I.1.3 : population et économie de la ville de
Garoua
Principale ville du Grand Nord avec Maroua, la ville de Garoua
est majoritairement peuplée de musulmans, comme en témoigne le
nombre élevé de mosquées. on y rencontre principalement
des Peulhs, Fali, Haoussa, Laka, Bata, Sara, Moundang, Guidar, Mboum, Toupouri,
Bororo, Kanouri, NGambaye, Lélé ... En plus de ces ethnies, on
retrouve également des populations venues du Nigeria voisin, du Mali, du
Tchad, du Sénégal et du Niger. Les principales langues
parlées sont le Foulfouldé et le Haoussa. C'est aussi un
important centre économique qui concentre les deux tiers des industries
du grand Nord. D'après les données officielles et en tenant
compte des taux d'accroissement intercensitaires (1987-2005), la région
du Nord se place en 4e position des régions camerounaises
avec une population de 1 492 221 habitants (BUCREP, 2005) et un fort taux
d'accroissement de l'ordre de 4% (Strictement supérieure à la
moyenne nationale qui est de 2.3%). Avec une population sans cesse galopante,
l'indice de pauvreté est élevé et stagne autour de 40%. La
ville de Garoua n'échappe pas à cette situation de forte
croissance démographique (235 996 habitants en 2005) et de
pauvreté élevée; on y rencontre une situation de
précarité économique préoccupante, une
économie basée sur l'agriculture, principalement
vivrière.
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L'économie de la ville est largement dominée par
l'agriculture, l'élevage et la pêche, l'artisanat et le commerce.
Garoua regroupe l'essentiel du secteur tertiaire de la région du Nord,
avec les services liés à la commercialisation des produits
alimentaires et les services d'administrations publiques. L'agriculture et
l'élevage étant les activités grandes consommatrices
d'eau. Le principal acteur étatique au niveau de la Région est la
Délégation Régionale de l'Agriculture et du
Développement Rural. Elle dispose des structures d'appui sur le terrain
(postes de police sanitaire, centres de formation, ferme semencière).
Les opérateurs privés sont généralement de petits
producteurs souvent organisés en Groupement d'Initiative Commune. On
note également la présence de gros exploitants comme la SODECOTON
qui anime la vie économique et sociale à travers l'exploitation
et le traitement du coton, la principale culture de rente. Le barrage de
retenue d'eau de Lagdo et celui de Chidifi, le fleuve Bénoué et
ses affluents, permettent la pratique des cultures irriguées. Les
principales productions agricoles sont les céréales, les
tubercules, les légumes et les fruits : maïs, riz, sorgho, manioc,
patates, oignon, .... Le maraîchage et les vergers sont essentiellement
pratiqués au bord du fleuve de la Bénoué. Toutefois, cette
agriculture doit faire face à de nombreuses difficultés :
contraintes climatiques, insuffisance des parcelles culturales et des
structures d'encadrement, inondation des champs suite à la
déviation des mayo, de la Bénoué et les eaux de
ruissellement, dégradation des sols par endroits, manque des
équipements agricoles adéquats, faible organisation des
agriculteurs
Quand à l'élevage, la Région du Nord en
générale est une terre de prédilection pour les
activités pastorales. L'élevage est pratiqué sous deux
formes: la forme intensive qui se caractérise par l'utilisation des
clôtures autour des pâturages, des espaces cultivés à
côté des habitations et la forme extensive pratiquée par
les Bororos qui est leur principale occupation. En saison des pluies,
l'alimentation des animaux est facilement accessible avec la
disponibilité des herbes dans les pâturages le long du fleuve de
la Bénoué et aux pieds du Mont Tingueling, mais en saison
sèche il devient difficile de nourrir les animaux à cause de la
rareté des pâturages. Pour palier à cette situation,
certains éleveurs font le stockage de foin et achètent du
tourteau pour nourrir leurs animaux. Cette pratique n'est pas faite par tous
les éleveurs. Les Bororos en transhumance s'installent le long des mayos
à l'attente du retour des pluies. On distingue quatre catégories
d'éleveurs:
? Les éleveurs purs, qui sont des Peuhls Mbororo. Ils
pratiquent l'élevage en première activité et une forme
d'agriculture de subsistance comme activité d'accompagnement. Dans la
Région du Nord, la majorité du cheptel appartient à cette
catégorie d'éleveurs
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y' Les éleveurs-agriculteurs qui sont
généralement des paysans qui développent conjointement ces
deux activités mais davantage la préservation du cheptel ;
y' Les agro-éleveurs qui sont des paysans pratiquant
l'élevage comme activité secondaire. Ces types d'acteurs
concernent essentiellement les Foulbés, les Massa et les Toupouri ;
y' Les propriétaires d'élevage ayant d'autres
activités qui sont, pour la plupart, des commerçants et des
salariés du secteur public et privé.
La principale contrainte qui pèse sur la profession est
la concurrence autour des ressources disponibles entre les éleveurs, les
agriculteurs et les autres intervenants (braconniers/chasseurs, exploitation
des sites touristiques, les autorités en charge de la protection de la
nature). Le cheptel, très abondant, est composé des bovins, des
caprins, des ovins, des équins, des porcins, des asins et de la
volaille. D'une manière générale, les puits et les mares
constituent les principales sources d'abreuvement du bétail. Mais ils
restent encore très insuffisants en saison sèche. Ce qui justifie
le mouvement de transhumance constaté en cette période avec les
risques d'aggravation des conflits entre les différents
opérateurs qui exploitent l'espace.
S'agissant de la pêche, elle se pratique dans les
fleuves, les barrages de retenue d'eau et les lacs. Les opérateurs
privés sont des pêcheurs individuels et les femmes vendeuses de
poisson. La majorité des pêcheurs utilisent des embarcations
à pagaie et une faible proportion utilise les embarcations
motorisées. Ces pêcheurs sont des Camerounais en majorité,
mais on y rencontre aussi des Nigérians, des Maliens, des Tchadiens et
des Béninois conformément à la figure ci-dessous. On y
rencontre aussi des artisans. L'activité artisanale est basée sur
la poterie plus précisément la fabrication des canaris, des
foyers améliorés, de même que la fabrication des
chaussures, des sacs et des bracelets au niveau du marché central de
Garoua et dans les quartiers (Roumdé-Adjia, Liddiré, Takasko).
Les activités industrielles étant dominées par les
brasseries du Cameroun, SITRON S.A, les boulangeries, et sahel sprint,
CICAM...
L'activité commerciale concerne les échanges
entre le Nigéria et les marchés frontaliers (commerce
extérieur). Quand au commerce intérieur, les activités se
font dans les divers marchés locaux existants et d'autres banlieues. Ces
activités sont axées sur : le commerce général de
produits manufacturés et des prestations des biens et services, le
commerce de gros et petits ruminants ainsi que la volaille, le commerce des
denrées agricoles de tout genre. L'activité se déroule
à travers les échanges frontaliers, les marchés permanents
et les marchés périodiques
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