2.2.2 Les troubles bipolaires
Les troubles bipolaires désignent des troubles de
l'humeur cycliques, avec une alternance d'accès mélancoliques et
d'accès maniaques. Selon la durée et l'intensité des
phases mélancoliques et maniaques on peut répertorier plusieurs
troubles bipolaires, les types 1, 2, 3 ainsi que les cycles rapides et les
mixtes.
L'accès mélancolique est une forme
sévère de dépression caractérisée par une
grande tristesse, une asthénie10, un ralentissement
psychomoteur, une dévalorisation, une anhédonie11, une
perte
4 Caractérisé par des périodes de
passivité et de négativisme alternant avec des excitations
soudaines
5 Répétition d'un ou plusieurs gestes ou
mots sans but utile ni intention significative
6 Mouvements du corps discordants par rapport aux
affects
7 Identification à des manières sociales
qui ne correspondent pas au sujet
8 Imitation, répétition des mouvements
de son interlocuteur
9 Concernant plusieurs thèmes
10 Grande fatigue
11 Perte d'intérêt et de plaisir
d'appétit, des troubles du sommeil (insomnie du petit
matin), une anxiété, une somatisation, un
monoïdéisme12, une bradypsychie13, une
bradyphémie14, des troubles de l'attention, de la
mémoire et de la concentration, une hypomimie15, une incurie.
Les symptômes atteignent leur paroxysme le matin et diminuent parfois au
cours de la journée.
L'accès maniaque provoque une perte de contact avec la
réalité et une anosognosie, il est caractérisé par
une excitation psychique, motrice et une exaltation thymique16. Une
tachypsychie17 comprenant des idées extrêmement
rapides, une fuite des idées, passage du coq à l'âne, et
une logorrhée18 intarissable. L'excitation motrice se traduit
par une agitation motrice stérile, une hyperactivité, une
déambulation nocturne, une désinhibition, des achats
inconsidérés et une instabilité motrice. Tandis que
l'exaltation thymique aussi appelée euphorie se traduit par un
ludisme19, un sentiment de toute puissance, une extravagance
physique, une impudeur, une hypermimie, une hyperhédonie20 et
une mégalomanie (Vidal, 2019).
2.2.3 Traitements pharmacologiques
Les traitements pharmacologiques les plus prescrits à
l'UISI sont les neuroleptiques, les thymorégulateurs, les anxiolytiques,
les hypnotiques et les antiparkinsoniens.
Les neuroleptiques sont des
médicaments psychotropes, le premier, découvert en 1951 par Henri
Laborit est la chlorpromazine. Ils agissent principalement sur l'état du
système nerveux central au niveau de la transmission synaptique, ils ont
une action antagoniste en bloquant les récepteurs à la dopamine,
notamment les récepteurs D2. Ils peuvent également avoir une
action sur les systèmes noradrénergiques,
sérotoninergiques, histaminiques, et cholinergiques, leur
pharmacodynamie est détaillée en annexe21. « [Le
système dopaminergique] joue un rôle dans la régulation de
la vie émotionnelle et le contrôle de la motivation, dans la
modulation de la perception, ainsi que dans l'organisation des comportements
adaptatifs. Ces domaines sont
12 Incapacité à penser à
plusieurs choses en même temps
13 Ralentissement psychique, des pensées
14 Ralentissement du débit verbal
15 Faciès figé
16 Concernant l'humeur
17 Excitation psychique
18 Flux de paroles
19 Joueur, blagueur
20 Plaisir excessif
21 Annexe 2
17
18
perturbés dans la psychose qui est la première
indication de l'utilisation des neuroleptiques. Le système
dopaminergique joue également un rôle dans le contrôle de la
motricité et dans l'inhibition de la sécrétion de
prolactine, à l'origine des effets secondaires de certains
neuroleptiques. ». (Franck & Thibaut, 2005, p. 1). Il existe quatre
grandes propriétés des neuroleptiques avec un
tropisme22 plus ou moins important en fonction des molécules
et des doses utilisées : sédatif, anti-productif (action sur les
symptômes positifs), anti-déficitaire (action sur les
symptômes négatifs) et atypiques.
