2 Théorie
2.1 L'Unité Intersectorielle de soins intensifs
(UISI)
L'Unité Intersectorielle de Soins Intensifs (UISI)
s'est construite sur la base d'une Unité de Soins Intensifs
Psychiatriques (USIP). Ces USIP sont apparues en France à la fin du
XXème siècle. L'étude menée par Antoine Deguillaume
(2017), dénombre 17 USIP sur le territoire Français. Elles ont
pour mission de délivrer des soins à des patients
considérés comme « agités et perturbateurs »,
incapables de se maintenir en service d'admission et en raison du
caractère aigu et transitoire de leurs symptômes. Ces
unités sont conçues pour être les mieux habilitées
à la prise en charge de l'hétéroagressivité et
l'autoagressivité aigües. Le caractère intensif du soin
apporté dans cette unité peut être mis en parallèle
avec les soins intensifs d'autres spécialités (cardiologie,
pneumologie, pédiatrie...), c'est le lieu pour gérer la crise.
L'unité présente des critères similaires, à savoir,
une forte densitéì médical et
paramédicale de soignants, une surveillance rapprochée et
continue des patients, une dispensation de soins réguliers et de
qualitéì. Ce sont de petites unités,
généralement de dix à quinze lits, permettant de
délivrer des soins cadrants, étayants et sur une courte
durée, maximum deux mois, dans un environnement fermé,
sécuriséì et contenant peu de stimulation. Ce
type de soin est étudiéì à
l'étranger au travers des Psychiatric Intensive Care Units (PICU).
La particularité de l'UISI est d'accueillir des
patients dits « à chaud », venant directement des
unités d'accueil et d'urgence. A la différence des USIP qui
reçoivent uniquement des admissions programmées et
nécessitent de fournir un dossier de pré-admission ainsi qu'un
engagement de reprise par le service d'origine (Le Bihan, Esfandi,
Pagès, Thébault, & Naudet, 2009, p. 141).
2.1.1 Historique
La création des USIP est une des réponses
à la problématique de la violence en milieu psychiatrique. La
réforme de 1972 des soins psychiatriques permise par l'introduction des
neuroleptiques a conduit à une prise en charge de plus en plus
diversifiée et ambulatoire. Elle s'est construite autour des Centres
médico-psychologiques (CMP), des Centres d'accueil thérapeutique
à temps partiel (CATTP), des Hôpitaux de jour (HDJ) et l'ouverture
des unités d'hospitalisation dans une logique d'humanisation et de
respect du patient. L'objectif de cette
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prise en charge étant de réduire les temps
d'hospitalisation pour permettre aux patients de se réinsérer
dans la société en construisant leur parcours de soins à
l'intérieur de leur environnement d'origine.
Le guide méthodologique de la planification en
santé mentale publie en 1977 les recommandations suivantes dans le
Bulletin Officiel no 88-6 bis, « Dans chaque département au moins,
une unitéì d'hospitalisation à temps complet
doit être conçue pour recevoir, pour des séjours
limités dans le temps, des patients agités et perturbateurs dont
la prise en charge est provisoirement contre-indiquée dans les
unités d'hospitalisation des secteurs, mais qui ne relèvent pas
pour autant d'une Unité pour Malades Difficiles (UMD) » cité
par (Le Bihan, Esfandi, Pagès, Thébault, & Naudet, 2009).
Cette unité est donc orientée pour recevoir une symptomatologie
particulière et non des pathologies.
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