2. Modèle de Barro 1990
La théorie de la croissance endogène apparus
dans les années 1980, traite la question de la croissance
économique de long terme. Cette théorie récente suppose
l'existence des externalités positives qui favorisent l'accumulation des
progrès technique.
Le modèle de référence de tous les
modèles de croissance endogène celui élaboré par
Paul Romer en 1986 : le modèle AK qui remplace les rendements
d'échelles décroissants des facteurs par les rendements
constants. La fonction de production nationale pour ce modèle est :
Yt = AtKt
Y mesure la croissance, A est le progrès technique, K le
capital. Dans ce modèle, le stock du capital n'est plus constant, le
taux de croissance du stock de capital, et donc de l'économie
s'écrit :
Kt-Kt- 1
Tel que ?????? le taux d'épargne et ?? le taux de
dépréciation du capital. L'état régulier de
l'économie est toujours établi d'une façon endogène
grâce à cette équation. D'où, la différence
entre les pays en matière de croissance peut être expliquée
par leurs progrès techniques. Ainsi, le modèle AK met en valeur
la politique économique puisqu'elle peut augmenter l'épargne et
donc le capital pour aboutir à une croissance économique
importante.
Le modèle de références de croissance
endogène favorise trois sources importantes de croissance : les
nouvelles connaissances (Romer, 1990), l'innovation (Aghion et Howitt, 1992) et
les infrastructures publiques (Barro, 1990). Ainsi, les politiques publiques
sont appelées à jouer un rôle essentiel dans la performance
de l'économie à long terme.
Les modèles de croissance endogène tiennent
compte de ces externalités positives dans l'analyse de
l'évolution de long terme des taux de croissance des
économies.
Les premiers modèles se sont centrés sur la
connaissance (Römer, 1986, 1990) et la formation (Lucas, 1988), puis les
dépenses publiques au sens large ont été
évoquées (Barro, 1990 ; Artus et Kaabi, 1993). Ces derniers
travaux mettent en avant la nécessité de la production par 1'Etat
de certains services source d'externalités.
Il y a croissance endogène lorsque « les
principaux déterminants de la croissance sont endogène au
modèle » (BARRO, R et SALA-I-MARTIN, X., 1996).
Selon les théoriciens de la croissance endogène,
il existe quatre facteurs de croissance endogène à
l'économie :
? L'accumulation de capital. Ces modèles font des
rendements croissants le fondement de la croissance. En effet, sans rompre
totalement avec l'hypothèse des rendements constants, ils
considèrent qu'il existe des rendements d'échelle croissants
liés aux externalités positives des investissements.
? La recherche-développement développée
dans des travaux de ROMER. Elle est considérée comme une
activité à rendement croissant du double fait que la
connaissance
est un bien « non rival » et que le coût de
son appropriation est minimal pour chaque chercheur. La croissance
économique résulterait ainsi d'une activité d'innovation,
engagée par des agents qui espèrent en tirer profit. Cette
analyse permet d'incorporer dans le capital physique le seul progrès
technologique et non l'ensemble des investissements directs.
? L'accumulation du capital humain fut mise en valeur par
LUCAS (1988). Ce capital est défini comme le stock de connaissances
valorisables économiquement et incorporées aux individus
(qualification, état de santé, hygiène, ...). LUCAS
développe dans son analyse, le capital humain qui est volontaire
(accumulation de connaissances (schooling)) et involontaire (learning by
doing). En outre, la productivité privée du capital humain a un
effet externe positif car, en améliorant son niveau d'éducation
et de formation, chaque individu augmente le stock de capital humain de la
nation et par la même occasion contribue à améliorer la
productivité de l'économie nationale.
? L'investissement de l'État dans les infrastructures,
car selon BARRO (1990), les infrastructures publiques constituent aussi un
facteur de croissance qui engendre des rendements croissants à long
terme en raison des économies internes qu'elles permettent pour les
producteurs privés
Le rôle économique de l'Etat est alors clair :
produire des services qui vont accroître la productivité (Barro,
1990) et/ou accroître l'utilité des ménages (Artus et
Kaabi, 1993), sans être directement financés par les agents mais
par une taxe, et permettre à l'économie de se positionner sur une
trajectoire de croissance optimale. Il part du principe relativement simple que
des dépenses visant à créer les infrastructures telles
qu'une autoroute, une ligne de chemin de fer ou encore un réseau de
télécommunications rendent plus efficace l'activité du
secteur productif. Dans son modèle, il considère que ce sont des
biens collectifs purs (non rivaux, non excluables). Il se pose alors le
problème traditionnel de leur financement par le secteur privé.
La sphère privée ne peut se substituer au gouvernement pour le
financer. C'est la raison pour laquelle l'État prélève un
impôt de façon à produire ce type de bien. Les entreprises
privées utilisent donc deux types de facteurs pour produire: le capital
privé et le « capital public ». Le capital privé a des
propriétés usuelles : il connaît des rendements
décroissants, à dépenses publiques constantes, sa
productivité marginale décroît. On est dans le cas
classique d'un modèle à la SOLOW (1956) où un seul facteur
est accumulable et où la croissance « s'étouffe ». Le
capital public est en fait une dépense financée par
l'État, les dépenses sont intégralement financées
par l'impôt, que l'on suppose proportionnel au revenu. Selon BARRO
(1990), la dépense publique a deux effets opposés. Le premier est
que le capital public rend le capital
privé plus productif et évite que sa
productivité marginale s'annule progressivement quand le revenu
augmente. Cependant, l'impôt a un effet dépressif sur cette
productivité, puisqu'il réduit son rendement privé en
ôtant aux entreprises une part du revenu tiré de leur
activité. Et il montre que pour une petite taille du gouvernement (des
dépenses publiques), le premier effet l'emportera. Puis, il montre que
de moins en moins, l'on peut déterminer une dépense publique
optimale. À ce point, un dollar de dépense publique
supplémentaire coûte plus en productivité que ce qu'il
rapporte. BARRO (1990) fait quelques remarques sur la nature des
dépenses publiques. Tout d'abord, il fait remarquer que, si les
dépenses qui représentent une prestation de services aux
consommateurs ont un impact en termes d'utilité, elles
découragent la croissance. En effet, elles n'accroissent pas la
productivité du capital privé, mais leur financement par
l'impôt pèse sur la rentabilité du capital. Seul l'effet
négatif joue au niveau des entreprises. L'imposition liée
à ces dépenses décourage l'épargne et
l'investissement. On peut remarquer que la nature de la croissance liée
aux dépenses publiques d'investissement est effectivement une
externalité. L'activité d'un agent (l'État en
l'occurrence) a des effets sur celle d'un autre agent (les entreprises
privées).
Le modèle néoclassique décrit ci-dessus
peut facilement être étendu au-delà de l'investissement en
biens matériels pour rendre compte de tout facteur accumulé
contribuant à la production. Cela englobe la substitution
qu'opère l'investissement entre des biens matériels
hétérogènes, l'investissement en capital humain lié
à l'éducation et à la formation des travailleurs, l'effort
de recherche-développement et les dépenses publiques en
infrastructures. Cette dernière se fait dans le cadre global de l'action
publique dont le fondement peut éclairer les analyses.
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