1.2.3. Les actions de la banque face à
l'asymétrie d'information
Selon Lobez et Vilanova, 2006, p.126, « la banque n'est
pas passive face aux problèmes informationnels posés par les
emprunteurs ». C'est ainsi, les contrats bancaires peuvent constituer un
moyen efficace pouvant permettre de résoudre les problèmes
d'asymétrie d'information. En étant active, la banque parvient
à une mobilisation des outils qui incitent les différentes
entreprises au respect de termes de contrats de crédit initial. Dans
cette optique, la banque met en place de contrats séparants, incitatifs
qui sont caractérisés par les clauses contractuelles restrictives
et exige des garanties afin de minimiser ses pertes en cas de
défaillance de l'emprunteur.
En effet, suite à la discussion axée sur la
définition de la relation bancaire et de ses dimensions, nous proposons
dans le dernier point de cette première section, un aperçu
théorique sur le développement d'une relation bancaire en mettant
une évidence sur la supériorité de l'information
dégagée par cette dernière.
1.2.4. Les théories sur la relation bancaire
Dans l'histoire bancaire, les premières études
de la relation bancaire remontent aux années 50. C'est en 1951 que ROOSA
fut pour la première fois une étude sur la relation bancaire
entre la banque et le client en se situant dans un environnement
caractérisé par le rationnement de crédit. Dans cette
étude, il est abouti au résultat selon lequel la
disponibilité du crédit augmente lorsque l'entreprise parvient
à établir une relation de long terme avec sa banque. Les
relations bancaires sont considérées alors comme étant un
moyen d'assurer la disponibilité du crédit.
C'est ainsi en 1961 et 1963, HODGMAN en se basant sur une
enquête réalisée auprès des principaux dirigeants de
dix- huit banques commerciales, s'intéresse à la relation de
dépôt d'une manière générale et
particulièrement sur l'existence de la double relation entre le client
et la banque. Au travers de son étude, il constate que les
déposants reçoivent des crédits à des conditions
plus avantageuses que les non-déposants, ce qui fait que la relation de
dépôt semble constituer la base de développement de la
relation bancaire.
En dehors de ces auteurs, Veine, Kane et Malkiel en 1965 vont
se baser sur le travail mené par Hodgman en 1961 et 1963 en argumentant
qu'une forte relation de dépôt, donc une forte relation bancaire
permet d'augmenter l'offre de crédits et que la banque n'offre de
conditions de financements avantageuses qu'à ses anciens clients avec
lesquels elle entretient une relation. Ce que Fried et Howitt en 1980 dans leur
modèle théorique donnent un enseignement selon lequel les anciens
clients ayant
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déjà été évalués par
la banque, sont moins rationnés que les nouveaux et que les emprunteurs
qui entretiennent une relation de long terme avec la banque ont la
facilité d'accéder au crédit.
A partir de ces premiers modèles théoriques,
nous arrivons à la conclusion selon laquelle les entreprises sont moins
rationnées lorsqu'elles s'engagent dans les relations de long terme avec
leurs banques. Et au travers toutes ces études, on trouve un point
commun qui est celui dont la banque gagne plus un avantage informationnel sur
ses concurrents dans la mesure où elle parvient à identifier et
contrôler les comportements de ses clients grâce à leurs
comptes de dépôt. Cet avantage permet la réduction du
rationnement des crédits que l'on accorde aux emprunteurs.
En effet, en dehors de la relation de dépôt, WOOD
en 1975 affirme que la relation bancaire de long terme peut aussi
s'établir dans un premier temps au travers les conditions avantageuses
de crédits offertes par la banque telles que le taux
d'intérêt faible pour pouvoir bénéficier et dans un
second temps, à partir d'un durcissement des conditions de financement
ce qui va entrainer dans ce cas, un taux d'intérêt plus
élevé.
Dans la détermination des coûts et la survie des
firmes en périodes de difficultés, le choix d'une banque pour ces
derniers est une décision importante a signalé STANCILL en 1980.
En 1981, OKUN va affirmer que les banques commerciales constituent une
principale source de financement des entreprises de petite taille et des
ménages. Il ajoute en plus que, une relation clientèle à
long terme s'établit entre les banques et les emprunteurs dans le sens
où les firmes acceptent de fournir de manière
régulière l'information aux institutions bancaires du fait de
l'exercice des activités dans un même espace. Tout ceci
amène Okun à mettre en considération que le marché
de crédit est un marché des contrats implicites amenant les
signataires de préférer entretenir les relations durables au lieu
de viser la maximisation de profit de manière immédiate. Ce qui
amène la banque dans cette perspective de faire une exigence d'un taux
d'intérêt plus élevé tout en assurant une
satisfaction aux besoins de l'emprunteur quel que soit la situation et/ou la
conjoncture économique.
Cependant, ces différentes approches présentent
de limites du fait du non prise en considération de certains aspects
informationnels de la relation entre la banque et les emprunteurs. Ce qui fait
que, suite au développement de l'économie d'information, on
assiste à la recherche qui s'est massivement orientée vers les
analyses plus approfondies de la relation entre la banque et les
emprunteurs.
C'est ainsi, après avoir donné une description
théorique sur la relation bancaire entre la banque et sa
clientèle qui est source de la naissance du risque des crédits,
il est utile et pertinent à présent d'aborder dans cette section
qui suit de quelle manière le risque de crédit peut être
gérer pour permettre à la banque de réaliser ses objectifs
qu'elle s'est déjà fixé pour atteindre dans le long
terme.
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