4.3.1 L'alliance thérapeutique
L'alliance thérapeutique est un outil indispensable
d'observance des soins ultérieurs. L'intérêt
d'atténuer le vécu traumatique du patient lors des contentions a
pour but de favoriser sa compliance aux soins et l'alliance
thérapeutique avec les soignants. Il s'agit donc de trouver les facteurs
favorisant ou desservant l'alliance thérapeutique. Les psychiatres du
centre hospitalier Pierre-Jamet (2011), montre que « L'expérience
thérapeutique précédente (sédation psychique), les
effets secondaires, la relation thérapeutique avec l'ensemble des
soignants sont des facteurs d'observance et d'adhésion aux soins. »
(Passamar, Tellier, & Vilamot, 2011, p. 455). Pour donner au patient le
meilleur pronostique, cette alliance thérapeutique doit se faire lors de
la première prise en charge de la maladie. C'est en cela que le patient
aura la meilleure observance et ainsi un meilleur pronostique
d'évolution. « Les professionnels savent que plus le délai
de traitement initial de la maladie schizophrénique est long, moins les
rémissions seront significatives. » (Passamar, Tellier, &
Vilamot, 2011, p. 455).
4.3.2 Prise en charge psychomotrices
Les psychiatres (Carré, Moncany, Schmitt, & R,
2017), montrent que sont fréquemment retrouvés de la part des
patients, le thème de déshumanisation, un sentiment de soumission
vis-à-vis des soignants, d'être dominé, la perception de
punition, de sanction, d'être rejeté,
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abandonné ; et ceci d'autant plus que la
pauvreté des informations transmises lors de la contention
entraîne de l''incompréhension. Le « collectif des 39 »
dénonce l'emprise gestionnaire et bureaucratique du quotidien qui «
[...] dissout petit à petit la disponibilité des acteurs de soins
: comment alors prendre le temps de comprendre, de chercher du sens, de penser
tout simplement que le patient, si inaccessible soit-il, attend des
réponses et des solutions humaines à même de l'apaiser.
» (Collectif des 39, 2016, p. 17). Apporter au patient contentionné
des soins psychomoteurs c'est redonner une dimension humaine aux soins,
permettre de retrouver du contact, un réceptacle à son angoisse,
être entendu et accompagné dans ces moments de souffrance.
Nous nous appuyons sur l'article de M. Azoulay et S. Raymond
pour affirmer que la contention mécanique peut amener de la contenance
psychique : « À la contention physique s'associe la contention
psychique. La contention physique peut, elle aussi, rendre compte d'une
démarcation et permettre alors de délimiter, rétablir des
seuils, des frontières. » (Azoulay & Raymond, 2017, p. 843).
Seulement, cette expérience est traumatique si elle est vécue
seule, sans accompagnement. Nous proposons ici, d'accompagner le patient
contentionné avec le soin psychomoteur. Toute prise en charge d'un
patient contentionné doit se faire dans la conscience de la
vulnérabilité de la position du patient à ce moment. C'est
pourquoi il sera nécessaire de créer une relation de confiance
pour que ce travail soit bénéfique. De la même façon
que nous avons développé l'intérêt de la relaxation
auprès du patient en chambre d'isolement, cette médiation est
particulièrement adaptée pour la prise en charge du patient
contentionné. De multiples possibilités de stimulations s'offrent
à nous, toujours dans une même dynamique de fond, à savoir
: apaiser le patient, diminuer son angoisse et favoriser la détente
physique et psychique. Il est important de choisir au cas par cas les
stimulations qui nous semblent les plus adaptées à la clinique du
patient. Les conductions verbales de Soubiran peuvent être un premier
contact, amener au patient un bain de parole qui pourra le porter, créer
une enveloppe sonore. Ces conductions visent à apporter de la
détente et une prise de conscience du corps. Nous avons la
possibilité de les adapter en fonction des stimulations que nous voulons
amener au patient. La respiration ou bien la relaxation active de Jacobson
permettent au patient angoissé par la perte de contrôle de son
corps, de retrouver le contrôle de sa respiration, de ses rythmes
biologiques, de l'état de tension et de détente de ses muscles.
Cette maîtrise corporelle mise en lien avec un travail de détente
est très rassurante et recentre les patients sur eux-mêmes. Pour
des patients qui n'arrivent plus à percevoir leur corps et leurs
limites, et qui ressentent le besoin de les éprouver de manière
violente, un travail autours des limites, du volume et de la densité
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du corps peut être le bienvenu. Pour cela, nous pouvons
travailler autour du contact, les pressions amèneront une sensation de
solidité. Les balles effets peau sont un outil de contact enveloppant,
qui matérialise la contenance de l'enveloppe, les limites corporelles.
Nous pourrions encore citer une infinité de possibilité et il en
reste encore autant à inventer pour répondre aux souffrances des
patients.
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