1.2.1.1. MODELES DE CROISSANCE POST-KEYNESIENS (DOMAR
ET HARROD)
De nombreux économistes inspirés par les travaux
de J.M Keynes à la suite de la crise de 1929, vont s'interroger sur les
possibilités d'une croissance équilibrée. Les
modèles de Domar et Harrod vont chercher à rendre compte des
conditions et caractéristiques essentielles de l'équilibre d'une
économie capitaliste en croissance.
Le point de départ de Domar (1946) est de
considérer que l'investissement exerce une double influence sur
l'économie (Muet, 1993). Du côté de la demande (et à
court terme), la variation de l'investissement détermine, via le
principe du multiplicateur, le niveau de revenu et de la demande globale. Du
côté de l'offre (et à long terme), l'investissement
accroît la capacité de production. L'effet capacité stipule
que l'investissement doit engendrer une stimulation de la capacité de
production, via le mécanisme de l'accélérateur. Le
problème de Domar prend ainsi la forme suivante : « A quelle
condition la hausse de la demande issue de la variation de l'investissement
est-elle compatible avec l'accroissement de la capacité de production
résultant de l'investissement ? ». Pour qu'il y ait croissance
équilibrée, il faut que les revenus supplémentaires
engendrés par l'effet multiplicateur permettent d'absorber la production
supplémentaire obtenue. En d'autres termes, l'effet de revenu doit
être égal à l'effet de capacité. Cette condition est
vérifiée si l'investissement augmente à un taux constat
égal au rapport entre la propension marginale à épargner
et le coefficient de capital.
Alors que Domar met en évidence la
nécessité pour le capital et la production de croître
à un taux constant, Harrod va montrer que la croissance est par nature
instable. Selon Pierre Alain
~ 22 ~
(Muet, 1993), Harrod aurait été
conduit à poser deux problèmes «dont l'un est la
stabilité de la croissance, l'autre est la possibilité de
maintenir le plein emploi».
En introduisant les anticipations de croissance dans la
détermination de l'investissement, Domar arrive à la conclusion
que la relation déterminant le taux de croissance par le rapport du taux
d'épargne au coefficient de capital (taux de croissance garanti) est
fondamentalement instable. La raison sera que l'effet multiplicateur serait
sans commune avec l'effet accélérateur, sauf pour une valeur bien
particulière correspondant au régime de croissance
équilibrée.
En confrontant le taux de croissance garanti, gw (qui
équilibre l'offre et la demande sur le marché des biens) et le
taux de croissance naturel, gn (qui équilibre l'offre et la demande sur
le marché du travail), Harrod met en évidence un paradoxe de la
théorie keynésienne. Si gw est supérieur à gn, le
rythme élevé de croissance pourra permettre de réduire le
chômage. Mais lorsque l'économie tend vers le plein emploi, le
taux de croissance effectif g sera limité par le taux naturel. La
croissance réelle devient inférieure au taux garanti. Harrod en
conclut que l'économie tendra progressivement vers la dépression
du fait de l'insuffisance de la demande. Ainsi, un taux d'épargne
élevé (ou insuffisant) serait néfaste au plein emploi.
L'épargne est une vertu si gw est inférieur à gn.
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