4.4 Conclusion
Il est parfois difficile pour les psychomotriciens
eux-mêmes de définir leurs champs d'action. Au vu de la
multiplicité des approches et des pathologies qu'il nous arrive de
prendre en charge, il s'agit de développer une pratique
spécifique, propre à chaque cas. Les psychomotriciens sont encore
trop peu nombreux à travailler en psychiatrie adulte. Pourtant
l'étymologie du mot même nous prédispose à en
être des acteurs ; provenant du mot grec « psyche », signifiant
âme ou esprit, et « iatros » qui signifie médecin, c'est
littéralement la médecine de l'âme. Et qui est mieux
placé qu'un psychomotricien pour soigner l'âme et son enveloppe
?
Nous pouvons ainsi conclure que la psychomotricité
devrait être considérée comme incontournable dans une
unité de soins intensifs en psychiatrie adulte. Elle est
complémentaire de toutes les formes de contention. Nous avons choisi de
développer chacune d'elle, mais il faut savoir que dans la clinique
elles sont inextricablement liées. Penser le corps du patient,
potentialiser les effets des psychotropes, accompagner le patient
contentionné et/ou se trouvant en chambre d'isolement avec des
stimulations organisatrices, apaiser ses angoisses, sont autant de
possibilités du soin psychomoteur. Le psychomotricien n'est-il pas
finalement, le professionnel le plus adapté au travail du « contact
» avec le patient en crise ?
Le Bihan, Esfandi, Pagès, Thébault et Naudet
parlent du fonctionnement des unités de soins intensifs et concluent :
« Les équipes sont multidisciplinaires, associant médecins,
infirmièr(e)s, aides-soignants, psychologue, ergothérapeutes,
psychomotricien, éducateur, assistante sociale. » ; « La
présence médicale et soignante, la qualité de la formation
initiale et continue, l'expérience et la cohésion des
équipes sont en réalité l'atout majeur de ces
unités de soins. » (Le Bihan, Esfandi, Pagès,
Thébault, & Naudet, 2009, p. 141). Cependant à ce jour, seul
deux des dix-sept unités répertoriées
bénéficient d'un psychomotricien au sein de leur équipe.
Il s'agit aujourd'hui, de se donner les moyens de favoriser des solutions
humaines à même de soulager les patients. Il va de soi qu'à
ce stade de la réflexion, la problématique
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financière est centrale dans l'avenir de la prise en
charge des patients en psychiatrie et nous ramène à des questions
politiques. Comment la Société veut-elle traiter la
problématique de santé mentale ? Il faut plus de courage pour
penser ces mesures de dernier recours et pour élaborer ensemble,
à partir de la clinique, des modalités de mise en oeuvre humaine
de celles-ci que de les accabler sans apporter d'autres solution.
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