4.2 Psychomotricité et contentions
pharmacologiques
« Intuitivement il semble que les techniques à
médiation corporelle potentialisent l'effet du traitement psychotrope.
» (Christodoulou, 2006, p. 8).
4.2.1 Potentialisation de l'effet du traitement
psychotrope
Le psychiatre Alexandre Christodoulou suggère une
hypothèse qui mériterait bien de faire l'objet d'une étude
quantitative et qualitative. La question de cette potentialisation serait une
perspective plus qu'intéressante au regard des risques d'effets
secondaires qui peuvent aller jusqu'à engager le pronostic vital du
patient. Nombre de patients en crise aigüe sont particulièrement
résistants aux psychotropes et nécessitent l'augmentation des
doses efficaces des traitements. Nous avons tout intérêt à
nous saisir de ce qui permet de potentialiser l'effet des traitements dans le
but d'en diminuer les doses efficaces. D'une part pour des raisons de
sécurité, mais également dans le but d'offrir un soin le
plus efficace possible.
73
4.2.2 La relaxation
Reprenons la définition de la relaxation de R. Durand
de Bousingen : « Les méthodes de relaxation sont des conduites
thérapeutiques, rééducatives ou éducatives,
utilisant des techniques élaborées et codifiées,
s'exerçant spécifiquement sur le secteur tensionnel et tonique de
la personnalité. La décontraction neuromusculaire aboutit
à un tonus de repos, base d'une détente physique et psychique
» cité par (Guiose, 2003, p. 7). On peut citer parmi les
différentes méthodes les plus répandues le courant
neurophysiologique avec la relaxation progressive de Jacobson, qu'il
définit comme une psychopédagogie de la détente
neuromusculaire. Il met en avant la prise de conscience de la
corrélation entre la détente musculaire et la détente
psychique. Un second courant est constitué de méthodes
d'inspiration psychanalytique, comme Le Training Autogène de Shultz, la
rééducation psychotonique d'Ajuriaguerra, la relaxation à
induction verbale de Sapir et la relaxation psychomotrice de Giselle Soubiran,
la méthode de relaxation et de mouvement de madame Guerda Alexander ou
encore la méthode Feldenkrais.
4.2.3 Intérêts physiologiques
Le premier colloque international de relaxation (Hissard,
1897) conclut : « Les techniques de relaxation impliquent
nécessairement une baisse du tonus musculaire et une adaptation
respiratoire [...]. Il existe une corrélation entre les états de
conscience et le tonus musculaire déterminée par la substance
réticulée » cité par (Guiose, 2003, p. 21). Nous
pouvons donc convenir que la relaxation a une action physiologique sur le
niveau de tonus musculaire, les états de conscience et la respiration.
Marc Guiose (2003), psychologue et psychomotricien, décrit les indices
physiologiques observables des modifications des états de conscience,
liées à la relaxation. Il insiste sur le fait que celles-ci sont
volontaires et utilisées à des fins thérapeutiques. Il
distingue deux ordres d'indices physiologiques de ces modifications
d'états de conscience - périphérique et centrale. Les
indices périphériques sont observables par diverses modifications
physiologiques, telles que le rythme cardiaque, le rythme respiratoire, le
tonus musculaire et les mouvements des yeux. Ces modifications physiologiques
correspondent à l'activité du système parasympathique. Les
indices centraux sont eux, observables à partir d'un
Électro-Encéphalogramme (EEG) « La caractéristique la
plus commune de tous les états de conscience modifiés est la
présence d'un rythme alpha plus ou moins modifié de
manière transitoire ou soutenue. On observe une augmentation de son
amplitude, diminution de sa fréquence, extension vers les régions
antérieures, stabilité ou glissement progressif vers le
thêta
74
et les ondes lentes du sommeil (delta). L'alpha est plus
abondant chez des sujets pratiquant régulièrement une technique
de modification de conscience volontaire. Globalement, l'état alpha
correspond à une stabilisation du niveau d'énergie
cérébrale, à une sorte d'eutonie. » (Guiose, 2003,
pp. 24-25). Au-delà des modifications qu'entraine la pratique de la
relaxation chez un sujet, quel peut être son intérêt chez un
patient souffrant de troubles psychiatrique ? C'est ce que les psychiatres D.
Servant, R. Logier, Y. Mouster et M. Goudemand (2009) explorent dans leur
article. Ils démontrent l'intérêt de la relaxation
pour pallier certaines perturbations physiologiques. La diminution de la
variabilité de la fréquence cardiaque (VFC) chez les patients
présentant un trouble psychiatrique traduit une perturbation des
mécanismes physiologiques émotionnels. La VFC apparaît
comme un bon reflet de la capacité du coeur à moduler son rythme
en fonction des sollicitations internes et externes. Quelques études ont
aussi montré une augmentation de la VFC par biofeedback utilisant des
techniques de contrôle respiratoire, de relaxation et de
méditation.
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