II. Revue empirique
Plusieurs études empiriques basées sur une
fonction de type Cobb Douglas ont donc été
réalisées pour rendre compte du caractère productif de
l'investissement public.
F. Bonetto (2004) établit dans son analyse en coupe
transversale sur la période 1970-19954, un impact
significativement positif du taux d'investissement public (au sens large) sur
le taux de croissance ; en particulier, les différences entre les
nations quant aux taux d'investissement public en équipements physiques,
en recherche, en infrastructures ou en éducation expliqueraient (pour
partie) l'hétérogénéité des dynamiques de
croissance.
4 Des pays comme l'Egypte, Israël, le Maroc, la
Tunisie ou la Turquie sont présents dans certains des
échantillons retenus.
Robinson, M. Olulu et al (2014) trouvent que les
dépenses publiques au Nigeria peuvent stimuler l'investissement local
comme étranger avec l'utilisation de deux modèles à court
terme par la méthode des moindres carrés ordinaires et à
long terme par la méthode d'ADF.
L'étude recommande le gouvernement du Nigeria de
dépenser plus dans les secteurs sociaux comme l'éducation et la
santé.
Dans un modèle d'accélérateur simple
N'guessan (2007) suppose que la technologie de production est
caractérisée par la relation entre le stock de capital
désiré et le niveau de production aboutit aux résultats
permettant d'établir l'existence d'un effet d'entrainement de
l'investissement public sur l'investissement privé en côte
d'ivoire, au Togo, et dans la moindre mesure au Niger. Cependant, l'effet
d'entrainement n'a pu être mis en évidence au Bénin, au
Burkina, au Mali, et au Sénégal. La décomposition des
dépenses publiques s'est avérée déterminante dans
la dynamique de la croissance de l'union.
Okoro A.S. (2013) a conclu qu'à long terme, il existe
un équilibre entre les dépenses publiques et la croissance
économique et que la dynamique de court terme ajuste l'équilibre
à long terme à un taux de 60% par an, suite à son
étude concernant les dépenses publiques au Nigeria.
Ales Kuhar et al (2005) dans un modèle input-output
concernant une étude de la périphérie de la
Slovénie aboutit aux résultats qui montrent que les fonds publics
peuvent stimuler la croissance économique dans les
périphéries de la Slovénie, cependant la comparaison au
niveau nationale montre qu'il a des régions en retards.
Ali Sulieman (2014) montre d'après une étude sur
les dépenses publiques en Jordanie que les dépenses en capital et
en éducation ne conduisent pas à la croissance économique
car il existe des contraintes financières. Mais en contrepartie les
dépenses en santé et en affaire économique ont un impact
sur la croissance du PIB.
Akonji, R.D et al (2013) suite à une étude sur
les relations entre les dépenses publiques et la croissance en testant
la loi de Wagner, Akonji, R.D et al approuvent que les dépenses totales
en capital et le PIB respectant la loi de Wagner par le test de
causalité de Granger avec une causalité unidirectionnelle.
Riadh BEN JELILI EN 2000 : Dépenses publiques et
croissance : Une étude économétrique sur séries
temporelles pour la Tunisie. Les variables utilisées sont : Les
dépenses d'investissement en capital humain des administrations, les
dépenses d'investissement en infrastructure et les dépenses de
consommation publique. Et la méthode utilisée est Ordinary Ridge
Regression. Et les conclusions tirées sont : Contribution productive des
dépenses d'investissement publiques
en infrastructure et en capital humain à la croissance
du PIB en Tunisie, ainsi qu'in impact d'externalité positif très
significatif des dépenses publiques de consommation.
KANE EN 2004 Amadou Habib : Impacts des dépenses
publiques sur la croissance économique d'un pays en développement
: le cas du Sénégal. Les variables utilisées sont : -Le
taux de croissance du PIB par tête, le taux de croissance du PIB par
tête décalé, le ratio des dépenses en capital au
PIB, le ratio des dépenses courantes au PIB, les recettes
budgétaires au PIB, le déficit budgétaire, et l'inflation.
La méthode utilisée est : MCO avec une représentation
à correction d'erreur sur la période d'étude de 1970-1999.
Et les conclusions tirées est : Les dépenses publiques en capital
ont un impact positif et significatif sur la croissance économique au
Sénégal, ainsi que les dépenses de fonctionnement.
