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Contention et psychomotricité. Intérêt du soin psychomoteur dans une unité de soins intensifs en psychiatrie adulte.


par Louise LOZANO PICCOLO
ISRP Institut Supérieur de Rééducation Psychomotrice - Diplôme d'état de sychomotricien  2019
  

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3.3.4 Projet thérapeutique

Modalités : Prise en charge en chambre d'isolement deux fois par semaines en individuel, le jeudi et le vendredi. Les séances durent environ 25 minutes, avec la présence d'un infirmier.

37 Altération de l'humeur, recouvre un large spectre, du bonheur à l'extase.

38 Difficulté d'articulation.

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Objectifs : Notre objectif principal est de permettre à monsieur N. d'apaiser ses angoisses, de permettre une réduction de sa résistance psychique aux traitements et de lui permettre de retrouver une maitrise corporelle. Pour cela je propose une médiation permettant de travailler la régulation tonique. Je lui propose de s'approprier à long terme les techniques proposées pour qu'il puisse les utiliser de façon autonome quand il en ressent le besoin.

Moyens : Séances de relaxation en utilisant les conductions verbales de Madame G. Soubiran, puis des éléments adaptés de la relaxation progressive de Jacobson.

3.3.5 Prise en charge en psychomotricité

Lors des réunions de réflexion d'équipe, les soignants de l'unité m'interpellent concernant la tension interne qu'ils perçoivent chez monsieur N. ; les résistances aux traitements ne permettent pas d'augmenter encore les doses et pourtant ils redoutent un nouveau passage à l'acte. Les quelques tentatives d'ouverture de la chambre d'isolement sont jusqu'à présent peu concluantes et il est rapidement raccompagné en chambre. Il est physiquement très intrusif dans les espaces du personnel, mais également physiquement avec les soignantes de l'unité. Elles me font part d'attouchements fréquents qu'il banalise par la suite bien qu'il soit accessible au recadrage sur le moment. Après une concertation avec l'équipe, je lui propose une prise en charge en chambre d'isolement centrée sur la relaxation qu'il accepte volontiers, et nous nous donnons rendez-vous en fin d'après-midi. Je viens le chercher dans l'unité accompagnée d'un infirmier ; il me semble nécessaire d'introduire un tiers dans cette relation thérapeutique pour donner la possibilité à M. N. d'investir différemment les deux soignants. Ce tiers lui permet d'organiser ses mouvements ambivalents entre bon objet et mauvais objet entre deux personnes. Cette répartition des pulsions enlève la toute-puissance de la relation duelle. Le tiers permet à l'enfant de projeter l'aspect angoissant de la relation mère/enfant sur lui ; il devient alors le protecteur de cette relation mère/enfant ; il assure la fonction de liaison et de répartition décrite par Bernard (Golse, 2006), ainsi qu'une fonction de différenciation. De la même manière le tiers sera le garant de la relation thérapeutique avec le patient. Nous recréons un aspect régressif en utilisant la relaxation et en introduisant cette relation sécure et continue en travaillant la diminution des angoisses de séparation. L'introduction du tiers permet de travailler la différenciation dans la relation duelle. Il me semble important de construire cette prise en charge en chambre d'isolement pour favoriser l'association de cette médiation avec l'espace dédié au

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temps de recentrage sur soi. L'idée étant également qu'il puisse profiter seul des bénéfices de la relaxation à la fin de la séance.

Je lui propose de s'allonger sur son lit, le plus confortablement possible bien que sa grande taille ne lui permette pas de tenir entièrement dessus ; il commence par se positionner avec la tête tombant légèrement dans le vide et je lui suggère de descendre un peu plus bas de façon à ce que sa tête repose totalement sur le coussin et que ce soient ses pieds qui reposent donc dans le vide ; il acquiesce et me dit effectivement que c'est plus confortable. Je lui propose de fermer les yeux s'il le peut, ce qui ne semble pas plus poser de problème, puis je commence les conductions utilisées par Giselle Soubiran, tout d'abord les points d'appui de son corps sur le lit et l'oreiller, les bruits lointains de la circulation et ceux, plus proches, des passages dans le couloir, la température de la pièce et la différence avec celle de son propre corps, la luminosité qui à cette heure-là commence à baisser. Ces conductions sont adaptatives et lui permettent d'augmenter sa concentration sur des sensations ou un canal sensoriel particuliers, ce qui lui permet un renforcement des perceptions de son corps. Je lui propose ensuite de porter son attention sur sa respiration en favorisant une plus grande amplitude ; puis de placer une main sur son ventre pour sentir le mouvement de sa respiration. Je voie qu'il suit pas à pas toutes mes propositions ; son état de conscience est visiblement altéré, son rythme respiratoire est lent et profond, son tonus musculaire s'est abaissé et le temps de réaction à mes suggestions est long ; les conductions se centrent autour de la respiration, à savoir visualiser son trajet, sentir les différences de température de l'air ; je lui demande ensuite de faire descendre cette respiration au niveau abdominal en essayant de la ralentir, ce qu'il fait avec application.

Par la suite je lui propose quelques mobilisations de la relaxation progressive de Jacobson par séries de deux, tout d'abord contracter le plus fort possible les bras, des épaules jusqu'au bout des doigts, puis de relâcher cette tension instantanément. Puis une deuxième fois le même exercice, mais cette fois en maitrisant le relâchement musculaire de la façon la plus progressive possible. Nous continuons cet exercice avec les jambes, puis le corps en entier. Le patient s'entraine à observer ses sensations de tensions musculaires et à les identifier. En arrêtant de mettre en tension ses muscles il apparente cette nouvelle sensation à du relâchement. Ce procédé permet d'éliminer les tensions dites « résiduelles » et d'amener une détente psychique et physique. Le lâcher-prise et la détente physique permettrait au patient de ne plus lutter contre les traitements et de s'apaiser. La notion de contrôle musculaire introduite dans cette relaxation vise à faire participer M. N. de façon dynamique à sa prise en charge. Il s'agit de lui redonner de la maitrise concernant son corps pour favoriser la diminution de ses comportements

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inadaptés. S'ensuit un temps de reprise avec des conductions. Quand il s'assied sur son lit, je lui demande comment il se sent, il me dit qu'il se sent détendu. Nous quittons la chambre après lui avoir proposé de nous revoir le lendemain, il reste dans son lit, se recouche et s'endort. Nous aurons deux autres séances, structurées de la même façon. Peu à peu j'introduis différentes mobilisations de la relaxation progressive de Jacobson pour solliciter d'autres groupements musculaires, comme la contraction des muscles du buste.

L'équipe soignante note que la semaine suivant nos deux premières séances, les troubles du comportement à type d'attouchements auprès des soignantes a considérablement diminué. Quand je le retrouve la semaine suivante, il est question de son retour dans son unité d'hospitalisation de secteur. Pour préparer ce retour j'insiste, lors de la séance, sur l'appropriation de ses sensations de détente et de maîtrise de son corps. Je l'invite à réutiliser ces techniques quand il en ressentira le besoin, que ce soit une tension interne ou bien un manque de maîtrise corporelle. Il me remercie pour notre travail qu'il a beaucoup apprécié, et me dit que cela lui a permis « de se recentrer sur lui ». Le lendemain, j'apprends par une infermière qu'il prend des moments seul, pour se détendre sur son lit en reprenant les exercices que nous faisions.

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand