2.3.2 La contention - aspect clinique
La tendance actuelle est à la polémique autour
de la contention physique, cette pratique pose question principalement
vis-à-vis de la liberté et des droits fondamentaux des patients.
Vécue par la société comme une sanction ou une punition,
la contention est avant tout un soin. Comme le rappel bien M. Azoulay et S.
Raymond (2017), il s'agit de ne pas oublier « qu'un trouble psychiatrique
sévère et décompensé est la première
atteinte aux libertés et au libre arbitre de nos patients. »
(Azoulay & Raymond, 2017, p. 842). En France, l'hospitalisation sans
consentement est une mesure conçue pour garantir l'accès aux
soins des personnes qui n'auraient pas accès à leur libre
jugement, ce qui fait partie des Droits fondamentaux de l'Homme.
Plusieurs praticiens hospitaliers se sont penchés sur
la question de la contention du point de vue du vécu du patient.
L'étude réalisée par R. Carré, A-H. Moncany, L.
Schmitt et R. Haoui, (2017), montre que les patients aimeraient une meilleure
continuité du lien relationnel pendant les temps de contention et
également être impliqué dans la prise de décision.
On perçoit bien la complexité de cette demande de vouloir
être impliqués dans les soins au moment où le patient a
perdu son discernement, c'est là toute la difficulté de cette
pratique.
2.3.3 La contention symbolique
Le cadre juridique de l'hospitalisation sous contrainte est
déjà ici une forme de contention symbolique imposée au
patient au sens où il perd sa liberté de libre circulation et
doit se conformer aux règles du service (pyjama, absence d'affaires
personnelles, cigarette distribuée à heures précises).
Ceci dans le but, d'une part de le protéger et d'autre part de pouvoir
lui apporter les soins dont il a besoin malgré son manque de
discernement. Globalement tout passe par une demande aux soignants. Ce lien de
dépendance favorise la régression et le contact maternant de
l'équipe. Nous savons que l'homme se construit dans le contact avec
l'autre (la mère). C'est en cela que la contention symbolique permet une
régression et la mise en oeuvre d'outils dans le contact avec l'autre,
pour une reconstruction plus efficace.
2.3.4 Les contentions chimiques
La contention chimique ou pharmacologique consiste en
l'administration d'un traitement médicamenteux, le plus souvent
sédatif, anxiolytique ou antipsychotique. Ces traitements ont pour but
de répondre aux symptômes du patient et à leur
intensité de la manière la plus adaptée possible. Nous
pouvons noter plusieurs types de contentions chimiques, d'une part les
traitements sédatifs dont les anxiolytiques et les neuroleptiques
sédatifs qui vont inhiber la transmission de l'influx nerveux. Ils
auront un effet anxiolytique et une réduction de l'agitation grâce
à un effet myorelaxant23 et une diminution de la conscience
et de la vigilance. D'autres part les neuroleptiques antipsychotiques (ou
incisifs) qui vont induire un bouleversement sensoriel pour le patient. La
perception, qu'elle soit efficace ou non, se construit à partir des
informations que le cerveau reçoit du système sensoriel et de
leur mise en relation. Elle va permettre de se représenter le monde et
de pouvoir être en contact avec celui-ci. Cette construction, si elle est
inefficace, devient pathologique et ne peut pas permettre de s'épanouir
avec son environnement. Ce moment de bouleversement sensoriel modifie le
rapport au monde et peut donc être très déstabilisant. La
modification sensorielle a pour but de rapprocher la perception du patient
d'une réalité commune, qu'elle soit plus efficace. Pourtant ces
modifications peuvent induire une lutte pour le patient entre ce qui est «
moi » et « non moi ».
23 A pour effet de décontracter les muscles.
24
La thérapie quelle qu'elle soit est le point d'appui
qui permettra au patient de reconstruire son « moi » autour des
éléments de la réalité.
Cependant les contentions chimiques comportent de nombreux
risques et nécessitent une surveillance cardiaque et celle de la
numération et de la formule sanguine (NFS)24. Les traitements
peuvent induirent une somnolence, des troubles de la marche avec risque de
chute, un accident vasculaire cérébral, une
déshydratation, et un syndrome malin pouvant engager le pronostic vital
(hyperthermie, rigidité musculaire, perturbation du système
nerveux autonome, troubles délirants). Les traitements sont donc
toujours prescrits en fonction de la balance bénéfice/risque.
Chaque traitement doit avoir un bénéfice pour le patient
supérieur aux risques qu'il entraine.
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