Chapitre 1 : Analyse descriptive de
l'investissement industriel
Ce premier chapitre retrace une analyse descriptive de la
situation de l'investissement industriel en Afrique subsaharienne en
général et du Mali en particulier. La première section
décrite la situation de l'investissement en Afrique subsaharienne aussi
bien actuelle que future à travers les études empiriques de
Banque Africaine pour le Développement (BAD). Dans un premier temps nous
avons les bienfaits des partenariats publics et privés pour ensuite
mettre en évidence les perspectives de développement à
travers les initiatives internationales à l'investissement en Afrique
Subsaharienne. Et la deuxième section retrace l'état de lieu du
tissu industriel et de son investissement au malien. On peut y constater
à travers des tableaux et des courbes l'évolution des
différents agrégats qui influent sur la relation entre
l'investissement, la croissance et la création d'emploi.
Section 1 : Situation des actions publiques en faveur
de l'investissement en Afrique Subsaharienne
La création d'une entreprise ou d'une installation
nouvelle nécessite un investissement et génère des postes
de travail supplémentaires. Le nombre d'emplois créés
dépend du montant de l'investissement réalisé et du
secteur d'activité. Aux effets directs, constatés au niveau de
l'unité de production, s'ajoutent des effets indirects plus difficiles
à apprécier, dûs aux interdépendances au sein de
l'économie (Jean-Claude Dutailly 1983 pp.3-14).
Ce qui sous-entend qu'en Afrique Subsaharienne,
l'investissement aussi bien public que privé reste un levier
indispensable à la relance de la croissance économique et
à la création d'emploi surtout au Mali. Pourtant les
études empiriques récentes (précisément celle de la
BAD) montrent qu'en Afrique subsaharienne, le secteur privé investit
moins que dans les pays à niveau de développement comparable. Ce
faible niveau de l'investissement privé freine la productivité du
travail, pèse sur la croissance des salaires réels et le revenu
des ménages et entrave les efforts de la région pour
améliorer la situation sociale. Consciente des effets positifs d'une
hausse de l'investissement, de nombreux pays d'Afrique subsaharienne ont donc
lancé de vastes programmes d'investissements publics pour combler des
déficits d'infrastructures importants d'une part et d'autre part le
déficit de compétence en espérant catalyser
l'investissement privé.
Quoi qu'il en soit, en raison du faible degré de
développement financier, des déficits d'infrastructure
importants, et de la rareté des ressources aussi bien humaines que
naturelles en Afrique subsaharienne, mais aussi des difficultés à
accéder aux financements extérieurs (ou à assurer le
service de la dette en résultant), l'éviction de l'investissement
privé par l'investissement public est un risque réel.
Pour ce faire le Mali comme les autres pays d'Afrique
subsaharienne, participent à des initiatives en faveur de
l'investissement étranger telles que le Pacte du G-20 avec l'Afrique
(coordination des efforts pour faciliter l'investissement privé et
améliorer l'offre d'infrastructures) et la nouvelle Route de la soie
chinoise (signé en juillet 2019 avec le Mali), qui doivent aider la
région à mieux s'intégrer dans les chaînes de valeur
mondiales. Ces initiatives visent à stimuler l'investissement
privé et public en améliorant l'environnement économique
et l'offre de financements. Les ressources pour investir seraient ainsi plus
disponibles et mieux réparties, ce qui pourrait améliorer les
perspectives de croissance à moyen terme, et améliorer les
niveaux de vie des pays bénéficiaires en passant par la
création de nombreux emploi. Il serait donc souhaitable que le Mali
promeuve d'autres modes de
financement des investissements, notamment le
développement des systèmes financiers, la conclusion de PPP et la
mobilisation accrue des recettes fiscales.
Outre ces mesures, d'autres leviers pourraient être
actionnés pour dynamiser l'investissement privé notamment :
l'IDE, les ZES et des initiatives mondiales. Ces possibilités sont
examinées ci-après.
I. Partenariat public-privé
Théoriquement, les PPP pourraient contribuer à
améliorer la qualité des infrastructures essentielles en Afrique
subsaharienne, apporter au secteur privé l'expertise requise pour
accroître l'efficience des infrastructures et atténuer certaines
des contraintes financières pesant sur l'investissement.
Dans la pratique, toutefois, l'expérience
internationale ne semble pas démontrer que les PPP sont un moyen plus
efficient de financer les infrastructures que les marchés publics. Qui
plus est, ils sont basés sur des dispositifs complexes dont les risques
budgétaires sont difficiles à évaluer (FMI, 2015). Les PPP
supposent l'adoption de cadres institutionnels et juridiques permettant de
quantifier, d'évaluer et de maîtriser les risques associés
aux projets de grande envergure et complexes, susceptibles d'engendrer un
passif éventuel et des risques budgétaires considérables.
Les PPP devraient donc être examinés avec attention.
L'Afrique subsaharienne est la région où le
ratio moyen de la valeur des PPP/PIB est le plus élevé du monde.
Depuis 2000, il est de 1,4 %, contre 1 % du PIB en moyenne ailleurs, et
reflète les besoins substantiels en infrastructures. La
répartition des PPP en Afrique subsaharienne n'est pas uniforme.
Mesurés par le ratio moyen projets PPP/PIB sur la période
2000-2016, ces projets revêtent une grande importance dans les pays
pauvres en ressources.
Depuis 2000, ces projets ont représenté en
moyenne 21/4 % du PIB dans ces pays, 13/4 % du PIB dans les pays riches en
ressources hors pétrole dont le Mali.
Les PPP sont des instruments précieux pour le
financement des investissements et donc à la création de nombreux
emplois, mais, en l'absence de compétences et de cadres institutionnels
appropriés, ils ne sont pas sans risques pour les budgets. Il serait
donc judicieux de mettre en place une formation de qualité
adéquat et aussi la création d'institutions appropriés
pour profiter pleinement les PPP.
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