2. La traduction gouvernementale comme cadre
d'interprétation sectorielle de l'action de l'Etat camerounais
La constitution camerounaise désigne le gouvernement
comme le principal ouvrier des politiques publiques prescrites par le chef de
l'Etat65. C'est donc le cadre d'interprétation
gouvernementale de la vision du chef de l'Etat Camerounais. Celle-ci met en
exergue le développement des infrastructures des
télécommunications au coeur de l'industrialisation du pays d'une
part, et une condition essentielle du passage du Cameroun vers
l'économie numérique66. La réception
gouvernementale de la vision présidentielle conduira sur le plan des
télécommunications /TIC à l'élaboration d'un
« plan stratégique Cameroun Numérique 2020 ».
Ce document constituera la boussole du gouvernement dans le secteur des
télécommunications/TIC. L'objectif affichée dans ce
secteur est d' « accroitre l'accès qualitatif et quantitatif et
à moindre coût aux services de communications électroniques
sur l'ensemble du territoire national »67.
Si d'importants investissements ont été
observés dans le secteur des télécommunications/TIC
à travers la création du fond d'affectation spéciale des
télécommunications(FST)68, celui-ci connait
d'importantes insuffisances d'accès, de coût et de qualité
du réseau téléphonique que télématique
(internet).
En outre, l'irrigation de l'économie mondiale par la
production des biens et services immatérielles traduit une mutation
profonde de la place des technologies de l'information et de la communication
(TIC) dans la dynamique de croissance et la génération d'emplois.
Elle fonde une nouveau mode de production industriel fondée sur le
capital immatériel à savoir la
64 Ibidem
65 La constitution camerounaise de
1996 stipule dans son article 11 que « le gouvernement est
chargé de la mise en oeuvre de la politique de la nation telle que
définie par le président de la République ».
66 Cela s'est adressé lors du
discours du chef de l'Etat Paul Biya à la nation en 2015.
67 MINPOSTEL, plan stratégique
Cameroun numérique 2020, P7
68 Ce fond avait pour principal
objectif le financement du développement des
télécommunications afin de pallier aux insuffisances
observées notamment l'accès aux réseaux sur toute
l'étendue du territoire. Ce fond est prélevé dans le
capital des opérateurs concessionnaires (Orange, MTN, etc.). De 2002
à 2005, le montant de ce fond a subi des augmentations significatives
allant de deux (2) milliards près de quinze (15) milliards de francs CFA
selon un rapport publié en septembre 2009 par Sylvie SIYAM et al
intitulé Reformes des télécommunications. Cas du
Cameroun.
Présenté par ANDZENE Bernard Page
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L'Action Publique de l'Etat dans le secteur des
Télécommunications /TIC de 2009 à 2019 au
Cameroun
créativité, le savoir, l'intelligence et
l'expertise. Ainsi, la performance économique d'une entreprise ou d'une
nation se mesure par la capacité à offrir des services
après-vente en complément des biens informatiques capable de
répondre aux besoins des populations.
Ayant pris la pleine mesure de l'importance du
numérique dans le processus d'industrialisation du Cameroun, le
gouvernement va inscrire le développement des infrastructures de
télécommunications comme une priorité des politiques
publiques durant la période 2009-2019. A cet effet, il va se doter de
plusieurs organismes dont chacun dispose d'une mission spécifique. Il
s'agit de l'Agence de Régulation des Télécommunications
(ART,1998) en charge de la régulation et de l'exploitation des services
de TICs , la Cameroon
Telecommunications (CAMTEL,1998) en charge d'assurer
l'étude, l'installation, l'exploitation et l'entretien de tout
système nécessaire à la fourniture des services de
télécommunications sur l'ensemble du territoire national, ainsi
qu'à la connexion des réseaux locaux ou nationaux aux
réseaux étrangers et l'Agence Nationale des Technologies de
l'Information et de la Communication (ANTIC, 2002) dont la principale mission
est la promotion et de la vulgarisation des TICs. Ces derniers devront
contribuer de manière synergique à la mise en oeuvre des projets
à court terme permettant le développement et la modernisation des
infrastructures de télécommunications dans le but d'atteindre
l'émergence numérique à l'an 2035.
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