4 Discussion
4.1 Psychomotricité, contentions
environnementales et contention symbolique
La Haute Autorité de Santé (HAS) recommande
concernant les modalités de mise en oeuvre de la contention et de
l'isolement d'« Identifier et mettre en place des soins permettant
d'accélérer la levée de l'isolement ou de la contention
mécanique. » (Haute Autorité de Santé, 2017, p. 11).
C'est en répondant à cette demande que la présence du
psychomotricien prend tout son sens.
4.1.1 La régression thérapeutique
La régression « désigne un retour en
arrière dans un processus de développement et le recours à
des attitudes et des comportements liés à une phase
antérieure du développement » (Marc, 2002, p. 30). Cette
régression psychocorporelle est favorisée par le cadre de
l'hospitalisation sous contrainte. Elle constitue un levier dans la prise en
charge thérapeutique du patient. Les contentions environnementales et
symboliques privent le patient de son autonomie. La dépendance
créée par le contexte régressif de l'hospitalisation
permettra d'engager une relation entre le patient et les soignants. Cette
relation, pour être thérapeutique, sera contenante et limitante,
maternante et paternante. Elle sera le point d'appuis de la reconstruction
psychocorporelle du patient. Sandor Ferenczi (1990), développe la
régression thérapeutique sous le nom de «
néocatharsis ». Dans un cadre sécurisant il amène ses
patients à travers la relaxation à « régresser
à la situation traumatique ». Sa démarche consiste à
répondre de façon adaptée aux besoins du patient
régressé pour obtenir un effet correcteur et réparateur du
traumatisme initial. Michael Balint (1971) prolonge cette méthode, il
conçoit la régression comme la reviviscence des premières
relations d'objet et notamment des relations mère-nourrisson. Il met en
avant la dynamique relationnelle : « Tout semble indiquer par ailleurs que
dans le traitement analytique des états régressifs, les aspects
interpersonnels sont plus importants. Nous rejoignons ici un problème
qu'on pourrait appeler le pouvoir thérapeutique de la relation
» (Balint, 1971, p. 213). Il souligne la correspondance entre la
régression et le mode de communication du thérapeute, « la
relation d'objet est toujours une interaction [...] et le plus souvent les
moyens non verbaux interviennent également pour la créer et la
maintenir » (Balint, 1971, p. 215). Le recours au langages corporel et
émotionnel est donc à privilégier.
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C'est en cela que le psychomotricien, de par sa maitrise des
communications non verbales est le professionnel privilégié pour
apporter dans la relation au patient les outils qui lui permettront d'aller de
cette régression à sa reconstruction.
La chronicisation du patient reste le risque majeur de la
contention environnementale. Si on induit une trop grande régression
sans donner les moyens au patient de reconstruire son autonomie, il restera
figé dans cette position de régression sans perspective
d'évolution. La présence d'un cadre, de règles stables et
solides, le relationnel avec l'équipe soignante, l'utilisation correcte
des contentions, sont des facteurs qui permettent au patient de se reconstruire
à partir de ce moment de régression.
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