2.4.2 L'objectif des stimulations psychomotrices
L'apport des stimulations psychomotrices à ce moment de
la prise en charge du patient, aide le patient dans un premier temps, à
diminuer ses angoisses. L'angoisse est un symptôme présent chez
tous les patients de l'unité bien que l'expression de celle-ci soit
très différente, elle renvoie à la souffrance de
l'individu. La sensation de vide, de perte de repères temporels,
spatiaux, de perte de contact avec son corps et en particulier des limites
corporelles provoquent une angoisse intense. Les patients réagissent
souvent à cette angoisse par une mise en mouvement de leur corps de
façon désorganisée et non cohérente. Bien que
nécessaire, la chambre d'isolement et les contentions physiques peuvent
augmenter l'intensité de l'anxiété. Il s'agit alors
d'amener avec les stimulations psychomotrices un point d'appui pour leur
permettre de retrouver des repères. Souvent la première
étape est de diminuer l'intensité dans laquelle ces patients se
trouvent pour aller vers de la stabilité. Le travail s'articule autour
de médiations favorisant la régression et la détente
musculaire et psychique. Ce moment permet d'apaiser les patients et par la
suite de retrouver un mouvement qui a plus de cohérence.
En parallèle des mesures d'isolements et de contentions
les patients reçoivent des traitements médicamenteux dont les
doses sont établies au regard de l'intensité de leurs
symptômes et de leurs réponses aux traitements pour atteindre une
dose efficace. Pour beaucoup les doses des traitements sont
considérablement augmentées. Une des raisons de l'augmentation
des doses est la pharmaco-résistance des patients aux traitements. Cette
résistance humaine aux substances psychoactives pousse donc les
médecins prescripteurs à augmenter la dose afin d'obtenir l'effet
recherché (sédatif, anxiolytique, hypnotique etc...). L'apport
des stimulations psychomotrices visant la détente et le lâcher
prise peuvent être bénéfiques pour atténuer cette
résistance au traitement que l'on pourrait qualifier de psychique. Cela
pourrait, dans un premier temps de permettre au patient de
bénéficier du traitement qu'il reçoit ; et dans un second
temps de diminuer les doses efficaces pour certains traitements, en minorant
donc la potentiel dangerosité des effets secondaires. Les psychiatres M.
Passamar, O. Tellier et B. Vialmont (2011) concluent que « Trop de
sédation, ou une trop longue sédation, a un impact
délétère sur le suivi thérapeutique. »
(Passamar, Tellier, & Vilamot, 2011, p. 455). Ainsi, malgré les
enjeux des états d'agitation en urgence psychiatrique et dans une
évolution parfois sécuritaire du soin, il s'agit de
développer de nouvelles techniques car nous ne pouvons pas ignorer les
répercussions de la prise en charge de la crise, sur le devenir du
patient en posturgence.
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