2.1.1.7. LES CANAUX DE TRANSMISSION
Les canaux de transmission sont le lien par lequel une
impulsion infligée à l'instrument (sur le marché
monétaire) affecte la variable-objectif (fondamental de
l'économie réelle). La banque centrale du Congo utilise comme
instruments ; le taux directeur, le coefficient de réserves obligatoire
et le bon BCC. Ces instruments passent par le canal du taux
d'intérêt, le canal des crédits et le canal des prix
d'autres actifs à travers notamment : la variation de l'offre de
monnaie, le taux directeur réel, le taux moyen pondéré du
bon BCC et le taux de change pour enfin agir sur le secteur réel.
Figure 2-4 Evolution des mécanismes de transmission
de la politique monétaire à la BCC de 2008 à 2018 (en
%)
Source : élaboré sur base des données du
rapport de la BCC 2017
~ 49 ~
1. Canaux du taux d'intérêt :
La politique monétaire de la BCC repose presque exclusivement
sur une action sur les taux d'intérêt directeur, le taux moyen du
bon BCC et le contrôle de la base monétaire (BM). Son
efficacité dépend donc étroitement de l'impact de ces taux
sur les agents économiques. Selon la théorie économique,
la variation des crédits évolue inversement au taux
d'intérêt. Cette hypothèse est valable pour la BCC sur les
périodes 20072013 et 2015-2017. A partir de 2015, les données de
la BCC, font abstraction à la théorie Keynésienne de la
trappe à liquidité. La modification des taux nominaux n'a pas
été à mesure d'influencer la courbe de taux
réel5 dans le sens voulu par la banque centrale, celle-ci a
vu son taux réel traverser la frontière zéro suite
à la volatilité du taux d'inflation. Ainsi la banque centrale du
Congo a perdu la capacité d'utiliser le canal du taux
d'intérêt.
2. Canal du crédit : Injecter ou
ponctionner la liquidité sur les marchés interbancaire
accroît (diminue) les réserves des banques qui devraient augmenter
(réduire) leur offre de crédit. En nous basant sur le graphique
1, l'injection massive de liquidité (l'accroissement de la base
monétaire), induit l'accroissement des crédits, dans ce cas la
politique monétaire obéit à la théorie du
multiplicateur de crédit selon laquelle « une hausse du volume de
la monnaie banque centrale, détermine une augmentation d'un montant plus
élevé des crédits au secteur non financier. » La
tendance baissière du volume des crédits amorcés depuis
2010 jusqu'à 2015, est dû à la crise de confiance en la
monnaie nationale. Celle-ci constitue un grand danger pour les canaux de
transmission traditionnels. L'injection massive de liquidités par la
banque centrale du Congo, matérialisée par la croissance de la
base monétaire, n'a pas généré la croissance
économique, par contre, l'inflation. Face à cette crise, et
étant donné que la BCC ne dispose pas des instruments efficaces
pour agir sur la liquidité bancaire, celle-ci à due revoir son
taux d'intérêt réel à la baisse jusqu'à
être négatif. Les politiques des taux négatifs6
étant assimilés à l'achat des titres pour diminuer la
liquidité en circulation et enfin remonter le taux
d'intérêt suite à la carence de liquidité sur le
marché.
3. Canal des prix des actifs (versus du canal de taux
de change) : En réduisant le taux d'intérêt, la
politique monétaire expansionniste incite les opérateurs
économiques à se
5 Le taux d'intérêt réel (??),
est la différence entre le taux nominal (le taux directeur ??) et le
taux d'inflation (??), pour la BCC ce taux ?? est devenu négatif. ?? =
?? - ??
6 Un taux d'intérêt négatif
signifie que l'agent qui prête son argent, autrement dit la banque qui
dépose une somme sur les comptes de la banque centrale en
supplément de ses réserves obligatoires, récupère
in fine moins qu'il n'a prêté, c'est-à-dire qu'il perd de
l'argent.
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tourner vers les placements à l'étranger
générant des rendements supérieurs. Ces opérations
nécessitent l'acquisition des monnaies étrangères contre
le franc congolais, ce qui entraine une dépréciation du franc
congolais. Il en résulte une nette amélioration de la
compétitivité des échanges internationaux favorisant les
exportations et une hausse des prix des biens importés entrainant une
hausse de prix sur le territoire national. Notons que ceci ne constitue
à lui seul la cause de l'inflation en RDC, et de loin le moteur de la
croissance économique. Car ces derniers sont dus en grande partie
à des causes exogènes, comme la fluctuation des prix des
matières premières, la faible participation de l'investissement
privé national, l'environnement politique...
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