Les neuroleptiques sédatifs (et anti-productifs
à fortes doses) : largactil®, tercian®,
nozinan®, zyprexa®, loxapac®,
vont être efficaces sur l'agitation et l'angoisse. Ce sont les
neuroleptiques les plus antinoradrénergiques et antihistaminiques ce qui
leur confère une action sédative marquée. Leurs effets
anticholinergiques contrebalancent l'émergence des effets
extrapyramidaux.
Les neuroleptiques anti-productifs aussi dit incisifs :
haldol®, piportil®, modecate®
théralène®, agissent en réduisant la
symptomatologie délirante et les hallucinations, ils ont une action au
bout de quelques jours à quelques semaines selon les molécules et
s'accompagnent d'un effet sédatif secondaire et d'un effet
désinhibiteur secondaire également. Ils ont des effets
antidopaminergiques puissants, non compensés par leur très faible
effet anticholinergique et ont donc une forte action antiproductive mais
également des effets neurologiques puissants.
Les neuroleptiques anti-déficitaires aussi
appelés désinhibiteurs : solian®,
dogmatil®, fluanxol®. Ils agissent en
réduisant l'apragmatisme, l'athymhormie et le ralentissement
psychomoteur.
Les neuroleptiques atypiques ont, eux, une action
anti-productive et anti-déficitaire marquée :
leponex®, abilify®,
risperdal®.
Les thymorégulateurs, aussi
appelés normothymiques ou stabilisateurs de l'humeur, sont des
psychotropes prescrits dans le traitement préventif et curatif des
troubles de l'humeur. Il en existe de plusieurs types, le choix sera
motivé par les symptômes observés mais également en
prévention d'éventuels effets indésirables. Les principaux
thymorégulateurs sont les sels de lithiums :
téralithe® souvent utilisé en traitement de fond.
D'autres types sont utilisés comme les antiépileptiques :
tégrétol®, dépamine®,
dépakote®, lamotrigine®, ou encore les
neuroleptiques atypiques : le zyprexa®,
xeroquel®, risperdal®,
abilify®.
22 Réaction d'orientation orientée
19
Les anxiolytiques forment une classe de
médicaments principalement constituée par des
benzodiazépines. Ils ont une action tranquillisante, myorelaxante,
anticonvulsivante et parfois hypnotique. La prescription doit être
limitée dans le temps et avec une posologie adaptée, le risque de
dépendance physique et psychique est important, l'arrêt de ce
traitement doit donc être progressif. Les principaux anxiolytiques de la
famille des benzodiazépines sont le valium®, le
lexomil®, le xanax®, le
seresta®, le tranxène®, le
lysanxia®, et Il existe également d'autres types
d'anxiolytique comme l'atarax® qui est un antihistaminique.
Les hypnotiques sont des médicaments
visant à lutter contre l'insomnie. Ils peuvent aider à
l'endormissement et au maintien du sommeil. Les principaux hypnotiques sont le
théralène® (neuroleptique), le
rohypnol®(benzodiazépine), le stilnox®
et l'imovane®.
Les «correcteurs» antiparkinsoniens
sont indiqués pour corriger le syndrome parkinsonien
provoqué par les neuroleptiques. Le syndrome parkinsonien se manifeste
chez certains patients par des tremblements, des contractures, des crampes et
des mouvements involontaires (au niveau du visage, du corps, des jambes) qui
peuvent être inconfortables et douloureux. Les principaux
antiparkinsoniens correcteurs sont l'akineton®,
l'artane®, le lepticur® et la
parkinane-lp®.
Les traitements peuvent être administrés par voie
orale (gouttes, cachets), ce qui permet d'adapter aisément les dosages
pendant les périodes d'introduction de nouveaux traitements ou
d'ajustement, certains peuvent également être administrés
par voie injectable. Une des contrainte du mode de placement sous contrainte
des patients est la prise obligatoire du traitement. Ainsi, si le patient le
refuse, il sera alors délivré sous forme injectable.
L'unité permet ainsi une meilleure surveillance de l'observance.
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