1.1.4.2. LES CANAUX DE CREDIT
En Usant du taux d'intérêt et du coefficient des
réserves obligatoires, La banque centrale impacte les bilans des banques
commerciales. Ces dernières quant à elle jouent un rôle de
premier plan dans le processus de financement par l'intermédiaire de
l'octroi de crédits. A cet effet, le système bancaire n'est plus
neutre dans la transmission de la politique monétaire. En cas de
durcissement de la politique monétaire, les banques vont ajuster leurs
conditions débitrices : augmentation du taux d'intérêt sur
les nouveaux crédits et/ou une diminution des crédits offerts.
Les agents économiques les plus fréquemment touchés sont
les ménages et les petites et moyennes entreprises. Ainsi, la
transmission de l'action monétaire à la sphère
réelle s'opère par les variations de l'offre de crédit.
a) Le canal étroit du crédit bancaire
:
En se basant sur cette approche, la politique
monétaire influence l'économie en agissant directement sur le
volume des crédits offerts par les banques aux agents non financiers. Le
crédit bancaire et les titres sont deux modalités de financement
imparfaitement substituables. Cette substituabilité est, en effet,
inexistante pour les particuliers et souvent faible pour les entreprises, dans
la mesure où la capacité à émettre des titres pour
se financer est généralement nulle pour les particuliers et
faible pour la plus part des entreprises. Il en résulte que la politique
monétaire affecte le comportement des agents non financiers beaucoup
plus par son effet sur la quantité de crédit disponible que par
son influence sur les taux d'intérêt.
Une politique monétaire expansionniste, qui contribue
à accroître la liquidité bancaire, augmente la
quantité des prêts bancaires disponibles. Cette augmentation
contribuera à une hausse des dépenses d'investissement et de
consommation du fait que les banques jouent un rôle important en tant que
prêteur à une certaine catégorie d'emprunteurs.
b) Le canal large du crédit (canal du bilan)
:
Le déclin de l'importance du crédit bancaire a
amené à introduire une seconde approche du canal du
crédit, mieux adaptée à la réalité actuelle
des marchés de capitaux. C'est le canal large du crédit ou canal
du bilan. Il prend en compte l'ensemble des financements des entreprises. Les
entreprises ont le choix entre le financement interne (autofinancement) et un
financement externe qui est plus coûteux. La différence de
coût est appelée la prime de financement externe. Celle-ci trouve
son origine dans l'existence d'asymétries d'information dans la relation
entre prêteurs et entreprises. D'une part les prêteurs sont moins
bien informés que l'entreprise qui emprunte sur sa situation
réelle et sur le caractère plus ou moins risqué de ses
projets (sélection
~ 19 ~
adverse). D'autre part, les prêteurs ne peuvent pas
contrôler parfaitement l'action de l'entreprise une fois les prêts
accordés. Le danger est qu'elle adopte un comportement imprudent qui
pourrait affecter sa capacité de remboursement (aléas de
moralité). Les prêteurs sont amenés alors à
intégrer dans le coût du crédit une prime de financement
externe qui correspond aux risques de non-recouvrement. Cette prime
reflète la solidité financière et la capacité
à apporter des garanties. Dans ce cadre, en affectant les bilans des
entreprises, la politique monétaire est susceptible d'agir sur leurs
financements et leurs dépenses d'investissement.
Une politique monétaire expansionniste qui
entraîne une baisse des taux d'intérêt et une hausse des
cours des actions ce qui améliore la situation nette des entreprises et
conduit à une augmentation des dépenses d'investissement. Les
effets de la politique monétaire sont alors amplifiés par le
canal large du crédit : à la baisse des taux
d'intérêt s'ajoute la diminution de la prime de financement.
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