c- L'expérience
L'expérience peut être définie comme une
« connaissance ou pratique acquise au contact de la
réalité, de la vie, ou par une longue pratique
»7.
Ainsi l'expérience professionnelle est « le
fait de ressentir quelque chose comme un enrichissement du savoir, de la
connaissance, des aptitudes 8».
L'expérience peut être inné ou
développée grâce à des acquis et des formations. La
compétence professionnelle est singulière et est lié aux
attitudes et aux aptitudes de chaque personne. Lorsque nous avons acquis une
compétence, cela signifie que nous la maitrisons.
Il faut savoir que l'expérience ne signifie pas
forcément, le temps. Il s'agit également des nombreuses et
différentes situations vécues et rencontrées.
De plus, dans l'ouvrage « regards d'infirmières
sur le dispositif d'annonce du cancer », il est noté que
l'expérience « apprend à assumer ses propres limites,
qu'elles soient ressenties à l'égard de la personnalité
d'un patient ou comme une faiblesse personnelle passagère.
9»
La maitrise professionnelle signifie que nous avons la
capacité de faire une chose et que nous avons suffisamment de
connaissance.
L'expérience sera acquise grâce à la
formation et à l'apprentissage durant la pratique.
Selon les chercheurs, Benoît Grasser et José
Rose, « l'expérience n'est pas acquise spontanément et
toute situation vécue ne fait pas spontanément expérience.
10»
7
www.universalis.fr
8
www.unversalis.fr
9 « Regards d'infirmières sur le dispositif d'annonce
du cancer », éditions Lamarre, page 43
10 Article « l'expérience professionnelle, son
acquisition et ses liens à la formation »
12
D'après Margot Phaneuf, « en soins infirmiers,
l'expérience habite la tête et la main, mais elle demeure sans
valeur si elle n'implique pas aussi le coeur. 11»
A ce sujet, les avis sont différents :
- Pour Catherine Mercadier, au fil des années, au fil
des situations vécues, le soignant devient fermé et se
crée un caractère qui permet de faire face. Elle démontre
également grâce à des entretiens réalisés
auprès de jeunes diplômés, que la réaction n'est pas
la même par rapport à une infirmière qui a de nombreuses
années d'expérience. Ainsi la gestion des émotions est
meilleure si on a de l'expérience.
- Au contraire, Florence Michon qui est cadre de santé
formatrice, pense qu'il ne s'agit pas de se refermer contre soi mais
d'être soi. Même avec une grande expérience professionnelle,
la gestion des émotions est difficile.
Dans l'article « Soignants ... Soignés, un
rapport complexe, une réflexion « chemin faisant » quant au
statut émotionnel du soignant », écrit par M. Delhaye
et F. Lotstra, le « développement vocationnel » est mis en
évidence. Ainsi, ces deux auteurs, décrivent quatre stades :
- Le stade d'immersion : en début de carrière et
plus particulièrement pendant les stages, le soignant est
confronté au monde hospitalier donc aux patients et aux pathologies
parfois lourdes. Le professionnel se trouve donc affecté sur le plan
émotionnel. Il entre ainsi dans une « pseudo-empathie ».
- Le stade de l'empathie souffrante : le soignant montre une
conscience plus fine, il se centre donc sur le soigné. Il est encore
touché émotionnellement et entre donc dans une « empathie
souffrante » ce qui freine sa prise en charge et complique donc la
relation avec le patient.
- Le stade de la mise à distance : ici « le
soignant tente de sauver sa peau ». Il essaie de prendre une juste
distance mais en mettant en place des
11 Margot Phaneuf, « les savoirs d'expérience en
soins infirmiers, une richesse à explorer : mentorat, pratiques
exemplaires et benchmarketing », Novembre 2011.
13
mécanismes de défenses. La relation entre le
soignant et le patient va donc à l'essentiel.
- Le stade de maturation : le parcours professionnel du
soignant est abouti. Ainsi, le soignant arrivera à maîtriser ses
émotions et agira donc comme professionnel.
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