1.2 L'ACCÈS AU MARCHÉ ET LES ENJEUX DU
DÉVELOPPEMENT AGRICOLE EN AFRIQUE
1.2.1 L'ACCÈS AU MARCHÉ
La question de l'accès aux marchés revêt
un caractère crucial pour l'Afrique. Depuis l'avènement de l'OMC
et le rôle de plus en plus dynamique qu'ils y jouent, les pays africains
n'ont cessé de mettre l'accent sur cette question. Pour les pays
africains, la question de l'accès aux marchés est
particulièrement cruciale pour le développement. Cette situation
trouve son explication dans l'étroitesse des marchés africains et
la nécessité pour le continent de se
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tourner vers les marchés d'exportation afin d'appuyer
les dynamiques de croissance et les efforts en matière de
diversification des structures productives (Ben Hammouda et. al,
2005).
L'agriculture occupe une place importante dans les pays en
développement pour plusieurs raisons et en particulier en Afrique.
D'abord, elle représente la principale source d'emploi
avec près de 70% du total dans les PMA, 30% dans les pays
intermédiaires et seulement 3% dans les pays développés.
Parallèlement à l'emploi, l'agriculture continue à jouer
un rôle majeur dans les dynamiques de croissance économique dans
la plupart de ces pays. De ce fait, elle participe à l'alimentation des
populations et à la sécurité alimentaire par le biais des
cultures vivrières.
En même temps, les cultures d'exportation contribuent de
manière forte aux recettes d'exportation d'un grand nombre de pays
africains. Enfin dans le contexte des stratégies de lutte contre la
pauvreté, l'agriculture occupe un rôle crucial dans la mesure
où la majorité des pauvres vivent dans le milieu rural.
L'ensemble de ces raisons explique l'importance
accordée par les pays africains au dossier agricole dans le cadre des
négociations commerciales internationales. L'amélioration des
conditions actuelles des marchés internationaux des produits agricoles
et une plus grande prise en compte de leurs préoccupations pourraient
contribuer à une meilleure insertion de leurs économies dans la
globalisation et à une accélération de la croissance
économique (Ben Hammouda et. al. 2005).
1.2.2 L'ACCÈS PHYSIQUE AUX MARCHÉS
L'éloignement des marchés et l'absence de routes
(praticables toute l'année) pose un problème essentiel aux
communautés rurales dans tous les pays en développement. Il
empêche les producteurs d'acheter des intrants et de vendre leurs
récoltes, il entraîne des coûts de transport (auxquels
s'ajoutent des difficultés de stockage particulièrement
élevés pour les vendeurs des légumes et d'autres
denrées périssables sur les marchés locaux) et des
coûts de transaction élevés, tant pour les acheteurs que
pour les vendeurs, et il se traduit par la formation de marchés non
compétitifs et monopsonistiques.
Les difficultés d'accès aux marchés
limitent aussi les possibilités de gain. Comme peut d'ailleurs le
confirmer le PAM (2011) en ces termes parlant de la RDC : « Les
coûts élevés de production et de transport, ajoutés
aux taxes illégales diverses qui pèsent sur les opérateurs
économiques, réduisent la compétitivité du
maïs local par rapport au maïs importé, notamment de la Zambie
voisine. »
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L'éloignement accroît l'incertitude et resserre
l'éventail des options: il réduit les possibilités de
commercialisation et oblige à vendre la production à bas prix,
alors qu'il augmente le coût des intrants. Il exacerbe en outre le
problème des pertes après récolte, qui peuvent
représenter jusqu'à 50% de la production dans certaines
régions.
Tout cela ne fait que réduire les incitations à
participer à l'économie monétaire, et les paysans ont donc
tendance à se replier sur l'agriculture de subsistance au lieu de se
tourner vers des activités plus commerciales. À l'inverse,
l'amélioration des infrastructures conduit à une plus grande
intégration des marchés et à une orientation plus
commerciale de la production. L'accès aux marchés revêt
donc une importance capitale pour les systèmes de production paysans
(FIDA, 2003).
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