1.2.2. Epidémie de choléra au Cameroun en
2018
A la date du 18 mai 2018, quatre Districts de santé de
la Région du Nord (Guider, Mayo Oulo, Golombe et Garoua 2) frontaliers
avec le Nigéria sont entrés en épidémie.
Le 13 juillet 2018, un cas dont le lien
épidémiologique n'a pas été établi avec les
cas notifiés dans la Région du Nord a été
confirmé par le Centre Pasteur du Cameroun dans la Région du
Centre, district de santé de Djoungolo. Des cas suspects non
confirmés ont été aussi notifiés dans la ville de
Douala. Ainsi, le nombre total de régions en épidémie
à la date du 23 juillet 2018 est de 2 avec un total de 109 cas suspects
(dont 8 confirmés) et 9 décès. Parmi les cas suspects, on
dénombre 58 dans la Région du Nord avec un âge
médian de 26,6 ans et un sexe ratio de 2 femmes pour 1 homme. On
enregistre 25 cas suspects dans la Région du Centre avec un âge
médian de 34 ans et un sexe ratio de 1,2 femme pour un homme. Aucun cas
suspect dans la Région du Littoral n'a été confirmé
(MINSANTE, 2018).
En septembre 2018, l'OMS relève un bilan de 158 cas
suspects dont 14 confirmés et 11 décès, avec 02
régions en épidémie à savoir le Nord (75 cas, 10
décès) et le Centre (45 cas, 1 décès) et 4
régions à risque à savoir le Littoral, Extrême-Nord,
Sud-ouest et le Sud (OMS, 2018).
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1.2.3. Diversité des facteurs de risque du
choléra au Cameroun : cas typique de la ville de Douala
L'étude épidémiologique du choléra
au Cameroun depuis 1971, année de la survenue des premières
épidémies, a mis en évidence deux zones
géographiques touchées de façon récurrente. Le
premier concerne la façade littorale du pays, et particulièrement
la ville de Douala, et le second les deux régions septentrionales du
Cameroun : régions Nord et Extrême-Nord (UNICEF, 2010).
Depuis 1971, le choléra est endémique à
Douala, milieu favorable à l'installation du vibrion : embouchure du
delta du Wouri sur l'Atlantique, sol sablo-argileux, nappe phréatique
affleurante croupie, salée, polluée, vastes zones
marécageuses, ruisseaux et drains infestés d'algues, hausse des
températures et baisse de la pluviométrie moyenne annuelle,
épisodes de sécheresse. La plupart des épidémies
ont débuté à Bépanda, quartier construit sur un
marécage alimenté par des ruisseaux charriant les pollutions
fécales des quartiers d'amont. Dans une intense promiscuité, une
population démunie s'est installée de façon anarchique sur
un ancien dépotoir, sans hygiène, avec un approvisionnement en
eau potable insuffisant. Les quartiers les plus touchés sont
d'urbanisation récente et sauvage, en zones marécageuses,
polluées, ou sur d'anciennes décharges. La distribution d'eau
étant insuffisante (65000 abonnés/3 millions d'habitants), ces
quartiers s'approvisionnent dans des puits superficiels (1,5 m) : plus de 70
000 puits recensés en 2004. L'évacuation des déchets,
liquides et solides, est très insuffisante. Le réseau de drainage
des eaux usées incomplet, peu entretenu, parfois obstrué,
déborde dans la ville en saison pluvieuse. Le contenu des fosses
septiques est déversé à même l'environnement. Des
facteurs sociologiques, retribalisation en ville, symbolisation du
déchet, perception de l'eau, sous-tendent les comportements à
risque et entravent l'éducation à l'hygiène. Le
système de veille sanitaire est déficient ; à un
système de soins cohérent s'ajoute une offre anarchique et l'on
ne dispose guère de prévention efficace. L'ensemble de ces
facteurs pérennise l'endémicité du choléra à
Douala (GUEVART et al, 2006).
Suite aux conséquences des changements climatiques, de
l'urbanisation anarchique de plus en plus poussée, de l'exode rural
provoquant la saturation des différentes villes ainsi que des
comportements humains qui entravent de plus en plus la qualité de
l'environnement, la zone géographique propice au choléra
s'étend de plus en plus et couvre désormais plusieurs villes
parmi lesquelles la ville de Yaoundé au sein de laquelle on observe de
nombreuses zones à risque telles que les constructions dans les bas fond
à risque d'inondation, de
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nombreuses zones très denses et polluées, les
populations situées dans les zones sans système
d'assainissement.
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