4.2.4 Reconstruction proprioceptive
Nous avons déjà montré que la
sensibilité proprioceptive permet la prise de conscience de son corps,
d'une part de sa présence et d'autre part de sa position dans l'espace
(Roll, 2003). Des expériences récentes confirment la citation de
Merleau-Ponty « Ce n'est pas l'oeil qui voit, c'est le corps comme
totalité ouverte » cité par (Roll, 2003, p. 61). Les
informations proprioceptives depuis la plante des pieds jusqu'aux muscles de la
rétine renseignent sur la position du corps dans l'espace et de fait, la
position de la rétine dans l'espace Ces informations sont essentielles
à la perception de l'espace incluant les objets autour de nous. La
proprioception assure donc une fonction de lien entre le corps et
l'environnement.
Les développements postural et mental sont intimement
liés. La stabilité posturale est nécessaire pour optimiser
notre réceptivité aux stimuli (Lagache, s.d.). La
stabilité posturale garantissant une sécurité et une bonne
réceptivité sensorielle conditionne la procédure
décisionnelle. Ces facteurs génèrent le besoin de contact,
c'est l'appétence envers l'environnement qui entraine l'envie de
contact. A l'inverse l'instabilité posturale produit de
l'insécurité, elle réduit les possibilités de
réceptivité aux stimuli. Dans ce contexte le corps réagit
par une protection du Système Nerveux Central (SNC) en adoptant un mode
réactionnel primitif avec des stéréotypies motrices et
comportementales.
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Nous pouvons voir que la proprioception est essentielle dans
la perception de son propre corps mais également dans le lien de
celui-ci avec son environnement. Que ce soit par pure nécessité
de perception de l'environnement ou pour développer un attrait pour
celui-ci. Cependant quand cette proprioception se trouve modifiée par la
maladie et/ou les traitements psychotropes nous pouvons aisément
comprendre l'impact de ces modifications sur l'interaction avec
l'environnement. L'intérêt des stimulations psychomotrices portent
ici sur l'appropriation de ces modifications sensorielles, et sur le travail
d'ajustements autour des nouvelles perceptions qu'elles entrainent. Le travail
sur le développement postural et la conscience de l'axe est primordial
à ces moments où les patients sont souvent susceptibles de perdre
leur équilibre postural. La situation d'insécurité
provoque et renforce les réactions de protections et donc les
mécanismes de défense qui sont très archaïques chez
les patients psychotiques. Des stimulations choisies autour de la conscience de
l'axe corporel et le travail de l'équilibre, par exemple un travail de
stimulations proprioceptives sur une planche de proprioception, servent
à ce que le patient s'approprie les diverses sensations, se les
représentent et les corticales. Ce travail sur les traces
mnésiques des sensations corporelles est essentiel pour pouvoir
s'adapter aux stimulations internes et externes. Quand un traitement
psychotrope vient transformer les perceptions initiales du patient, nous devons
être là pour favoriser la corticalisation de ces informations
sensorielles. Le patient pourra ainsi être dans un meilleur rapport au
monde et bénéficier d'un meilleur contact avec ce dernier.
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