2.2.4 Symptomatologie psychiatrique à l'UISI
Les patients accueillis à l'UISI ont en commun le
caractère aigüe de leurs symptômes. C'est l'intensité
des symptômes qui rend nécessaire la prise en charge dans une
unité fermée et contenante. Nous utilisons les termes
d'intensité et de débordements pour enlever le caractère
projectif que suggère l'emploi du terme « violent ». Cette
façon de penser la symptomatologie du patient permet de rester en
contact avec lui au lieu de provoquer une mise à distance. La
proposition de ma collègue Marion Lefèvre, avec qui
j'étais en stage à l'UISI, dans son mémoire « Boxe,
psychomotricité et troubles psychiatriques », est une
réflexion autour du
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contrôle de cette intensité. Les symptomatologies
indiquées pour l'unité sont les « troubles du comportements
» qui comprennent différents versants comme l'agitation, la
désorganisation et les passages à l'acte hétéro- et
auto-agressif.
L'agitation est un trouble du comportement
qui se caractérise par une hyperactivité psychomotrice
désordonnée, pathologique et inadaptée. On peut
différencier plusieurs types d'agitations selon la symptomatologie
associée. L'agitation confuse s'accompagne de symptômes comme la
désorientation temporo-spatiale, troubles de l'attention, propos
incohérents et altération de la vigilance. Elle est symptomatique
d'une perte de sens de la réalité pour le patient.
Madame A. présente une agitation psychomotrice, elle
court dans le couloir de l'unité sans pouvoir s'arrêter, cette
agitation continue en chambre d'isolement où elle fait le tour de son
lit, pratique des exercices de musculations sans jamais pouvoir se reposer et
trouver le sommeil. Elle est également confuse, ne retrouvant pas sa
chambre et tient des propos incohérents.
L'agitation délirante est la plus fréquente,
elle s'observe chez les sujets qui présentent un délire
envahissant. On peut observer une attitude de fuite, méfiance,
défense avec des réactions aux stimulations par une agitation
psychomotrice voir de l'agressivité. Cette agitation va mettre en
mouvement le corps sans réel cohérence et s'accompagne d'une
grande angoisse.
Madame D. est une patiente délirante et
paranoïaque. Elle est accueillie dans l'unité suite à des
troubles du comportement dans son unité de secteur. Persuadée,
qu'elle est enceinte, dans un moment d'angoisse, elle a entièrement
détruit le mobilier de sa chambre et menacé l'équipe de
son unité de secteur avec un bout de bois. Elle justifie son
comportement de façon peu cohérente en disant qu'elle voulait
protéger son enfant.
Certains patients présentent une agitation de type
maniaque, on retrouvera alors des symptômes de la manie comme une
agitation psychomotrice, euphorie, logorrhée, insomnie sans fatigue et
distance relationnelle inadaptée.
La désorganisation fait partie de la
symptomatologie du syndrome dissociatif que l'on retrouve dans la
schizophrénie. Elle peut également être consécutive
à une consommation de toxique, un manque de sommeil ou encore un
accès maniaque. Cette désorganisation peut s'observer sur
plusieurs plans, d'une part une désorganisation idéo-verbale, on
retrouve une absence de lien logique entre les propos, passage du coq à
l'âne, relâchement des associations.
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Sur le plan thymique, les affects sont fluctuants et
imprévisibles, on peut parler d'ambivalence affective,
d'émoussement affectifs, ou d'athymhormie. Au niveau comportemental, on
note des gestes étranges, maniérés, incohérents,
désorganisés et stériles.
Monsieur K. est un patient désorganisé, son
discours est incompréhensible et très empreint de son
délire, marqué par un relâchement des associations sans
aucun lien logique. Il est ambivalent et présente une fluctuation
émotionnelle (rires aux larmes en quelques secondes) et une gestuelle
étrange. Parmi les manifestations de sa désorganisation
comportementale, on peut observer au moment du repas qu'il mélange tous
les ingrédients, ou encore qu'il jette régulièrement les
draps ou son pyjama par la fenêtre.
Les passages à l'acte auto- ou
hétéro-agressif désigne une certaine forme
impulsive d'agir, souligné par la violence et la brusquerie de la
conduite. Ils peuvent être dirigés contre soit (suicide,
mutilations) ou contre autrui (agressions). Ces types de passage à
l'acte sont souvent dues à une agitation délirante, un refus de
soins avec déni des troubles, un automatisme mental ou encore une
intolérance à la frustration.
Monsieur A. est accueilli pour troubles du comportement sur
une versant auto-agressif et hétéro-agressif. Dans un moment
d'énervement, il a violement poussé sa soeur et pour
éviter de frapper sa mère, il aurait frappé dans un mur en
se blessant le poignet. Le coup était assez violent pour
nécessité une opération avec la mise en place de broches
métalliques et d'un plâtre. Arrivé dans l'unité, en
chambre d'isolement, il frappe dans la porte avec son bras plâtré
et se blesse à nouveau, déplaçant les broches et
nécessitant une nouvelle opération.
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