b- Le dispositif d'annonce
Tout d'abord, l'obligation d'informer le patient ainsi que sa
famille est régie par un ensemble de textes juridiques. L'annonce fera
l'objet d'une relation unique ainsi que d'une phase d'observation où il
sera important d'écouter le patient plutôt que de parler. Il est
également primordial d'accepter le degré d'information que le
patient peut entendre.
L'annonce d'un diagnostic de cancer est parfois soudaine et
peut être traumatique pour le patient. Pour améliorer cela, le
plan cancer a mis en place un dispositif d'annonce afin de suivre au mieux les
patients.
Le dispositif d'annonce du cancer est la mesure 40 du plan
cancer. Il a été mis en place afin de faire
bénéficier aux patients et à sa famille de meilleures
conditions d'annonce du diagnostic de leur maladie.
Ce dispositif s'appuie sur deux grands principes :
- Le patient qui est atteint d'un cancer doit
bénéficier d'un dispositif d'annonce qui est mis en place dans
les établissements de santé. Ceci doit être fait au
début de la maladie du patient ou en cas de récidive.
- La réussite de ce dispositif et l'amélioration
du vécu du patient seront appréciées grâce à
la coordination interprofessionnelle, à la communication qui sera
dédiée aux patients et aux proches.
Le dispositif d'annonce est composé de quatre temps :
- Tout d'abord, il y a un temps médical qui consiste
à l'annonce du diagnostic de cancer ainsi qu'à la proposition de
traitements qui auront été définis durant une
réunion de concertation pluridisciplinaire. Ce temps est
réalisé par un médecin. Si lors de ce temps
médical, le patient a compris en quoi consiste le traitement et
l'accepte, la décision sera écrite et remise au patient sous
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forme « d'un programme personnalisé de soins
». Lors de ce temps médical, une infirmière peut
être présente et son rôle sera d'écouter les
différents termes médicaux employés par le médecin
ou encore les termes que le patient ou sa famille va employer ;
également, elle observera les différentes réactions et les
comportements du patient et/ou de l'accompagnant.
Ci-dessus, la notion de réunion de concertation
pluridisciplinaire (RCP) est mentionnée. Il s'agit de la mesure 31 du
plan cancer qui fait bénéficier d'une concertation
pluridisciplinaire concernant le dossier de 100% des nouveaux patients atteints
d'un cancer, afin de réaliser une synthèse sur le parcours
thérapeutique qui est prévu afin de créer un «
programme personnalisé de soins remis au patient. » Ce
programme personnalisé de soins (PPS) est un document qui informe au
patient la prise en charge qui sera mise en place. Ce document peut être
modifié, complété ou remplacé à tout moment.
Il permet également d'améliorer la prise en charge du patient en
cas d'indisponibilité du médecin traitant. Sur ce papier, doit
apparaître :
- La proposition thérapeutique que le patient a
acceptée ainsi que l'organisation de celle-ci.
- Les bilans qui seront réalisés
- Les coordonnées du médecin qui sera responsable
du traitement
- Les coordonnées des différentes associations
que le patient pourra contacter.
- En second temps, il y aura un temps d'accompagnement
soignant qui est réalisé généralement par des
infirmier(e)s. Celui consiste à accueillir le patient et sa famille afin
d'écouter, de reformuler les différents termes médicaux
employés par le médecin s'ils n'ont pas été compris
mais également de donner des informations. Au cours de ce rendez-vous,
le patient peut être orienter vers divers professionnels comme les
services sociaux ou un psychologue par exemple. Le patient peut
également être orienter vers des associations ou encore des
espaces de dialogue. Ce temps d'accompagnement peut également être
fait par des manipulateurs d'électroradiologie qui aident à la
préparation du traitement par radiothérapie. Il faut savoir que
ce temps d'accompagnement soignant n'est pas obligatoire et ne peut pas
être imposé au patient.
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- En 3ème temps, il y a l'accès
à une équipe impliquée dans les soins de support. Ce temps
permet de soutenir le patient et de l'accompagner dans ses différentes
démarches sociales.
- Enfin, en dernier temps, il s'agit d'un temps d'articulation
avec la médecine de ville. Le médecin traitant peut être
amené à annoncer des résultats d'examen au patient. Si ce
n'est pas annoncé par le médecin traitant, celui-ci devra
être informé immédiatement avec l'accord préalable
du patient. Cette coordination est très importante notamment pour la
demande d'exonération du ticket modérateur qui est
réalisée par le médecin traitant.
