étude caractéristique de la vulnérabilité au choléra dans des quartiers insalubres de la ville de Yaoundé.par Romuald Christial TCHEUTCHOUA Université de Yaoundé 1 (Institut Supérieur des Sciences Environnementales) - Master en Sciences Environnementales 2018 |
1.1.2. Clinique du choléraLa clinique du choléra est très simple à comprendre dès lors que l'on connaît le rôle majeur joué par la toxine cholérique dans les mouvements ioniques et hydriques de l'organisme d'un sujet infecté (Didier, 2009). Après une incubation variant de quelques heures à cinq jours, les symptômes, essentiellement diarrhée et vomissements, apparaissent brutalement. Le signe clinique le plus caractéristique est la diarrhée très abondante, hydrique, pratiquement sans matières fécales, d'odeur fétide et d'aspect grisâtre avec des particules blanchâtres en suspension, décrite sous le terme « eau de riz » (eau obtenue après cuisson du riz). Les vomissements peuvent aussi être abondants, hydriques et alcalins. Dans la forme classique chez l'adulte, les pertes hydriques atteignent rapidement 0,5 à 1 litre par heure, entraînant rapidement un tableau de déshydratation sévère. Diarrhée et vomissements peuvent être accompagnés de crampes musculaires, de douleurs abdominales, mais pas de fièvre. Les autres signes du choléra sont secondaires à la déshydratation et varient selon son importance : soif (pertes de 3 à 5 % du poids du corps), hypotension orthostatique, tachycardie, début de pli cutané (5 à 8 %), pouls filant, hypotonie oculaire, plis cutané marqué (fontanelle déprimée chez l'enfant), altération de l'état général et troubles de la vigilance (à partir de 10 %), coma et convulsions (Didier, 2009). La déshydratation s'accompagne d'une anurie, qui ne se corrigera que si le patient est correctement réhydraté. De nombreux patients peuvent aussi présenter des signes d'acidose métabolique avec des signes respiratoires tels qu'une dyspnée de Kussmaul. Dans sa forme la plus aiguë, le patient décède en quelques heures d'un choc hypovolémique, parfois même avant d'avoir extériorisé la diarrhée. Plusieurs complications, généralement liée à un traitement inadéquat peuvent aussi survenir. Il peut s'agir d'insuffisance rénale organique liée à une hypotension prolongée en rapport avec une correction trop tardive ou insuffisante de la déshydratation. D'autres patients peuvent présenter une hypoglycémie plus ou moins sévère selon les cas ou une hypokaliémie, en particulier lorsque la réhydratation est menée avec des solutés non appropriés (Sack et al, 2004). Des fausses couches ou des accouchements prématurés peuvent survenir chez les femmes enceintes à la suite d'une hypoperfusion placentaire (Sack et al, 2004). Notons dès maintenant que la survenue brutale, dans un contexte épidémique, de cette maladie qui va toucher des personnes initialement en parfaite état de santé apparente et modifier leur aspect radicalement, en seulement quelques heures, a de quoi effrayer le commun des mortels. La déshydratation aiguë transforme les victimes en une caricature desséchée de leur propre apparence initiale. Les troubles respiratoires et l'agonie peuvent s'accompagner d'une cyanose donnant une couleur bleue à la peau, et de troubles neurologiques, évoquant un phénomène de possession (Didier, 2009). Source: http://www.amicale-genealogie.org/Histoires temps-passe/Epidemies/chol03.gif Figure 2: La Mort égorgeuse, Epidémie de choléra à Paris en 1832 par Heinrich Heine. Le choléra est une maladie extrêmement virulente. La brève période d'incubation, de deux heures à cinq jours, est un facteur qui renforce la dynamique potentiellement explosive des épidémies. Touchant les enfants comme les adultes, on peut en mourir en quelques heures. Au cours du choléra, V. cholerae est éliminé pendant 5-10 jours en très fortes quantités dans les selles aqueuses des patients (parfois 10-20 l/ jour). Les porteurs sains, très nombreux au cours des épidémies, sont un important vecteur de propagation du choléra. La dose infectante est élevée chez les personnes sans facteur de risque, notamment à cause de l'acidité gastrique (>108 bactéries). Il existe cependant deux (02) formes cliniques du choléra à savoir la forme asymptomatique et la forme symptomatique. Page 10 sur 90 Formes asymptomatiques : 80 % Page 11 sur 90 Environ 80 % des sujets infectés par V. cholerae ne manifestent aucun symptôme, bien que le bacille soit présent dans leurs selles pendant 1 à 10 jours après l'infection et soit éliminé dans l'environnement, où il peut potentiellement infecter d'autres personnes. Formes symptomatiques Pour ceux qui manifestent des symptômes, ceux-ci restent bénins à modérés dans 75 % des cas, tandis que 25 % des cas peuvent développer une diarrhée aqueuse aiguë, s'accompagnant de déshydratation sévère : Formes gastro-intestinales mineures: 18 % ; Formes gastro-intestinales modérées: 5 % ; Choléra sévère: 2 % (UNICEF, 2013). Selles et vomissures d'un cholérique (Source : Solidarités Images d'hospitalisation des cas de choléra pendant internationales, 2014) l'épidémie de 2018 (Sources : borgenmagazine.com et camer.be) Figure 3: Symptôme de choléra et cas d'hospitalisation au cours de l'épidémie 2018 au Cameroun. Le choléra est une maladie strictement humaine entrainant une diarrhée avec une déshydratation aiguë. Après une courte incubation (quelques heures à 5 jours), la maladie débute par une diarrhée fécaloïde, puis aqueuse sans fièvre, associée à des douleurs violentes épigastriques et abdominales, des vomissements en fusée. La diarrhée devient incoercible (diarrhée en « eau de riz »), déshydratation aiguë avec hypothermie, et collapsus cardio-vasculaire. La déshydratation peut atteindre 15 litres d'eau / jour et est ainsi responsable de la gravité de la maladie. Page 12 sur 90 Formes graves - Période d'incubation : 2 à 3 jours en moyenne (extrême : quelques heures à 7 jours) - Début brutal, sans prodromes - Evacuation intestinale, abondante normale, puis diarrhéique - Selles aqueuses, incolores, riziformes, d'odeur fade, afécales - Fréquence: 50 à 100 selles liquides par jour - Vomissements suivent la diarrhée, même caractère que les selles (UNICEF, 2013). |
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