1.2. Le Choléra au Cameroun
1.2.1. Historique du choléra au Cameroun
Le Cameroun a vécu en 1971 à Douala (DUTERTRE,
1972) une première épidémie qui a profondément
marqué les mémoires. Historiquement, le pays a enregistré
de très grandes flambées épidémiques. En effet, au
cours des 44 années successives (1971 à 2015), le Cameroun a
enregistré au moins un cas suspect de cholera chaque année
exception faite de
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l'année 2008. Durant cette période, plusieurs
flambées épidémiques ont été
enregistrées dont les plus importantes statistiquement parlant sont
celles de 1998 avec près de 30 195 cas de choléra notifiés
et en 2010- 2011 avec 23 152 cas de choléra. Hormis ces deux dates, la
figure 9 montre qu'on a des pics de plus faible amplitude en 1991, 1996, 2004
et 2014. Aussi, les régions septentrionales du pays payent le plus lourd
tribut à cette maladie.
Les épidémies de 2000 (29 décès
pour 123 cas), de 2003 (36 décès pour 213 cas) et de 1991 (440
décès pour 4026 cas) avec des létalités d'au moins
10 % donc plus de 10 fois le seuil acceptable (<=1 %) ont été
parmi les plus meurtrières.
En 2010, une épidémie s'est
déclarée au Cameroun affectant environ 10,741 personnes avec 650
décès. Les régions les plus touchées étaient
l'Extrême Nord avec 9406 cas et 600 décès, le Nord avec 511
cas et 24 décès et le Littoral avec 457 cas et 12
décès. Concernant les autres régions, le Sud-ouest
enregistra 336 cas avec 13 décès, le Centre enregistra 30 cas
avec 1 décès, l'Adamaoua enregistra 1 cas avec 0
décès, l'Est, le Nord-ouest, l'Ouest et le Sud n'ont pas
enregistré de cas de choléra en 2010. A la suite des efforts du
gouvernement et de ses partenaires tel que la Croix Rouge,
l'épidémie a été maitrisée dans la partie
septentrionale du pays, ce qui a conduit à l'enregistrement de 0 cas
durant les 3 dernières semaines de 2010 et durant la première
semaine de 2011.
Mais dès la première semaine de 2011, les cas de
choléra se sont multipliés dans presque partout au Cameroun. La
situation s'est aggravée à partir de la septième semaine
de 2011, ou 17 cas de choléra ont été soudainement
enregistrés à Yaoundé ainsi que dans d'autres
localités de la région du Centre. Dès lors, le nombre de
cas progressa dans la région du centre jusqu'à atteindre 687 cas
avec 43 décès en fin Mars 2011.
Le Ministère de la santé publique et l'OMS
confirmèrent ainsi l'évolution rapide de l'épidémie
dans la ville de Yaoundé et ses environs. En fait, 16 des 29 districts
de santé dans la région du centre ont enregistrés chacun
au moins 1 cas de choléra ; les districts les plus affectés
étaient Nkoldongo et Cité Verte. Les districts de santé de
Mokolo Elobi, de Melen et d'Etoudi Abattoir, tous situés dans
Yaoundé, étaient les plus affectés. Le Centre Hospitalier
Universitaire de Yaoundé (CHUY) avait reçu le plus grand nombre
de cas dans toute la région du Centre, avec la plupart des cas en
état de déshydratation sévère, ce qui a permis
d'expliquer le taux de létalité élevé dans la
région du Centre durant l'épidémie. L'âge moyen des
personnes touchées par l'épidémie était de 28 ans,
indiquant ainsi que l'épidémie a affecté
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en majorité les jeunes. Les autres régions du
pays ont aussi enregistré un nombre total de 2391 cas en fin Mars 2011
(International Red Cross and Red Crescent Societies, 2011).
S'agissant de l'évolution dans le temps, le
choléra évolue de manière cyclique. Les
épidémies surviennent généralement au cours du
troisième trimestre caractérisée par la saison des pluies
dans les régions septentrionales. Entre 2010 et 2016, les pics de
notification sont observés durant le Trimestre 3. Des mesures de
préparation peuvent ainsi être mises en oeuvre avant la
période à haut risque pour limiter la survenue de grandes
épidémies et assurer une gestion efficace des flambées
épidémiques.
Les régions du Sud, de l'Est et de l'Adamaoua
enregistrent peu de cas suspects de choléra au cours des
dernières années. Depuis l'épidémie de 2011, ces
régions prises ensemble ont notifié seulement douze cas suspects
de cholera ce qui est à peine supérieur au nombre de cas
enregistrés en 2016 dans la seule région de l'Extrême-Nord.
La région du Nord est la seule à avoir enregistré au moins
un cas suspect de cholera entre les SE1 et 32 au cours des sept
dernières années. Cependant, la région de
l'Extrême-Nord est celle qui est souvent la plus touchée en
situation d'épidémies avec plus de 1700 cas notifiés en
2010, 2011 et 2014. En 2014 notamment, elle a enregistré 93% des cas
déclarés. Signalons aussi qu'il y a habituellement plus de cas
suspects que de cas confirmés au cours des dernières
années.
Source : OMS, 2016
Figure 8: Evolution annuelle de la notification des cas
suspects de choléra et des décès entre 1971 et 2015 au
Cameroun.
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Source : OMS, 2016
Figure 9: Tendance trimestrielle de la survenue des cas
suspects de choléra au Cameroun (de 2010 à 2016).
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