Il n'y a pas de « bonnes » ou de « mauvaises
» manières d'annoncer un cancer mais certes, certaines annonces
sont parfois moins brutales que d'autres.
L'annonce est un moment difficile. Dans ces situations, il est
important de faire attention au non-verbal qu'adopte les professionnels car le
patient le voit. Le professionnel de santé devra également avoir
conscience des mécanismes de défenses qui seront mis en place
afin de combler son malaise suite à cette annonce.
Les soignants qui sont impliqués dans le dispositif
d'annonce ont une formation qui est un besoin souvent demandé. Des
formations se déroulent auprès d'équipes
expérimentées et volontaires. Ainsi les établissements de
santé pourront profiter de leurs diverses expériences.
Il faut savoir que tous les infirmier(e)s ne sont pas
amenés à pratiquer la consultation d'annonce, même s'ils
travaillent dans le service concerné par le dispositif d'annonce du
cancer.
Afin de pratiquer la consultation d'annonce, une formation
minimale est demandée et celle-ci se fait sur la base du volontariat,
elle n'est pas imposée. Pour pouvoir intégrer la consultation
d'annonce, la condition la plus évidente est celle de
l'ancienneté et du sentiment de maitrise des tâches. C'est une
compétence personnelle et expérientielle qui pousse la personne
à s'investir dans ce dispositif. La maitrise des tâches qui est
liée à l'expérience ainsi qu'à l'ancienneté,
est tout aussi liée à l'âge de l'infirmière.
L'âge peut être considéré comme «
une
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compétence incarnée »4.
Lors de l'annonce, il a été remarqué que les familles se
sentaient plus en confiance face à une infirmière montrant une
certaine expérience.
Ainsi, des étudiantes infirmières ainsi que des
jeunes infirmières fraichement diplômées ont
assistées à des consultations d'annonce avec le médecin,
et, implicitement l'expérience n'est pas une compétence
essentielle pour pratiquer la consultation d'annonce. Mais, d'après le
témoignage d'un médecin, « une bonne infirmière
de consultation a la cinquantaine ! Au moins 40 ans ! Enfin ce n'est
pas une infirmière qui sort de l'école !
».5
L'âge moyen des personnes pratiquant la consultation
d'annonce est de 45 - 50 ans.
Dans l'ouvrage « Regards d'infirmières, sur le
dispositif d'annonce », une jeune infirmière a été
confrontée à l'annonce d'un diagnostic de cancer, après
que le médecin ait réalisé son annonce, il est parti et
cette jeune infirmière s'est retrouvée seule face à la
famille. Elle affirme s'être sentie « très démunie
» face à cette famille et au patient. De ce fait, cette
expérience a amené à la demande d'une formation.
Pour les infirmières qui n'ont pas l'expérience
dans la consultation, la crainte est présente. Elles ont la crainte de
ne pas pouvoir répondre aux questions du patient. D'après ces
infirmières, « c'est avant tout l'expérience qui peut
aider à surmonter cette peur et à développer certaines
stratégies. 6»
Toujours dans le livre « regards d'infirmières sur
le dispositif d'annonce du cancer », une infirmière témoigne
sur le fait qu'il est difficile d'annoncer un cancer surtout lorsqu'il s'agit
d'une récidive ou d'un arrêt de traitement puisque le patient est
un habitué du service et donc l'équipe s'est attachée
à celui-ci. Pour elle, il s'agit d'un travail lourd et elle
préférerait annoncer une bonne nouvelle comme une grossesse par
exemple !
Ainsi, pour accompagner au mieux le patient, il est important
d'avoir une bonne relation avec celui-ci.
4 Livre « Regards d'infirmières sur le dispositif
d'annonce du cancer », éditions Lamarre, page 36.
5 Livre « Regards d'infirmières sur le dispositif
d'annonce du cancer », éditions Lamarre, page 37.
6 « Regards d'infirmières sur le dispositif d'annonce
du cancer », éditions Lamarre, page 43.
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Enfin, lorsque j'ai vécu cette situation, je me suis
demandé si l'expérience jouait un rôle essentiel dans la
gestion des émotions et lors de la consultation d'annonce,
l'expérience est aussi évoquée. C'est donc pour cela que
j'ai donc décidé de traiter l'expérience dans mon
travail.
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