2.3.5 Les contentions environnementales
La contention environnementale comprend l'ensemble des moyens
architecturaux qui permettent de limiter l'espace géographique dans
lequel une personne peut se déplacer. La structure de l'hôpital
avec son sas d'entrée, les portes des services, des différentes
pièces et des chambres fermées à clefs sont autant de
formes de contention. Ces contentions viennent structurer un espace pour le
sécuriser et donner les moyens à l'institution d'être
contenante et rassurante. Le service fermé de psychiatrie est donc une
contention environnementale qui impose au patient un isolement de son
environnement habituel et de multiples stimulations désorganisatrices,
anxiogènes ou persécutives qu'il contient. L'utilisation de la
chambre d'isolement est une mesure supplémentaire d'isolement dans la
situation ou le service fermé ne suffirait pas à contenir le
patient. Elle a pour but de limiter de façon considérable la
mobilité du patient et réduit ainsi son potentiel de
dangerosité.
Cependant, J. Dubreucq (2012) dans sa thèse met en
avant que selon lui, la contention psychique entraînée par la
contention environnementale et/ou physique a probablement l'effet
thérapeutique le plus important. « En effet, cette contention
psychique de l'agitation est de nature double : d'une part elle entraine une
réduction massive des stimuli externes potentiellement
persécuteurs mais aussi une régression infantile importante par
la dépendance
24 Analyse quantitative et qualitative des
éléments figuré du sang.
25
massive qu'elle induit dans la relation entre le patient et
les équipes soignantes, dont il est totalement tributaire pour la
satisfaction de ses besoins. » (Dubreucd, 2012, p. 51).
Au vu de cette régression la dépendance
créée par les contentions et le cadre de l'unité,
amène une relation des équipes avec le malade, qualifiée
de maternante par Palazzolo (2000). On peut donc faire un parallèle avec
la relation maternante de la mère avec son enfant au cours de la petite
enfance où c'est elle, qui sert de pare-excitation contre l'angoisse
générée par le monde extérieur. C'est la
mère qui, selon Bion, psychiatre et psychanalyste britannique, de par sa
capacité de rêverie, pensera les sensations de son enfant, pour
qu'il puisse les reprendre secondairement. « [...] la régression
infantile générée par le placement en chambre d'isolement
pourrait, dans ce cadre, permettre au patient de recréer un lien
rassurant, stable, régi par des règles claires [...] avec le
monde extérieur lui permettant ainsi par la suite de
réintégrer la communauté. » (Dubreucd, 2012, pp.
51-52). Cette régression nécessite que l'équipe mettre en
place une relation avec le patient lui permettant d'avoir les outils pour
retrouver son autonomie. On peut noter à ce propos que Freud (1926)
montrait déjà, une association dans les rêves entre la
vision d'une chambre et la symbolique maternelle, ce lieu était donc
assimilable selon lui à l'utérus maternel (Dubreucd, 2012).
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