1.2. LA CROISSANCE ECONOMIQUE
La croissance économique désigne la variation
positive de la production de biens et de services dans une économie sur
une période donnée, généralement une période
longue. Pour rendre compte du changement de dimension d'une économie, on
a très souvent recours à des agrégats mesurant
l'évolution de l'ensemble des productions tels que le PIB (Produit
Intérieur Brut). Le taux de croissance se définit alors comme la
variation relative du P113 en volume d'une année sur l'autre. Pour
apprécier le niveau de vie d'un pays, on rapporte le P113 à la
population totale, on obtient ainsi le produit par tête (ou encore revenu
moyen par habitant).
~ 20 ~
1.2.1. APPROCHES THEORIQUES DE LA CROISSANCE
1.2.1.1. PREMIERES THEORIES (SMITH, MALTHUS, RICARDO ET
MARX) a. La division internationale d'Adam Smith (1776)
Dans son ouvrage sur la nature et les causes de la Richesse
des Nations (1776), Adam Smith démontre le rôle de la division du
travail (surplus, marché, gains de productivité) comme facteur de
croissance. Cette division du travail se trouve renforcée par la
participation du pays au commerce international (théorie des avantages
absolus). Pour Smith la croissance peut être illimitée (elle dure
tant que l'on peut étendre la division du travail et le
marché).
b. Le principe de population de Thomas Malthus
(1796)
Dans son Essai sur le principe de population (1796), T.
Malthus considère que la croissance est limitée en raison de la
démographie galopante. Il attribue la misère en Angleterre au
décalage entre deux lois : la loi de progression arithmétique des
subsistances et la loi de progression géométrique. La sortie de
cet état passe par la mortalité, la baisse de la natalité
et le célibat.
c. Les rendements décroissants de David Ricardo
(1817)
David Ricardo souligne que la croissance est limitée
par la loi des rendements décroissants. La valeur ajoutée se
répartit entre trois agents : les propriétaires fonciers (rente
foncière), salariés (salaire de subsistance) et le capitaliste
(profit). Le profit des capitalistes est résiduel, c'est-à-dire
qu'il intervient une fois le salaire et la rente foncière payés.
Lorsque la population s'accroît, il convient d'augmenter la production
agricole, or les nouvelles terres mises en culture sont de moins en moins
productives. Le coût de production va donc s'élever,
entraînant inévitablement la hausse des salaires et de la rente
foncière. Les profits vont se réduire jusqu'au moment où
les capitalistes ne seront plus incités à investir.
L'économie atteint la situation d'état stationnaire. Afin de
retarder cette situation, Ricardo préconise d'augmenter les gains de
productivité dans l'agriculture grâce au progrès technique
et de s'ouvrir au commerce international.
d. La destruction du capitalisme selon Marx
(1844)
Karl Marx a été le premier économiste
à proposer un modèle formel de croissance, à l'aide de ses
schémas de reproduction élargie. Il considère que la
croissance est limitée dans le mode de production capitaliste en raison
de la baisse tendancielle des taux de profit. En effet, la recherche d'une
plus-value toujours plus importante (notamment grâce à des
salaires bas, Minimum de Subsistance) et la concurrence entre capitalistes
devraient provoquer une paupérisation des ouvriers et un blocage dans le
développement du système capitaliste (crise).
~ 21 ~
1.2.1.2. LE ROLE DE L'ENTREPRENEUR, SCHUMPETER
(1911)
Dans son ouvrage, Capitalisme, Socialisme et
démocratie, Joseph Schumpeter (1942) fait du
progrès industriel la clé du changement. Le progrès
industriel est porté par des innovateurs qui cherchent à emporter
le gros lot (Schumpeter compare le jeu des affaires au poker). L'analyse
schumpetérienne est intéressante car elle ne repose pas seulement
sur le progrès technique, sur l'évolution des connaissances ou
les grandes inventions (avec le cycle des révolutions industrielles
successives). Schumpeter y ajoute un héros -le chef d'entreprise qui
prend le risque de lancer un nouveau produit ou une nouvelle façon de
produire , et une structure (la concurrence monopolistique) qui assure à
celui qui a réussi son pari d'en percevoir une rétribution
financière. Mais attention, il y aura peu d'élus pour beaucoup
d'appelés. La « Destruction - créatrice » laissera
certains derrière elle, cependant elle finira par être
bénéfique pour tous. Le système tout entier produira plus
de richesse.
|