2.2 Les maladies Psychiatriques
Selon le diagnostic primaire de la Classification
Internationale des Maladies, 10ème révision (CIM-10), l'UISI
accueille principalement des patients souffrant de troubles mentaux et du
comportement (World Health Organization, 2016). Ce chapitre de la CIM-10
regroupe les schizophrénies et troubles délirants, les troubles
de l'humeur et les troubles liés à l'utilisation de substances
psychoactives. Nous aborderons spécifiquement la schizophrénie et
les troubles bipolaires qui sont les pathologies psychiatriques les plus
fréquemment rencontrées dans l'unité.
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2.2.1 Les troubles schizophréniques
Les troubles schizophréniques sont multiples et
appartiennent aux psychoses chroniques, ils se caractérisent par la
perte de contact avec la réalité et souvent une anosognosie. Le
terme de schizophrénie vient du grec « schizein »,
signifiant séparer et « phrèn »
désignant l'esprit. Il convient d'envisager la maladie comme la
résultante de l'interaction de plusieurs facteurs,
génétiques, environnementaux, psychosociaux et biologiques
(toxiques, agents traumatiques). On distingue deux types de symptômes
dans les troubles schizophréniques. Les symptômes dits positifs
correspondant à la reconstruction délirante du monde par le
patient, et qui ne sont pas observés chez les personnes en bonne
santé. Les symptômes dits négatifs, correspondent à
un affaiblissement des capacités psychologiques normalement
présentes comprenant, dépression, autisme, repli sur soi. Souvent
les deux types de symptômes coexistent et leur prédominance va
influencer le choix des traitements. Concernant son diagnostic les psychiatres
s'appuient sur deux manuels, le manuel diagnostique et statistique des troubles
mentaux, en anglais Diagnostic et Statistical Manual of Mental Disorders
(DSM-5, 2013) et la Classification Internationale des Maladies, 10ème
révision (CIM-10, 2016)1.
D'après le DSM-5 (2013), le diagnostic de troubles
schizophréniques se fait par un psychiatre, et nécessite la
présence d'au moins deux des symptômes suivants : présence
d'idées délirantes, d'hallucinations, d'un discours
désorganisé, d'un comportement désorganisé ou
catatonique, d'un retrait, de symptômes négatifs et d'autisme,
durant une période d'au moins un mois.
La CIM-10 (2016) place le syndrome dissociatif au centre de la
symptomatologie. Il comprend la dépersonnalisation qui se définit
par une étrangeté à soi-même. Des troubles du cours
de la pensée tels qu'une pensée dissociée, un discours
désorganisé, des phrases sans cohérence, des
persévérations verbales, des barrages
schizophréniques2, un fading mental3 et une
accélération de la pensée. Des troubles des affects tel
qu'un émoussement des affects (athymhormie) qui se caractérisent
par une perte de l'élan vital, un manque de désir, une
dévitalisation. De l'ambivalence où chaque pulsion traduit
à la fois un sentiment et son contraire. Une discordance affective entre
le discours et l'expression des émotions. Nous retrouvons
également des troubles
1 Annexe 3
2 Éclipse de la pensée se traduisant par
l'interruption momentané du discourt
3 Le débit et le volume de la voix ralenti
traduisant un essoufflement de la pensée
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corporels comme la catatonie4, des raideurs
corporelles, des stéréotypies5, une
déambulation incessante, des paramimies6 comme par exemple
des sourires immotivés, un maniérisme7 et une
échopraxie8.
La CIM-10 (2016) distingue plusieurs formes de troubles
schizophréniques, classées en fonction de l'expression de la
symptomatologie associée. La schizophrénie simple où les
symptômes négatifs sont au premier plan. La schizophrénie
paranoïde, la forme la plus fréquente est
caractérisée par un délire
polythématique9 souvent sous-tendu par des hallucinations.
Dans la schizophrénie catatonique, le patient est figé, il
présente une absence de mouvements volontaires, il est
généralement mutique ou répétant les mêmes
phrases. La schizophrénie dysthimique aussi appelée troubles
schizo-affectifs, présente au moment aigu de l'expression des troubles
des symptômes dépressifs avec risque suicidaire ou au contraire,
des symptômes maniaques. La schizophrénie pseudo-psychopathique ou
héboïdophrénique se caractérise par un comportement
antisocial : agression, délinquance, toxicomanie. Alternant des phases
délirantes avec impulsivité, risques de passage à l'acte
très violent et la présence de symptômes dissociatifs comme
une froideur affective. La schizophrénie
hébéphrénique présente souvent peu de
délire, les malades vivent dans un repli profond, ont un langage
incohérent et paraissent indifférents au monde extérieur
malgré une forte anxiété.
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