3.2 Monsieur K. - créer un espace
d'échange
Nom : M. Kevin Klein
Âge : 29 ans Né le :
8/3/1989* Diagnostic : Troubles
schizo-affectifs
*Le nom du patient et sa date de naissance ont
été modifiés pour conserver son anonymat.
3.2.1 Anamnèse
Monsieur K. est un patient hospitalisé sous contrainte
en soins psychiatriques à la demande d'un tiers en urgence (SPDTU), pour
une rechute des troubles liés à sa schizophrénie. Il est
transféré de son unité d'hospitalisation de secteur
à l'USI en octobre 2018 pour syndrome confusionnel et troubles du
comportement. Son état clinique s'étant amélioré,
il retourne dans son unité de secteur en novembre 2018 et nous ai
adressé à nouveau en décembre 2018 pour une recrudescence
des mêmes symptômes.
Hospitalisé en SPDTU depuis septembre 2018 à la
suite d'une tentative de suicide par défenestration dans un contexte de
décompensation marqué par des éléments de
discordances de la pensée et du comportement. Il est hospitalisé
en urgence dans une unité de secteur correspondant au lieu de sa
tentative de suicide. Monsieur K. a été initialement suivi depuis
10 ans par un autre secteur, celui de sa domiciliation ; au moment du transfert
sur son secteur, les équipes découvrent que monsieur K. « a
été changé » de domiciliation et dépend
maintenant du secteur où il est actuellement pris en charge. Les
échanges entre les psychiatres des deux structures sont difficiles. On
peut ressentir le caractère abandonnique de sa prise en charge
institutionnelle. Il présente alors des hallucinations variées
(auditives, visuelles, et kinesthésiques) encore envahissantes
malgré un traitement neuroleptique sous forme retard34 bien
conduit.
Il est l'aîné d'une fratrie de 4 enfants, un
frère issu d'une première union et un demi-frère et une
demi-soeur de la deuxième union de sa mère. Ses parents se sont
séparés dans son enfance et il a vécu avec sa mère
dans des communautés du voyage. Elle-même a essayé
d'échapper aux
34 Une injection intramusculaire qui assure une
couverture antipsychotique pour plusieurs semaines
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services sociaux, elle nécessiterait des soins
psychiatriques et serait selon ses dires, Sans Domicile Fixe (SDF) avec la
jeune soeur du patient. Son père très souvent à
l'étranger essaie d'être présent mais se décourage
régulièrement. Il ne prendrait pas en compte la maladie de son
fils, voyant ça comme « des mensonges ». On note
également dans les transmissions et dans les propos du patient la
présence d'allégations de maltraitances des parents à son
encontre, chaque parent se renvoyant la faute et s'accusant mutuellement de
maltraitance. Le discours du patient est trop empreint de son délire
pour avoir une vision claire de la situation ; mais il semble comporter des
souvenirs traumatiques, fantasmés ou non, avec chacun de ses parents. Sa
situation familiale est complexe et marquée par peu de relations de
soutien ; ses parents ne viennent le voir que très rarement pendant
l'hospitalisation ; chacune de ces visites nous fait entrevoir des bizarreries
de la part de ses parents, et perturbe beaucoup le patient durant les jours qui
suivent.
Monsieur K. poursuit sa scolarité jusqu'en seconde
européenne, qu'il redouble trois fois. Il commence un Diplôme
d'Accès aux Études Universitaires (DAEU) d'histoire
géographie mais ne se présente pas aux examens. Il commence
à être suivi en psychiatrie vers ses 19 ans, à la suite
d'une tentative de suicide dans le cadre d'un épisode délirant et
est hospitalisé quasiment en continu depuis ce jour. Les permissions qui
lui sont accordées quand son état se stabilise sont souvent
suivis d'épisodes délirants aigus dans le cadre de
pharmaco-psychose. Il consomme des toxiques (cannabis) qui exacerbent ses
troubles schizophréniques mais ne s'arrêtent pas avec
l'arrêt de la consommation.
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