Niloy Bose, M Emranul Haque 2003, et Denise R Osborn : Public
Expenditure and Economic Growth: A Disaggregated Analysis for Developing
Countries. Plus de quarante variables utilisées, dont le PIB, les
dépenses publiques consommation en défense, les dépenses
d'investissement en éducation, en santé, en agriculture et en
transport et communication... En utilisant la méthode SURE ce dernier
est parvenu à la conclusion suivante : La part des dépenses des
investissements publiques dans le PIB est positivement et significativement
corrélée avec la croissance économique. Au niveau
sectoriel, seules les dépenses publiques en éducation sont
significativement associées à la croissance, une fois la
contrainte budgétaire et les variables omises prises en
considération.
Deux études sur les impacts des dépenses
publiques sur la croissance économique : le premier : Les
dépenses publiques porteuses de croissance au Maroc (1970- 2004), 2005 :
Mohamed
Raja AMRANI, Lahcen OULHAJ et Khalid HAMMES. Et les variables
utilisées sont : les dépenses publiques d'investissement, les
dépenses publiques en éducation, les dépenses publiques de
santé, les dépenses publiques en infrastructure et PIB non
agricole. Ils ont utilisé la régression linéaire simple en
testant les effets sur l'offre et la demande. Et ils ont tirés les
conclusions suivantes : les dépenses publiques d'investissement ont un
effet demande sur la croissance, les dépenses publiques d'infrastructure
ont un effet demande sur la croissance, les dépenses publiques
d'éducation ont un effet demande sur la croissance et enfin les
dépenses publiques de santé ont un effet d'offre sur la
croissance.
Et le deuxième : Identification (ventilation) des
dépenses publiques porteuses de croissance économique : cas du
Maroc de 1970 à 2003 EN 2005 : Abdelkader ELKHIDER, El Mustapha KCHIRID
et Chakib TAHIRI. Les variables utilisés sont : PIB en milliard de
Dirham courant, dépenses publiques d'investissement, dépenses
publiques en éducation, et les dépenses
publiques de santé. En utilisant le MCO en premier
lieu, puis la méthode SUR à cause de la
simultanéité, ils arrivent à la conclusion suivante :
Seules les dépenses publiques d'investissement, de l'éducation et
de défense nationale sont porteuses de croissance.
Deux « équipes » des Universités de
Rabat-Agdal et de Marrakech ont étudié les effets des
investissements publics au Maroc, elles ont procédé de
façons différentes et ont abouti, de ce fait, à des
résultats différents.
AMRANI, OULHAJ et HAMMES (2004) de l'équipe de
Rabat-Agdal ont testé la relation entre les dépenses publiques
d'investissement et la croissance économique au Maroc entre 1970 et 2004
à travers les ratios des dépenses publiques totales
d'investissement rapportées au PIB, les dépenses publiques
d'investissement par secteur rapportées au PIB et les dépenses
publiques totales par secteur rapportées au PIB. Ils arrivent à
la conclusion selon laquelle, empiriquement, seul l'investissement public dans
le secteur de la santé semble porteur de croissance.
La seconde équipe, de Marrakech, après une
présentation descriptive des dépenses publiques d'investissement
entre 1970 et 2003, précise que le choix de la période
d'étude et des variables à introduire dans le cadre du
modèle économétrique mis en oeuvre a été
limité par la disponibilité des données pour ces
dépenses publiques réparties par catégories.
Les auteurs à l'issue de cette analyse concluent que
seules les dépenses d'investissement dans les entreprises publiques, les
dépenses publiques d'éducation et les dépenses de
défense nationale sont positivement associées (ou reliées)
à la croissance économique au Maroc tout au long de la
période d'étude. Des dépenses publiques de santé ne
sont pas statistiquement significatives, contrairement aux résultats de
l'équipe de Rabat-Agdal.
ABDELKAFI et GABSI (2005) ont montré l'existence d'un
lien significatif entre l'éducation et la croissance économique
en Tunisie entre 1970 et 2001.
Une étude similaire a été
réalisée en Égypte sur la période allant de 1950
à 2003 par DUARTE, M. et PEDROSA. Ils intègrent dans leur
modèle le produit global, la consommation privée,
l'investissement public et la consommation publique et arrivent à la
conclusion selon laquelle l'élasticité du capital humain
relativement aux dépenses de l'État est de 33,7% dans
l'estimation par la méthode des moindres carrés ordinaires (MCO).
Cette valeur est très élevée et traduit donc la grande
importance des dépenses de l'État pour l'augmentation du stock du
capital humain en Égypte.
Au Niger, une étude basée sur une
équation de croissance (inspirée de BARRO et
SALA-1-MARTIN(1995)), intégrant les investissements publics a
été estimée par la méthode des
moindres carrés ordinaires dans le cadre d'un
modèle à correction d'erreur. Cette étude a eu pour objet
d'évaluer l'impact des investissements publics sur la croissance sur la
période 1975-2004.
HAMIDOU HAMA (2005) montre ainsi qu'à court terme les
investissements publics ont un effet positif mais non significatif sur la
croissance économique. A long terme, la relation entre les
investissements publics et la croissance a tendance à se
dégrader, confirmant que les investissements publics se concentrent dans
des projets de réhabilitation ou d'entretien dans le monde rural. Ce
résultat selon l'auteur suggère également que les
investissements publics ne sont pas orientés vers l'accumulation du
capital nécessaire à la croissance économique, et confirme
en partie les études menées sur la question au Niger.
L'étude a également montré que l'ouverture a un impact
négatif mais non significatif sur la croissance économique, que
le développement financier agit positivement sur la croissance.
Bien que la majorité des études citées
plus haut semblent supporter l'idée selon laquelle les investissements
des administrations publiques ont un effet positif sur la croissance, certaines
ne trouvent aucun effet positif. Ces résultats controversés ont
eu pour principale explication l'approche méthodologique
utilisée. Pour résoudre le problème associé
à l'approche par fonction de production basée sur les
séries temporelles, les chercheurs ont utilisé une approche
Vecteur Autorégressif (VAR).
Parmi ceux-ci, NAVEED NAQVI (2003) postule un modèle de
BARRO (1990) au cas du Pakistan entre 1965 et 2000. Dans sa
spécification il utilise un modèle basé sur une fonction
de production de type COBB-DOUGLAS et dans lequel il introduit le capital
public.
Le facteur B représente le résidu de SOLOW
(progrès technique exogène). Dans son introduction, NAVEED NAQVI
(2003) présente également le caractère exogène
(MANKIW et al (1992)) et endogène (ARROW (1962) et ROMER (1987)) du
facteur qui est le progrès technique. Étant donné qu'il
peut y avoir une externalité positive ou négative du capital
public, il ne fait aucune restriction au modèle et travaille avec les
données ramenées par unité de travailleurs.
NAVEED NAQVI (2003) montre que le progrès technique est
endogène (externalité produit par le capital). Après avoir
montré que les différentes variables sont
cointégrées au seuil de 5%, il arrive aux résultats selon
lesquels les élasticités à long terme du capital public et
privé diffèrent suivant les hypothèses sur
l'évolution du facteur technologique. Il montre également que
l'élasticité du capital privé varie entre 0.25 et 0.29,
l'élasticité du capital public à son tour se situe entre
0.23 et 0.49. Ceci implique donc que pour le cas du Pakistan, le capital public
est aussi productif que le capital privé. Par ailleurs, l'analyse des
chocs montre qu'un choc exogène
sur le capital privé prend beaucoup de temps pour
disparaître qu'un choc équivalent sur le capital public. Plusieurs
études ont donc été menées utilisant l'approche
VAR.
Aussi Keho Yaya (2007) : Dépenses Publiques et
croissance Economique en Côte d'Ivoire : Une approche en terme de
causalité. Avec l'utilisation d'un modèle VAR il a montré
que les dépenses publiques totales et l'éducation n'ont pas
d'impact significatif sur le PIB, ainsi que les dépenses
d'investissement n'ont pas d'effet significatif sur l'évolution du PIB,
en ajoutant que l'évolution du PIB influence positivement les
dépenses publiques dans les secteurs de la santé et des
transports et négativement les dépenses dans le secteur de
l'énergie.
Et Kebo (2008) soulève qu'à long terme, il
existe une absence de causalité au sens de Granger entre le PIB et les
dépenses publiques dans le secteur d'éducation.
Comme on peut le constater, ces études empiriques ne
sont pas encore assez claires sur l'effet de l'investissement public sur la
croissance. Les résultats diffèrent selon la méthodologie
utilisée, la région ou le pays d'étude.
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