3.1.3 Bilan d'observation
Madame A. a une présentation très
négligée, on voit qu'elle a désinvestie son corps, autant
en ce qui concerne les soins qu'elle lui apporte que la façon dont elle
l'habite. Quand je la rencontre elle est en chambre d'isolement mais a des
temps d'ouvertures autorisé. Elle présente une agitation motrice
constante, malgré les sédatifs et les hypnotiques qui lui sont
prescrits à forte doses. Elle n'arrive pas à se reposer
malgré les temps en chambre d'isolement fermée. Elle finit par
s'épuiser et s'endort en pleine journée devant la
télé sans avoir un temps de sommeil suffisant ni
réparateur. L'équipe soignante choisi, deux semaines après
son arrivée, de poser des contentions à madame A. pendant la nuit
et le temps de la sieste pour l'immobiliser et l'amener à dormir. Les
troubles du sommeil induits par la pathologie majore certains symptômes
comme la désorganisation c'est pourquoi retrouver un rythme
nycthéméral est la première étape indispensable du
soin. Lors de la pose des contentions, elle semble se rassembler, se
détendre, et ferme les yeux. Elle arrive alors à trouver le
sommeil et son état clinique s'améliore suffisamment pour pouvoir
lever les contentions deux semaines plus tard.
Motricité globale : Madame A.
présente très peu d'amplitude dans ses mouvements. D'allure
catatonique, elle se déplace les bras le long du corps et les jambes
tendues avec des petits pas. Elle se déplace rapidement et n'a pas
conscience de ses difficultés d'équilibre dynamiques ce qui
l'amène à se mettre en danger.
Tonus : Elle présente peu de
régulation tonique et se situe généralement sur un versant
hypertonique.
Délire : Elle présente un
délire non systématisé, très flou et il est
difficile d'accès au regard de ses difficultés d'expression. Elle
présente des hallucinations cénesthésiques et visuelles.
Elle nous dit avoir des chats dans le ventre, des coupures de sécateurs,
un arbre qui lui pousse dans le ventre et dans l'anus. Toute ces sensations
sont désagréables selon la patiente. Nous pouvons faire
l'hypothèse que ces sensations hallucinatoires sont liées
à des sensations proprioceptives (douleurs des menstruations,
constipations...) interprétées par la patiente. La patiente parle
également de ses hallucinations visuelles, elle décrit des
personnes de son entourage qu'elle voit dans l'unité, des gens qui
viennent faire la fête dans sa chambre la nuit et l'empêche de
dormir.
Espace/ Temps : Perte du rythme
nycthémérale. Mauvais repérage spatial dans l'unité
(elle ne retrouve pas facilement sa chambre). Le repérage temporel est
en cours d'acquisition, la
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rythmicité de son emploi du temps qui a
été ritualisé avec la visite de ses proches et les
interventions de l'équipe lui permet de l'étayer et contenir son
angoisse.
Motricité fine : Elle présente
une amimie la plupart du temps mais son visage s'anime parfois avec un sourire
dans la relation.
Langage : Des difficultés
d'articulation sont très présentes. Une hypersialorrhée
due au traitement neuroleptique et l'absence du réflexe de
déglutition salivaire rend la communication difficile.
Cognitions : Difficultés d'attention
et de concentration. La compréhension de madame A. est également
limitée aux phrases et consignes simples. Elle est cependant très
réceptive à l'imitation et capable de faire de l'humour et d'y
réagir.
Conclusion : On peut voir que madame A, est
très envahis par son délire. Elle a une perturbation des rythmes
biologiques et une désorientation temporo-spatial. Elle semble avoir
perdu un rapport au corps relationnel et l'habite uniquement fonctionnellement.
Elle est prise dans une tension permanente et son vécu est dominé
par des sensation douloureuses.
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