'eau sont
utilisées à cette fin. L'alimentation du bétail
nécessitant un approvisionnement abondant en eau. Avec cette pression
supplémentaire, l'accès à l'eau devient concurrent.
L'usage de l'eau à des fins industrielles
représente 20 % de la consommation mondiale en eau. Dans la ville de
Garoua on note la présence des brasseries, des boulangeries, des
hôtels qui y sont de grands consommateurs d'eau. Dans les quartiers
enquêtés, les eaux sont principalement utilisées à
des fins domestiques et d'élevage.
60
Tableau 15 : Les usages de l'eau à
Garoua
Origine de l'eau
|
Usages
|
Eau de surface : Bénoué, mayo...
|
- Baignade, consommation
- Nettoyage d'aliment : viande, poisson
- Abreuvoir : boeufs, moutons
- Irrigation des cultures
- Fabrique des parpaings et brique de terre
|
Eau souterraine : forages, puits
|
- Consommation domestique : toilette
corporelle, boisson, linge, vaisselle,
- Consommation industrielle : brasserie, boulangerie,
restauration, hôtels.
|
Source : Enquête de terrain, Novembre 2016
Il faut noter que les eaux des mayos sont bues par les
populations au cours de la saison sèche, suite à
l'assèchement des puits et certains forages
Tableau 16 : Diversification des sources
d'approvisionnement dans les quartiers enquêtés
Quartier
|
Poumpouré
|
Laindé
|
Liddiré
|
Yelwa
|
Effec- tif
|
Pour- centage
|
Effec- tif
|
Pour- centage
|
Effec- tif
|
Pour- centage
|
Effec tif
|
Pour- centage
|
CDE
|
1
|
6,25 %
|
6
|
15 %
|
8
|
24,2 %
|
3
|
9,4 %
|
BF
|
6
|
37,5 %
|
3
|
7,5 %
|
2
|
6,1 %
|
9
|
28,1 %
|
Maïroua
|
9
|
56,25%
|
21
|
52,5 %
|
15
|
45,5 %
|
11
|
34,3 %
|
Forage
|
0
|
0 %
|
9
|
22,5 %
|
8
|
24,2 %
|
9
|
28,2 %
|
Puits
|
0
|
0 %
|
1
|
2,5 %
|
0
|
0 %
|
0
|
0 %
|
Total
|
16
|
100 %
|
40
|
100 %
|
33
|
100 %
|
32
|
100 %
|
Source: enquête de terrain, 2016
Le tableau 16 présente la diversité des sources
d'approvisionnement en eau et par là même vérifie
l'hypothèse 1 formulée à l'introduction
générale. En fin de compte, on constate que dans tous les
quartiers enquêtés, la majorité des ménages, pour la
plupart constitués de pauvres, s'approvisionnent en eau potable
principalement chez les vendeurs d'eau. Or, en
61
s'intéressant aux calculs, on constate que ces derniers
payent l'eau potable jusqu'à six (06) fois plus chère que ceux
ayant un abonnement à la CAMWATER ou s'approvisionnant aux forages, ou
aux puits. Les enquêtes de terrain révèlent que ceux
disposant d'un compteur CAMWATER dépensent en moyenne 3000 FCFA par mois
pour l'eau potable en raison de 293 FCFA le m3. Ce qui correspond
pour ce coût à 10 239 litres. Cette quantité est
l'équivalent de 409 bidons de 25 litres qui coutent 20 450 FCFA aux
populations pauvres s'approvisionnant chez les vendeurs d'eau (un coût
qui n'inclut pas les périodes de surenchère). On aboutit ainsi
à une situation où l'absence et/ou l'insuffisance des forages,
contraint les ménages pauvres à payer l'eau de boisson plus
chère que les plus nantis. De plus, cela oblige les plus pauvres
à consommer l'eau insalubre issue des sources douteuses.
|