2.4.5 La contenance
Michel Brioul (2017) définit la contenance comme la
capacité de l'ensemble des soignants, à un niveau individuel
aussi bien qu'institutionnel, de donner suffisamment de stabilité et de
solidité avec des repère pour permettre au patient de s'apaiser.
C'est donc la capacité de pouvoir « tenir ensemble » pour
lutter contre les angoisses produites par les défaillances du «
Moi-peau ».
Parlons d'abord de la contenance maternelle pour comprendre sa
fonction dans la relation mère/enfant. Le psychanalyste anglais,
Wilfried Bion, s'appuie sur le concept « d'identification
projective » de Mélanie Klein pour développer la notion de
contenance maternelle (Ciccone, 2012). Le nourrisson n'étant pas en
capacité d'assimiler les stimulations de par son appareil psychique
immature, il va alors projeter sur sa mère (élément beta),
celle-ci va recevoir cette expérience, et de par sa fonction de
rêverie maternelle, elle va la penser et la rendre assimilable pour
l'enfant (élément alpha). La relation maternant des
équipes soignantes permet au patient, qui n'est plus capable d'assimiler
les stimulations de son environnement d'avoir un portage psychique.
L'équipe de par les réunions de réflexions cliniques,
où le patient est pensé, mais également de par la posture
des soignants et leurs interactions avec le patient recrée un cadre ou
les fonctions maternelle protège et permettent au patient
d'étayer sa reconstruction psychique.
Comme le met en avant Catherine Potel (2010),
le psychomotricien a pour rôle de contenir le patient avec son corps et
son appareil psychique. « C'est la capacitéì du
psychomotricien à contenir ce qui déborde, ce qui n'est pas
organiséì, ce qui est en menace d'inexistence ou de
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déconstruction, qui est particulièrement
convoquée dans nos espaces thérapeutiques. Cette
capacitéì de contenance fait appel tout autant
àÌ notre corps qu'à notre appareil psychique
» (Potel Baranes, 2010, p. 324). Cette fonction de contenance s'articule
autour de plusieurs fonctions développées par Bernard
Golse, psychanalyste et pédopsychiatre français.
Il l'appelle l'intégration de la bisexualité psychique qui
permettrait aux soignants d'alterner entre une fonction maternante du
côté de l'objet contenant et une fonction paternante du
côté de l'objet limitant. On retrouve donc dans le rôle du
psychomotricien, cette notion de contenance qui s'articule entre une contenance
psychique avec la notion de rêverie maternelle de Bion mais
également une contenance corporelle qui renvoie au travail de
l'enveloppes corporelle s'étayant sur la peau. Cette enveloppe
corporelle, selon Anzieu, qui sera le point d'appuis des enveloppes psychiques
du patient. Il faut aussi rappeler que « Soigner consiste à
contenir et transformer ce que dépose le patient, ce qu'il transmet.
Contenir, c'est d'abord garder pour soi, garder en soi, accepter d'entendre, de
recevoir, ce qui peut se présenter comme inentendable, insupportable.
Transformer c'est détoxiquer cette expérience, et c'est d'abord
la penser. » (Ciccone, 2012, p. 399).
Dans l'esprit d'une contenance institutionnel, la
cohérence de l'équipe soignante est indispensable et permet de
lutter contre le clivage. Le patient semble sans cesse développer des
efforts pour détruire les relations, le travail interactionnel. Il
induit un clivage au sein de l'équipe soignante par son changement
d'attitudes en fonction de ses interlocuteurs. Il faut, dans une perspective
thérapeutique résister à ce clivage dirigé contre
les fonctions de rassemblement de l'équipe. C'est en cela que la
relation de l'ensemble de l'équipe pourra être contenante, et sera
un point d'appuis pour la reconstruction psychocorporelle du patient
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